Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

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mardi 12 mars 2024

OuvertureS à Goumois et chez moi !

Ce billet pour vous raconter nos deux ouvertures de la pêche. La première, nous l'avons faite à Goumois vendredi dernier. Malgré des retours plutôt négatifs sur la situation, nous n'avons pu nous résoudre à ne pas faire cette sortie annuelle qui nous est chère. C'est donc en compagnie de Thibaut que nous sommes rendu à Goumois. Arrivés en début de matinée, nous avons fait un stop pour voir ce qu'il y avait sous le pont. Une truite. Une belle mais une seule.

Nous avons attaqué au pré Bourassin sans succès. Assez vite, nous avons cherché le soleil car à l'ombre, il ne faisait pas très chaud. On a fait le bois de la Verrerie pour ensuite faire les alentours et enfin revenir au Bourassin quand celui-ci était au soleil. Nous avons terminé en aval de la Verrerie par la suite. Environ 4 heures de pêche. Pour ma part, j'ai vu une vingtaine de truites différentes en tout. Des poissons allant de 20 à 45 centimètres. Des ombres en bordure de belles grattées également. Pas mal de Chevesnes. Pas la folie mais bon, il reste de la vie, donc de l'espoir.

Mon fils tentant une truite de Goumois.

Poisson en forme.

Belle frayère d'ombres.

Thibaut à la Verrerie.

Toujours aussi belle. La première de la saison à vue au Bourassin.

On aura laissé un pneu dans l'aventure !

Le lendemain, samedi dernier donc, nous avons ouvert chez nous. Bien entendu la priorité est avant toutes choses les copains et la convivialité. La cuvée 2024 fut vraiment excellente ! Je ne me lasse pas de ces moments-là. Quel plaisir. Côté pêche, rien à signaler. J'ai vu 2 poissons avant d'aller au feu et 2 poissons après. Si je regarde les chiffres, j'ai finalement vu 5 fois plus de poissons à Goumois qu'ici sur le même temps de pêche avec les mêmes conditions. C'est d'autant plus triste que malgré le chiffre de 70% de perte sur la Franco, nous avons ici une densité encore plus faible...

Merci les copains !

vendredi 25 août 2023

Bosnie, retour sur la Ribnik et la Pliva.

Départ à 4h40 le vendredi matin, arrivée à 21h40 le vendredi soir. 17 heures de trajet. 1200 kilomètres. Un vrai périple. Il en fallait plus pour nous dissuader Sylvère et moi de retourner à Gornji Ribnik (ce traduit par étang supérieur). Ce petit village qui se situe en république Serbe de Bosnie s’est rendu célèbre par sa rivière exceptionnelle. À tel point qu'un jurassien peut même revenir une deuxième fois. Nous sommes donc partis le vendredi 4 août. Chapeau à Sylvère qui a conduit seul et fait le trajet sur la journée ! Promis, je n’ai « presque » pas dormi de mon côté...

Pour cette deuxième fois, la découverte n’y était plus, mais le plaisir de revoir des personnes que l’on apprécie est encore plus précieux. À peine arrivés que nous avons repris nos quartiers au chalet numéro 2 pour ensuite aller prendre notre repas à l’Aqua en compagnie de Filip et Djoko. Pas très compliqué de trouver le sommeil ensuite !

Pour ce premier jour de pêche, je me suis levé tôt. La seule fois du séjour en fait. L’an dernier je le faisais régulièrement car je prenais des poissons plus facilement qu’en journée. Mais cette année fut une autre histoire…Un petit coup de pêche donc avant que tout le monde se lève pour le traditionnel rassemblement matinal à l’accueil des lodges avec maître Fićo. Quand on connait, tout est plus simple. Je suis allé directement chercher une truite à un endroit où j’en voyais souvent l’an dernier. Une belle était là. La tête orange ayant marché du feu de dieu l’année passée, j’ai tenté. Refus ! Du coup, valeur sûre, un gammare JFD. Pendue ! Une première truite à qui il manquait 1 ou 2 centimètres pour faire 50. Dans la foulée je piquerais un ombre de taille modeste. Ensuite, comme tous les matins, direction l’aqua vers 8h30. Tranquille hein, ça reste avant tout des vacances. Là, nous avons nos habitudes avec Sylvère. Un petit déjeuner très copieux salé / sucré. Il le faut puisque nous repassons à table uniquement le soir. Quoi qu’il en soit, j’en avais presque oublié l’immense privilège de déjeuner tout en regardant les ombres nympher. Sincèrement on ne s’en lasse pas. C’est juste extraordinaire.

Après ce moment fort agréable, place à la pêche. Le nombre de pêcheurs étaient assez important cette année à cause des reports de séjours printaniers à la suite des fortes crues. Malgré tout, le gros des troupes pêchent en amont de l’Aqua. Du coup, direction l’aval pour nous !

Pour la pêche, j’ai pu compter sur mon vécu du premier séjour pour prendre du poisson beaucoup plus rapidement et régulièrement. Une première journée très bonne où je me suis focalisé sur les ombres. Pour eux, les bonnes nymphes étaient les mêmes pour le coup. Toujours en taille 22 ou 24. Parfois 20 quand il y avait un peu plus de creux. Cette année nous avons eu le double du débit de l’année dernière à même époque. Cela compte dans la pêche du coup. Pour les teintes, c’était identique. Je ferais un récap en fin d’article si cela vous intéresse. La cerise sur le gâteau pour cette première journée fut le pré-coup du soir. J’ai fini seul devant l’Aqua avec des ombres en pagaille qui gobaient ! Pour la petite histoire, je n’en avais pas pris un seul en sèche l’an dernier. Là, en une grosse heure, j’en ai pris presque une dizaine. C’était génial. La semaine commençait sur de très bonnes bases. Le soir, repas à l’Aqua avec les autres pêcheurs de différentes nationalités. J’adore cette ambiance même si cette année il y avait un fort accent français !  

Les premiers ombres de la Ribnik.

Rivière magique.

Le dimanche, même décision que la veille. Tous les pêcheurs vont sur l’amont. Donc par défaut, on pêche l’aval ! Ce qui est pas mal car j’étais bien à l’aise à les pêcher presque 100% aval ces ombres. J’ai eu l’impression de les tromper plus facilement. Côté captures, ça n’a pas fait semblant ce jour-là. De plus, il y a eu un vrai bon moment d’activité sur les coups de 11heures. J’ai pris 2 truites en sèche et quelques ombres. En nymphe à vue c’était très plaisant. C’est le seul matin où j’ai compté mes poissons. À 14 heures, j’en avais pris 23. Après, j’ai stoppé. En milieu d’après-midi j’ai rejoint Sylvère qui lui aussi avait fait une très belle pêche (comme souvent). Nous sommes montés dans le joli virage en amont du pont de l’Aqua car il n’y avait personne. J’ai un peu plus de mal sur ce genre de profil avec un courant plus lent et plus de profondeur. Sylvère lui reste très bon sur ce genre de poste. Nous avons eu la chance de voir beaucoup de truites sur ce secteur. Après avoir un peu galéré, j’ai compris comment les prendre et j’en ferais 4 ou 5 dont une belle de 54. Cette truite m’a mis une vraie misère au combat et je suis descendu assez loin pour pouvoir l’épuiser. Une furie ! Derrière, je vais même piquer 2 truites plus grosses, dont une vraie grosse toute bleue ! Mais au vu du combat de la 54, j’ai manqué de patience en bridant très fort, très vite. Du coup, j’ai cassé les deux poissons en ne le faisant pas exprès mais presque. Le principal étant de les avoir trompé. J’ai d’ailleurs revue ma grosse bleue 2 jours après avec ma cuivre au coin de la gueule ! Finalement, un dimanche exceptionnel avec une folle matinée et avec des truites et des ombres en quantité. Génial !

Toujours aussi beaux.

La plus belle de la journée.

Le lundi fut plus mitigé pour moi. En fait, j’ai pris des ombres sur des secteurs aux profils semblables. Par exemple, dans la forêt, où il y a de la profondeur et un débit assez lent j’ai eu énormément de mal. J’étais même en échec sur ce secteur. Donc des prises mais par à-coup selon où je me trouvais. Nous avons eu des coups de pluie dont un assez fort. J’en ai profité pour mettre un sparkler. Deux passages dans un trou, 1 belle décrochée et une plus petite prise. Toujours fiable la guirlande ! La pluie s’est calmée alors que je m’étais rapproché des lodges. Sur une sortie de courant, j’ai eu une activité de fou. Gobages et poissons qui nymphaient. Incroyable. J’ai insisté en sèche. Bien m’en a pris puisque j’ai capturé mon plus bel ombre du séjour. Voir un tel poisson décoller du fond pour venir aspirer ma mouche en surface c’était un vrai bon moment.

La suite de la journée est difficilement descriptible dans le sens où nous avons eu un orage comme je n’en avais jamais vu ! Une violence incroyable sur plus de 30 minutes. Résultat, pêche stoppée à 15heures. Rivière chocolat à 16 heures. A vu de nez, il a dû tomber 50mm sur ce court laps de temps. Nous en avons profité pour investir le coin montage de l’ami Filip et faire quelques petits cdc avec lesquels j’avais bien réussi jusque-là. La soirée fut marquée par l’arrivée de l’ami Bertrand Jacquemin et ses amis. Nous avons fait table commune. La soirée fut très bonne !

En sèche.

En nymphe.

Petit coup de pluie.

Gros coup de pluie !

Le mardi fut exceptionnel en matinée. J’ai pêché un radier peu profond avec des poissons très actifs. Ce fut sincèrement un régal. À la mi-journée, j’ai insisté dans les zones plus lentes et profondes avec une nouvelle fois un rendement bien plus modeste. Certes, on peut y trouver des poissons un poil plus gros, mais plus compliqués à prendre aussi, en tous les cas pour moi. Le soir, je suis retourné dans des petits coups où les poissons sont plus durs à voir mais un peu moins pêchés et ce fut bien mieux. De souvenir la moins bonne journée du séjour même si tout est relatif hein !

J’oubliais, mais vous l’aurez deviné, la rivière au petit matin était claire comme de l’eau de roche alors que la veille à 16h elle était chocolat. Je n’ai jamais vu ça ! Comme si de rien n’était !

Avec l'ami Bertrand.

Bel ombre.

Un autre.

Le mercredi, j’ai suivi les conseils de Bertrand distillés à table la veille au soir. Je n’ai pêché que les radiers et que les poissons qui se nourrissaient. 3 ou 4 passages maxi par poisson. Du coup, j’ai pêché assez vite et sur un grand linéaire. De l’Aqua à la grande fosse tout en aval des lodges. Ça change tout car on ne passe pas une heure sur un ombre boudeur avec la tête collée sur le fond. Du coup, je dois faire autour des 40 poissons ce jour-là. C’était assez génial. Je fini même avec une belle truite prise avec une cuivre comme à la maison. Comme quoi, un champion du monde peut être de très bons conseils ! J’ai même testé sa façon de faire qui consiste à nouer la pointe du bas de ligne directement au micro-anneau après le 20 centièmes. Plus de porte-pointe. J’avoue que pour cette pêche spécifique de l’ombre à courte ou moyenne distance, c’est parfait. J’arrivais facilement à alterner poser en paquet ou cloche selon le besoin. À voir à la maison où l’approche est quand même différente. Je vais, je pense, conserver mon porte-pointe.

Deux souvenirs aussi de cette journée, une très belle truite décrochée le matin avec une cuivre. Un poisson vraiment beau qui était posté en milieu de rivière devant un bloc. Dommage. Et alors là c’est une première pour moi, un ombre pris sans faire exprès. La situation est simple, je repère un joli poisson au ras de la limite ombre/soleil. Je fais un passage. Rien. Un deuxième passage où j’anime un peu ma nymphe. Rien. Je relève ma soie mais je suis croché au fond. Je tire une fois, ça ne vient pas. Je tire deux, trois, quatre fois, toujours pas. Et puis mon bas de ligne bouge ! Je n’étais pas croché mais j’avais un très bel ombre au bout. Un truc de fou ! Je n’ai rien compris. Quelle journée !

Ces ombres sont incroyables.

Le jeudi fut mon unique journée sur l’amont du parcours. J’ai passé un peu de temps en amont de la pisciculture et pas mal autour du Komuna. Avec une mention spéciale pour le plus petit des deux bras qui est littéralement blindé de truites ! D’ailleurs, je m’étais promis de ne pas attaquer les ombres ce jour-là pour me focaliser sur les truites. J’en prendrais une vingtaine sur la journée mais pas de grosses. Principalement des poissons entre 30 et 40 ce qui reste très sympa. J’ai quand même pris une grosse truite si. Une grosse arc de trois kilos que Bertrand et son ami m’ont indiqué. Pas simple à prendre la bête mais pas contre, quelle rigolade au combat. Vraiment hors normes. Pour les habitués, je la ferre sous l’arbre qui penche juste en aval de Komuna et je l’épuise derrière la scierie ! Rarement fait un truc comme ça. Une arc certes, mais sacrées sensations !

En début d’après-midi, j’ai craqué. J'ai recommencé à attaquer les ombres puisque je ne trouvais pas de gros poissons côté truites. Enfin si, une, mais que je n’ai pas su prendre. Bref, je me suis à nouveau régalé sur les ombres. Une vraie belle journée une fois de plus. C’est incroyable le potentiel de cette rivière à pouvoir prendre autant de poissons tous les jours.

Une truite sympa.

Grosse arc avec une puissance de feu.

Un bel ombre.

Un autre dans le bras !

Le vendredi se fut journée Pliva. Nous sommes partis à 5 pêcheurs avec Bertrand et ses deux amis. Cette rivière reste aussi envoutante que déroutante. Certainement la plus belle que j’ai eu l’occasion de pêcher. La plus frustrante aussi. Tellement compliqué d’emmener une nymphe correctement à un ombre avec ce débit, cette profondeur, ces contre-courants et cette distance avec la berge. J’ai réussi à le faire quelques fois non sans mal. C’est une vraie satisfaction quand enfin le poisson se saisi de la nymphe. Un véritable privilège de tenir dans ses mains ces ombres aux flancs dorés. Unique et merveilleuse Pliva.

La Pliva !

Un ombre doré !

Le samedi une dernière partie de pêche avant le départ en milieu d’après-midi. J’ai profité de cette grande matinée pour me gaver de ces ombres à la densité incroyable de la Ribnik.

7 jours et demi de pêche bien remplis. Aucune idée du nombre de poissons pris puisque j’ai compté durant une seule matinée pour me faire une idée. Par contre, ce dont je suis sûr, c’est que j’ai pris encore plus de plaisir que l’an dernier. Pour ce séjour, j’avais mon vécu et donc un savoir-faire mieux huilé. Quand on ne pêche plus les ombres comme c’est mon cas, c’est important. Cette année, plus de temps d’adaptation, je savais ce que je devais faire même si j’ai encore appris.

Au-delà de la pêche, ce séjour est une totale réussite côté humain. Avec Sylvère, nous avons pu profiter de la présence de nombreux français avec qui nous avons partagé de très bons moments en soirée. En plus d’avoir profité des conseils de pêche de Bertrand, j’ai également suivi son orientation culinaire avec plaisir. En parlant de ça, comment oublier cette soirée dans un restaurant de la région pour déguster le plat local nommé sač. Un régal ! 

Bref, merci infiniment à tous mes compagnons de route.

Côté matériel, pour celles et ceux que cela intéresse, j'ai opté cette année pour une 8 pieds 6 plutôt qu'une 9 pieds. Toujours avec le modèle Orvis Helios 3F. Sur ce profil de rivière j'ai pris beaucoup plus de plaisir en pêchant avec une canne plus courte. Rien à voir avec la 9 pieds. Moi qui cherche en permanence à pêcher en sortant de la soie et non sous la canne, c'est un vrai régal.

Pour le bas de ligne, j'ai utilisé la formule BDLG-4-5. En pointe, j'ai pêché tout le séjour en 12 centièmes. Un vrai 12 par contre, pas un 12 Stroft qui fait 16 ! Sans doute que j'aurais fait quelques poissons supplémentaires en 10 centièmes voir en 9 comme beaucoup utilisent là-bas, mais je n'en suis pas persuadé et surtout, je n'en ai jamais éprouvé le besoin. Sincèrement, ça passait très bien et ce même avec des imitations en taille 24. De plus, je pouvais brider les ombres afin d'écourter un peu les combats. Il faut dire qu'ils ont une patate d'enfer avec cette eau gelée en permanence.

Pour les imitations, voilà ce qui m'a réussi durant ce séjour :

Truites : Cuivre en 16 et 18. Gammares JFD en 14. Bille chocolat en H20

Ombres : Bille chocolat en 20 et 24 corps faisan ou vautour. Bille noire corps marabout noir en 22. Bille cuivre corps jaune sale en 22. Cuivre classique sans bille en 22 (sur les parties les moins profondes).

Nymphes disponibles à la demande via mon Fly Shop. Contactez-moi.

Sèches : CDC sans cerques ni thorax corps jaune / gris en 22.

Voilà pour ce nouveau séjour, si vous souhaitez des compléments d'infos, vous pouvez toujours lire mon article de l'année dernière qui est encore plus détaillé et avec beaucoup plus de photos =>  http://www.nicolas39-peche-mouche.com/index.php?post/Bosnie-Ribnik-Pliva

dimanche 18 juin 2023

Les juvéniles ne sont pas tous morts.

L'année dernière jour pour jour je pouvais observer des centaines, pour ne pas dire plus, ombrets de l'année. Des individus de quelques millimètres qui nageaient avec vigueur dans les eaux de la haute rivière d'Ain. Avec l'été 2022 que nous avons eu et les avis de spécialistes glanés ici et là je ne donnais pas cher de leur peau. Tous étaient unanimes pour me dire que les juvéniles étaient les premiers à succomber avec les températures d'eau élevées.
C'était sans compter sur la formidable capacité à survivre de ces animaux sauvages quels qu'ils soient. Depuis quelques semaines, je retrouve en nombre ces mêmes ombres qui font aujourd'hui 10 à 12 centimètres. Ils gobent du matin au soir. Être le témoin de cette évolution est aussi extraordinaire qu'inatendu.
Malheureusement, et nous le savons tous, ces jeunes ombres âgés aujourd'hui d'un an feront la taille idéale pour les oiseaux piscivores cet automne. Entre les harles bièvres et les cormorans qui seront présents sur la rivière tous les jours durant plusieurs mois, il leur sera impossible de passer au travers. Les ombres étant des poissons de pleine eau, ils sont des cibles faciles. Ils vont se faire laminer.
C'est révoltant de se dire que toute cette énergie dépensée à survivre est d'ors et déjà vouée à l'échec. La basse rivière d'Ain s'est faite piller sa population d'ombres en un hiver alors que celle-ci était revenue à très bon niveau. Un hiver sans tirs de régulation et plus d'ombres. Le constat est sans appel.
Bien triste situation puisque même si la reproduction réussie, même si les juvéniles arrivent à se développer dans un environnement dégradé ils ne pourront pas arriver à la taille adulte. Ou comment protéger des espèces dont les populations se portent mieux que l'espèce dont elle se nourrit !
 
Jeunes ombres d'un peu plus d'un an.

vendredi 24 mars 2023

Jura, destination de second choix pour la truite.

Sans être encore vieux, du moins je l'espère, j'ai connu le Jura avec un tourisme pêche ultra florissant. Ses rivières attiraient les pêcheurs à longueur d'année. En tête d'affiche, la haute rivière d'Ain et la Bienne bien entendu.

À l'adolescence, je me souviens d'avoir vu de mes yeux l’hôtel du cerf de Pont-du-Navoy rempli de pêcheurs, une chose inimaginable aujourd'hui ! Dans les autres exemples marquants, j'ai aussi connu Champagnole, ville d'Aimé Devaux, avec 4 magasins de pêche différents. Aujourd'hui il n'y en a plus un seul !

Alors même si la dégradation de nos rivières s'est amorcée il y a bien longtemps, le Jura faisait toujours rêver les pêcheurs de truites. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, clairement. Et pour cause, les densités de truites sont d'une faiblesse abyssale de nos jours. Même pour les pêcheurs expérimentés c'est devenu compliqué de capturer du poisson. Les ombres ont quasiment disparu du département. Il subsiste quelques parcours où seuls des pêcheurs très forts techniquement avec une parfaite connaissance des ces milieux s'en sortiront.

Les heures de gloire du Jura en matière de pêche à la truite sont révolues. De nombreuses régions françaises ont beaucoup plus à apporter aux touristes pêcheurs en recherchent de rivières plus fonctionnelles avec des densités de poissons sauvages plus importantes.

Il n'y a pas à chercher bien loin d'ailleurs. Chez nos voisins du département de l'Ain (01), l'offre parait exceptionnelle avec un panel de rivières aux profils variés qui donneront satisfaction à tous les pêcheurs de truites. La vidéo ci-dessous parle d'elle même. Le Jura est à 100 lieux de proposer une telle offre. Ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres tant nous sommes malheureusement relégués très loin dans la liste des destinations "pêche truite".

J'en connais qui doivent se retourner dans leur tombe !

De toutes évidences, il va falloir faire comme tous ces pêcheurs croisés depuis bientôt 40 ans ici, prendre sa voiture pour aller voir ailleurs !

samedi 4 mars 2023

De retour de Goumois.

Comme tous les ans lorsque les niveaux le permettent, je me suis rendu hier à Goumois pour faire mon ouverture anticipée. Mon fils m'accompagnait. Le contexte était pesant puisque le Doubs franco-suisse subit depuis le milieu de l'hiver une importante vague de saprolénia mortelle pour les truites et les ombres du Doubs. D'ailleurs, hier, suite à la publication sur mon profil Facebook de deux photos de notre journée, certains commentaires allaient jusqu'à nous reprocher de simplement y être allé. Que la pêche devrait y être interdite. J'ai un avis différent. J'assume sans problème avoir fait l'ouverture à Goumois.

C'est le charme des réseaux sociaux finalement où dans le même temps, un des pêcheurs les plus suivis du pays publie une photo de lui avec un ombre tenu de ses deux mains hors de l'eau sans aucune remarque du monde de la pêche. Un poisson aussi fragile, en début de période de repro et en plein épisode de sapro. Une belle communication pour tous les jeunes pêcheurs qui le suivent. Prendre un ombre en pêchant la truite est involontaire, le sortir de l'eau pour le photographier en le manipulant alors que sa pêche est fermée est tout sauf involontaire. Je suis sans doute vieux jeu puisque ça ne gêne pas grand monde.

Quoi qu'il en soit, nous avions décidé d'aller à Goumois hier pour nous faire notre propre ressenti. Pour voir avec nos yeux ce qu'il en était. Nous sommes arrivés en milieu de matinée. Nous nous sommes garés au pré Bourassin. Pour les habitués, et cela devrait être parlant, nous avons descendu la rivière à pied du Bourassin jusqu'en aval de la Verrerie. Pas croisé un pêcheur ! Du jamais vu pour moi. Nous avons croisé nos premiers pêcheurs vers 12h-13h. Et très peu !

Nous avons été refroidis assez vite dans notre envie de pêcher. Nous avons vu des truites et des ombres mycosés. Le plus inquiétant c'est que les petits poissons sont aussi touchés. J'ai vu une truite de 20 centimètres et un ombre de 23-24 centimètres mycosés à la tête. C'est en tout 8 poissons malades vus. À cela il faut ajouter autant de poissons morts vus aussi sur ce même linéaire. Une ambiance avec les fonds complètement colmatés qui ne donnait pas envie de lancer la soie. On s'est donc promenés sur les berges du Doubs. Seule une éclosion m'a fait pêcher sérieusement une heure de 14h à 15H. Thibaut, lui, un peu dégouté de ce qu'il avait vu, avait déjà rangé sa canne au fourreau.

J'ai donc pêché une heure en sèche. J'ai pris sur une bordure au milieu des blocs un ombre en étant certain de pêcher une truite. Décroché dans l'eau sans le toucher, il est bien reparti. Puis finalement, c'est un pêcheur en face de nous qui a fini de nous motiver à partir de façon bien involontaire. Il a pris une truite en sèche devant nous et au moment de la mise à l'épuisette, il nous informe qu'elle était mycosée autour de l’œil. Là, on s'est regardé avec Thibaut et nous sommes partis bien plus tôt que prévu. C'est un choix personnel. Je respecte que d'autres continuent de pêcher car il y a des poissons sains et finalement, ce n'est pas la pêche et les pêcheurs qui tuent les truites et les ombres du Doubs actuellement.

Nous en avons vu très peu de poissons sains, mais il y en a encore. De notre côté, on a fini par avoir le sentiment d'emmerder ces poissons qui tentaient plus de survivre qu'autre chose. On ne prenait aucun plaisir. C'est pour cela qu'on a quitté le Doubs avec un sentiment de tristesse et surtout de dégoût. 

Un dégoût encore plus profond lorsque l'on lit le dernier rapport de Neuchâtel sur la qualité de l'eau.

Je souhaite malgré tout à tous les amoureux du Doubs de connaitre encore le bonheur sur les berges de cette rivière mythique. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir !

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