Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

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mercredi 11 juin 2025

Antoine Greiller, nouveau boss de Field and Fish.

Field and Fish, marque française bien connue dans le domaine des vêtements techniques pour la pêche à la mouche, change de « Boss ». Quinze ans après la création de cette enseigne par Frédéric Leroy, c’est aujourd’hui Antoine Greiller qui reprend les commandes. Merci à Antoine de répondre à mes questions.

Nicolas : J’imagine qu’on ne peut pas reprendre une telle marque sans être pêcheur ! Peux-tu s’il te plait nous faire une petite présentation.

Antoine : Bonjour Nico, et merci pour ta démarche et de me proposer la parole, c’est très agréable. En effet, je suis tombé dans chaudron de la pêche tout petit. Mon Papa était à l’époque bien occupé par son activité professionnelle. Mon grand-père, chasseur et pêcheur, m’a initié au bord de la mare familiale qu’il avait creusé sur un tout petit terrain privé au-dessus de Frangy en Haute-Savoie. Il était un amoureux de la terre, de nature, et donc de chasse et de pêche. Il s’était créé un jardin « botanique » avec deux mares dans lesquelles carpes et gardons étaient présents. J’ai donc commencé à taquiner au coup. Il m’a ensuite emmené au Rhône à Seyssel, puis sur les bords du Fier. Et plus je grandissais, plus j’ai pu arpenter les rives escarpées des ruisseaux pour aller chercher dame Fario. Mon Papa, vétérinaire rural, a repris la pêche pour moi. Je partais avec lui les mercredis lors de sa tournée, il me déposait au bord de la Dranse d’Abondance, et me récupérait quelques heures plus tard. Adolescent, je partais à vélo depuis la maison avec des copains, ça nous a coûté quelques crevaisons et retours sous les orages mais ce sont de grands souvenirs. J’ai ensuite débarqué au Lycée Agricole de Poisy où j’ai rencontré pas mal de mordus avec entre autres, Jérôme Servonnat (Fly Casting Lab) et Grégoire Juglaret, qu’on ne présente plus. Là, la mouche est devenue une évidence, l’art du lancer, le montage, la connaissance des milieux, la philosophie de cette pêche, c’était un ensemble auquel je ne pouvais plus échapper. J’ai fait ensuite quelques années en compétition chez les jeunes puis en sénior, cela m’a porté jusqu’en D1 rivière… un passage rapide et furtif, il faut bien l’avouer. Je suis passé par le club de Cran-Gevrier, le GPS Lyon Centre et enfin Le CMVT, que je n’ai plus quitté, lien affectif même si le temps me manque pour rejoindre plus souvent l’Alsace et surtout les amis qui y sont. Côté professionnel, j’ai eu une carrière dans la protection de l’environnement en intégrant d’abord l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage puis l’Office Français de la Biodiversité. Je me suis donné corps et âme à ce métier passion. Pour diverses raisons, j’avais besoin de rebondir et la reprise de Field and Fish était une belle opportunité, et un sacré challenge.

Nicolas : La passion de la pêche ne suffit pas pour ce genre de défi. Quelles ont été tes autres motivations pour te lancer dans cette aventure ?

Antoine : De ce côté-là, ce défi est un peu fou. Lâcher un boulot stable avec un statut pareil, pour un boulot où gagner sa vie n’est pas chose évidente, c’est parfois assez compliqué à gérer dans ma tête mais je suis déterminé à faire perdurer et développer Field and Fish. Après avoir connu la fonction publique, j’avais envie de travailler pour moi, de m’investir autant que ce que je faisais mais avec des objectifs et des motivations plus personnels. En fait, j’ai toujours été passionné par le « bon matériel », trouver ce qui est le plus adapté à ma pratique, à un bon rapport qualité/prix. En tant que pratiquant, je ne suis pas du genre à flamber, je pointe mes besoins et je cherche ce qui est le plus adapté. La reprise de Field and Fish est en partie motivée par cette envie de créer des vêtements et des bagages de pêche pour les différentes pratiques et pour répondre au plus juste aux besoins des pêcheurs. La marque a toujours écouté les retours clients et su faire évoluer ses produits. Je vais vraiment axer mon travail sur ce principe, qui est pour moi, primordial.

Nicolas : La base de produits est solide, la philosophie est claire. Tu vas t’appuyer dessus ou tu souhaites faire un peu différemment ?

Antoine : Je ne vais pas révolutionner les choses. Effectivement, la base est solide, les choix des matières utilisées sont déjà réfléchis, je vais continuer en ce sens. Ayant travaillé dans la protection de l’environnement, il est clair que je mettrai toute mon énergie à élaborer des produits respectueux de l’environnement, sans matières ou produits controversés, en utilisant une production propre, minimisant les impacts environnementaux. Je ne souhaite pas produire à tout prix, et j’ai besoin de savoir que les cours d’eau à l’arrière des ateliers qui produiront les effets de la marque soient en bonne santé et ne subissent d’agressions de la part de cette activité. Il y a du boulot et ça va prendre du temps mais j’y tiens. J’espère aussi que la clientèle comprendra cette démarche et que cela a aussi un coût. Un waders confectionné avec un tissu labellisé, sans PFOA et de qualité ne peut pas être au même prix qu’un waders avec un tissu bas de gamme, dont on ne connaît pas grand-chose du process de fabrication. Je ne souhaite pas me limiter au monde de la mouche et je souhaite rajeunir un peu l’image de la marque. Je souhaite également proposer des solutions pour faire durer les produits le plus longtemps possible. Nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir un quotidien fait de consommables de courte durée. Pour cela, la qualité des produits est forcément le premier point à travailler, rien n’est jamais acquis. Le second point consiste à trouver des solutions pour entretenir et réparer l’existant. Cette offre est peu développée dans le monde de la pêche. Les grandes marques d’outdoor ont déjà amorcées le virage. Il est possible aujourd’hui de refaire les coutures d’un waders, remplacer une portion de tissu endommagée ou changer un chausson. Je travaille depuis quelques semaines avec un atelier local, basé à Annecy. Il est équipé de toutes les machines d’usine. Le personnel est capable d’intervenir sur tous les vêtements techniques. A titre d’exemple, j’ai pu proposer à un client une réparation sur l’un de nos waders. Ce dernier avait plus de 8 ans ! J’avoue que j’étais sceptique, la membrane s’était déchirée au-dessus de l’entrejambe. J’ai déposé le waders à l’atelier, le lendemain 14 h, le waders était prêt à repartir à l’eau avec un empiècement tout neuf, recousu, et avec une nouvelle étanchéité. Nous allons poursuivre les essais, et nous pourrons rapidement communiquer sur ces possibilités.

Nicolas : Cette marque a toujours eu un engagement éthique avec par exemple le 1% pour la planète. C’est quelque chose d’important pour toi ?

Antoine : Tout à fait, cela va avec ma philosophie et mon attachement à notre environnement comme bon nombre de pêcheurs passionnés. Au travers de cette fondation, il est possible de soutenir des projets et des associations locales. Il ne s’agit pas seulement de faire un chèque, et de se laver les mains, ou de faire une belle communication sur le sujet. L’idée est aussi d’être acteur du terrain et des engagements associatifs. Un partenariat existait déjà avec Rivières Sauvages, je suis en discussion pour continuer le chemin, et en particulier soutenir les actions réalisées sur une rivière proche de la société, le Chéran. Je réfléchis également à soutenir d’autres projets environnementaux, mais chaque chose en son temps. J’espère également pouvoir appuyer une ou des fédérations notamment pour ce qui concerne l’éducation en soutenant pourquoi pas une ou des écoles de pêche, toujours dans la mesure du possible. Il y a pas mal de projets en fait…

Nicolas : Ton activité est principalement liée à un site de e-commerce mais tu es aussi présent sur certains salons. Quel est ton programme ?

Antoine : Oui, l’activité de la marque passe par son site effectivement. Une partie des clients a quand même besoin de voir et de toucher les produits avant de se décider et c’est en cela que les salons sont une belle occasion de faire découvrir les produits. Initialement, mon prédécesseur se déplaçait sur les principaux salons spécialisés pour la pêche à la mouche. Je vais continuer à être présent au SANAMA, à Muret, à Charleroi, chez nos voisins belges mais aussi à Carhaix. Tout récemment, je me suis déplacé à Nantes. Je compte développer des produits adaptés à d’autres pêches et donc me positionner sur des salons toutes pêches. Je ferai en sorte d’être présent par exemple à Strasbourg, ou à Châlon, et pourquoi pas à l’étranger comme en Suisse et en Allemagne, si je trouve des accompagnateurs pour parler allemand, j’avoue ne pas être à l’aise de ce côté-là.

Nicolas : Quels sont tes objectifs à court terme ?

Antoine : Ma principale difficulté va être de reconstituer des stocks dignes de ce nom. Être une marque a un prix, chaque produit est un investissement, les ateliers de fabrications ne font pas de cadeaux aux petits entreprises. Je ne pourrai donc pas tout faire, et il faudra établir des priorités. J’espère que les clients le comprendront et seront à terme satisfait de mon travail.

Merci Antoine pour tes réponses claires. Je te souhaite pleine réussite pour cette reprise. Longue vie à ton entreprise !

vendredi 6 juin 2025

Le début d'une belle aventure !

Je suis très heureux de vous annoncer aujourd'hui que j'ai accepté avec un immense plaisir un tout nouveau défi dans le domaine de l’écriture. Après avoir écrit un livre d'histoires de pêche en 2015, des centaines d’articles sur mon Blog depuis 2007, je suis sincèrement content d’avoir cette opportunité d’écrire pour le magazine de pêche numéro 1 en France, La Pêche et les Poissons.

Ce magazine qu’on ne présente plus est à l'attention de tous les pêcheurs, il parle de toutes les pêches et de tous les milieux. C’est le premier point qui m'a attiré. J’ai toujours vu la pêche dans son ensemble. Si par mes futurs papiers dans La Pêche et les Poissons j’arrive à convaincre un passionné de carpes ou bien encore un pêcheur au toc de tenter la fabuleuse expérience "nymphe à vue", ça sera génial.

J’ai dit oui de suite car Bill François, qui m’a contacté en tant que tout nouveau rédacteur en chef du magazine, est un homme que je suis avec attention depuis de nombreuses années. Je suis même assez admiratif des projets qu’il met en place depuis sa victoire au concours d’éloquence de France2 il y a 6 ans. Des livres passionnants tellement bien écrits, des conférences incroyables, un savoir scientifique extraordinaire et surtout un amour pour la pêche et les poissons qui donne vraiment envie de travailler avec cet homme. De plus, il a mis en place ces dernières semaines une équipe extraordinaire autour de ce magazine. Très heureux d'en faire partie.

Merci infiniment Bill pour cette opportunité que tu m’as donné. Merci aussi pour ta visite ce jour à l'atelier, c'était un régal de pouvoir échanger avec toi. J’espère être à la hauteur des attentes de l’équipe rédactionnelle et de celle des lecteurs de La Pêche et les Poissons.

jeudi 5 juin 2025

Benoit Ledoyen

Mise à jour du 05-06-2025 : Je remets en ligne cet article daté de 2015 suite au décès aussi brutal que tragique de notre ami Benoit. Je présente ici mes plus sincères condoléances à toute sa famille et ses amis.

Me voilà de retour aux affaires avec les interviews. Je sais que c'est une de vos catégories préférées sur ce blog. Mais il faut savoir que c'est également beaucoup de travail, je peux vous l'assurer. Après les plaintes, passons au plaisir. Au plaisir de recevoir un personnage de la pêche à la mouche. Vous l'avez déjà surement lu ou du moins, vous avez déjà admiré ses photos, c'est certain. Je reçois aujourd'hui Benoit Ledoyen, pêcheur à la mouche aux multiples qualités et comme on dit, une vraie belle personne, régalez-vous.

Nicolas : Salut Benoit ou plutôt Ben. Peux-tu nous faire une petite présentation s’il te plait pour commencer cette interview.

Ben : Salut Nicolas. Que dire, je viens d’avoir 34 ans, pêcheur depuis l’âge de 12 ans, je vis dans un petit coin de campagne à 45 minutes de Paris. Cependant, j’ai la chance d’avoir un petit pied à terre à coté de Beaulieu sur Dordogne où dès que je peux, j’y file pour assouvir ma passion !

Mon invité !

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Nicolas : Racontes-nous un peu tes premiers pas à la pêche.  Qu’est ce qui a fait qu’un jour, tu te sois passionné de pêche.

Ben : Je pense que la passion au début n’était pas forcément le mot, c’était plus un moyen de passer le temps. A la campagne, les activités sont un peu restreintes, les parties de pêche avec le papy furent mes premiers pas au bord de l’eau…Vairons, goujons, pleins de petits cours d’eau qui aujourd’hui n’existent presque plus. Par la suite, j’ai commencé à fréquenter mon cousin qui par chance habitait à la jonction Cère / Dordogne…Et la commença l’aventure.
Au début j’ai touché un peu à tout, pêche des barbeaux à l’anglaise, du toc, un peu de cuiller, et un jour on me mis un fouet dans les mains ! Et là, je n’ai plus jamais touché autre chose, comme pris d’une addiction.
Ensuite, j’ai eu la chance tout au long de mon parcours de pêcheur de tomber sur les bonnes personnes, Eric Leboucher qui m’a mis le pied à l’étrier, et mon amiral avec qui je partage énormément maintenant, mais je reviendrai sur lui plus tard.

Nicolas : Si je ne me trompe pas, ta rivière de cœur est la Dordogne. Ca tombe bien, parce que je ne la connais pas du tout. Qu’évoque cette rivière pour toi ? Parles-nous d’elle s’il te plait.

Ben : Par où commencer ! Comme tout endroit où on a grandit, il y a déjà une attache sentimentale, depuis le nombre d’années que je la parcoure, je n’ai pas encore réussi à la visiter entièrement. Au début, je prospectais à vélo plutôt coté Lotois, puis en scooter, et maintenant en voiture. Cela fait que j’ai agrandi mes secteurs au fil du temps, pour maintenant  pêcher la Dordogne sur plus de 35km.
Elle a un profil assez différent sur sa partie lotoise, que sur sa partie corrézienne, mais elle inspire toujours la même sensation de grandeur. C’est une rivière relativement difficile à pêcher, aucun jour ne se ressemble et c’est pour cette raison que je l’apprécie, elle remet en question à chaque partie de pêche. Quand je suis au bord de cette rivière, cela est égoïste de dire ça, mais j’ai l’impression que la vie s’arrête, que le temps est figé, plus de femme, plus d’enfant, plus de problèmes…Juste du plaisir ! Et tant que j’aurai ce sentiment, je sais où aller pour me ressourcer !

La belle !

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Nicolas : On reviendra à la pêche plus tard. De mon côté, je t’ai connu à travers tes photographies. Tes photos de pêche sont un délice, pourtant, tu as débuté la photo dans un tout autre domaine non ? 

Ben : Tout à fait. Après être sortie d’une école photo, j’ai été embauché dans une agence de presse sportive. J’ai pu faire ce métier pendant sept ans avant de devoir le quitter pour des raisons médicales. J’en garde un super souvenir, parcourir la France, tous les terrains de foot, rugby, les omnisports, enfin tout ce qui est sport à haut niveau. Ce fut une chance et un privilège de pouvoir le faire, de belles années. Mais la pêche était largement mis de coté, je ne pêchais que trois semaines par an. Aujourd’hui cela serait impossible. Faire de la photo pro et avoir ce rythme de vie. Beaucoup de gens l’ignore, mais je ne vois plus de l’œil droit, ce qui m’a imposé de changer de voix professionnelle.

Rhooo, merci Ben pour cette photo, l'Aigle des Açores ! J'étais un grand fan !

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Nicolas : Aujourd’hui, tu continues à faire de la photo pour le magazine Pêche Mouche en autre non ? Tu travailles avec eux également dans le descriptif de fiches de montage de mouches ?  

Ben : Oui, tout à fait. Si je ne me trompe pas, je rentre dans la 5ème année avec l’équipe de Pêche mouche, déjà ! Ca passe vite ! J’espère encore les suivre quelques années et continuer à partager le montage de mouches et pourquoi pas un peu plus par la suite.

Un grand professionel.

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Nicolas : En parlant de montage de mouches, tu fais parti des quelques extra-terrestres du pays. Tes montages sont à la fois pêchants, propres et d’un esthétique incroyable. Tu es passionné de montage depuis tes premiers pas avec une canne à mouche ?  

Ben : Tout d’abord merci, c’est gentil. Effectivement, j’ai commencé le montage la même année où j’ai débuté la pêche à la mouche. Pour moi, les deux sont indissociables, ou alors il manque une roue au carrosse. Mon cousin et moi-même avons commencé à monter des mouches pour un petit magasin vers chez nous quand on avait 13/14 ans. L’approche des matériaux, la facilité de les trouver ont fait que l’on prenait cela comme un jeu et surtout comme un petit plus pour mettre de l’essence dans le scooter. Cependant, j’ai monté pour pêcher à la base, la passion du montage est venue bien plus tard.

Je vous laisse en prendre plein les yeux !

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Nicolas : Vu la qualité de tes imitations, j’imagine que tu vas au bout des choses en matière de matériaux. Je crois même qu’avec un ami tu commercialises des plumes ? 

Ben : J’aime la qualité car je pars du principe que l’on ne fera pas une jolie mouche avec des matériaux de M….. Par contre, on peut prendre du poisson avec une mouche de M…..Ca, j’en suis persuadé. Mes mouches de pêche ne sont pas le reflet de ce que je peux faire en fly art, peut-être jolies pour certain, mais ce n’est pas ce que je leur demande. J’aime surtout me donner des objectifs, des contraintes de montage, des trucs qui ne servent à rien dans le fond, mais qui apportent de la minutie et une approche différente des montages traditionnels.
Effectivement, depuis un ou deux ans, j’ai décidé de mettre en valeur les plumes de ma région. Après de longues années de recherche, je suis tombé sur Laurent qui pour moi est « Le gardien du temple » de la race limousine en France. Sa gentillesse et notre implication ont fait qu’on a voulu ouvrir cette opportunité grâce à internet et aux pêcheurs désireux de connaitre la rolls rolls des plumes (avec le Pardo). Aujourd’hui, nous travaillons sur des génétiques afin d’améliorer la finesse des hackles, la longueur en amenant d’autres gènes et en appliquant une sélection très stricte.

De la plume de très haute qualité, le must !

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Nicolas : Pour mon plaisir et celui des lecteurs de ce blog, tu peux nous mettre une ou deux photos d’un montage avec sa fiche « made in Ben » stp, merci. 

Ben : Alors oui pas de soucis, je peux te donner une copie de ce que les lecteurs peuvent trouver dans le magazine Pêche Mouche, par contre par déontologie avec le magazine, je n’en produit pas ou plus sur d’autres supports. Ils ont l’exclusivité.

Cliquez sur les photos pour mieux en profiter de ces deux fiches détaillées.

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Nicolas : Le montage de cannes devient lui aussi une passion envahissante chez toi. Que recherches-tu à travers cela ?  

Ben : Je ne dirais pas une passion, plutôt une curiosité, une envie de découvrir autre chose. Je ne pense pas avoir fait le tour du montage de mouches, mais j’avais depuis plusieurs années envie de tester. Mon but n’est pas de monter des cannes à outrance, loin de là, plutôt essayer de confectionner une canne qui répond à la façon dont on pêche en collaboration avec Christophe. Pour le moment je me fais la main, chaque chose en son temps, mais le but est là.

Il sait tout faire ce Ben !

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Nicolas : Pour mieux connaître l’homme, parles-nous de tes autres passions que sont la coutellerie et les champignons ?

Ben : Alors merci papy encore une fois. Les champignons, c’est le plaisir de me retrouver dans la nature, de plus, je peux y emmener mon fils maintenant et c’est un moyen de passer du bon temps avec lui. Les couteaux, car tout bon campagnard qui se respecte en a toujours un dans la poche, je ne saurais expliquer, l’amour des lames. Mais j’aime globalement tout ce qui est du travail artisanal, tout ce qui tourne autour du bois.
Je rajoute aussi celle de filmer, nous avons créé il y a quelques temps Caddis production, où on essaye avec modestie, de nous faire plaisir à l’image.

Magnifique.

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Nicolas : Revenons à la pêche. La Dordogne est connue comme une rivière à ombres. Mais toi, tu es plutôt du genre « truiteux », je me trompe ? 

Ben : Non tu ne te trompe pas ! Comme dit ma femme, le jour où je la tromperai, cela sera avec une fille à point rouge et noir ^^. J’admire ce poisson, sa robe, son esthétisme. Pour moi, sa pêche est complètement différente de celle de l’ombre. J’aime aussi les groins, mais on va dire que sur une rivière comme la Dordogne, la possibilité de les pêcher en fin d’année du faite quelle soit une seconde, fait que je les laisse tranquilles pendant la saison de la truite. Je privilégie alors celle-ci. Cependant, je passe quelques bonnes journées à  pêcher les ombres à vue sur d’autre cours d’eau.

Ces gros points noirs, rhooo !

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Nicolas : C’est une rivière qui est difficilement pêchable à vue. Ta pêche de prédilection sur ce cours d’eau est la pêche au fil, mais pratiquée d’une façon bien particulière. Je crois que c’est la rencontre d’un homme de la Sioule qui en est à l’origine, racontes-nous.

Ben : Cet homme est à l’origine de ce que je suis aujourd’hui en tant que pêcheur. Son nom : Christophe Masset , alias « l’amiral » pour nous. Il y a des rencontres dans une vie qui nous changent. Ce fut le cas pour moi. Quand je l’ai rencontré il y a maintenant presque dix ans, j’étais avec des copains à attendre que ça gobe, tout simplement. 
Il est arrivé, nous a demandé s’il pouvait pêcher et là spectacle ! Une nymphe ! Kesako ! J’ai su ce jour là que si je voulais évoluer dans ma pêche, j’avais besoin de connaitre et rencontrer quelqu’un comme lui. De plus, notre rencontre s’est faite sur un spot qui est celui où j’ai tout appris, comme par hasard, c’était un signe ! Sûrement ! 
Au début nous avons fait connaissance, la distance ne nous aidait pas à nous recroiser. Et une année, il m’a prit sous son aile, des mois intensifs, autant dire l’armée pour moi. Il m’a apprit sa technique qu’il a mis au point pour la Dorgogne même s’il l’applique avec grande classe aussi sur sa rivière, la Sioule. De là est née une relation particulière. Si je travaille à Pêche Mouche , c’est aussi grâce à lui. Il a su me faire prendre conscience de ma technique de pêche et de montage, de l’exploiter et surtout d’y avoir confiance…Sans lui, je ne te parlerais même pas aujourd’hui, je ne pense pas que j’aurai raccrocher les cannes, mais je ne serai pas aussi impliqué et passionné. Maintenant, je le compte comme les gens de ma famille, c’est plus qu’un professeur à mes yeux. Et s’il me lit : Mon amiral, MERCI ! On a encore, je l’espère, beaucoup de choses à vivre :-)

On a tous un "mentor"

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Nicolas : Malgré cela, la pêche à vue ne te laisse pas indifférent n’est-ce-pas ?

Ben : Non, j’adore ça ! Je ne sais pas si c’est la traque ou la pêche que je préfère, mais c’est un coté de la pêche que j’essaye d’affiner…Le chemin est encore long car les rivières que je fréquente ont difficilement cet avantage.  Mais la pêche à vue m’a aidé aussi dans ma technique de nymphe au fil à connaitre mes densités, mes animations, tout est plus facile à corriger quand on voit son erreur que lorsque l’on pêche à 30 mètres. Pour moi, je l’ai abordé au début comme complément et maintenant j’en fait une pêche à part. L’adrénaline est relativement plus forte, je crois que c’est ça qui me botte.

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Nicolas : Mise à part la Dordogne, quelles sont les rivières qui ont marqué ton parcours de pêcheurs à la mouche et pourquoi ?

Ben : LA SIOULE ! Car putain j’en ai « chié au début ». Rivière école par excellence ! C’est là où j’ai appris avec Christophe et là où j’ai découvert une seconde famille ! (ils se reconnaitront).
         La BIENNE ! Car j’ai passé peut-être un de mes meilleurs trips de pêche, en compagnie de Francois.
         Le DESSOUBRE / LA VALSERINE  pour les rencontres et les gens avec qui je suis parti…L’équipe JMC dans sa totalité et bien d’autres…
         Après je suis un peu comme toi Nico, j’ai du mal à bouger mes fesses autre part que sur la Dordogne (pour toi la HRA)…Je n’en ressens pas l’envie, j’aime découvrir de temps à autre, mais je ne suis pas à la recherche du poisson de ma vie, mais plutôt d’une ambiance, de pots,  j’aime être là où je me sens le mieux.

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Nicolas : Comme je me suis bien renseigné, il parait que tu as un surnom qui rappelle un certain coyote !  Pourquoi tes potes ont-ils choisi ce surnom de Bip Bip ;-) ?

Ben : Alors ce n’est pas tout le monde, seulement quelques uns qui me surnomme comme cela, ils ont été gentil avec toi car j’en ai plusieurs :-) Certains font plus référence à ma touffe de cheveux ;-), mais ils m’ont donné ce surnom car je marche beaucoup, trop même ! Mais j’ai besoin de me défouler, et apparemment ils ont du mal à suivre ! 

Nicolas : Tu es tout jeune papa également. J’imagine qu’un peu comme moi tu es comme un dingue de pouvoir emmener ton fils à la pêche ? 

Ben : Arfff je vais déjà préférer l’emmener au foot ;-). Et oui, cela serait plus lucratif pour moi. La pêche, on y gagne pas grand chose, le foot par contre…Comme ça, il pourra payer des voyages de pêche à son père plus tard. Non, blague à part, c’est indescriptible de partager une passion avec son fils. Je n’ai pas eu la chance d’en partager avec mon père, forcément c’est quelque chose qui me tient à cœur. Il fera comme il en a envie, mais il est évident que je serai son premier supporter dans n’importe lequel de ses choix !! Je rêve et attend avec impatience le premier jour ou il me ramènera une truite.

Le rêve de tout papa pêcheur.

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Nicolas : Pour terminer cette interview, racontes-nous un de tes plus beau souvenir de pêche. 

Ben : Pfff j’en ai plein ! Cela fait des années que j’en partage tous les étés avec mes amis Nassim, Tony, Francois, et les sioulistes. Nous ne sommes pas beaucoup dans notre groupe mais on essaye toujours d’aller à la pêche ensemble.
Mais si je dois en donner un, assurément celui de cet été avec l’amiral. Il a sorti l’un de ses plus beaux poisson sur la Dordogne et cerise sur le gâteau, je lui épuise son poisson après avoir pris deux fois le bain. Un engagement et une satisfaction comme si on avait été deux à le pêcher.

Un thon, bravo !

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Nicolas : Merci Ben pour d’avoir accepté mon invitation. J’espère que nos chemins se croiseront de nouveau. 

Ben : Merci à toi Nico, évidement qu’ils vont se recroiser ! On va faire en sorte que se soit le cas en tout cas ;-)

Bon, on va reprendre certaines bonnes habitudes. Je ne vais pas te lâcher comme ça super Ben ! J'ai demandé à un de tes amis de nous parler de toi, pour avoir un autre angle sur ton personnage. C'est François qui s'y colle, et c'est plutôt excellent ! Je lui laisse la parole.

François Goursaud : Ma première rencontre avec Ben remonte au printemps 2013 sur les bords de la Sioule. Moi, je ne le connaissais que sur internet et il nous arrivait parfois d’échanger des mails. La veille, j’étais chez mon ami Tony dans l’Allier, Ben nous avait proposé de le rejoindre le lendemain sur un secteur long d’une dizaine de kilomètres, « Je serai avec Christophe, on aura un camion blanc » m’avait-il dit...Nous prîmes la route le lendemain matin, guettant le long de la rivière un hypothétique camion blanc quand on voyait le bord de la rivière. On aurait pu ne jamais tomber dessus, mais la chance ou les dieux de la pêche avaient du s’en mêler, et je me retrouve aujourd’hui à écrire ces quelques lignes.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, j’ai l’impression de le connaître depuis bien plus longtemps, en moins de trois ans une vraie amitié est née, avec ses bons et ses moins bons moments, mais il est devenu l’un de mes meilleurs camarades de pêche.
Ce qui est dingue chez lui, c’est sa polyvalence, sèche, nymphe à vue et bien évidemment la nymphe au fil, avec un très très long bas de ligne mis au point par son ami et mentor Christophe Masset.
Mais revenons en à notre rencontre, à ce moment je ne pêchais qu’en sèche, regardant comme beaucoup d’entre nous la nymphe avec un profond dégout, et encore plus la nymphe au fil… Mais voilà, force fut de constater après une saison de pêche à observer Ben et Christophe que ça fonctionnait très bien, trop bien même. Quel contraste saisissant entre moi, planté au milieu de la rivière comme un bâton, les bras croisés à attendre d’hypothétiques gobages, et eux, prenant du poissons à chaque sortie. 
Comme seul les idiots ne changent pas d’avis, je suis donc moi aussi passer du côté obscur des « nympheux au fil », il m’aura fallu bien deux ans pour commencer à comprendre cette technique et surtout ce lancer si spécifique né de la réflexion de Christophe, même si comme me dit Ben : « t’auras toujours un train de retard sur moi, et moi un train de retard sur Christophe ». C’est ce qui me fascine le plus dans la pêche à la mouche, la marge de progression et de perfectionnisme n’a pas de limite, on s’améliore jusqu’au bout. 
Sans ma rencontre avec Ben, je serai encore là à attendre que les poissons viennent embrasser la surface, ce qu’ils font malheureusement de moins en moins dans notre pays…Mais ça, c’est une autre histoire.

Ben dans une rivière, ça vaut le coup d’œil,  et encore plus dans celle de son cœur là où il fit ses premières armes, la Belle (la Dordogne pour les non initiés). Si vous le croisez, vous le reconnaîtrez avec ses « dreads Locks », ses longs lancers mélangeant souvent les coup droits et les revers pour poser à la perfection ce si long bas de ligne qui n’en finit pas. 
Une autre de ses caractéristiques, due probablement à son bon mètre quatre-vingt, c’est qu’il aime avoir de l’eau jusque sous les aisselles, mais il garde la tête sur les épaules, et ne se mettra jamais en danger pour aller tenter un coup juger trop dangereux sur cette grande et si belle rivière.
Je ne voudrais surtout pas le cantonner à la nymphe au fil. J’ai en mémoire ce jour de printemps où, sur la désormais trop célèbre Bienne, nous tombâmes sur un poisson qui gobait sur la berge opposée dans une veine dix fois plus lente que l’énorme veine principale qui nous séparait de lui. Je jugeai le coup trop difficile et le cédai volontiers à Ben. Un premier lancer pour ajuster la longueur et comprendre les courants, un second parfait, gobage, raté. Calme, et plaisantant, il noua une autre mouche, « pépère » comme il dit souvent. Au lancer suivant, la zebrée finit dans l’épuisette après avoir joué avec le fameux courant. 
Depuis quelques temps, il s’est motivé à progresser en nymphe à vue et là aussi il s’en sort. C’est ça Benoit Ledoyen, quelqu’un qui ne renonce pas, il ne se bloque jamais sur un échec et à soif d’apprendre. Il est toujours là pour tirer ses camarades de pêche vers le haut, y compris les débutants.
La saison est terminée depuis 2 mois, Il ne nous reste plus qu’à patienter jusqu’au printemps prochain pour retrouver notre terrain de jeu.
Merci à Nico de m’avoir proposé d’écrire ce petit texte.

Ben et François.

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Merci à tous les deux. J'ai passé un super moment à vous lire et je suis certain que les lecteurs de ce blog auront le même sentiment. Bonne continuation et tous mes voeux de réussite à tous les deux dans vos projets futurs.

mardi 3 juin 2025

Toujours ça de pris !

Voilà un petit coup d'eau salvateur. En effet, la rivière d'Ain s'est gonflée des dernières pluies pour atteindre un peu plus de 40m3 sous la confluence Ain/Saine. À l'approche de l'été, ce n'est pas anondin. On ne sait jamais quand le prochain coup d'eau aura lieu...

De plus, cela devrait faire redescendre la température de l'eau. Mais sans illusion tant l'inverse va très vite. En une semaine, avec seulement deux jours de beau, elle avait pris 2.5°C. Là, elle devrait redescendre autour des 11 degrés. Le débit va être suffisant pour arracher du fond les longues algues qui y étaient déjà. Principalement sur les parcours avals d'ailleurs, l'amont étant plus épargné. 

D'autres pluies sont annoncées jusqu'à jeudi ce qui devrait à minima maintenir ce bon niveau. Pour la rivière j'entends, car pour la pêche à la mouche c'est trop haut. Mais la santé de la rivière est plus importante que notre plaisir. 

Pour ceux qui s'intéressent à la faune, la plupart des petits canards étaient déjà derrière leur mère, donc pas de soucis à se faire pour eux, la reproduction semble s'être bien passée. J'espère par contre que les petits harles n'auront pas cette chance, mais rien n'est moins sur...

Dernier point positif, cette abondance éphémère d'eau va nettoyer de la surface l'accumulation des bourres de saules...C'était un enfer ! 

La rivière avant le coup d'eau.

mercredi 28 mai 2025

Souvenirs de Bienne.

Aujourd'hui je vous publie un texte qui m'a été envoyé par un lecteur de ce blog. Il m'a beaucoup touché. Bonne lecture.

Je m'appelle Philippe et j'ai 67 ans. Il y a plus de cinquante ans, mon ami Norbert m'a initié à une expérience qui allait marquer ma vie à jamais. J'avais seize ans lorsque nous avons pris la route en direction du Jura français, impatients et curieux. Notre destination : la rivière Bienne, au lieu-dit "La Rixouse". C'était une première pour moi, et je ne savais pas encore que cette journée scellerait un lien indéfectible entre moi et cette rivière.

Nous étions là pour pêcher à la mouche sèche, une technique élégante et délicate, presque un art, technique que je pratiquais déjà depuis 2 ans, mais que je ne maitrisais pas encore. Dès les premiers instants, le spectacle qui s'offrait à nous me coupa le souffle. L'eau cristalline miroitait sous le soleil, serpentant entre des berges verdoyantes, et partout, les poissons bondissaient hors de l'eau pour saisir les mouches en surface. Jamais auparavant je n'avais vu une telle abondance de vie aquatique. Nous avons pêché toute la journée, enchaînant les prises, émerveillés par cette nature généreuse. Chaque lancer, chaque ferrage était une émotion nouvelle, une découverte exaltante.

Cette première expérience n'était que le début d'une longue histoire d'amour avec la Bienne. Année après année, saison après saison, Norbert et moi sommes retournés sur ces berges, partageant des moments de complicité et de passion. Peu importait le temps, qu'il fasse grand soleil ou que la brume matinale flotte sur l'eau, nous retrouvions toujours cette rivière avec le même enthousiasme. La Bienne était un sanctuaire, un refuge où le temps semblait suspendu. Elle nous offrait des instants de plénitude que seule la nature sait offrir. Avec les années, j'appris à en comprendre chaque méandre, à repérer les zones propices à la pêche, et à adapter mes lancers en fonction des courants et des vents. Norbert et moi partagions ces connaissances, perpétuant une tradition que nous avions instaurée depuis notre première sortie.

Hélas, les années ont passé et la rivière a changé. La pollution, insidieuse et implacable, a peu à peu fait son œuvre. Les eaux jadis si pures se sont troublées, la faune s'est raréfiée. Là où autrefois les gobages étaient incessants, seuls quelques rares remous trahissent encore la présence de poissons. Mon cœur se serre à chaque visite, en constatant l'ampleur des dégâts. La Bienne, ma rivière de cœur, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les causes de ce désastre sont multiples : rejets industriels, pesticides, assèchement des sources. Pourtant, rien ne semble être fait pour enrayer cette catastrophe écologique. Les anciens pêcheurs du coin, ceux qui partageaient avec moi cette passion, se font de plus en plus rares, désabusés par l'état de leur rivière bien-aimée.

Et pourtant, malgré cette désolation, je ne peux me résoudre à l'abandonner. Deux ou trois fois par an, je reviens sur ses rives, comme on rend visite à un vieil ami malade. Je n'y prends plus de poissons, mais ce n'est plus l'essentiel. Ce lieu fait partie de moi, il est ancré dans mon histoire, dans mes souvenirs les plus précieux. Assis sur un rocher, canne en main, je ferme les yeux et j'entends encore le clapotis de l'eau, le bruissement des feuilles, le rire de Norbert quand un poisson trop vif nous échappait. La rivière m'a tant donné qu'il est impensable pour moi de l'oublier.

Ainsi, malgré les blessures qu'elle porte, la Bienne reste ma rivière de cœur. Et tant que je le pourrai, je reviendrai lui rendre hommage, la contempler, et me rappeler ce qu'elle fut, ce qu'elle m'a offert, et ce qu'elle signifie encore aujourd'hui. Peut-être qu’un jour, avec un sursaut de conscience et d’efforts collectifs, elle pourra renaître, retrouver un peu de sa splendeur d’antan. En attendant, je continuerai d’y aller, ne serait-ce que pour écouter le chant du vent dans les feuillages et sentir, ne serait-ce qu’un instant, le lien profond et indéfectible qui me lie à elle.

La Bienne sous Jeurre.

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