Plaisir et joie sans cesse renouvelés.
Par Nicolas39 le dimanche 25 mai 2025, 10:32 - Pensée personnelle - Lien permanent
Nous passons tous par de nombreuses étapes dans notre vie de pêcheur. Quelles soient identiques ou pas, il y a obligatoirement de nombreux changements dans nos attitudes ou nos pensées lorsqu'on porte notre regard en arrière.
Cela peut s'étaler sur des thèmes bien différents comme l'évolution de nos boites de mouches à travers le temps, nos choix sur le matériel utilisé ou bien encore notre engagement bénévole. Un jour c'est ainsi et quelques années plus tard c'est autrement. On peut aussi parlé bien entendu de notre relation au poisson ou pour les plus âgés d’entre nous, la pêche a débuté avec des paniers remplis de truites. Aujourd'hui, nous sommes beaucoup à avoir modifié cela en remettant les poissons sauvages à l'eau après capture. Quand je repense à tous ces petits trucs que je trouvais tellement importants selon les époques de ma vie de pêcheur alors qu'aujourd'hui je les voie comme futiles. Cela fait certainement partie du cycle naturel des choses. De leur évolution.
Il y a une chose qui n'a pas bougé pour moi, une. Enfin si, mais...Bref, je m'explique. La prise d'une truite, c'est ce moment que l'on vient chercher en plus de tout ce qu'une rivière et son monde fantastique peut nous apporter en tant que pêcheur et même en tant qu'homme. Les sensations, la joie, les émotions que provoquent la capture d'un poisson sauvage sont à l'identique que mes toutes premières truites capturées au ver de terre avec mon père lorsque j'étais tout môme. J'ai du mal à exprimer à l'écrit exactement ce que je ressens aujourd'hui après quarante saisons à pêcher ces truites sauvages. Je profite de chaque poisson comme si c'était le premier et en pensant que cela pourrait être le dernier. Chaque truite qui vient intercepter ma nymphe entre deux eaux ou ma mouche dans les friselis de la surface est un vrai présent que m'offre la rivière. J'en ai pleine conscience aujourd'hui. Je prends le temps pour admirer ces animaux sauvages lorsqu'ils reprennent leur esprit dans l'épuisette. J'en observe les caractéristiques, je m'offre ces quelques secondes avec les yeux d'un gosse qui découvrirait pour la première fois la beauté de ces poissons. Je me retrouve ces dernières années réellement comme un enfant. Que la truite soit un juvénile, un jeune adulte ou un très beau poisson, je ne fais aucune différence. C'est un moment rare quoi qu'il arrive. Je le sais.
Pourtant, après mes premières années de pratique, j'ai eu un passage en mode compétition où j'ai pratiqué sur tout le territoire français en me confrontant aux meilleurs spécialistes de l'époque. Cette ambiance, mon changement de mentalité, mes objectifs du moment ont fait que je ne regardais plus les truites de la même façon. En tous les cas plus comme elles l'auraient mérité. Elles étaient devenues pour moi un instrument pour atteindre un résultat, pour me comparer aux autres. Je ne regrette aucunement cette période pour de très nombreuses raisons. C'est même tout le contraire. Si c’était à refaire, je le referais. En parallèle, j'ai fait mes premiers pas sur internet. Avant les réseaux sociaux, à l'époque des forums. Là aussi, ma vision de la pêche, ma façon d'apprécier la capture de ces fabuleux poissons sauvages a changé. Une époque où j'étais plus soucieux de faire une belle photo pour la poster que d'apprécier le moment présent. Parce que capturer un poisson sauvage, c'est un moment merveilleux. C'est des instants qui doivent être appréciés à leur juste valeur. J'ai perdu le fil pendant pas mal de temps. Pas si éloigné mais quand même.
Aujourd'hui, je souris à la vue de ces zébrures noires charbon, je m'abandonne à rire tout seul devant un gobage, je parle régulièrement à ces poissons merveilleux dans le filet en les admirant de tous côtés. Parfois, je m'excuse de les avoir embêté en plein festin, parfois je les encourage à devenir plus malins. Lorsque je vais à la pêche aujourd'hui, je n'ai plus aucun objectif, je n'ai pas d'attente particulière. Je suis simplement heureux d'être là. Sur les berges de ma rivière de cœur. Là où avec mon père j'ai fait mes premiers pas. Et si celle-ci m'offre un poisson sauvage de temps à autre, je redeviens cet enfant qui prenait sa première truite avec les yeux remplis de bonheur et de surprise. Je sais que ce temps est compté. J'en profite pleinement aussi souvent que je le peux. Je n'ai jamais autant pêché, je n'ai jamais eu autant envie de pêcher.
Commentaires
Je n'ai pas la chance d'avoir la rivière à portée de main et c'est depuis mon plus gros regret
Si s'était le cas et je te l'ai déjà dis lors de nos venues par chez toi, j'aurai posé les cannes pour prendre un appareil photo car aujourd'hui de voir de beaux poissons se promener me suffit à mon plaisir
On vieilli ou quoi ?!?
On vieillit, c'est le lot de tout un chacun évidemment. Cela nous donne du recul. Dès lors, comment ne pas penser à toutes ces truites que nous avons croisées ? L'âge nous rend plus sages, plus posés. La quantité a fait place à la qualité, l'empressement à la réflexion. Le panier de notre vie est bien rempli. Cela nous suffit. Toute nouvelle rencontre est un bonus. Nous avons atteint le comble de la satisfaction. Là est notre bonheur. Bien à vous.
Merci messieurs pour vos retours