Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

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Gestion piscicole

Les actions menées sur le terrain et infos diverses sur le monde complexe de la gestion halieutique

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dimanche 19 mars 2023

STEP de Montigny, la preuve du désaveu envers les milieux aquatiques.

Le long épisode judiciaire de la Station d'épuration de Montigny vient de se terminer.

Si vous êtes comme moi passionné de la rivière d'Ain, vous vous souvenez de cet été tragique de l'année 2010. Je vous fais un petit récapitulatif. Fin juillet 2010, les pêcheurs (encore et toujours eux) alertent sur des mortalités importantes de truites et d'ombres sur les secteurs avals de la rivière d'Ain jurassienne. Il s'agit là des linéaires de Villard, Châtillon, etc...L'ampleur des mortalités est immense. A tel point que la pêche sera fermée dès le 27 août de cette année 2010 et que cette fermeture sera reconduite pour toute l'année 2011 sur un linéaire de 9 kilomètres entre Montigny et Blye. Vous noterez qu'une fois de plus, seuls les pêcheurs ont été punis alors que c'est eux qui dénoncent ! L'histoire se répète ! 

On pense régulièrement à la Loue, le Doubs ou encore la Bienne pour ces mortalités massives mais la rivière d'Ain a énormément souffert lors cet épisode. Le pire dans cette histoire, c'est que cette pollution était préméditée ! Son origine était due à un rejet massif de phosphore par la STEP (station d'épuration) de Montigny gérée par l'entreprise Veolia sous l'égide de la communauté de communes Champagnole/Nozeroy Jura. Veolia avait unilatéralement décidé de ne plus traiter ce phosphore, suite à un différend avec la collectivité pour la prise en charge financière des boues générées par le traitement de cet apport massif de substance par l'entreprise Jura Terroir (Coop fruitière à Comté de Pont-du-Navoy). Il faut savoir que l'arrêté préfectoral d'autorisation de fonctionnement prévoyait un rejet maximum de 2 kg/j, seuil dépassé durant plusieurs semaines de plus de 10 fois, générant un développement massif de cyanobactéries à l'origine de l'importante mortalité de la faune aquatique à l'aval de la STEP. C'est finalement une pollution réfléchie et préméditée ! 

Un préjudice écologique de l'ordre 230 000 euros calculé selon la méthode Léger-Huet et Arrignon avait été demandé suite à une plainte déposée par la fédération de pêche du Jura ainsi que les deux AAPPMA concernées en novembre 2010. Voilà pour l'historique.

Cette procédure n'a que trop duré. Ce qui fait le jeu des prévenus au final. Elle s'est terminée il y a quelques semaines. La fédération ayant changé son fusil d'épaule en négociant un accord avec Veolia à hauteur de 30 000 euros. Fin rideau !

Mon analyse tout à fait personnelle de cet évènement est qu'il est facile de comprendre que le nouveau bureau fédéral a souhaité fermer ce dossier en se faisant rembourser ses frais d'avocat accumulés depuis 2010 et ce dans le but de passer à autre chose. En clair, Veolia, comme le reste des prévenus, s'en sort sans condamnation ! Ils ont fait le choix délibéré de ne plus traiter le phosphore avec les conséquences que l'on connait aujourd'hui et finalement rien ! C'est tellement scandaleux que je n'ai pas les mots.

Dans tous les cas, ces 230 000 euros évalués n'auraient pas refait revenir les truites. C'est évident. Mais il était de mon point de vue primordial d'aller au bout des choses pour envoyer un signal fort afin de démontrer que nous sommes dans notre role en défendant bec et ongles les milieux aquatiques de toutes agressions. Qui plus est dans ces proportions dramatiques de mortalités. Un autre choix a été fait. Je suis une nouvelle fois très déçu pour ne pas dire plus.

En terme de condamnation j'aurais préféré que la demande soit une mise en place d'un contrôle des eaux hebdomadaire en sortie de STEP sur X années. Contrôles et analyses réalisées par un laboratoire totalement indépendant avec une mise à disposition des données afin de mettre une pression permanente sur Veolia. Tout cela financé par les prévenus si tant est que la procédure aille à son terme et qu'ils soient condamnés ! Ce que veulent les amoureux des rivières au final, ce n'est pas de l'argent, mais avant tout chose être certain que l'eau qui ressort de ces installations soit de bonne qualité. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, loin de là, sur ce secteur comme sur d'autres.

Oui, car l'historique est très lourd pour Veolia comme pour la communauté de communes sur le secteur de la haute rivière d'Ain. Que dire de la lagune de Crotenay où plainte a été déposée également sans qu'une condamnation ne fasse suite. Pourtant, ce rejet puant et nauséabond qui se jette dans la rivière d'Ain n'est pas un mirage !

On peut aussi dénombrer les nombreux dysfonctionnements de la station d'épuration de Champagnole. Même pas de plainte pour cette installation. Quoi de plus normal quand on connait les liens qui lient les hommes concernés par les décisions.

La rivière d'Ain, comme d'autres, subit depuis des années des agressions importantes non punies. Il y a eu des choix de fait à l'époque. il y a des choix fait aujourd'hui. C'est tellement triste pour cette rivière. On en parlait encore hier avec mon jeune ami Victor au bord de l'eau en se demandant ce que l'on faisait encore là à traquer du vide. Car c'est ça aujourd'hui la rivière d'Ain, du vide !

Quand on connait l'historique des combats menés ou pas, on est en droit de se demander s'il faut conserver dans les statuts fédéraux la protection des milieux aquatiques comme on est en droit de ne plus croire en la justice. Sincèrement. Chacun fera sa propre conclusion, le mienne est faite.

lundi 13 février 2023

Patrice Malavaux nous parle du Doubs.

A quelques jours de l'ouverture mythique sur le Doubs franco-Suisse, j'ai voulu faire la lumière sur la situation à Goumois où bon nombre de passionnés ont l’habitude de se retrouver. Patrice Malavaux étant certainement le mieux placé pour nous informer sur la réalité de terrain. Merci à lui de le faire.

Nicolas : Bonjour Patrice. Je me suis permis de te solliciter pour nous parler de la situation du Doubs à quelques jours de l’ouverture. Rappelle-nous le déroulé des tristes évènements de la fin d’année dernière pour se remettre dans le contexte s’il te plait.

Patrice : Bonjour Nicolas. En effet, après plusieurs années de répit, le Doubs Franco-Suisse a subi une nouvelle vague de mortalités piscicoles due au champignon saprolégnia. Nous nous en sommes rendus compte fin novembre à la fin d’un épisode de fortes eaux et le phénomène s’est prolongé durant une bonne partie de décembre. Janvier aura marqué l’arrêt de l’épisode.

Nicolas : Ces mortalités sont d’autant plus rageantes que les populations se refaisaient une petite santé. J’ai pu le constater de mes yeux.

Patrice : C’était le cas. Les grosses années de mortalités étaient 2010, 2011, 2014. Si la maladie n’a jamais totalement disparu dans les années suivantes, elle était devenue pratiquement anecdotique, ce qui a permis aux populations, les ombres notamment, qui avaient été décimé jusqu’à environ 70%, de bien revenir, aussi bien en nombre qu’en taille. Les truites ont moins fait le yoyo, mais tout le monde était d’accord sur le fait que la population était également très intéressante. C’est rageant, comme tu le dis, mais les pêcheurs qui me croisent savent qu’il y a longtemps que je disais qu’il ne fallait pas fanfaronner, car on se savait avec une épée au-dessus de la tête… Et que ce n’est pas avec les efforts entrepris par nos autorités pour sauver les rivières qu’il fallait s’attendre à des miracles …

Nicolas : Les observations ont vite été impossible avec les niveaux d’eau. Est-il possible d’évaluer un pourcentage de perte à la louche ? Plutôt les gros poissons touchés ou toutes les classes d’âge ?

Patrice : Ce sont essentiellement les truites de belle taille qui ont été touchées, rarement en dessous de 35-40cm. Quant au pourcentage il est très difficile de l’estimer et je ne le ferai pas. Je me souviens de l’épisode ravageur de 2011 où, voyant la quantité de poissons morts (y compris des truites), je me disais qu’il n’allait plus en rester, et pourtant, si les ombres ont effectivement été décimés, l’effectif de truites n’avait pas tant bougé que cela lors des pêches électriques qui avaient suivi l’épisode. On va donc essayer de rester optimistes et on va beaucoup compter sur les résultats des pêcheurs cette saison pour se faire une idée…

Nicolas : On a vu beaucoup d’images passer fin décembre et l’essentiel des poissons touchés étaient des truites. Quant est-il des ombres ? Est-ce qu’ils ont été épargnés par cet épisode ?

Patrice : Oui, pratiquement que des truites, peu d’ombres. Il faut dire que notre expérience en la matière montre que les épisodes de déclenchement de la maladie sont le plus souvent associés à la période de fraye, quand les poissons sont affaiblis. L’hiver pour les truites et le printemps pour les ombres… Du coup on attend de voir ce qui va se passer dans les semaines qui viennent avec beaucoup de prudence… et en croisant les doigts !!!

Nicolas : Une fois de plus, les niveaux n’ont pas dû permettre une bonne observation, mais peux-tu nous parles des frais. Les survivantes ont-elles pu se reproduire ?

Patrice : Ce qu’il y a eu de spécifique cette année, c’est que la maladie s’est déclenchée en même temps que la fraye plutôt qu’à la fin. Ce qui fait qu’un certain nombre de géniteurs n’a probablement pas eu le temps de se reproduire avant de mourir et cela fait partie des signaux qui nous ont le plus inquiétés. Après, les frayères ont malgré tout été bien grattées…. On va rester optimistes, et encore une fois attendre le printemps, pour cette fois se faire une idée lors de l’émergence des truitelles…

Nicolas : Depuis la fin janvier, le Doubs a retrouvé un niveau plus stable. As-tu pu faire de nouvelles observations et si oui, quelles sont-elles jusqu’à ce jour ?

Patrice : en effet, depuis l’éclaircissement des eaux fin janvier on constate que l’épisode s’est arrêté, ou presque. On voit encore quelques cadavres qui n’ont pas encore fini de se décomposer, et pour une info en temps réel, j’ai arpenté hier les bords du Doubs sur une vingtaine de kilomètres pour voir un seul poisson très faiblement malade.

Nicolas : Un dernier mot Patrice pour convaincre les pêcheurs de venir malgré tout sur les berges du Doubs le 1er mars !?

Patrice : Je n’ai pas envie de vendre du rêve dans le contexte actuel, mais les rivières ont besoin de sentinelles et les AAPPMA ont besoin de sociétaires à représenter, face aux administrations, politiques et grands lobbies. Je suis de toutes façons convaincu qu’il reste de belles pêches à réaliser et de bons moments à passer dans notre belle nature… On doit continuer d’y venir !

Nicolas : Merci encore pour le temps passé pour informer les lecteurs de ce blog. Je vous souhaite que le pire soit derrière vous ! Au plaisir de se croiser sur les berges de cette fabuleuse rivière Patrice.

Patrice : Merci Nicolas. Merci pour ton engagement et ton soutien. On reste de toutes façons bien présents, vigilants plus que jamais et toujours prêts à défendre notre rivière et s’en faire le porte-parole… Au plaisir et encore merci !

samedi 11 février 2023

Les poissons meurent toujours dans la Loue.

Difficile de mettre des mots sur ces images. Finalement, ce qui choque le plus, c'est qu'il y ait encore des poissons vivants dans cette rivière finalement...

Merci Stéphane pour tes images. Quel désastre, quelle tristesse...

dimanche 18 décembre 2022

Une truite symbole du désastre.

Il y a des symboles plus forts que d'autres. La truite du Doubs retrouvée morte ces derniers jours en est un, assurément. Un poisson exceptionnel. Sa morphologie nous fait croire qu'il était en pleine forme. Pourtant, après avoir traversé déjà de nombreuses périodes de mortalités, il a succombé à cette nouvelle poussée de saprolégnia comme des centaines autres poissons du Doubs. La phénomène a d'ailleurs aussi été vu sur la Loue.

La président Triboulet est dévasté et c'est bien compréhensible. Les autorités n'ont que faire de ces mortalités. De nos jours, il vaut mieux être un loup, un lynx ou même un harle. L'intérêt porté sera beaucoup plus grand que sur un poisson emblématique de nos rivières.

Pourtant, que cela soit côté Suisse ou côté France, le Doubs est classé en "bon état écologique". Il faut quand même bien savoir que pour arriver à une telle conclusion, il y a eu en amont des dizaines d'études, des centaines d'heures de divers scientifiques et techniciens, des rapports, des graphiques, des réunions et j'en passe !

On dit sans cesse aux pêcheurs de suivre les indications scientifiques, d'écouter les techniciens de fédération, d'avoir confiance aux études...Sans déconner ???

Oui, je suis en colère comme jamais. Comment peut-on même oser parler de bon état écologique ??? Vous tous qui avez participé à cette conclusion absurde d'une manière ou d'une autre que la honte s’abatte sur vous ! Vous êtes les complices de l’inaction qui donne aujourd'hui cette catastrophe écologique ! J'ai déjà honte moi-même en tant que bénévole de n'avoir jamais pu faire mieux que ce que j'ai fait, mais en tant que professionnel, je n'imagine même pas. Je ne pourrais plus regarder une rivière en face !

C'est un fait, il n'y a jamais eu autant de techniciens, de scientifiques, d'études, de rapports qu'aujourd'hui et pourtant, il n'y a jamais eu aussi peu de poissons sauvages dans nos rivières franc-comtoises. Il est sans doute temps de changer les choses ou alors de continuer à lire les rapports concluants à un bon état écologique tout en comptant les morts !

Article de journal avec les mots de Christian Triboulet.

Quel poisson !

mercredi 14 décembre 2022

Carte de pêche disponible demain.

Ce billet pour informer mes lecteurs que les cartes de pêche 2023 seront d'ors et déjà disponibles demain via le site cartedepeche.fr.

Prendre sa carte est avant tout chose un acte militant. Votre choix doit se faire selon vos convictions. Autant choisir une AAPPMA qui porte des idées identiques aux vôtres. Pour rappel, les AAPPMA du Jura étant réciprocitaires entre elles via le timbre fédéral, votre droit de pêche est identique selon où vous la prenez dans le département.

Si vous êtes pêcheur de truites sauvages et que vous aussi vous êtes profondément attristé de voir les populations des rivières jurassiennes s’effondrer sans cesse, sachez qu'en 2023, comme depuis quelques années, seule notre AAPPMA (Crotenay) protégera ces derniers poissons sur 100% de son linéaire. Partout ailleurs, et ce malgré de petites avancées, il sera encore possible de prélever des truites sauvages.

Notre position est claire, nous estimons que les mortalités / prélèvements issus des causes suivantes sont déjà supérieurs à ce que la rivière peut produire :

  • Mortalités récurrentes et très nombreuses suite aux pollutions agricoles, domestiques et industrielles. Un plus pour les épandages toujours plus nombreux et réguliers dans le temps. Les fonds de rivières sont constamment touchés. 
  • Mortalités conséquentes suite aux étés caniculaires et secs. Cette année par exemple les juvéniles ont payé un très lourd tribu.
  • Prélèvements conséquents des harles bièvres qui se sédentarisent. Populations d'oiseaux très présente sur les rivières jurassiennes.
  • Prélèvements conséquents des cormorans en sachant que cette année aucun tirs de régulation n'a été fait.
  • Prélèvements plus négligeables mais existants par le braconnage. J'en veux pour exemple où encore cette année durant la fête foraine de Champagnole, une bande organisée de pêcheurs à la main a été vue sur la Saine en amont de Syam. On le sait, cela se passe tous les ans.
  • Mortalités très négligeables mais existantes suite aux mauvaises manipulations de pêcheurs lors des remises à l'eau.

Considérant tout cela, il nous semblait évident à Crotenay de stopper nos prélèvements en mettant l'ensemble de notre parcours en No Kill. Il semble que cette réflexion soit en partie partagée puisqu'en 2023, sur la rivière d'Ain et ses affluents, la règlementation va changer. Les pêcheurs pourront prélever 2 truites sauvages au lieu de 3. Une façon de dire que les prélèvements ont une influence mais en ménageant la réaction des pêcheurs. Bref, on continue à faire de la politque. Dans 3 ans cela passera à 1 poisson et dans 6 ans, quand il n'y en aura plus du tout, on passera en no kill total. Dommage !

À noter quand même que les AAPPMA de Champagnole/Sirod mettent en place un nouveau parcours no kill de 1100 mètres en amont du chalet Robinson au Bourg-de-Sirod. À noter également que sur les parcours no kill jurassiens seul l'hameçon simple sera autorisé.

Tout va dans le bon sens mais beaucoup trop lentement au vu de l'urgence. Tout le monde pleure qu'il y a de moins en moins de truites sauvages mais à l'ouverture 2023, on pourra encore sur de trop nombreux linéaires leur casser la nuque.

J'ai eu la faiblesse de penser qu'après ce terrible été 2022 les AAPPMA concernées ainsi que la fédération allaient prendre LA seule mesure qui vaille mais non.

Quoi qu'il en soit, sachez que dès demain vous pourrez prendre votre carte de pêche. Choisissez bien ! 

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