Voilà bien longtemps que je ne m'étais pas prêté au jeu des histoires de pêche. Celle que je vais vous conter n’est pas banale pour diverses raisons. C’est pour cela que j’ai eu envie de partager ce récit avec vous. Bonne lecture.
Cette histoire débute au tout début du mois d’avril de cette année. C’est un des nombreux messages de mon fils la veille qui m’aiguille sur le parcours à pêcher ce jour-là. Effectivement, Thibaut avait pu observer un rassemblement de vairons. Pour lui, c’était vraiment le tout début. Les truites qui étaient autour restaient sur leur garde. Pas installées franchement les zébrées. Mais Thibaut était certain que ça allait se fixer assez vite. Il m’invita donc à me rendre à cet endroit précis le lendemain. Il m’avait aussi prévenu qu’il y avait une très belle truite que l’on connaissait de la saison passée.
Je suis donc allé directement sur la veine d’eau indiquée par mon fils. Comme annoncé, il y avait là quelques truites et de toutes évidences, elles boulotaient les vairons qui eux étaient en train de frayer. Entre parenthèses, il n’y a plus vraiment de saison pour le frai des vairons. C'est fou ! On peut assister à ce spectacle naturel de mars à septembre, c’est incroyable. Rien à voir avec ce que l’on connaissait d'avant. Pour ce frai de vairon précisément, il fallait vraiment savoir où il était. Je pense que des pêcheurs sont passés devant sans le voir. Les truites et leurs petites proies se situaient dans une veine profonde où l'eau s'écoulait à bon débit. Très dur à voir. Heureusement, j’avais les bonnes informations de mon éclaireur.
Je ne me complique pas la vie de mon côté, je pêche ces poissons avec une cuivre. Comme la plupart du temps d’ailleurs dans d’autres situations. L’avantage est de pouvoir utiliser une pointe de gros diamètre. J’ai noué à mon 17 centièmes une cuivre très plombée montée sur un tiemco TMC9300 en taille 12. Un bon casse-croûte quoi ! Je vous avoue que je pêchais sans grande maîtrise. Les poissons étaient visibles, certes, mais c’étaient en fait plus des masses jaunâtres en mouvement qu’autre chose. J’ai bien vu comme mon fils ce poisson plus long que les autres. Mais pour cibler précisément un poisson avec ce débit et cette hauteur d’eau, je ne savais pas faire. Je faisais donc des dérives au petit bonheur la chance en fixant ce que je voyais des poissons pour déceler ce qui était pour moi la prise de ma nymphe. Assez vite j’ai pensé qu’un des poissons s’était décalé. J’ai ferré. La truite était prise. Un joli poisson. Un autre quelques minutes après puis une truite qui s’est décrochée assez vite. J’avais fait de la place. Il restait deux poissons dont cette grande truite. J’ai tenté d’être plus précis et sur une dérive, il m’a semblé que le poisson a fait un mouvement sur le côté. J’ai ferré sans me poser de questions. C’était au bout ! C’était ce long poisson. La truite n’a pas fait un gros combat et pour cause, je l’ai trouvé un peu maigre. Mais quand même, cela n’a pas été simple non plus. Et puis, quel régal d’avoir un tel poisson dans le filet. Je ne cours pas du tout après ces poissons. Je pêche le tout-venant. La preuve encore une fois, je ne l’ai pas du tout priorisée sur ce poste. J’ai capturé des poissons plus petits avant elle. Malgré tout cela me fait toujours plaisir. Elle dépassait largement ma marque des 60 sur l’épuisette. Je l’ai remis à l’eau assez vite. Elle est repartie lentement. Il lui manquait bien 3 ou 400 grammes. J’avais des craintes sur sa faculté à vivre après cette capture.
Les semaines ont passé, les parties de pêche se sont enchaînées. Nous voilà au début du mois de mai, soit un peu plus de 4 semaines plus tard. C’était une journée de pêche peu prolifique comme il y en a de plus en plus souvent chez nous. Mais bien ou pas, je reste au bord de l’eau. Je marche, j’observe, je reste attentif, je profite d'être là. Il peut toujours se passer quelque chose d’inattendu. Alors que je remontais sur la berge le long d’un radier peu profond, une barre noire attire mon regard en berge opposée. C’est bien simple, cette vision, je ne l’avais jamais eu. Une grande barre noire qui montait du fond pour venir percer la surface avec sa mâchoire supérieure afin d'aspirer les éphémères qui dérivaient en surface. Mais que fait un tel poisson ici ??? Je suis passé tellement souvent sur ce linéaire sans jamais avoir rien vu. Et là, ce n’est pas une truite comme les autres. Ce n’est pas un poisson en fuite ou inactif. Non, c’est une grande truite qui gobe ! Je l’ai regardé faire un moment. Ces scènes sont si rares ici. Chez nous, ce genre de poissons gobent peu. J’ai profité du spectacle tout en analysant son menu. J’ai fait le choix de nouer une passe-partout olive. Elle se régalait de ces petites éphémères.
J’ai pris encore du temps pour me positionner. Je ne voulais pas basculer sur les fesses dans le radier. Je me suis placé à 10 mètres d’elle et un peu en amont pour présenter la mouche avant la pointe…Toujours en 17. C’était le coup de rêve sincèrement. Le coup de pêche qui vous arrive une ou deux fois dans votre vie. Pour moi, c’était la deuxième fois en 40 saisons. Un tel poisson qui gobe. Devant moi. Et que je pouvais voir ! Je m’applique sur mon geste. Ma mouche se pose 2 mètres au-dessus d’elle. Elle débute sa dérive. Je fais le choix de la quitter des yeux pour me fixer sur la truite. La voilà qui monte en surface. Lentement. Sur d’elle. Sa gueule s’ouvre, son museau sort de l’eau. Elle redescend en fermant sa gueule. Ferrage !
Gros combat dans le bouillon puisque bien entendu, dès quelle a senti le fer, elle est allée dans la veine centrale. La plus puissante. La plus profonde. Heureux d’avoir du gros fil sur le coup. La truite a fini par se rendre non sans mal. Je l’ai glissé dans l’épuisette.
J’étais en admiration devant la beauté de ce poisson. Vraiment. Des truites de plus de 60 en sèche, je n’en ai pas pris des wagons ici. Encore une fois, c’est extrêmement rare. J’en ai profité le temps qu’elle reprenne ses esprits. Puis je l’ai relâché.
Comme à chaque fois, j’envoie de suite la photo à mon fils. A réception, il me téléphone. Il me félicite et me demande où je suis. Je lui explique. De suite, il comprend tout ce qui à moi ne mettait même pas venu à l’esprit. Il me demande de lui renvoyer une photo du beau poisson que j’avais capturé début avril. C’est le même poisson papa ! Effectivement, Thibaut avait tout compris. C’était bien la même truite. Je l’ai pris deux fois à 4 semaines d’intervalle. Sur deux postes distants de 150 mètres. Une fois en nymphe, une fois en sèche.
La deuxième fois, je ne l’ai pas reconnue parce qu’elle avait repris beaucoup de poids. Mes craintes du premier relâché étaient donc effacées. Elle n’a pas fait semblant de se nourrir en 4 semaines ! De plus, sur cette deuxième capture, j’ai pris un repère précis sur mon épuisette parce que mon fils m’engueule à chaque fois ! Ce poisson fait donc 64 centimètres. Cette truite devient mon nouveau record en sèche. Mon ancien record est en couverture de mon bouquin avec 1 centimètre de moins. Mais toujours en sèche à vue. Le graal.
Merci de m'avoir lu. C'est d'ailleurs le dernier article avant au moins deux semaines puisque je vais être absent. Donc pas de blog. Et pas de Fly Shop. Pour rappel, je suis fermé du 20 juin au 6 juillet inclus.
A bientôt !
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