Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

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Mot-clé - Cormoran

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dimanche 27 octobre 2024

Régulation du grand cormoran

Le projet d’arrêté du grand cormoran est actuellement soumis à consultation public et ce jusqu’au 8 novembre. Cette donc la dernière étape avant la publication du texte correspondant à la réouverture des tirs de régulation de cette espèce piscivore.

Je vous invite donc à cliquer sur le lien suivant pour accédez à la consultation. Après lecture de celle-ci, laissez bien votre commentaire en bas de page. Si toutefois vous manquez d'inspiration, je vous mets en dessous du lien de la dite consultation un retour écrit par le président de la fédération de l'Ain qui pourrait vous inspirer. Merci de prendre ces quelques minutes...

https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-d-arrete-fixant-les-conditions-et-limites-a3088.html?fbclid=IwY2xjawGKsB1leHRuA2FlbQIxMAABHeOPrF8q5uShuDT7hj4EwE4zj74pDwwuWASTpqqp2TlU8FMfJXelojaoKg_aem_-N2hvLU8umLjBQNYq8cqKQ

Sur la forme de l’arrêté :
Ce nouvel arrêté ne respecte pas la décision du conseil d’état, le retour de cette régulation aurait dû être effectif au 08 novembre 2024 dernier délai, la consultation du public devant au minimum durer 21 jours. Il est de facto impossible pour l’état de respecter ce délai.

De la prise en compte de nos remarques dépendent les suites que nous donnerons au non-respect de ce délai.

Quant à la description faite de l’espèce, le cormoran a beau être « inféodé aux eaux douces », c’est une espèce allochtone « cité que dans deux sites archéologiques ruraux français sans que ces observations permettent au demeurant de conclure à sa reproduction in situ » (L. MARION, 2003). C’est une espèce allochtone de notre département, et ceci est une certitude qu’aucune donnée scientifique ne peut contredire.

Enfin,nous ne comprenons pas pourquoi toutes les études européennes qui incriminent clairement le cormoran dans la raréfaction du patrimoine piscicole ne sont pas prises en compte : KOHL 1996 ; WURM 1998 ; KELLER et al. 1996 ; BAARS et al. 2001 ; JEPSEN et al.2018 ; STAUB et al. 2002 ; STAUB et al. 1992; SKOV et Al. 2010 ; ESCHER M.; VONLANTHEN P. (2005); Holm P. (2000).

Ces études, reconnues et prises en compte dans de nombreux pays et notamment en commission européenne(ex : Jepsen et Al. 2018) sont ignorées par le CNPN. Ce dernier a d’ailleurs émis un avis défavorable.

Pour rappel, le CNPN est présidé par le plus grand défenseur du cormoran, Loïc MARION, dont la nomination en 2022 coïncide avec la suppression de la régulation du cormoran, lui qui est également responsable technique au sein de l’association qui a porté plainte contre cette régulation, mais aussi membre du GNC qui a travaillé à la rédaction de l’arrêté modificatif.
Bien que tout cela ne soit que coïncidence et n’enlève rien aux compétences de ce monsieur, certaines personnes pourraient y voir un conflit d’intérêt évident, encore plus avec cet avis DÉFAVORABLE d’une instance censée défendre la biodiversité française, et pas les intérêts d’une espèce allochtone.

Ce n’est bien évidemment pas mon cas et je n’ai aucun doute concernant l’indépendance de ce monsieur, mais il serait judicieux de retrouver des conditions de régulation normale pour lever tout doute chez certaines personnes.

Sur le fond de l’arrêté :
De nombreuses nouveautés sont positives : possibilité de tirs fichants au canon rayé pour les oiseaux au sol, abrogation de l’arrêté cadre et définition de plafonds annuels par les préfectures et sur les bases d’estimation de population, etc.


Hélas, de nombreux points mériteraient d’être ajoutés /précisés, pour éviter de nouveaux contentieux avec les pêcheurs :

1/ Secteur périphérique aux étangs de pisciculture :

Absence de définition claire d’une limite concernant les « eaux libres périphériques », et non ajout de ces zones dans les territoires de l’article 2, chapitre I et II, et dans l’article 14.

Il aurait été judicieux de définir une distance maximale cohérente et basée sur les distances reconnues entre « eaux libres périphériques » et sites d’alimentation (étangs), le rayon moyen de 13.6 km (fiche MNHN de l’espèce) et consensus entre 20 et 30 km (AQUET ; BRUGIÈRE ; DUVAL, 1993 ; LEKUONA ; CAMPOS, 1998 ; PARZ-GOLLNER, 2003).
La définition d’un rayon clair permettrait de réguler efficacement ces eaux libres afin d’assurer la protection des étangs de pisciculture mais aussi de ces rivières en première ligne.

De plus, la définition d’une limite maximale permettrait de réaliser une cartographie de ces « eaux libres périphériques » claire et précise, que nous pourrions fournir conjointement avec le syndicat des pisciculteurs du département.

2/ Reconnaissance de l’impact du grand cormoran sur les espèces Brochet et Ombre Commun, et protection de ces deux espèces non assurée par ce nouvel arrêté :

Dans différents articles, il manque des précisions quant aux secteurs prioritaires abritant ces deux espèces, afin de faire respecter la décision du conseil d’état qui insiste sur leur protection. L’ajout des cours d’eau où la présence de ces deux espèces est avérée doit être inscrite de façon claire et sans nécessiter de précisions quant à l'impact du cormoran sur ces deux espèces.

3/ Article 3 - Périodes autorisées pour les interventions :

Pourquoi ne pas avoir homogénéisé la date de fin de régulation au 30.04 sur les étangs et les eaux libres, permettant ainsi d’assurer la protection des ombres communs et brochets durant leur reproduction en mars/avril, ces deux espèces étant, je le répète, la raison même de la victoire au conseil d’état. La date de fin février ne permet pas d’assurer ce qui a motivé la décision du CE.

Il faut homogénéiser au 30 avril pour les eaux closes et eaux libres, c’est une condition sine qua non au respect de la décision du CE.

4/ Rapport de destruction :

Article 13 : Le rapport de destruction (date, lieu) est une bonne chose, mais doit être coordonné par la fédération départementale de pêche en fin de saison de régulation, et non dans un délai de 24h, complètement surréaliste et inapplicable intelligemment ; personne n’a le temps de traiter les données en cours de saison dans des délais aussi courts. Les tireurs sont des bénévoles assermentés, pas des salariés de l’OFB, et même ces derniers ne sont pas contraints à de telles conditions. Il faut fixer un délai cohérent et en rapport avec le travail d’analyse des comptages de l'espèce, c’est-à-dire avant l’été.

5/ Plafond de destruction : Article 4

Le plafond de cormorans régulables en eaux libres fixé à un maximum de 20 % de la population estimée dans le département lors du dernier recensement national est un point de départ intéressant, et peut être même bon dans certains départements, mais pas le nôtre : En effet, la méthodologie utilisée pour ce recensement comporte un biais important. Certains de nos adhérents nous ont signalé des refus d’ajout de nouveaux dortoirs par les organisateurs de ces comptages, prétextant qu'ils ne sont pas significatifs ou qu’ils ne souhaitent pas modifier l’organisation. Ces nombreux dortoirs annexes abritent en moyenne une 50aine d’oiseaux, soit des centaines voire milliers d’oiseaux non comptés à l’échelle du département. On mesure facilement le manque de précision, à la baisse, de ces comptages.

Il faut donc soit fixer un plafond à 20% quand celui-ci est supérieur aux anciens quotas autorisés, soit rendre aux départements leurs anciens quotas sur les eaux libres si ces derniers sont supérieurs à 20%.
exemple : si ancien quota 50 cormorans et 20% de la population = 127 cormorans : application des 20%
Si ancien quota 500 cormorans et 20% de la population = 127 cormorans : retour de l’ancien quota de 500.

Détail de ces remarques dans les différents articles :

Concernant les points 1/ eaux closes périphériques et 2/ protection de l’ombre commun et brochet, les articles nécessitant des modifications se croisent, vous trouverez ci-dessous les potentielles modifications nécessaires :

« Article 2 - Territoires d’intervention.

I. - Les opérations d'intervention peuvent être autorisées :
― dans les zones de pisciculture en étang définies à l'article 5 du présent arrêté et sur les eaux libres périphériques ; »
― et, en dehors de ces zones, sur les cours d’eau tels que définis à l’article L. 215-7-1 du code de l’environnement, les plans d’eau connectés à ces cours d’eau, et les canaux où la prédation de grands cormorans présente des impacts avérés sur des populations de poissons menacées [DEBUT AJOUT] « et toutes les eaux libres situées dans un rayon de X km des étangs de pisciculture et celles où la présence des espèces Brochet et Ombre Commun est avérée » [FIN AJOUT].


II. - Les territoires sur lesquels des autorisations peuvent être délivrées sont délimités par arrêté préfectoral au vu, notamment, des dégâts de cormorans enregistrés au cours des saisons précédentes, [DEBUT AJOUT] « de la présence avérée des espèces Brochet et Ombre Commun, de la proximité d’étangs de pisciculture dans un rayon de X km », [FIN AJOUT] et en tenant compte des zones de protection existantes. »

Article 14 : rayon « à proximité des piscicultures » à définir.

Il serait judicieux aussi d’ajouter dans cet article : « En vue de la protection de leur reproduction, sur les plans d’eau et cours d’eau où la présence des ombres communs et brochets est avérée. »

Pour résumer :

Si la définition des limites des "eaux libres périphériques" autour des étangs peut prêter à débat, l’intégration des remarques concernant les cours d’eau abritant ombres communs et brochets, ainsi qu’une prolongation de la période de régulation au 30.04 pour les eaux closes et libres sont indispensables au respect de la décision du conseil d’état.

Concernant les rapports de destruction, il est inutile et irréaliste d’imposer un délai de 24 heures, puisque les analyses des populations de cormorans se font bien plus tard dans l’année. Un nouveau délai doit être fixé conformément aux réalités administratives et de terrain, soit en fin de saison de régulation(avant l’été) et pas 24h après les tirs, et c'est à la fédération départementale de centraliser ces données.
Concernant le quota, les 20% doivent être pris en compte uniquement s’ils sont supérieurs aux anciens quotas, sinon il faut un retour des anciens quotas.

Notre avis est donc « FAVORABLE SOUS COUVERT DE LA PRISE EN COMPTE DES REMARQUES CONCERNANT LA SIMPLIFICATION DES CONDITIONS DE PROTECTION DES BROCHETS ET OMBRES COMMUNS, DE MODIFICATION DU DÉLAI D’ENVOI DES RAPPORTS DE DESTRUCTION ET DU RETOUR D’UN QUOTA REALISTE».

lundi 16 septembre 2024

Encore 3 semaines de pêche en 1ère catégorie !

La fermeture de la pêche en 1ère catégorie s’est faite hier dans le Jura. Il y a toujours les possibilités habituelles pour continuer à pêcher dans les départements voisins comme sur le Doubs Fanco-Suisse (25) : fermeture au 30/09 ou encore dans certains départements dits de montagne comme la Haute-Savoie (74) : fermeture au 06/10. Cette année, et cela intéressera forcément les jurassiens par la proximité géographique, il y a d’autres moyens de jouer les prolongations en 1ère catégorie. Je reçois sur ce blog le très dynamique président de la fédération de pêche de l’Ain (01), Nicolas Mandic, pour nous expliquer cette nouvelle donne pour les pêcheurs.

Nicolas Mandic : Salut Nico, comme tu l'as très bien dit, il y a les grands "classiques" de la prolongation de la pêche type départements de montagne ou frontaliers, et puis il y a les petits nouveaux, un peu moins loin du Jura : les Aindinois ! Bien évidemment, nous aurons des conditions un peu particulières : autorisée seulement sur quelques rivières, et uniquement pêche de l'Ombre.

Pour les rivières concernées, rien de mieux que le tableau de notre arrête préfectoral :

Attention, sur ces parcours, hormis BRA et bas Suran, les 3 autres rivières sont non réciprocitaires, et vous devez obligatoirement prendre une carte de pêche de leurs AAPPPMA. Sur cartedepeche.fr, il faut rechercher :

- pour l'Albarine "ALBARINE";

- Pour le Lange et l'Oignin sauf Izernore tapez "RLHB";

- pour le tronçon de l'Oignin sur la commune d'IZERNORE: "IZERNORE";

Je ne peux que vous inciter à profiter de l'offre d'automne, et puisqu'en général nous avons déjà pris une carte et payé la taxe nationale (qui ne se paye qu'une fois), la carte offre d'automne vous permet de pêcher 3 semaines pour environ 25 euros !

Cela vous coûtera le même prix que DEUX cartes à la journée, et vous permettra de multiplier les sorties en vous adaptant à la météo ou aux informations dispo, ou de profiter d'une belle fin de journée en semaine.

Pour la réglementation, et puisque cette prolongation ne concerne QUE l'ombre, toute autre espèce capturée devra être remise a l'eau immédiatement, et notamment les truites : les prendre accidentellement n'est pas un problème, mais pas de séance photo !

Enfin, et concernant les techniques, pas de restriction, mais votre bon sens vous évitera bien des ennuis : TOC, mouche, personne ne viendra vous embêter et vérifier que vous ne touchez pas une truite accidentellement, ça arrive. Par contre, éviter de prendre les gardes pour des imbéciles en peignant les fosses de la BRA avec un Rapala ou un streamer : oui, un ombre arctique en Mongolie peut attaquer un leurre de 10cm, mais nous sommes en France, et mon conseil vous évitera de venir expliquer la biologie de l'Ombre Commun au tribunal de Bourg en Bresse un jeudi matin à 09h...Nous sommes un département anti-discrimination, où toutes les techniques sont autorisées, alors faites-vous déjà plaisir au TOC ou à la mouche, et profitez de l'automne au bord de l'eau.

Enfin, et là je passe un petit message aux défaitistes et moralistes : NON, la pratique de la pêche à la ligne n'a jamais mis en péril une espèce, les "déranger" non plus : La pêche à la ligne dans le cadre du respect du code de l'environnement n'a AUCUN impact sur la pérennité d'une espèce, sans quoi le saumon de l'axe Loire/Allier serait déjà sauvé : ses effectifs continuent de s'effondrer alors que sa pêche est fermée depuis près de 30 ans...On ne compte pas aussi les pays où la pêche ferme mi/fin octobre, voire ne ferme jamais, comme sur la Ribnik en Bosnie, et si la moitié des pêcheurs français partent là-bas, c'est sûrement que leurs populations d'ombres et truites se portent très bien. Et NON, à la fermeture de la première catégorie mi-septembre, les poissons ne découvrent pas un "havre de paix", ne sont pas "tranquilles" et ne mangent pas sereinement pour vous faire plaisir : ils sont bien plus harcelés par les Harles et Cormorans quand il n'y a aucun pêcheur au bord de l'eau, la présence des pêcheurs ayant TOUJOURS un impact POSITIF pour les poissons. Et enfin, vu à quel point ces pauvres ombres ont pris cher avec les cormorans pendant 2 ans, il n'y a pas de plus beau soutien que de les pêcher, encore plus après notre victoire au conseil d'état : les pêcheurs sont encore là, les ombres aussi, et nous ne rangerons ni nos cannes à pêche, ni nos fusils !

Bel automne à tous au bord de l'eau !

Merci Président pour toutes ces informations et précisions. J'espère que les lecteurs de cet article viendront profiter pleinement de ces trois semaines de pêche supplémentaires. Je vous laisse avec une illustration en forme de montage photo réalisé par Niko. Ceux qui le connaissent bien reconnaitront "sa patte" !

mercredi 10 juillet 2024

Bonne nouvelle pour les poissons sauvages.

Les bonnes nouvelles sont rares pour nos truites et nos ombres sauvages. Il faut donc en profiter et surtout passer le mot quand il y en a une qui tombe !

La bonne nouvelle du jour concerne le grand cormoran. Mon ami Nikola Mandic, président de la fédération de pêche de l’Ain, nous explique cela en vidéo.

Bon visionnage.

dimanche 5 mai 2024

Démission d'une AAPPMA dans le département de l'Ain.

Le sujet cormoran peut finir par excéder au-delà du raisonnable. Quand certains parcours sont touchés par un ou deux oiseaux, d'autres sont littéralement pillés par des centaines d'individus. L'arrêt des tirs de régulation et le déséquilibre que cela a engendré étaient de trop pour les membres du bureau de l'AUPRA, association gérant la pêche sur une grande partie de la basse rivière d'Ain. Je vous fais un copier-coller de leur communiqué ci-dessous :

Depuis plus de 40 ans, l’Union des Pêcheurs de la Rivière d’Ain (UPRA devenue AUPRA) a oeuvré pour la préservation
des 35 km de la partie aval de la Basse Rivière d’Ain (BRA).
Nos multiples actions ont conduit entre autres à l’instauration d’une cellule d’alerte estivale, à la diminution du
nombre de captures journalières autorisées ainsi qu’à l’augmentation des tailles légales de capture, à la création des
tous premiers parcours no-kill de France en domaine public et plus récemment à la création d’une convention entre
la Fédération de Pêche de l’Ain et EDF pour atténuer les impacts des éclusées EDF.
Toutes ces actions ont été accompagnées d’une lutte contre la prolifération des cormorans sur la BRA. Cette lutte
depuis 25 ans a permis jusqu’en 2022 le maintien de la population d’ombres communs (et de truites) de la BRA.
Hélas, sous la pression de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et de ses mensonges, le ministère de la transition
écologique a supprimé le tir des cormorans sur les eaux libres en 2022 réduisant ainsi à néant tous les efforts de
préservation des rivières et notamment des salmonidés, ombres en tête.
Il faut quant même signaler que la décision du ministère s’appuie sur l’avis du CNPN (Conservatoire National de la
Protection de la Nature) présidé alors par Loic Marion de la LPO ! Ce même Loic Marion qui malgré toutes les
données et études européennes sur la prédation des cormorans en eau douce (notamment sur les rivières à
salmonidés) conclut que la prédation des cormorans s’effectue principalement sur les poissons chats et les perches
soleil !
Quant on demande son avis à la LPO basé sur des études faites par la LPO on peut avoir quelque doute sur
l’objectivité des résultats annoncés. Il serait intéressant de demander son avis aux groupements de viticulteurs sur la
dangerosité de l’alcool et de se servir du résultat en matière de protection de la santé ou de sécurité routière.
Il est bon de mentionner également que, lors de l’enquête préalable à la décision du ministère, une immense
majorité d’avis émis souvent très argumentés était défavorable à cette décision. Les rares avis favorables étaient
dépourvus de toute argumentation. La totalité de ces avis était alors accessibles à tous. Mais comme d’habitude,
cette enquête a été de pure forme et le législateur s’est assis sur les avis des citoyens en donnant raison aux
révisionnistes de la cause animale qui ne semblent pas se préoccuper des effets dévastateurs des espèces invasives
ou envahissantes et qui se moquent éperdument de tout ce qui se passe sous la surface de nos eaux.
Face à cet état de fait, véritable scandale environnemental, notre association a déclaré se mettre en dormance et a
refusé de payer la location des baux de pêche à l’Etat (plus de 5000 € annuels). Le bénévolat a ses limites. Nous ne
sommes pas masochistes au point de continuer à nous échiner à gérer une rivière livrée au pillage par des centaines
de cormorans (et autres harles bièvres).
Car contrairement aux propos mensongers du représentant local de la LPO Thierry Lengagne, il s’agit bien de
centaines de cormorans qui pêchent la BRA durant 6 mois (et bientôt le reste de l’année vu leur sédentarision
naissante). Lorsque nous avions l’autorisation de réguler les cormorans, c’est une moyenne annuelle de 230 oiseaux
que l’AUPRA régulait sur 35 km. 230 cormorans pendant 6 mois, c’est environ 20 tonnes de poissons consommés !
Comment envisager une seconde qu’une telle prédation (sans même parler de celle des harles bièvres) laisse une
seule chance aux poissons les plus vulnérables comme les ombres.
Car, là encore, contrairement aux racontars de la LPO, il n’y a pas de cachettes qui, en milieu naturel, permettraient
aux ombres d’échapper aux cormorans. Il est bon d’expliquer aux génies de la LPO que les ombres ne se réfugient
pas plus dans des cachettes que les lapins ne grimpent aux arbres. Seule une ignorance crasse de la biologie des
poissons (ou une malhonnêteté éhontée) peut permettre de raconter de tels mensonges. Mensonge également
lorsque la LPO évoque des trous de 6 mètres de profondeurs qui serviraient de refuges aux poissons de la BRA. Outre
que cette profondeur n’est jamais atteinte sur les 35 km aval de la BRA, n’importe quel ornithologue honnête (et il y
en a) sait que les cormorans sont tout à fait capables de plonger et pêcher bien en dessous de cette profondeur.
Quant à l’affirmation que la population des cormorans dans le département de l’Ain n’excèderait pas un millier
d’individus, là encore épouvantable mensonge de la LPO. Lorsque les tirs étaient autorisés, les déclarations faites
annuellement à l’administration par les différents porteurs d’autorisation de tir faisaient état de plus de 2000
cormorans abattus. Et les animalistes affirmaient alors que l’on minorait le nombre de cormorans abattus ! Il faut
être de véritables exterminateurs pour parvenir à éliminer plus de 2000 cormorans là où il y en aurait moins de 1000 !
Mais comment attendre des propos réalistes des animalistes lorsqu’une de leur chef de file (élue de plus au conseil
municipal d’une grande métropole) confond une perdrix avec un faisan (vidéo croustillante sur internet). Tant que le
ministère prendra avis auprès de tels « spécialistes » il n’y aura aucun espoir pour nos rivières et notamment nos
rivières à salmonidés.
Et dire que, sur la BRA, l’Agence de l’Eau dépense plusieurs millions d’euros (d’argent public) ces dernières années
pour protéger ses ombres et ses truites dans le cofinancement de nombreuses réalisations (réseau de substitution
au prélèvement en nappes par un pompage sur le Rhône, lâchers de barrages décidés en cellule d’alerte,
améliorations du fonctionnement hydro électrique et diminution des impacts des éclusées EDF via le projet Saut
Mortier, etc…) ! Et en même temps le ministère condamne à mort les salmonidés de la BRA en laissant proliférer les
cormorans.
Pour preuve de la catastrophe annoncée fin 2022, il suffit d’examiner un paramètre édifiant : des ombres très
nombreux en fin d’été 2022 étaient observés (voir rapports de cellule d’alerte) dans les zones refuges de la BRA
(pont de Gévrieux notamment) et avaient donc survécu grâce aux lâchers EDF obtenus par la cellule d’alerte. Or,
durant l’été 2023, après un hiver de présence massive non régulée des cormorans, aucun ombre n’a été observé
dans les zones refuges de la BRA malgré une situation climatique et hydraulique équivalente à 2022. Quant il n’y a
quasiment plus d’ombres dans la rivière et qu’ils sont tous partis en vol dans l’estomac des cormorans et bien
bizarrement il n’en est observé aucun dans les zones refuges estivales !
Face à ce désastre qui ne touche hélas pas que la BRA (voir les nombreuses vidéos sur internet sur tout type de cours
d’eau et même plans d’eau), notre AAPPPMA s’était mise en stand by depuis un an et demi dans l’attente d’une
prise de conscience du ministère, du résultat des recours devant les tribunaux et dans l’espoir du retour à une
régulation légale des cormorans sur les eaux libres seule solution actuelle sur une rivière du profil de la BRA. Mais la
mise en demeure par l’administration d’effectuer ses assemblée générale et autres obligations légales a contraint à
la démission le président de l’AUPRA suivie de celles de tous les membres du CA. A quoi bon en effet dépenser son
argent, son temps et sa santé pour n’avoir pour tout résultat que le spectacle épouvantable du carnage hivernal
perpétré par des centaines de cormorans pillant en toute impunité des décennies de travail bénévole.
Pour finir nous souhaitons bon courage et beaucoup d’abnégation à ceux qui voudront bien s’occuper dorénavant
des 35 km aval de la BRA qui devrait être un véritable trésor de biodiversité ; une biodiversité qui existe aussi sous la
surface de l’eau et que devrait défendre la LPO puisque son slogan n’est autre (sans rire) qu’ « agir pour la
biodiversité ».
Nous adressons à tous les pêcheurs et aux véritables défenseurs de l’environnement nos salutations désabusées.
Pour l’ex Active Union des Pêcheurs de la Rivière d’Ain.
Son ex président Daniel ROJON

mercredi 17 janvier 2024

Une journée à la rivière.

Il faut être présent alors que la pénombre domine. J’apprécie grandement ce moment où je me déplace sur les berges de ma rivière avant même que les premières lueurs du jour ne soient visibles. Ces quelques minutes entre chiens et loups où tout un monde s’éveille. Même si ma vue s'habitue au sombre assez vite, les sons n’en sont que plus importants pour localiser avec précision la vie. C’est l’heure où les canards sauvages volent d’une rangée de saules à une autre. C’est aussi l’occasion d’apercevoir une bécasse ou parfois encore une bécassine.

Si le ciel est clair, le spectacle est souvent somptueux. Le jour se lève. Le plus beau moment de la journée et de loin. C'est un privilège renouvelé que de pouvoir assister à tel spectacle. La lumière change chaque seconde au fur et à mesure que le soleil perce l’horizon. Ses rayons viennent éclairer la surface de l’eau et réchauffer mes joues par la même occasion. Déjà, et ce même par des matinées glaciales, les truites se mettent en activité. J’ai vu plusieurs fois une truite gober devant moi au lever du jour et ce même lors des matins de janvier par plus de -10 degrés.

Matinée de janvier sur la rivière d'Ain par -11°C

Les premières minutes de la journée sont la plupart du temps un émerveillement. Hérons cendrés et grandes aigrettes ne cessent d’aller et venir en prenant le soin de bien choisir leur gravière en vue de la pêche matinale. Leur vol planant qui transperce la brume est un régal pour les yeux. Le martin-pêcheur lui va et vient entre son nid et son poste de pêche. Il débute sa journée très tôt comme tout le monde ici. Pas de grasse matinée !  

Les minutes passent, c’est le moment où les oiseaux piscivores arrivent sur la rivière. Ils viennent tout droit des dortoirs. Généralement les harles bièvres un peu avant les grands cormorans. Les quelques poissons qui nagent encore dans la rivière ont fort à faire. Il y a des matins où l’on trouve des dizaines de pêcheurs différents…alors que la pêche est fermée.

Le soleil monte pour réchauffer le monde rivière.

Une fois la première heure du jour passée, le calme revient. Tout le monde est à sa place et surtout bien occupé. Les déplacements se font plus rares sauf dérangement. Le soleil monte pour mieux illuminer la surface de l’eau mais finalement il n’ira pas très haut. Durant ces mois d’hiver, il est plutôt furtif. Si les oiseaux se font plus discrets, on peut observer si on cherche là où il le faut quelques truites sauvages. Durant le frai, ou bien en train de se nourrir. Les températures de l’eau ne sont plus ce qu’elles étaient en hiver. En conséquence, les truites mangent plus régulièrement. Il y a des insectes tout le temps. Les truites sont actives quasiment tout l’hiver.

En milieu de matinée, les piscivores ont terminé leur première razzia. Les harles prennent soin de leur plumage tandis que les cormorans toutes ailes écartées tentent de sécher. Ce manège entre pêche et bain de soleil va bercer leur journée jusqu’au retour vers le dortoir un peu avant la nuit.

Il est difficile de profiter de la rivière avec une joie non contrariée. Les jours où je ne croise pas cormorans et harles sont rares mais précieux. Ils me font espérer à une rivière sans cette prédation qui tue les poissons survivants, qui les blessent ou qui les stressent à tel point que la reproduction peut en être perturbée. Nous avons eu une superbe réussite sur la reproduction de l’ombre commun l’an dernier. Et même depuis deux ans d’ailleurs. Ce sont sans doute ces petits poissons qui nagent en pleine eau qui attirent et motivent les piscivores à rester. Il est impossible que ces ombrets passent au travers tant la pression de pêche est forte. L’étau ne se desserre jamais depuis la mi-août, jour où les premiers jeunes oiseaux de l'année ont pris leurs habitudes sur la rivière. Un peu plus tôt chaque année. Ils repartiront bientôt sur des zones plus favorables pour se reproduire. Vous trouverez une pétition sur le site d'Anper TOS. Je vous donne cette information sans grande conviction. Car même si le sujet cormoran venait à trouver solution, il resterait les harles. Et là, c’est dix à douze petits par femelle. Bref, la prédation allochtone a de beaux jours devant elle malheureusement…Pas comme les ombrets de la rivière d’Ain.

La rivière d'Ain jurassienne en journée.

Je profite parfois d’un bel après-midi pour me caler dans le creux d’une berge avec le but d’observer, mais bien souvent, il m’arrive de faire une petite sieste. Je ne résiste pas à la mélodie de l’eau qui s’écoule. Il faut dire que durant ces quelques mois d'hiver, il n'y a rien de plus paisible qu'un bord de rivière. Je passe des heures seul au monde pour mon plus grand plaisir.

Si le lever du jour est un moment à part, la tombée de la nuit l’est tout autant. On y observe des scènes de vie parfois incroyables. Comme ce soir d’automne où par un débit de plus de 100m3, j’ai observé même longtemps après la nuit, une très belle truite gober plusieurs dizaines de fois ! C’est le son de son gobage qui a attiré mon attention avant que je la localise en me mettant à plat ventre sur la berge pour voir dessous. C’était fou. La nuit est un moment charnière lui aussi à la rivière. Les sons qu’émettent les animaux diurnes laissent place sans fausse note aux bruits de toutes sortes que les habitants nocturnes du monde rivière émettent à leur tour. Il m’arrive souvent de rester tard, même très tard pour en profiter.

Une autre journée va se terminer.

Si j’aime le printemps et l’été pour le plaisir que me donne la rivière et les truites, j’apprécie tout autant l’automne et l’hiver où je profite de ces différents paysages au fil d’une journée et des saisons. Une rivière a tellement plus à donner qu’un simple combat avec une truite sauvage. Tellement plus… 

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