Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

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Gestion piscicole

Les actions menées sur le terrain et infos diverses sur le monde complexe de la gestion halieutique

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dimanche 30 juillet 2023

Les parcours No-Kill de Pont-du-Navoy, Montigny et Châtillon menacés.

L’actualité faisant, je reprends le clavier à l'occasion de ce billet pour informer mes lecteurs.

La Fédération de Pêche du Jura vient de communiquer via ses réseaux sociaux ainsi que par mail individuel à tous les détenteurs de carte annuelle dans notre département au sujet de l'ARP pour la saison 2024. Je vous fais ci-dessous un copier/coller du mail pour information et rappel (n'oubliez pas d'y répondre d'ailleurs).

Chères pêcheuses, chers pêcheurs,
La Fédération départementale de pêche du Jura travaille à la rédaction du projet d’arrêté préfectoral réglementant la pêche en eau douce pour l'année 2024, dont la version définitive sera présentée aux services de l'état des le début septembre pour une validation par Monsieur le Préfet du Jura.

Un questionnaire a été récemment envoyé aux 26 AAPPMA du Jura à propos des évolutions souhaitées. La nécessité de recueillir les avis et les suggestions de nos adhérents est une priorité pour notre conseil d’administration et doit nous aider dans la rédaction de nos propositions.

Voici les résultats et les grandes tendances qui nous sont parvenus.
Merci de vos retours, de vos remarques et suggestions, dont nous ne manquerons pas de tenir compte.

Les membres du conseil d’administration fédéral débattront le 7 septembre à la rédaction finale de cet arrêté.

Halieutiquement votre, La Fédération.

Je vous joins maintenant ci-dessous la synthèse du questionnaire. A noter le grand nombre d'absence de réponse qui est pour moi incompréhensible.

Cliquez sur l'image pour une meilleure lecture.

Je ne vais commenter l'entièreté du document mais seulement le sujet que je maîtrise le plus, c'est à dire la truite sauvage sur la rivière d'Ain. La première question qui était posée aux AAPPMA concernait le quota journalier de salmonidés. La fédération souhaitant harmoniser celui-ci sur tout le département. Plusieurs réponses ont été données entre maintien de l'existant, 2 truites sauvages par jour, 1 ou bien 0 pour notre AAPPMA (la seule). Quand on parle de quota journalier, il faut bien penser à une gestion qui vise une pêche alimentaire dans les limites de ce qui est collectivement acceptable bien entendu. 

Vous aurez sans doute vu dans ce tableau des positions aux antipodes les unes des autres concernant les truites sauvages (le peu qu'il reste) de la rivière d'Ain.

L'AAPPMA qui gère les lots de la rivière d'Ain en aval de Pont-du-Navoy souhaite supprimer 100% de ses parcours No-Kill. C'est un choix assumé sur les linéaires les plus pauvres de la rivière d'Ain. Pour preuve, la dernière pêche d'inventaire réalisée il y a quelques jours en aval du pont de chez l'Yvonne sur la commune de Châtillon sur un linéaire placé en réserve.

Cette pêche s'est faite sur les 200-250 mètres avals du pont.

Résultat de la pêche encadrée par les Fédérations de pêche du Jura, du Doubs et de Saône et Loire.

  • 6 truites adultes
  • 13 truitelles
  • 8 ombrets
  • 1 ombre adulte

Je le redis, ce linéaire est en réserve ! 6 truites adultes, soit 3 truites aux cent mètres. Alors je vous pose la question, quelle est la limite collective acceptable de prélèvement sur un tel parcours ? Parce qu'à 3, 2 ou même 1 truite par jour et par pêcheur, avec 6 truites dans la rivière on ne va pas aller loin non ?

Si notre AAPPMA a mis 100% de son linéaire en No Kill et demande que cela soit ainsi partout ailleurs, ce n'est pas pour embêter les pêcheurs croyez-moi ! Je suis le premier pénalisé car j'aimerais sincèrement manger une truite sauvage de temps en temps. Mais voilà, je ne suis pas tout seul, et collectivement, un prélèvement n'est plus possible avec de telles populations. 10 pêcheurs qui gardent 1 truite par jour sur 10 sorties à l'année, ça fait déjà 100 truites. Et il en reste 3 aux cent mètres. Et il n'y a pas que 10 pêcheurs !

Alors l'AAPPMA de Clairvaux décide de supprimer ses parcours No Kill avec de tels résultats de pêche d'inventaire. C'est tellement incompréhensible que je ne vais pas en rajouter d'autant plus que certaines personnes ayant pris cette décision n'ont pas mis les pieds sur la rivière d'Ain depuis des années ou ne pêchent même plus.

Les parcours NK qui seront peut-être supprimés l'année prochaine.

Ce monde me fatigue de plus en plus chaque année...Je ne pensais pas cela possible, mais Clairvaux prouve le contraire !

Bref, je retourne à mes occupations et vous donne rendez-vous dans 2 ou 3 semaines...

dimanche 18 juin 2023

Les juvéniles ne sont pas tous morts.

L'année dernière jour pour jour je pouvais observer des centaines, pour ne pas dire plus, ombrets de l'année. Des individus de quelques millimètres qui nageaient avec vigueur dans les eaux de la haute rivière d'Ain. Avec l'été 2022 que nous avons eu et les avis de spécialistes glanés ici et là je ne donnais pas cher de leur peau. Tous étaient unanimes pour me dire que les juvéniles étaient les premiers à succomber avec les températures d'eau élevées.
C'était sans compter sur la formidable capacité à survivre de ces animaux sauvages quels qu'ils soient. Depuis quelques semaines, je retrouve en nombre ces mêmes ombres qui font aujourd'hui 10 à 12 centimètres. Ils gobent du matin au soir. Être le témoin de cette évolution est aussi extraordinaire qu'inatendu.
Malheureusement, et nous le savons tous, ces jeunes ombres âgés aujourd'hui d'un an feront la taille idéale pour les oiseaux piscivores cet automne. Entre les harles bièvres et les cormorans qui seront présents sur la rivière tous les jours durant plusieurs mois, il leur sera impossible de passer au travers. Les ombres étant des poissons de pleine eau, ils sont des cibles faciles. Ils vont se faire laminer.
C'est révoltant de se dire que toute cette énergie dépensée à survivre est d'ors et déjà vouée à l'échec. La basse rivière d'Ain s'est faite piller sa population d'ombres en un hiver alors que celle-ci était revenue à très bon niveau. Un hiver sans tirs de régulation et plus d'ombres. Le constat est sans appel.
Bien triste situation puisque même si la reproduction réussie, même si les juvéniles arrivent à se développer dans un environnement dégradé ils ne pourront pas arriver à la taille adulte. Ou comment protéger des espèces dont les populations se portent mieux que l'espèce dont elle se nourrit !
 
Jeunes ombres d'un peu plus d'un an.

vendredi 19 mai 2023

Information pour touristes baigneurs.

Cette semaine a vu la pose par les bénévoles des amis de la rivière d'Ain de deux panneaux d'informations. Ceux-ci ont été mis aux accès des deux principaux lieux de baignade des linéaires de Crotenay et Pont-du-Navoy sur la rivière d'Ain.

Ce projet a pu être réalisé grâce à la participation des mairies des communes respectives, aux sociétés de pêche de Crotenay et des riverains de Pont-du-Navoy, aux services des routes du département et aux fonds FDVA pour le financement. Mais avant tout grâce au dévouement des bénévoles de l'association des Amis de la rivière d'Ain et de leur président Philippe Cador. 

Merci à tous.

lundi 1 mai 2023

Fermeture anticipée, une bonne chose ?

Ces dernières années, et malheureusement pour celle en cours et les suivantes, les débats sur d'éventuelles fermetures anticipées de la pêche en rivière reviendront sans cesse autour de la table. Les terribles étés que nous vivons ces dernières années rendent ces discussions inévitables. Mais est-ce une bonne chose que de fermer la pêche ?

En ce qui concerne notre département, je me suis exprimé au nom de notre AAPPMA à la dernière réunion qui rassemblait tous les présidents du département et qui s'est tenue au siège de la fédération de pêche du Jura à Lons le Saunier. J'ai émis un avis défavorable à une fermeture de la pêche pour des raisons d'étiage. Pour avoir échangé avec d'autres membres des différents bureaux d'AAPPMA du Jura ainsi que d'autres départements, cet avis semble souvent partagé. Éloigner les pêcheurs de nos rivières est une très mauvaise idée, j'en suis convaincu.

Je suis avant tout pour une responsabilisation des pêcheurs. A nous les instances de la pêche d'informer, d'éduquer nos pêcheurs pour leur faire comprendre quand et comment bien pratiquer notre passion. Nous le faisons au sein de notre AAPPMA depuis des années et cela fonctionne assez bien. Lors des gros pics de chaleurs en période d'étiage, nous demandons aux pêcheurs d'éviter de pêcher les truites qui rentrent alors en période de stress profond. L'année dernière, alors que la température de l'eau était supérieure à ce qu'une pratique raisonnable de la pêche à la truite permet, j'ai vu seulement 2 fois 2 pêcheurs sur notre parcours sur la période 25 juin - début août, soit quasiment personne. A chaque fois, il y a eu un vrai dialogue avec des pêcheurs touristes qui étaient à l'écoute et compréhensifs. C'est de mon point de vue une bien meilleure approche qu'une interdiction totale dictée par un préfet. De plus, sans arrêté préfectoral, la pêche sur les poissons d'accompagnement peut continuer. Sur nos linéaires, nous avons de plus en plus de chevesnes par exemple. Cela permet de continuer à pêcher en période chaude en laissant les truites tranquille tout en maintenant une présence des pêcheurs sur la rivière. De plus, nous avons pu nous en rendre compte cette année, avec un arrêté préfectoral, c'est très compliqué de faire du rétro pédalage. Une fois la pêche fermée, c'est jusqu'au bout. Avec une responsabilisation des pêcheurs, nous pouvons reprendre la pêche de la truite dès que les conditions le permettent. En 2022 par exemple, nous aurions pu pêcher de nouveau et profiter des 3 ou 4 dernières semaines de la saison sans soucis. Ça n'a malheureusement pas été le cas puisque l'arrêté n'a pas été levé. Ce n'est pas normal qu'une telle situation se produise.

Il faut savoir que c'est lors de ces périodes d'étiage et caniculaires que toutes les incivilités sont perpétrées. Braconnage, camping sauvage et barbecue un peu partout avec parfois (trop souvent) tous les déchets retrouvés laissés par les pratiquants, etc...Il faut ce rendre à l'évidence, la garderie fédérale et l'OFB ont beaucoup trop de missions annexes lors de ces périodes pour avoir un minimum de présence sur le terrain. C'est même tout le contraire malheureusement. Conclusion, seuls les pêcheurs peuvent remplir ce rôle de veille et de sentinelle. Notre présence est indispensable pour ne pas laisser les rivières à l'abandon. Mais pour cela, il faut nous laisser sur le terrain.

J'entends bien que cette fermeture de la pêche dans le Jura en 2022 a été actée en parallèle d'une interdiction des toutes les autres activités aquatiques sur les rivières de 1ère catégorie. Il y a eu une grosse communication sur cet évènement qui a été avancé comme une première dans le monde de la pêche. C'est faux et ce même dans le même département. En 2020, toutes les activités aquatiques dans le Jura ont déjà été interdites par un autre préfet sous une autre présidence de fédération, premier point.

Second point, cela a été fait d'une autre manière puisque la pêche n'a jamais été interdite. C'est de mon point de vue un paramètre très important ! Effectivement, pour coller aux décisions du préfet, les pêcheurs ont souhaité de ne plus rentrer dans l'eau en pêchant puisque tous les autres pratiquants n'en avaient plus le droit. A aucun moment, le préfet ou la Fédération n'a souhaité la fermeture de la pêche. J'avais trouvé cette décision juste et censée. Même si une fois de plus, je pense avant tout que les pêcheurs sont assez grands pour se responsabiliser et agir de bonne manière selon les conditions que la rivière leur offre à un instant T.

Troisième point, en 2020 comme en 2022, il y a les textes et la réalité. Je peux vous dire pour en avoir été le témoin de nombreuses fois que ces arrêtés sont loin d'être respectés un peu à la manière des arrêtés sur les limitations d'usage de l'eau.

Je ne sais pas ce que donnera l'été qui arrive, je ne connais pas les décisions qui seront prises le cas échéant, mais ce que je sais, c'est qu'il ne faut surtout pas s'autoflageller en s'interdisant nous-mêmes de pratiquer notre passion. Je suis complètement contre cette idée.

lundi 24 avril 2023

Le prélèvement est continu.

Depuis peu nous assistons sur la haute rivière d'Ain comme sur bon nombre d'autres rivières de la région a un changement aussi important que désastreux pour la population de truites et d'ombres. Les harles bièvres et les cormorans qui avant étaient présents uniquement de septembre à fin février sont aujourd'hui installés à l'année. La pression de pêche et donc le prélèvement des poissons survivants aux diverses pollutions ou au réchauffement sont encore plus importants qu'avant. Il n'y a pas une seule sortie sur la haute rivière d'Ain ou sur la Bienne qui puisse se faire sans surprendre les piscivores en train pêcher.

Vendredi matin par exemple, à mon arrivée sur le parcours de notre AAPPMA, 2 cormorans et 3 harles se sont envolés devant moi. Autant dire que la gravière était déserte. Une fois encore, je ne fais pas cet article pour dire que ces oiseaux sont responsables de tous les maux, non. La pollution est le premier responsable de la baisse des effectifs, nous sommes tous d'accord là-dessus. Je dis juste que les prélèvements des piscivores augmentent sans cesse puisque maintenant, ils ne partent plus durant le printemps et l'été.

Je n'ai aucune idée du nombre de poissons prélevés, ce que je sais, c'est qu'ils pêchent tous les jours. Sur notre linéaire, il y a des oiseaux tous les jours. Pour parler de ce sujet autour de moi c'est identique sur la Bienne, sur l'Albarine, sur la Basse rivière d'Ain, sur la Valserine, sur le Chéran, etc...Une population de harles toujours plus forte. Et non, qu'on se le dise, un harle ne mange pas que des vairons et autres petits poissons, il mange aussi des truites de 40 centimètres...

J'avoue que cela devient compliqué moralement quand on connait une population en la suivant au jour le jour, en dénombrant précisément les places de frai, en connaissant presque chaque adulte d'un parcours de voir cette prédation journalière. La seule chose qui rassure un peu, c'est que cette prédation devrait vite s'arrêter car les oiseaux auront bientôt tout prélever ce que les pollutions ont laissé en vie !

Cet ombre ne doit sa survie qu'à sa taille très imposante.

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