Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

Accès au Fly Shop Signez le livre d'or Suivez-moi sur facebook Le Fly Shop sur facebook

Mot-clé - Carte de pêche Jura

Fil des billets - Fil des commentaires

mercredi 12 mars 2025

Communication qui pause question.

La Fédération de Pêche du Jura a fait son choix en termes de communication pour cette ouverture de la pêche. Les images publiées sur les réseaux sociaux de laissent pas de place au doute. Cette panoplie de photos de poissons prélevés (dont des truites sauvages de la rivière d’Ain) a fait réagir et pas qu’un peu. Si l’on peut lire à travers les commentaires la déception et la colère de certains pêcheurs, j’ai également eu de nombreux retours dans un cercle plus privé avec des locaux extrêmement déçus pour ne pas dire plus.

Par cette prise de position, les choses deviennent très claires dorénavant sur les intentions de chacun. Les AAPPMA concernées et la Fédération du Jura semblent assumer pleinement le fait de prélever les derniers poissons sauvages de cette rivière d’Ain. Les critiques pleuvent sur nos dirigeants mondiaux qui vont au bout des ressources toujours plus vite sans tenir compte du changement climatique et des alertes de toutes parts mais finalement, nos dirigeants locaux pour la pêche ne font pas mieux. Ils iront jusqu’aux derniers poissons sauvages malgré des populations en chute libre et des atteintes extérieures toujours plus nocives sur cette rivière. C’est d’une tristesse.

Publication entière à voir sur Facebook.

De mon côté, je ne cherche plus à convaincre les gens. Chacun gère son territoire comme il l’entends après tout. Cependant, il faut assumer jusqu’au bout sans se cacher derrière des arguments plus bancals les uns que les autres. J’entends parfois des voisins en amont et en aval qui prennent notre linéaire en exemple comme quoi le fait de laisser la vie aux truites ne fonctionnait pas, que cela ne servait à rien, que c’était même partie prenante des causes de la baisse des populations…

Nous avons mis notre parcours sur sa totalité en No Kill pour freiner la baisse des populations, rien de plus. Nous possédons un linéaire sur la rivière d’Ain complètement dysfonctionnel. L’espoir pour améliorer la qualité de l’eau s’est envolé depuis longtemps malgré des preuves flagrantes d’excès en tout genre sur les points d’assainissements de Champagnole, Crotenay ou encore Montigny. Tous les témoignages, alertes ou autres plaintes n’ont jamais rien amélioré. L’eau chauffe toujours plus l’été. Les piscivores, harles et cormorans finissent le boulot. Bref, pour continuer à pêcher ces poissons sauvages, pas d’autres choix que de leur laisser la vie. On n’appuie pas sur la tête d’un homme en train de se noyer, on tente au minimum de le maintenir à flot.

Du coup, pourquoi se battre pour réhabiliter les tirs des cormorans s’il y a assez de truites sauvages pour continuer à les prélever. Les pêcheurs oui mais les oiseaux non ? Encore un argument bien bancal. Je souhaite de mon côté également pouvoir réguler les piscivores bien entendu mais pas pour bouffer les truites et les ombres à leur place ! Non, uniquement pour que les populations soient un peu plus solides parce qu’elles sont catastrophiquement basses.

Le pire dans tout ça c’est qu’on tous d’accord là-dessus. Les truites deviennent de plus en plus rares. Depuis 2015 tout s’est accéléré avec des étés caniculaires à répétition, c’est hallucinant les différences. Pas contre, à la fin, ben il y a les types qui vont aller manger dans les réserves sans se soucier du lendemain en se disant ben quand il y en a plus, il y en a plus. Et puis les autres, visiblement en minorité, qui tentent de se rationner au maximum en espérant que ça dure un peu plus longtemps sans non plus croire au père Noël.

Bref, tout ça pour dire que de remettre une truite à l'eau cela permet aussi à plusieurs pêcheurs d'avoir des émotions de joie et bien entendu, de laisser une chance à ces poissons de frayer un hiver de plus et même plusieurs ce qui n'est pas un luxe à la vue des géniteurs restant. La preuve encore, comme s'il en fallait une supplémentaire, avec ce poisson capturé par mon fils en juillet 2024 et mesuré à 60 centimètres. Poisson que j'ai eu l'immense privilège de croiser en ce week-end d'ouverture. Je l'ai pris avec la même nymphe d'ailleurs. Un peu plus long mais aussi plus maigre. Normal pour la saison. Mon fils a déjà revu cette truite deux jours après qui se nourrissait. Que sa vie soit encore longue !

Vous pouvez comparer les points, c'est bien le même poisson.

dimanche 15 décembre 2024

Changements règlementaires 2025

Dans la lignée de l'article précédent, je vous livre ici les changements règlementaires et les nouveautés 2025 concernant la pêche de la truite dans le Jura.

À partir du 1er janvier 2025, plusieurs évolutions importantes entreront en vigueur dans le Jura notament sur des changements de classement piscicole de parcours historique de 1ère catégorie :
• La Loue : du pont de Cramans à la confluence avec le Doubs à Parcey → 2ème catégorie
• L’Angillon : de la confluence avec le ruisseau de la Doye (commune de Chapois) à l’Ain → 2ème catégorie
• La Valouse : du seuil de la Platière à la retenue de Cize-Bolozon (Conflans) → 2ème catégorie

Il y a deux façons de voir les choses. Une premmière plus optimiste en se disant que ces parcours seront ouvert à la pêche sur une plus longue durée et que les possibilités seront plus grandes. Une deuxième façon de voir les choses est que c'est un aveu d'échec terrible en ayant été incapable de maintenir à flot ces parcours qui habitaient truites et ombres. Vous vous ferez votre avis. Dire que j'ai pris ma première truite à la mouche sur l'Angillon...

Dans les autres modifications concernant la truite, il y a la suppression de la réserve temporaire sur la Cuisance.

Pour les quotas, c'est comme suit :

Salmonidés : 5/jour/pêcheur, dont :
  • 2 truites fario/jour/pêcheur
  • 3 truites arc-en-ciel/jour/pêcheur

Vous l'avez compris, hors parcours No Kill, qui sont à ce jour les linéaires le plus importants et de loin, on pourra conserver 2 truites sauvages par jour et par pêcheur dans le Jura.

Pour les parcours No Kill, quelques petites modifications :

  • Truite fario – 1ère catégorie :

- En 2025 le parcours No-kill sur la basse Bienne couvre la totalité du linéaire en 1ère catégorie jusqu’à la limite 1ère/2ème catégorie située à la confluence Bienne / Merdançon à Dortan

  • Truite fario – 2ème catégorie :

- La Loue : l’ensemble du département en 1ère et 2ème catégorie.

- L’Ain : en aval du barrage de Coiselet jusqu’à l’usine hydroélectrique de Moux.

Rien de nouveau sur la haute rivière d'Ain. Pas un mètre de plus. Scandaleux au vu de la situation des stocks restants.

mercredi 11 décembre 2024

Nouvelle saison, nouvelle carte, nouveau prix !

Déjà la date de dispo des nouvelles cartes de pêche pour la saison 2025. Eh oui, c’est pour le 18 décembre ! Que le temps passe vite. Dans 3 mois, l’ouverture de la truite sera déjà derrière nous.

Il faudra cette année sortir 112 euros pour la carte complète. 2 euros de plus. Il est déjà bien loin le passage au 100 euros tant redouté. Petite augmentation finalement pour des coûts d’études toujours plus importants et un coût global de fonctionnement des fédérations qui lui aussi est à la hausse. Mais comme partout ces derniers temps j’ai envie de dire. Il n’y a rien qui baisse, tout augmente.

Si, en fait, il y a bien un domaine qui baisse inexorablement. Ce sont les effectifs de poissons dans nos rivières jurassiennes. Du coup, pour la grande majorité des pêcheurs, une fois de plus cette augmentation ne sera pas comprise et à juste titre. Qui comprendrait le fait de payer sa baguette 5 euros pour finalement ne ramener que le quignon chez lui.

Dans le Jura, cela devient quand même très compliqué pour les truites sauvages. Bien entendu, ce n’est pas le désert, il en reste ici ou là. Mais force est de constater que si le mec n’a pas bac + 7 en pêche à la truite, c’est très difficile de s’amuser régulièrement. Même sur les têtes de bassin cela devient très rude pour faire débuter un gamin.

Puis à côté de cela, et si même l’augmentation se justifie par l’augmentation des coûts internes aux fédérations, qu’est ce qui change concrètement ?

On nous a promis la reprise des tirs du cormoran, toujours rien. On sait depuis toujours que le problème numéro un c’est la qualité de l’eau et ?

Dans un département où tout vise la filière comté par facilité ou à juste raison, je ne sais que trop dire, l’assainissement passe commee un fantôme parmi le banc des accusés. Pourtant, misère, rien que sur la rivière d’Ain chez moi, entre les dysfonctionnements récurrents et connus de tous des STEPS de Champagnole et de Montigny en passant par la triste lagune de Crotenay, comment voulez-vous que les truites vivent dans un environnement correct ?? Sans parler des (encore) innombrables tuyaux non raccordés. Petite pensée pour l’assainissement de Saint Claude et Morez pour la Bienne en passant aussi…

Si j’avais un seul souhait aujourd’hui ce serait de remplacer l’immense pile de toutes les études faites que j’ai vu passer depuis 27 ans que je suis président d’AAPPMA par un seule et unique sur la qualité de l’eau. Avec des analyses indépendantes et régulières en sortie de STEP. Avec des comparatifs en amont et en aval de celles-ci en cherchant les moindres bactéries nocives au milieu. Il y a forcément des choses à faire mais pour cela il faut de très gros moyens financiers et des compétences humaines. Une AAPPMA n’a pas ces moyens par contre une fédération départementale ou nationale...

Il faut ensuite une volonté politique de bousculer les codes car il faut bien l’admettre, en tous les cas chez nous dans le Jura, faire ami-ami avec nos politiques n’avancent à rien dans ce domaine. La qualité de l’eau est toujours aussi médiocre et l’assainissement avec. Rien ne bouge.

Alors oui, il y a des tonnes d’études pour nous donner toutes sortes de renseignements parfois très intéressants comme l’âge des poissons, la température de l’eau, la génétique des truites, et j’en passe…Et puis quoi ? Qu’est-ce qu’on va faire de tout ça si l’eau reste pourrie ? Nous allons finir par fermer la truite comme l’ombre en 1999 ? On se contentera de republier l’arrêté qui interdit sa pêche et puis c’est tout. 25 ans que l’ombre est fermé dans le Jura, rien que ça.

Va falloir comprendre un jour qu’il faut concentrer les moyens financiers pour avoir un dossier irréprochable sur toutes les pollutions que l’on trouve dans nos rivières avec en parallèle une volonté commune au niveau des élus de la pêche d’aller à la confrontation avec nos instances en charge des assainissements. Ceci afin d’espérer changer les choses sinon tout le reste est peine perdue.

Et puis en attendant que tout cela se mette en place, il y a une seule chose à faire, protéger les derniers poissons sauvages. Encore une fois c’est loupé et c'est un vrai scandale. Sur les deux AAPPMA des parcours amonts de la rivière d’Ain jurassiennes, les deux derniers sanctuaires, les deux linéaires où il reste de l'espoir avec des populations passables à correctes, ben pas un mètre de nouveau no kill. Les mecs pourront toujours prélever deux truites par jour sur la très grande majorité des parcours. Ma foi, c’est ainsi. Il faut juste le savoir.

En résumé, toujours moins de poissons, rien de fait sur la qualité de l’eau, toujours des oiseaux piscivores en nombre, toujours des prélèvements sur poissons sauvages et une carte plus chère. Si d'autres vous vendront le Jura comme une terre d'accueil pour le pêcheur de truites, de mon côté je préfère la vérité qui peut se résumer comme suit :

Si vous avez un très bon niveau, oui, vous allez encore passer de bons moments mais aussi faire de jolis capots puisque les densités fondent comme neige au soleil. Si votre niveau est moyen, ça sera très compliqué et le capot sera votre meilleur ami. Si vous débutez, oubliez complètement à moins que les paysages suffisent à votre bonheur.

Bref, la carte 2025 sera dispo à partir du 18/12/2024 pour la saison 2025. Pensez à choisir une AAPPMA qui tente de protéger le peu qui reste.

vendredi 18 octobre 2024

Tout sauf un hasard...

Dans le Jura, comme dans les départements voisins et plus globalement dans le pays, le nombre de cartes de pêche baisse.

C’est une tendance, qui, si l’on regarde les rivières à truites du département, suit la même courbe que les populations de truites sauvages qui y vivent encore. C’est ainsi. D’ailleurs, lors de la dernière réunion des président d’AAPPMA du Jura, les discours ne font qu’un lorsque sont évoqués les stocks de truites sauvages encore présents.

Pourtant, ces discours dérivent toujours assez vite sur la taille légale de capture ou bien encore sur le nombre de prises journalières. Pour résumer, il n’y a plus grand-chose mais si on pouvait prélever ce qu’il reste, ça serait bien. Voilà où nous en sommes et voilà comment se fera l’ouverture 2025 sur les rivières de 1ère catégorie du Jura. Car de ce côté-là, rien de nouveau. Notre AAPPMA sera comme depuis longtemps déjà la seule du département à avoir 100% de son linéaire en no kill.

Ah ben voilà que j’ai dit le gros mot. Enfin Nicolas, il y a d’autres priorités ! Oui, je sais. De plus, on me le répète depuis des décennies. En attendant, que cela soit pour la qualité de l’eau, le réchauffement de celle-ci, il n’y a rien qui s’améliore bien au contraire chez nous. Et de plus, au sujet des oiseaux piscivores, je crois que l’on va attendre encore un peu. Les belles annonces des dernières semaines étant à mon avis repoussées à minima pour 2025...Si la LPO ne s’en mêle pas.

Donc qu’est-ce que l’on fait ? Encore des études, encore des réunions ? On espère que nos politiques locaux se découvrent une soudaine envie de rendre la flotte de nos rivières moins polluée ? On prie pour que la population mondiale diminue instantanément de moitié et que cette folle société actuelle dans laquelle on vit fasse machine arrière pour ne plus subir ce dérèglement climatique ? Hein, qu’est-ce qu’on fait ? Parce que s’il y en a qui pensent encore que la qualité de l’’eau de nos rivières jurassiennes va s’améliorer à court et même à moyen terme, ils rêvent !

Bien entendu, je ne dis pas cela dans le but de passer un message du genre c’est mort, laissez tomber. Non, il faut continuer à dénoncer ces abus, il ne faut surtout pas lâcher notre rôle de sentinelle. Il faut ou faudrait être encore plus intransigeant sur les négligences que l’on connait tous par le biais des pollutions agricoles et domestiques. Il faut continuer à travailler sur les habitats, sur la continuité et j’en passe. C’est évident. Mais en attendant, sur le court terme, on laisse en l’état ?

En sachant que les truites sauvages crèvent déjà en nombre à cause des pollutions, qu’elles claquent lors des périodes chaudes estivales, qu’elles se font bouffer (quand elles ont survécu aux deux premières calamités) par les harles bièvres et des cormorans qui deviennent au fil des années sédentaires…On s’autorise nous pêcheur aussi à les prélever ? Il faut croire que oui puisque les 3 principales AAPPMA (en termes de linéaire) qui gèrent la rivière d’Ain jurassienne verront encore en 2025 la majorité de leur parcours où l’on pourra prélever 2 truites sauvages par jour et par pêcheur.

Pourtant, si l’on regarde le code de l’environnement et plus particulièrement l’article L436-5, la taille de capture ne peut être inférieure à celle correspondant à l’âge de la première reproduction. Alors, si l’on peut émettre des doutes sur les secteurs de Champagnole ou Sirod (eau plus froide), le linéaire en aval de Pont-Du-Navoy à la vue de sa thermie est un parcours à forte croissance qui peut se comparer à ce que l’on trouve sur la Bienne ou sur la basse rivière d’Ain. Sur ces secteurs les études scalimétriques ont démontré par le passé une maturité sexuelle chez les truites sauvages au-delà des 40 centimètres. Étant donné que la taille légale est de 30 centimètres, que celle-ci ne peut être changé par le seul souhait de l’AAPPMA, la seule solution pour être conforme au code de l’environnement est la règlementation no kill. Cela permet de façon certaine de laisser le temps aux truites d’atteindre leur maturité sexuelle afin de se reproduire. Vu les stocks existants, ça ne serait pas du luxe ! Quand on connait la passion des procédures et autres textes de loi du président de l’AAPPMA qui gère ce linéaire, cela me fait rire jaune qu’il soit finalement à côté de la règlementation.

Bref, lors de cette réunion collective, je ne suis pas intervenu sur le sujet. Je ne le ferais plus. Nous avons mis cela en place chez nous depuis longtemps. C’est l’essentiel. Les voisins en amont et aval pensent différemment, c’est ainsi. Que l’on autorise à prélever les dernières truites sauvages en se disant que la qualité de l’eau est plus importante tout en sachant qu’elle ne s’améliorera jamais…Quel gâchis sérieux. Vous avez peur de perdre des cartes en contrariant vos pêcheurs préleveurs ? Vos cartes sont déjà en chute libre…Et sachez quand même que si les cartes baissent dans la plupart des cas, notre AAPPMA voit elle son nombre de cartes majeures augmenter entre 2023 et 2024.

Alors allez savoir, peut-être que cela démontre une vraie demande des pêcheurs actuels et que c’est tout sauf un hasard…

dimanche 26 mai 2024

Une histoire de référentiel.

S'il reste ici où là quelques poissons sauvages dans nos rivières jurassiennes et plus particulièrement sur la haute rivière que je connais mieux que les autres, il est important de rappeler que les rencontres macabres sont toujours d'actualité malheureusement. Pas de grosses mortalités sur des épisodes plus ou moins courts comme les autres rivières du département mais les pêcheurs trouvent régulièrement des poissons morts.

À travers certains métiers ou autres missions d’associations, la plupart des communications sont positives sur les réseaux sociaux. C'est compréhensif. Rien à redire pour cela. Il faut bien embellir le tableau afin de faire venir les touristes.

De mon côté, et même si j'ai une activité commerciale liée à la pêche, j'ai toujours mis la priorité sur ma fonction de président d'AAPPMA en étant transparent sur la réalité de terrain. Les effectifs en truites et en ombres, dans le meilleur des cas (avec une protection totale), baissent légèrement. Le plus souvent ils baissent rapidement. Sur la plupart des parcours de la haute rivière d'Ain aujourd'hui, les pêcheurs débutants ou moyens seront totalement perdus. La densité de poissons ne permettant plus de s'en sortir pour eux. Sur les parcours avals, seuls les très bons pêcheurs arrivent à tirer leur épingle du jeu avec un poisson de temps en temps pour plusieurs sorties. Pour pratiquer depuis bientôt 40 ans la même rivière sur les mêmes linéaires, il faut, malgré une expérience toujours plus grande et un savoir-faire correct, toujours plus d'heures de pêche pour prendre un poisson. C'est ça la réalité aujourd’hui. Alors oui, les têtes de bassin offrent encore des densités intéressantes pour des pêcheurs débutants ou moyens mais en rien comparables à celles d'il y a à peine 10 ans. Cette baisse d'effectifs est continue depuis des années. Je trouve même qu’elle s’accélère ces dernières années. C'est d'autant plus vrai sur les parcours non protégés...Et il en reste beaucoup trop à mon goût puisque finalement, nous sommes toujours la seule AAPPMA qui protége 100% des poissons sauvages. Certains ne se cachent pas pour me dire que j’exagère, que je noircis le tableau volontairement. C'est totalement faux. Cela m'énerve même qu'on pense cela. Je suis simplement réaliste. Nos divergences sont souvent liées au référentiel qui est totalement différent selon le vécu de chacun ou alors au fait de ne pas vouloir voir les choses en face, mais là c’est un autre débat.

Le fameux référentiel. Le mien sur la haute rivière d’Ain compte plusieurs décennies. Je comprends qu’un jeune pêcheur qui possède trois ou quatre saisons de pêche derrière lui sur la rivière soit enthousiaste après avoir vu quatre truites dans son après-midi dont une belle de plus de cinquante centimètres. Il n’a jamais rien connu d’autre, ça reste parfait pour lui. Les personnes avec un référentiel très court parlent aujourd’hui de la haute rivière d’Ain comme d’un paradis. Mon Dieu…J’ai toujours une boule au ventre quand j’entends ça. Lorsque j’avais leur âge à ces jeunes pêcheurs, je faisais des saisons à plusieurs centaines de truites zébrées et d'ombres tout en tuant une grande partie de mes captures. Souvent huit poissons par jour étaient prélevés. Depuis quelques années, c’est tout juste quelques dizaines par saison en remettant tout à l’eau. Du coup, quand j’entends que la rivière va bien, qu’il y a encore pas mal de poissons, que si, que ça, je préfère ne plus répondre. Je laisse ces personnes dans leur vérité. J’ai la mienne. Elle est bien différente. A croire qu'ils ont déjà oublié (c'est un petit exemple de rien du tout) que la pêche de l'ombre est fermée depuis 27 ans ! Les fonds devraient être bleus tant ce poisson se multiplie facilement. Ben non en fait, ils sont d'une autre couleur. J'y viens...

Ce fameux référentiel peut aussi se porter sur l’état de la rivière en elle-même. Car oui, il y a aussi à dire sur ce sujet. J’ai repris le boulot cette semaine après presque deux semaines de vacances. Treize jours plus exactement. J’ai eu trois jours sans pêche pour cause de débits trop élevés mais sinon, j'ai profité chaque journée. Des sorties de deux à six heures avec parfois plusieurs sorties par jour pour "chopper" les horaires d'activité. J'aurais pu sur cet article ou un autre vous partager des photos de poissons tout en profitant de faire de la pub pour les produits de mon Shop. J’ai plutôt souhaité vous partager quelques images de la haute rivière d'Ain. Photo prise fin de semaine dernière et aujourd’hui. Personne n'en parle, alors je m'y colle. Il faut bien un vilain petit canard pour ternir le beau tableau. Depuis huit mois, la pluie tombe sur le Jura sans discontinuer. En excédent lors du dernier trimestre 2023 et selon les normales sur les cinq premiers mois de 2024. À ce jour, aucun pic de chaleur. L'ensoleillement est réduit de moitié en ce mois de Mai. Là aussi, que de demander de mieux pour la rivière.

Haute rivière d'Ain après 8 mois de pluie !

Pourtant, voilà à quoi ressemble le fond de la haute rivière d'Ain aujourd'hui. Colmaté sur sa largeur, verte, marron avec une couche algale déjà bien épaisse qui tapisse les gravières. Je vous parle de cela puisqu’encore aujourd’hui j’ai croisé un touriste pêcheur qui m’a dit que la rivière était superbe lors de notre conversation. Il était heureux de la voir bien en eau. Toujours une histoire de référentiel. Les gens s’habituent à la médiocrité. A force de voir toujours les rivières comme ça, c’est devenu invisible. Et la rivière est belle…

Photo que vous ne verrez pas sur les dépliants pêche ou touristique.

Sacrée épaisseur !

 Vivement le soleil et la chaleur, pour le coup, la haute rivière d’Ain devrait être vraiment chouette !!!

- page 1 de 16