Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

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Mot-clé - La nymphe à vue

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mercredi 18 juin 2025

Double rencontre.

Voilà bien longtemps que je ne m'étais pas prêté au jeu des histoires de pêche. Celle que je vais vous conter n’est pas banale pour diverses raisons. C’est pour cela que j’ai eu envie de partager ce récit avec vous. Bonne lecture.

Cette histoire débute au tout début du mois d’avril de cette année. C’est un des nombreux messages de mon fils la veille qui m’aiguille sur le parcours à pêcher ce jour-là. Effectivement, Thibaut avait pu observer un rassemblement de vairons. Pour lui, c’était vraiment le tout début. Les truites qui étaient autour restaient sur leur garde. Pas installées franchement les zébrées. Mais Thibaut était certain que ça allait se fixer assez vite. Il m’invita donc à me rendre à cet endroit précis le lendemain. Il m’avait aussi prévenu qu’il y avait une très belle truite que l’on connaissait de la saison passée.

Je suis donc allé directement sur la veine d’eau indiquée par mon fils. Comme annoncé, il y avait là quelques truites et de toutes évidences, elles boulotaient les vairons qui eux étaient en train de frayer. Entre parenthèses, il n’y a plus vraiment de saison pour le frai des vairons. C'est fou ! On peut assister à ce spectacle naturel de mars à septembre, c’est incroyable. Rien à voir avec ce que l’on connaissait d'avant. Pour ce frai de vairon précisément, il fallait vraiment savoir où il était. Je pense que des pêcheurs sont passés devant sans le voir. Les truites et leurs petites proies se situaient dans une veine profonde où l'eau s'écoulait à bon débit. Très dur à voir. Heureusement, j’avais les bonnes informations de mon éclaireur.

Je ne me complique pas la vie de mon côté, je pêche ces poissons avec une cuivre. Comme la plupart du temps d’ailleurs dans d’autres situations. L’avantage est de pouvoir utiliser une pointe de gros diamètre. J’ai noué à mon 17 centièmes une cuivre très plombée montée sur un tiemco TMC9300 en taille 12. Un bon casse-croûte quoi ! Je vous avoue que je pêchais sans grande maîtrise. Les poissons étaient visibles, certes, mais c’étaient en fait plus des masses jaunâtres en mouvement qu’autre chose. J’ai bien vu comme mon fils ce poisson plus long que les autres. Mais pour cibler précisément un poisson avec ce débit et cette hauteur d’eau, je ne savais pas faire. Je faisais donc des dérives au petit bonheur la chance en fixant ce que je voyais des poissons pour déceler ce qui était pour moi la prise de ma nymphe. Assez vite j’ai pensé qu’un des poissons s’était décalé. J’ai ferré. La truite était prise. Un joli poisson. Un autre quelques minutes après puis une truite qui s’est décrochée assez vite. J’avais fait de la place. Il restait deux poissons dont cette grande truite. J’ai tenté d’être plus précis et sur une dérive, il m’a semblé que le poisson a fait un mouvement sur le côté. J’ai ferré sans me poser de questions. C’était au bout ! C’était ce long poisson. La truite n’a pas fait un gros combat et pour cause, je l’ai trouvé un peu maigre. Mais quand même, cela n’a pas été simple non plus. Et puis, quel régal d’avoir un tel poisson dans le filet. Je ne cours pas du tout après ces poissons. Je pêche le tout-venant. La preuve encore une fois, je ne l’ai pas du tout priorisée sur ce poste. J’ai capturé des poissons plus petits avant elle. Malgré tout cela me fait toujours plaisir. Elle dépassait largement ma marque des 60 sur l’épuisette. Je l’ai remis à l’eau assez vite. Elle est repartie lentement. Il lui manquait bien 3 ou 400 grammes. J’avais des craintes sur sa faculté à vivre après cette capture.

Les semaines ont passé, les parties de pêche se sont enchaînées. Nous voilà au début du mois de mai, soit un peu plus de 4 semaines plus tard. C’était une journée de pêche peu prolifique comme il y en a de plus en plus souvent chez nous. Mais bien ou pas, je reste au bord de l’eau. Je marche, j’observe, je reste attentif, je profite d'être là. Il peut toujours se passer quelque chose d’inattendu. Alors que je remontais sur la berge le long d’un radier peu profond, une barre noire attire mon regard en berge opposée. C’est bien simple, cette vision, je ne l’avais jamais eu. Une grande barre noire qui montait du fond pour venir percer la surface avec sa mâchoire supérieure afin d'aspirer les éphémères qui dérivaient en surface. Mais que fait un tel poisson ici ??? Je suis passé tellement souvent sur ce linéaire sans jamais avoir rien vu. Et là, ce n’est pas une truite comme les autres. Ce n’est pas un poisson en fuite ou inactif. Non, c’est une grande truite qui gobe ! Je l’ai regardé faire un moment. Ces scènes sont si rares ici. Chez nous, ce genre de poissons gobent peu. J’ai profité du spectacle tout en analysant son menu. J’ai fait le choix de nouer une passe-partout olive. Elle se régalait de ces petites éphémères.

J’ai pris encore du temps pour me positionner. Je ne voulais pas basculer sur les fesses dans le radier. Je me suis placé à 10 mètres d’elle et un peu en amont pour présenter la mouche avant la pointe…Toujours en 17. C’était le coup de rêve sincèrement. Le coup de pêche qui vous arrive une ou deux fois dans votre vie. Pour moi, c’était la deuxième fois en 40 saisons. Un tel poisson qui gobe. Devant moi. Et que je pouvais voir ! Je m’applique sur mon geste. Ma mouche se pose 2 mètres au-dessus d’elle. Elle débute sa dérive. Je fais le choix de la quitter des yeux pour me fixer sur la truite. La voilà qui monte en surface. Lentement. Sur d’elle. Sa gueule s’ouvre, son museau sort de l’eau. Elle redescend en fermant sa gueule. Ferrage !

Gros combat dans le bouillon puisque bien entendu, dès quelle a senti le fer, elle est allée dans la veine centrale. La plus puissante. La plus profonde. Heureux d’avoir du gros fil sur le coup. La truite a fini par se rendre non sans mal. Je l’ai glissé dans l’épuisette.

J’étais en admiration devant la beauté de ce poisson. Vraiment. Des truites de plus de 60 en sèche, je n’en ai pas pris des wagons ici. Encore une fois, c’est extrêmement rare. J’en ai profité le temps qu’elle reprenne ses esprits. Puis je l’ai relâché.

Comme à chaque fois, j’envoie de suite la photo à mon fils. A réception, il me téléphone. Il me félicite et me demande où je suis. Je lui explique. De suite, il comprend tout ce qui à moi ne mettait même pas venu à l’esprit. Il me demande de lui renvoyer une photo du beau poisson que j’avais capturé début avril. C’est le même poisson papa ! Effectivement, Thibaut avait tout compris. C’était bien la même truite. Je l’ai pris deux fois à 4 semaines d’intervalle. Sur deux postes distants de 150 mètres. Une fois en nymphe, une fois en sèche.

La deuxième fois, je ne l’ai pas reconnue parce qu’elle avait repris beaucoup de poids. Mes craintes du premier relâché étaient donc effacées. Elle n’a pas fait semblant de se nourrir en 4 semaines ! De plus, sur cette deuxième capture, j’ai pris un repère précis sur mon épuisette parce que mon fils m’engueule à chaque fois ! Ce poisson fait donc 64 centimètres. Cette truite devient mon nouveau record en sèche. Mon ancien record est en couverture de mon bouquin avec 1 centimètre de moins. Mais toujours en sèche à vue. Le graal.

Merci de m'avoir lu. C'est d'ailleurs le dernier article avant au moins deux semaines puisque je vais être absent. Donc pas de blog. Et pas de Fly Shop. Pour rappel, je suis fermé du 20 juin au 6 juillet inclus.

A bientôt !

jeudi 5 juin 2025

Benoit Ledoyen

Mise à jour du 05-06-2025 : Je remets en ligne cet article daté de 2015 suite au décès aussi brutal que tragique de notre ami Benoit. Je présente ici mes plus sincères condoléances à toute sa famille et ses amis.

Me voilà de retour aux affaires avec les interviews. Je sais que c'est une de vos catégories préférées sur ce blog. Mais il faut savoir que c'est également beaucoup de travail, je peux vous l'assurer. Après les plaintes, passons au plaisir. Au plaisir de recevoir un personnage de la pêche à la mouche. Vous l'avez déjà surement lu ou du moins, vous avez déjà admiré ses photos, c'est certain. Je reçois aujourd'hui Benoit Ledoyen, pêcheur à la mouche aux multiples qualités et comme on dit, une vraie belle personne, régalez-vous.

Nicolas : Salut Benoit ou plutôt Ben. Peux-tu nous faire une petite présentation s’il te plait pour commencer cette interview.

Ben : Salut Nicolas. Que dire, je viens d’avoir 34 ans, pêcheur depuis l’âge de 12 ans, je vis dans un petit coin de campagne à 45 minutes de Paris. Cependant, j’ai la chance d’avoir un petit pied à terre à coté de Beaulieu sur Dordogne où dès que je peux, j’y file pour assouvir ma passion !

Mon invité !

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Nicolas : Racontes-nous un peu tes premiers pas à la pêche.  Qu’est ce qui a fait qu’un jour, tu te sois passionné de pêche.

Ben : Je pense que la passion au début n’était pas forcément le mot, c’était plus un moyen de passer le temps. A la campagne, les activités sont un peu restreintes, les parties de pêche avec le papy furent mes premiers pas au bord de l’eau…Vairons, goujons, pleins de petits cours d’eau qui aujourd’hui n’existent presque plus. Par la suite, j’ai commencé à fréquenter mon cousin qui par chance habitait à la jonction Cère / Dordogne…Et la commença l’aventure.
Au début j’ai touché un peu à tout, pêche des barbeaux à l’anglaise, du toc, un peu de cuiller, et un jour on me mis un fouet dans les mains ! Et là, je n’ai plus jamais touché autre chose, comme pris d’une addiction.
Ensuite, j’ai eu la chance tout au long de mon parcours de pêcheur de tomber sur les bonnes personnes, Eric Leboucher qui m’a mis le pied à l’étrier, et mon amiral avec qui je partage énormément maintenant, mais je reviendrai sur lui plus tard.

Nicolas : Si je ne me trompe pas, ta rivière de cœur est la Dordogne. Ca tombe bien, parce que je ne la connais pas du tout. Qu’évoque cette rivière pour toi ? Parles-nous d’elle s’il te plait.

Ben : Par où commencer ! Comme tout endroit où on a grandit, il y a déjà une attache sentimentale, depuis le nombre d’années que je la parcoure, je n’ai pas encore réussi à la visiter entièrement. Au début, je prospectais à vélo plutôt coté Lotois, puis en scooter, et maintenant en voiture. Cela fait que j’ai agrandi mes secteurs au fil du temps, pour maintenant  pêcher la Dordogne sur plus de 35km.
Elle a un profil assez différent sur sa partie lotoise, que sur sa partie corrézienne, mais elle inspire toujours la même sensation de grandeur. C’est une rivière relativement difficile à pêcher, aucun jour ne se ressemble et c’est pour cette raison que je l’apprécie, elle remet en question à chaque partie de pêche. Quand je suis au bord de cette rivière, cela est égoïste de dire ça, mais j’ai l’impression que la vie s’arrête, que le temps est figé, plus de femme, plus d’enfant, plus de problèmes…Juste du plaisir ! Et tant que j’aurai ce sentiment, je sais où aller pour me ressourcer !

La belle !

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Nicolas : On reviendra à la pêche plus tard. De mon côté, je t’ai connu à travers tes photographies. Tes photos de pêche sont un délice, pourtant, tu as débuté la photo dans un tout autre domaine non ? 

Ben : Tout à fait. Après être sortie d’une école photo, j’ai été embauché dans une agence de presse sportive. J’ai pu faire ce métier pendant sept ans avant de devoir le quitter pour des raisons médicales. J’en garde un super souvenir, parcourir la France, tous les terrains de foot, rugby, les omnisports, enfin tout ce qui est sport à haut niveau. Ce fut une chance et un privilège de pouvoir le faire, de belles années. Mais la pêche était largement mis de coté, je ne pêchais que trois semaines par an. Aujourd’hui cela serait impossible. Faire de la photo pro et avoir ce rythme de vie. Beaucoup de gens l’ignore, mais je ne vois plus de l’œil droit, ce qui m’a imposé de changer de voix professionnelle.

Rhooo, merci Ben pour cette photo, l'Aigle des Açores ! J'étais un grand fan !

- PSGParisSaintGermain/Lyon OL- 28.10.2007

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Nicolas : Aujourd’hui, tu continues à faire de la photo pour le magazine Pêche Mouche en autre non ? Tu travailles avec eux également dans le descriptif de fiches de montage de mouches ?  

Ben : Oui, tout à fait. Si je ne me trompe pas, je rentre dans la 5ème année avec l’équipe de Pêche mouche, déjà ! Ca passe vite ! J’espère encore les suivre quelques années et continuer à partager le montage de mouches et pourquoi pas un peu plus par la suite.

Un grand professionel.

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Nicolas : En parlant de montage de mouches, tu fais parti des quelques extra-terrestres du pays. Tes montages sont à la fois pêchants, propres et d’un esthétique incroyable. Tu es passionné de montage depuis tes premiers pas avec une canne à mouche ?  

Ben : Tout d’abord merci, c’est gentil. Effectivement, j’ai commencé le montage la même année où j’ai débuté la pêche à la mouche. Pour moi, les deux sont indissociables, ou alors il manque une roue au carrosse. Mon cousin et moi-même avons commencé à monter des mouches pour un petit magasin vers chez nous quand on avait 13/14 ans. L’approche des matériaux, la facilité de les trouver ont fait que l’on prenait cela comme un jeu et surtout comme un petit plus pour mettre de l’essence dans le scooter. Cependant, j’ai monté pour pêcher à la base, la passion du montage est venue bien plus tard.

Je vous laisse en prendre plein les yeux !

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Nicolas : Vu la qualité de tes imitations, j’imagine que tu vas au bout des choses en matière de matériaux. Je crois même qu’avec un ami tu commercialises des plumes ? 

Ben : J’aime la qualité car je pars du principe que l’on ne fera pas une jolie mouche avec des matériaux de M….. Par contre, on peut prendre du poisson avec une mouche de M…..Ca, j’en suis persuadé. Mes mouches de pêche ne sont pas le reflet de ce que je peux faire en fly art, peut-être jolies pour certain, mais ce n’est pas ce que je leur demande. J’aime surtout me donner des objectifs, des contraintes de montage, des trucs qui ne servent à rien dans le fond, mais qui apportent de la minutie et une approche différente des montages traditionnels.
Effectivement, depuis un ou deux ans, j’ai décidé de mettre en valeur les plumes de ma région. Après de longues années de recherche, je suis tombé sur Laurent qui pour moi est « Le gardien du temple » de la race limousine en France. Sa gentillesse et notre implication ont fait qu’on a voulu ouvrir cette opportunité grâce à internet et aux pêcheurs désireux de connaitre la rolls rolls des plumes (avec le Pardo). Aujourd’hui, nous travaillons sur des génétiques afin d’améliorer la finesse des hackles, la longueur en amenant d’autres gènes et en appliquant une sélection très stricte.

De la plume de très haute qualité, le must !

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Nicolas : Pour mon plaisir et celui des lecteurs de ce blog, tu peux nous mettre une ou deux photos d’un montage avec sa fiche « made in Ben » stp, merci. 

Ben : Alors oui pas de soucis, je peux te donner une copie de ce que les lecteurs peuvent trouver dans le magazine Pêche Mouche, par contre par déontologie avec le magazine, je n’en produit pas ou plus sur d’autres supports. Ils ont l’exclusivité.

Cliquez sur les photos pour mieux en profiter de ces deux fiches détaillées.

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Nicolas : Le montage de cannes devient lui aussi une passion envahissante chez toi. Que recherches-tu à travers cela ?  

Ben : Je ne dirais pas une passion, plutôt une curiosité, une envie de découvrir autre chose. Je ne pense pas avoir fait le tour du montage de mouches, mais j’avais depuis plusieurs années envie de tester. Mon but n’est pas de monter des cannes à outrance, loin de là, plutôt essayer de confectionner une canne qui répond à la façon dont on pêche en collaboration avec Christophe. Pour le moment je me fais la main, chaque chose en son temps, mais le but est là.

Il sait tout faire ce Ben !

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Nicolas : Pour mieux connaître l’homme, parles-nous de tes autres passions que sont la coutellerie et les champignons ?

Ben : Alors merci papy encore une fois. Les champignons, c’est le plaisir de me retrouver dans la nature, de plus, je peux y emmener mon fils maintenant et c’est un moyen de passer du bon temps avec lui. Les couteaux, car tout bon campagnard qui se respecte en a toujours un dans la poche, je ne saurais expliquer, l’amour des lames. Mais j’aime globalement tout ce qui est du travail artisanal, tout ce qui tourne autour du bois.
Je rajoute aussi celle de filmer, nous avons créé il y a quelques temps Caddis production, où on essaye avec modestie, de nous faire plaisir à l’image.

Magnifique.

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Nicolas : Revenons à la pêche. La Dordogne est connue comme une rivière à ombres. Mais toi, tu es plutôt du genre « truiteux », je me trompe ? 

Ben : Non tu ne te trompe pas ! Comme dit ma femme, le jour où je la tromperai, cela sera avec une fille à point rouge et noir ^^. J’admire ce poisson, sa robe, son esthétisme. Pour moi, sa pêche est complètement différente de celle de l’ombre. J’aime aussi les groins, mais on va dire que sur une rivière comme la Dordogne, la possibilité de les pêcher en fin d’année du faite quelle soit une seconde, fait que je les laisse tranquilles pendant la saison de la truite. Je privilégie alors celle-ci. Cependant, je passe quelques bonnes journées à  pêcher les ombres à vue sur d’autre cours d’eau.

Ces gros points noirs, rhooo !

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Nicolas : C’est une rivière qui est difficilement pêchable à vue. Ta pêche de prédilection sur ce cours d’eau est la pêche au fil, mais pratiquée d’une façon bien particulière. Je crois que c’est la rencontre d’un homme de la Sioule qui en est à l’origine, racontes-nous.

Ben : Cet homme est à l’origine de ce que je suis aujourd’hui en tant que pêcheur. Son nom : Christophe Masset , alias « l’amiral » pour nous. Il y a des rencontres dans une vie qui nous changent. Ce fut le cas pour moi. Quand je l’ai rencontré il y a maintenant presque dix ans, j’étais avec des copains à attendre que ça gobe, tout simplement. 
Il est arrivé, nous a demandé s’il pouvait pêcher et là spectacle ! Une nymphe ! Kesako ! J’ai su ce jour là que si je voulais évoluer dans ma pêche, j’avais besoin de connaitre et rencontrer quelqu’un comme lui. De plus, notre rencontre s’est faite sur un spot qui est celui où j’ai tout appris, comme par hasard, c’était un signe ! Sûrement ! 
Au début nous avons fait connaissance, la distance ne nous aidait pas à nous recroiser. Et une année, il m’a prit sous son aile, des mois intensifs, autant dire l’armée pour moi. Il m’a apprit sa technique qu’il a mis au point pour la Dorgogne même s’il l’applique avec grande classe aussi sur sa rivière, la Sioule. De là est née une relation particulière. Si je travaille à Pêche Mouche , c’est aussi grâce à lui. Il a su me faire prendre conscience de ma technique de pêche et de montage, de l’exploiter et surtout d’y avoir confiance…Sans lui, je ne te parlerais même pas aujourd’hui, je ne pense pas que j’aurai raccrocher les cannes, mais je ne serai pas aussi impliqué et passionné. Maintenant, je le compte comme les gens de ma famille, c’est plus qu’un professeur à mes yeux. Et s’il me lit : Mon amiral, MERCI ! On a encore, je l’espère, beaucoup de choses à vivre :-)

On a tous un "mentor"

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Nicolas : Malgré cela, la pêche à vue ne te laisse pas indifférent n’est-ce-pas ?

Ben : Non, j’adore ça ! Je ne sais pas si c’est la traque ou la pêche que je préfère, mais c’est un coté de la pêche que j’essaye d’affiner…Le chemin est encore long car les rivières que je fréquente ont difficilement cet avantage.  Mais la pêche à vue m’a aidé aussi dans ma technique de nymphe au fil à connaitre mes densités, mes animations, tout est plus facile à corriger quand on voit son erreur que lorsque l’on pêche à 30 mètres. Pour moi, je l’ai abordé au début comme complément et maintenant j’en fait une pêche à part. L’adrénaline est relativement plus forte, je crois que c’est ça qui me botte.

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Nicolas : Mise à part la Dordogne, quelles sont les rivières qui ont marqué ton parcours de pêcheurs à la mouche et pourquoi ?

Ben : LA SIOULE ! Car putain j’en ai « chié au début ». Rivière école par excellence ! C’est là où j’ai appris avec Christophe et là où j’ai découvert une seconde famille ! (ils se reconnaitront).
         La BIENNE ! Car j’ai passé peut-être un de mes meilleurs trips de pêche, en compagnie de Francois.
         Le DESSOUBRE / LA VALSERINE  pour les rencontres et les gens avec qui je suis parti…L’équipe JMC dans sa totalité et bien d’autres…
         Après je suis un peu comme toi Nico, j’ai du mal à bouger mes fesses autre part que sur la Dordogne (pour toi la HRA)…Je n’en ressens pas l’envie, j’aime découvrir de temps à autre, mais je ne suis pas à la recherche du poisson de ma vie, mais plutôt d’une ambiance, de pots,  j’aime être là où je me sens le mieux.

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Nicolas : Comme je me suis bien renseigné, il parait que tu as un surnom qui rappelle un certain coyote !  Pourquoi tes potes ont-ils choisi ce surnom de Bip Bip ;-) ?

Ben : Alors ce n’est pas tout le monde, seulement quelques uns qui me surnomme comme cela, ils ont été gentil avec toi car j’en ai plusieurs :-) Certains font plus référence à ma touffe de cheveux ;-), mais ils m’ont donné ce surnom car je marche beaucoup, trop même ! Mais j’ai besoin de me défouler, et apparemment ils ont du mal à suivre ! 

Nicolas : Tu es tout jeune papa également. J’imagine qu’un peu comme moi tu es comme un dingue de pouvoir emmener ton fils à la pêche ? 

Ben : Arfff je vais déjà préférer l’emmener au foot ;-). Et oui, cela serait plus lucratif pour moi. La pêche, on y gagne pas grand chose, le foot par contre…Comme ça, il pourra payer des voyages de pêche à son père plus tard. Non, blague à part, c’est indescriptible de partager une passion avec son fils. Je n’ai pas eu la chance d’en partager avec mon père, forcément c’est quelque chose qui me tient à cœur. Il fera comme il en a envie, mais il est évident que je serai son premier supporter dans n’importe lequel de ses choix !! Je rêve et attend avec impatience le premier jour ou il me ramènera une truite.

Le rêve de tout papa pêcheur.

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Nicolas : Pour terminer cette interview, racontes-nous un de tes plus beau souvenir de pêche. 

Ben : Pfff j’en ai plein ! Cela fait des années que j’en partage tous les étés avec mes amis Nassim, Tony, Francois, et les sioulistes. Nous ne sommes pas beaucoup dans notre groupe mais on essaye toujours d’aller à la pêche ensemble.
Mais si je dois en donner un, assurément celui de cet été avec l’amiral. Il a sorti l’un de ses plus beaux poisson sur la Dordogne et cerise sur le gâteau, je lui épuise son poisson après avoir pris deux fois le bain. Un engagement et une satisfaction comme si on avait été deux à le pêcher.

Un thon, bravo !

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Nicolas : Merci Ben pour d’avoir accepté mon invitation. J’espère que nos chemins se croiseront de nouveau. 

Ben : Merci à toi Nico, évidement qu’ils vont se recroiser ! On va faire en sorte que se soit le cas en tout cas ;-)

Bon, on va reprendre certaines bonnes habitudes. Je ne vais pas te lâcher comme ça super Ben ! J'ai demandé à un de tes amis de nous parler de toi, pour avoir un autre angle sur ton personnage. C'est François qui s'y colle, et c'est plutôt excellent ! Je lui laisse la parole.

François Goursaud : Ma première rencontre avec Ben remonte au printemps 2013 sur les bords de la Sioule. Moi, je ne le connaissais que sur internet et il nous arrivait parfois d’échanger des mails. La veille, j’étais chez mon ami Tony dans l’Allier, Ben nous avait proposé de le rejoindre le lendemain sur un secteur long d’une dizaine de kilomètres, « Je serai avec Christophe, on aura un camion blanc » m’avait-il dit...Nous prîmes la route le lendemain matin, guettant le long de la rivière un hypothétique camion blanc quand on voyait le bord de la rivière. On aurait pu ne jamais tomber dessus, mais la chance ou les dieux de la pêche avaient du s’en mêler, et je me retrouve aujourd’hui à écrire ces quelques lignes.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, j’ai l’impression de le connaître depuis bien plus longtemps, en moins de trois ans une vraie amitié est née, avec ses bons et ses moins bons moments, mais il est devenu l’un de mes meilleurs camarades de pêche.
Ce qui est dingue chez lui, c’est sa polyvalence, sèche, nymphe à vue et bien évidemment la nymphe au fil, avec un très très long bas de ligne mis au point par son ami et mentor Christophe Masset.
Mais revenons en à notre rencontre, à ce moment je ne pêchais qu’en sèche, regardant comme beaucoup d’entre nous la nymphe avec un profond dégout, et encore plus la nymphe au fil… Mais voilà, force fut de constater après une saison de pêche à observer Ben et Christophe que ça fonctionnait très bien, trop bien même. Quel contraste saisissant entre moi, planté au milieu de la rivière comme un bâton, les bras croisés à attendre d’hypothétiques gobages, et eux, prenant du poissons à chaque sortie. 
Comme seul les idiots ne changent pas d’avis, je suis donc moi aussi passer du côté obscur des « nympheux au fil », il m’aura fallu bien deux ans pour commencer à comprendre cette technique et surtout ce lancer si spécifique né de la réflexion de Christophe, même si comme me dit Ben : « t’auras toujours un train de retard sur moi, et moi un train de retard sur Christophe ». C’est ce qui me fascine le plus dans la pêche à la mouche, la marge de progression et de perfectionnisme n’a pas de limite, on s’améliore jusqu’au bout. 
Sans ma rencontre avec Ben, je serai encore là à attendre que les poissons viennent embrasser la surface, ce qu’ils font malheureusement de moins en moins dans notre pays…Mais ça, c’est une autre histoire.

Ben dans une rivière, ça vaut le coup d’œil,  et encore plus dans celle de son cœur là où il fit ses premières armes, la Belle (la Dordogne pour les non initiés). Si vous le croisez, vous le reconnaîtrez avec ses « dreads Locks », ses longs lancers mélangeant souvent les coup droits et les revers pour poser à la perfection ce si long bas de ligne qui n’en finit pas. 
Une autre de ses caractéristiques, due probablement à son bon mètre quatre-vingt, c’est qu’il aime avoir de l’eau jusque sous les aisselles, mais il garde la tête sur les épaules, et ne se mettra jamais en danger pour aller tenter un coup juger trop dangereux sur cette grande et si belle rivière.
Je ne voudrais surtout pas le cantonner à la nymphe au fil. J’ai en mémoire ce jour de printemps où, sur la désormais trop célèbre Bienne, nous tombâmes sur un poisson qui gobait sur la berge opposée dans une veine dix fois plus lente que l’énorme veine principale qui nous séparait de lui. Je jugeai le coup trop difficile et le cédai volontiers à Ben. Un premier lancer pour ajuster la longueur et comprendre les courants, un second parfait, gobage, raté. Calme, et plaisantant, il noua une autre mouche, « pépère » comme il dit souvent. Au lancer suivant, la zebrée finit dans l’épuisette après avoir joué avec le fameux courant. 
Depuis quelques temps, il s’est motivé à progresser en nymphe à vue et là aussi il s’en sort. C’est ça Benoit Ledoyen, quelqu’un qui ne renonce pas, il ne se bloque jamais sur un échec et à soif d’apprendre. Il est toujours là pour tirer ses camarades de pêche vers le haut, y compris les débutants.
La saison est terminée depuis 2 mois, Il ne nous reste plus qu’à patienter jusqu’au printemps prochain pour retrouver notre terrain de jeu.
Merci à Nico de m’avoir proposé d’écrire ce petit texte.

Ben et François.

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Merci à tous les deux. J'ai passé un super moment à vous lire et je suis certain que les lecteurs de ce blog auront le même sentiment. Bonne continuation et tous mes voeux de réussite à tous les deux dans vos projets futurs.

samedi 10 mai 2025

Une belle journée avec mon fils.

C'est devenu plus compliqué de pêcher ensemble ces dernières saisons. Mon fils a son propre emploi du temps qui ne colle pas souvent avec le mien. Il a maintenant sa vie hors de la maison familiale et j'ai toujours la mienne. Mais pour une fois, nous étions dans le bon timing. Nous avions en tête de nous retrouver autour de midi ce vendredi pour une petite partie de pêche. Le choix du linéaire se fait comme toujours au nombre de voiture sur les parkings. Par chance, nous en avons trouvé un vide.

La rivière était parfaite pour espérer une pêche en sèche. Pour la nymphe à vue, c'était possible mais compliqué puisque l'eau n'était pas tout à fait claire. Nous voilà partis à travers champs et bois pour trouver la rivière. À notre arrivée, des mouches de toutes sortes étaient déjà bien présentes, mais pas de gobage. Nous avons cherché sans succès. Puis, mon fils, depuis la berge me dit voir un poisson en berge opposée. C'était dans un radier régulier. Pour être honnête, je n'ai jamais vu cette truite dans l'eau. Soit c'est lui qui voit au-dessus de la moyenne, soit c'est moi qui perd toujours un peu plus ou bien un peu des deux. Quoi qu'il en soit, je ne la voyais pas. Thibaut s'est glissé dans l'eau pour faire quelques mètres très lentement. Il s'est alors bloqué. Bon le père, je vois une barre devant moi mais pas certain que ce soit la truite. La luminosité était médiocre, l'eau un poil piquée et la truite était dans un radier. Bref, pas les conditions idéales pour bien voir ce poisson. Je lui dis de tenter. Thibaut a fait une première dérive mais pas comme il le souhait. La deuxième était mieux. Il a vu sa barre bouger, il a ferré, c'était pendu ! Il a poussé un cri de joie tant ce ferrage sortait de nulle part. Combat rapide en 0.165mm en pointe. Le gammare JFD-14 bien planté dans la gueule pour une très belle truite.

J'étais aux anges d'avoir assisté à ce joli coup de ligne. Partager de tels moments avec mon fils, il n'y a rien au-dessus. C'est le bonheur total.

Nous étions à la fois surpris et émerveillés de voir autant de mouches que cela soit en quantité et en diversité. Il y en avait de partout. Alors très peu de gobage, mais que de mouches ! Incroyable. Mais à force de chercher, on a bien fait 3 kilomètres de berges, nous avons trouvé un poisson gobeur. Une fois de plus je me suis posé sur la berge en spectateur. La truite gobait mais pas régulièrement. Pas simple. Il a fallut l'approcher un peu avec une hauteur d'eau en limite de waders également. Elle n'était pas donnée. Sur les premiers passages avec une olive, la truite est venue dessous pour la refuser au dernier moment. Là, j'ai bien vu le remous sous la mouche. Thibaut me sort : Pas de souci, quand il y a refus, je mets ton sedge ! Première dérive avec le sedge passe-partout et la truite est venue le prendre pleine gueule comme prévu ! Magnifique !

Côté pêche, nous en sommes restés là. C'était parfait. Un vrai bon moment père/fils comme j'en raffole ! Et la bonne nouvelle c'est les mouches, vraiment.

Père et fils heureux au bord de l'eau.

Des grandes perles en quantité.

Première truite en nymphe.

Avec un gammare JFD-14.

Des insectes de partout

Vraiment partout

La deuxième en sèche

lundi 28 avril 2025

Même 10 ans après...

10 ans après sa parution, La truite en héritage est toujours lue. Je viens d'avoir un retour qui restera dans mes plus beaux souvenirs de cette fabuleuse expérience littéraire. C'est Anthony, lui même pêcheur à la mouche, qui m'a fait part de l'intérêt de son ainé pour mon livre. Axel, jeune pêcheur déjà très talentueux, prend énormément de plaisir à lire mes histoires de pêche. En lisant l'une d'elle, il a dit à son papa : Le fils à Nicolas Germain a pris sa première grosse truite en nymphe à vue à 11 ans...Tu crois que c’est possible que j’y arrive cette année. Ce petit bonhomme a plein d'étoiles dans les yeux d'après son papa quand il a le livre en main. Il apprend de nombreuses choses à travers celui-lui.

Merci Axel, vraiment. Tu ne peux pas savoir à quel point ton plaisir est le mien également. Je te souhaite de prendre un jour cette grosse truite mais surtout de prendre avant tout énormément de plaisir au bord de l'eau avec ton papa, ton jeune frère et ton papy. C'est le principal !

Même en allant à un mariage, Axel est en pleine lecture !

mardi 22 avril 2025

Virée avec les copains !

Si avec les années je pêche de plus en plus en solo par envie et besoin, je ne suis jamais contre une petite virée avec mes potes de toujours. Nous nous voyons très peu finalement mais c'est à chaque fois comme si on ne s'était jamais quittés. Un après-midi de pêche ensemble avec de l'amitié, un joli cadre, de bons moments et quelques poissons. Tous les ingrédients pour se créer de formidables souvenirs à ajouter dans la pile que l'on a déjà en commun. Une telle partie de pêche ne peut qu'être ponctuée par une soirée bivouac mémorable. Soirée qui a duré tard dans la nuit noire. Merci les copains pour tout ça !

Fred avec un poisson pris en sèche.

J'ai eu la chance de prendre une truite en nymphe à vue malgré les niveaux.

Le bivouac avec Fred, Nassim et Philippe.

Plaisir du soir, pigeon et bécassines au feu de bois !

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