Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

Accès au Fly Shop Signez le livre d'or Suivez-moi sur facebook Le Fly Shop sur facebook

mercredi 18 juin 2025

Double rencontre.

Voilà bien longtemps que je ne m'étais pas prêté au jeu des histoires de pêche. Celle que je vais vous conter n’est pas banale pour diverses raisons. C’est pour cela que j’ai eu envie de partager ce récit avec vous. Bonne lecture.

Cette histoire débute au tout début du mois d’avril de cette année. C’est un des nombreux messages de mon fils la veille qui m’aiguille sur le parcours à pêcher ce jour-là. Effectivement, Thibaut avait pu observer un rassemblement de vairons. Pour lui, c’était vraiment le tout début. Les truites qui étaient autour restaient sur leur garde. Pas installées franchement les zébrées. Mais Thibaut était certain que ça allait se fixer assez vite. Il m’invita donc à me rendre à cet endroit précis le lendemain. Il m’avait aussi prévenu qu’il y avait une très belle truite que l’on connaissait de la saison passée.

Je suis donc allé directement sur la veine d’eau indiquée par mon fils. Comme annoncé, il y avait là quelques truites et de toutes évidences, elles boulotaient les vairons qui eux étaient en train de frayer. Entre parenthèses, il n’y a plus vraiment de saison pour le frai des vairons. C'est fou ! On peut assister à ce spectacle naturel de mars à septembre, c’est incroyable. Rien à voir avec ce que l’on connaissait d'avant. Pour ce frai de vairon précisément, il fallait vraiment savoir où il était. Je pense que des pêcheurs sont passés devant sans le voir. Les truites et leurs petites proies se situaient dans une veine profonde où l'eau s'écoulait à bon débit. Très dur à voir. Heureusement, j’avais les bonnes informations de mon éclaireur.

Je ne me complique pas la vie de mon côté, je pêche ces poissons avec une cuivre. Comme la plupart du temps d’ailleurs dans d’autres situations. L’avantage est de pouvoir utiliser une pointe de gros diamètre. J’ai noué à mon 17 centièmes une cuivre très plombée montée sur un tiemco TMC9300 en taille 12. Un bon casse-croûte quoi ! Je vous avoue que je pêchais sans grande maîtrise. Les poissons étaient visibles, certes, mais c’étaient en fait plus des masses jaunâtres en mouvement qu’autre chose. J’ai bien vu comme mon fils ce poisson plus long que les autres. Mais pour cibler précisément un poisson avec ce débit et cette hauteur d’eau, je ne savais pas faire. Je faisais donc des dérives au petit bonheur la chance en fixant ce que je voyais des poissons pour déceler ce qui était pour moi la prise de ma nymphe. Assez vite j’ai pensé qu’un des poissons s’était décalé. J’ai ferré. La truite était prise. Un joli poisson. Un autre quelques minutes après puis une truite qui s’est décrochée assez vite. J’avais fait de la place. Il restait deux poissons dont cette grande truite. J’ai tenté d’être plus précis et sur une dérive, il m’a semblé que le poisson a fait un mouvement sur le côté. J’ai ferré sans me poser de questions. C’était au bout ! C’était ce long poisson. La truite n’a pas fait un gros combat et pour cause, je l’ai trouvé un peu maigre. Mais quand même, cela n’a pas été simple non plus. Et puis, quel régal d’avoir un tel poisson dans le filet. Je ne cours pas du tout après ces poissons. Je pêche le tout-venant. La preuve encore une fois, je ne l’ai pas du tout priorisée sur ce poste. J’ai capturé des poissons plus petits avant elle. Malgré tout cela me fait toujours plaisir. Elle dépassait largement ma marque des 60 sur l’épuisette. Je l’ai remis à l’eau assez vite. Elle est repartie lentement. Il lui manquait bien 3 ou 400 grammes. J’avais des craintes sur sa faculté à vivre après cette capture.

Les semaines ont passé, les parties de pêche se sont enchaînées. Nous voilà au début du mois de mai, soit un peu plus de 4 semaines plus tard. C’était une journée de pêche peu prolifique comme il y en a de plus en plus souvent chez nous. Mais bien ou pas, je reste au bord de l’eau. Je marche, j’observe, je reste attentif, je profite d'être là. Il peut toujours se passer quelque chose d’inattendu. Alors que je remontais sur la berge le long d’un radier peu profond, une barre noire attire mon regard en berge opposée. C’est bien simple, cette vision, je ne l’avais jamais eu. Une grande barre noire qui montait du fond pour venir percer la surface avec sa mâchoire supérieure afin d'aspirer les éphémères qui dérivaient en surface. Mais que fait un tel poisson ici ??? Je suis passé tellement souvent sur ce linéaire sans jamais avoir rien vu. Et là, ce n’est pas une truite comme les autres. Ce n’est pas un poisson en fuite ou inactif. Non, c’est une grande truite qui gobe ! Je l’ai regardé faire un moment. Ces scènes sont si rares ici. Chez nous, ce genre de poissons gobent peu. J’ai profité du spectacle tout en analysant son menu. J’ai fait le choix de nouer une passe-partout olive. Elle se régalait de ces petites éphémères.

J’ai pris encore du temps pour me positionner. Je ne voulais pas basculer sur les fesses dans le radier. Je me suis placé à 10 mètres d’elle et un peu en amont pour présenter la mouche avant la pointe…Toujours en 17. C’était le coup de rêve sincèrement. Le coup de pêche qui vous arrive une ou deux fois dans votre vie. Pour moi, c’était la deuxième fois en 40 saisons. Un tel poisson qui gobe. Devant moi. Et que je pouvais voir ! Je m’applique sur mon geste. Ma mouche se pose 2 mètres au-dessus d’elle. Elle débute sa dérive. Je fais le choix de la quitter des yeux pour me fixer sur la truite. La voilà qui monte en surface. Lentement. Sur d’elle. Sa gueule s’ouvre, son museau sort de l’eau. Elle redescend en fermant sa gueule. Ferrage !

Gros combat dans le bouillon puisque bien entendu, dès quelle a senti le fer, elle est allée dans la veine centrale. La plus puissante. La plus profonde. Heureux d’avoir du gros fil sur le coup. La truite a fini par se rendre non sans mal. Je l’ai glissé dans l’épuisette.

J’étais en admiration devant la beauté de ce poisson. Vraiment. Des truites de plus de 60 en sèche, je n’en ai pas pris des wagons ici. Encore une fois, c’est extrêmement rare. J’en ai profité le temps qu’elle reprenne ses esprits. Puis je l’ai relâché.

Comme à chaque fois, j’envoie de suite la photo à mon fils. A réception, il me téléphone. Il me félicite et me demande où je suis. Je lui explique. De suite, il comprend tout ce qui à moi ne mettait même pas venu à l’esprit. Il me demande de lui renvoyer une photo du beau poisson que j’avais capturé début avril. C’est le même poisson papa ! Effectivement, Thibaut avait tout compris. C’était bien la même truite. Je l’ai pris deux fois à 4 semaines d’intervalle. Sur deux postes distants de 150 mètres. Une fois en nymphe, une fois en sèche.

La deuxième fois, je ne l’ai pas reconnue parce qu’elle avait repris beaucoup de poids. Mes craintes du premier relâché étaient donc effacées. Elle n’a pas fait semblant de se nourrir en 4 semaines ! De plus, sur cette deuxième capture, j’ai pris un repère précis sur mon épuisette parce que mon fils m’engueule à chaque fois ! Ce poisson fait donc 64 centimètres. Cette truite devient mon nouveau record en sèche. Mon ancien record est en couverture de mon bouquin avec 1 centimètre de moins. Mais toujours en sèche à vue. Le graal.

Merci de m'avoir lu. C'est d'ailleurs le dernier article avant au moins deux semaines puisque je vais être absent. Donc pas de blog. Et pas de Fly Shop. Pour rappel, je suis fermé du 20 juin au 6 juillet inclus.

A bientôt !

dimanche 15 juin 2025

N°957 de La Pêche et les Poissons

Ce court billet pour vous informer de la sortie ce jour en kiosque du numéro 957 de La Pêche et les Poissons. C'est un numéro vraiment spécial pour cette revue emblématique du monde de la pêche car le magazine fête ses 90 ans d'existence. Une longévité exceptionnelle. L'équipe rédactionnelle est allée retrouver les archives de l'époque. C'est à ne pas manquer.

À titre personnel, c'est également un évènement spécial puisque parait à l'intérieur de ce numéro mon tout premier article. Vous le trouverez sur les pages 38 à 43.

Bonne lecture !

mercredi 11 juin 2025

Antoine Greiller, nouveau boss de Field and Fish.

Field and Fish, marque française bien connue dans le domaine des vêtements techniques pour la pêche à la mouche, change de « Boss ». Quinze ans après la création de cette enseigne par Frédéric Leroy, c’est aujourd’hui Antoine Greiller qui reprend les commandes. Merci à Antoine de répondre à mes questions.

Nicolas : J’imagine qu’on ne peut pas reprendre une telle marque sans être pêcheur ! Peux-tu s’il te plait nous faire une petite présentation.

Antoine : Bonjour Nico, et merci pour ta démarche et de me proposer la parole, c’est très agréable. En effet, je suis tombé dans chaudron de la pêche tout petit. Mon Papa était à l’époque bien occupé par son activité professionnelle. Mon grand-père, chasseur et pêcheur, m’a initié au bord de la mare familiale qu’il avait creusé sur un tout petit terrain privé au-dessus de Frangy en Haute-Savoie. Il était un amoureux de la terre, de nature, et donc de chasse et de pêche. Il s’était créé un jardin « botanique » avec deux mares dans lesquelles carpes et gardons étaient présents. J’ai donc commencé à taquiner au coup. Il m’a ensuite emmené au Rhône à Seyssel, puis sur les bords du Fier. Et plus je grandissais, plus j’ai pu arpenter les rives escarpées des ruisseaux pour aller chercher dame Fario. Mon Papa, vétérinaire rural, a repris la pêche pour moi. Je partais avec lui les mercredis lors de sa tournée, il me déposait au bord de la Dranse d’Abondance, et me récupérait quelques heures plus tard. Adolescent, je partais à vélo depuis la maison avec des copains, ça nous a coûté quelques crevaisons et retours sous les orages mais ce sont de grands souvenirs. J’ai ensuite débarqué au Lycée Agricole de Poisy où j’ai rencontré pas mal de mordus avec entre autres, Jérôme Servonnat (Fly Casting Lab) et Grégoire Juglaret, qu’on ne présente plus. Là, la mouche est devenue une évidence, l’art du lancer, le montage, la connaissance des milieux, la philosophie de cette pêche, c’était un ensemble auquel je ne pouvais plus échapper. J’ai fait ensuite quelques années en compétition chez les jeunes puis en sénior, cela m’a porté jusqu’en D1 rivière… un passage rapide et furtif, il faut bien l’avouer. Je suis passé par le club de Cran-Gevrier, le GPS Lyon Centre et enfin Le CMVT, que je n’ai plus quitté, lien affectif même si le temps me manque pour rejoindre plus souvent l’Alsace et surtout les amis qui y sont. Côté professionnel, j’ai eu une carrière dans la protection de l’environnement en intégrant d’abord l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage puis l’Office Français de la Biodiversité. Je me suis donné corps et âme à ce métier passion. Pour diverses raisons, j’avais besoin de rebondir et la reprise de Field and Fish était une belle opportunité, et un sacré challenge.

Nicolas : La passion de la pêche ne suffit pas pour ce genre de défi. Quelles ont été tes autres motivations pour te lancer dans cette aventure ?

Antoine : De ce côté-là, ce défi est un peu fou. Lâcher un boulot stable avec un statut pareil, pour un boulot où gagner sa vie n’est pas chose évidente, c’est parfois assez compliqué à gérer dans ma tête mais je suis déterminé à faire perdurer et développer Field and Fish. Après avoir connu la fonction publique, j’avais envie de travailler pour moi, de m’investir autant que ce que je faisais mais avec des objectifs et des motivations plus personnels. En fait, j’ai toujours été passionné par le « bon matériel », trouver ce qui est le plus adapté à ma pratique, à un bon rapport qualité/prix. En tant que pratiquant, je ne suis pas du genre à flamber, je pointe mes besoins et je cherche ce qui est le plus adapté. La reprise de Field and Fish est en partie motivée par cette envie de créer des vêtements et des bagages de pêche pour les différentes pratiques et pour répondre au plus juste aux besoins des pêcheurs. La marque a toujours écouté les retours clients et su faire évoluer ses produits. Je vais vraiment axer mon travail sur ce principe, qui est pour moi, primordial.

Nicolas : La base de produits est solide, la philosophie est claire. Tu vas t’appuyer dessus ou tu souhaites faire un peu différemment ?

Antoine : Je ne vais pas révolutionner les choses. Effectivement, la base est solide, les choix des matières utilisées sont déjà réfléchis, je vais continuer en ce sens. Ayant travaillé dans la protection de l’environnement, il est clair que je mettrai toute mon énergie à élaborer des produits respectueux de l’environnement, sans matières ou produits controversés, en utilisant une production propre, minimisant les impacts environnementaux. Je ne souhaite pas produire à tout prix, et j’ai besoin de savoir que les cours d’eau à l’arrière des ateliers qui produiront les effets de la marque soient en bonne santé et ne subissent d’agressions de la part de cette activité. Il y a du boulot et ça va prendre du temps mais j’y tiens. J’espère aussi que la clientèle comprendra cette démarche et que cela a aussi un coût. Un waders confectionné avec un tissu labellisé, sans PFOA et de qualité ne peut pas être au même prix qu’un waders avec un tissu bas de gamme, dont on ne connaît pas grand-chose du process de fabrication. Je ne souhaite pas me limiter au monde de la mouche et je souhaite rajeunir un peu l’image de la marque. Je souhaite également proposer des solutions pour faire durer les produits le plus longtemps possible. Nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir un quotidien fait de consommables de courte durée. Pour cela, la qualité des produits est forcément le premier point à travailler, rien n’est jamais acquis. Le second point consiste à trouver des solutions pour entretenir et réparer l’existant. Cette offre est peu développée dans le monde de la pêche. Les grandes marques d’outdoor ont déjà amorcées le virage. Il est possible aujourd’hui de refaire les coutures d’un waders, remplacer une portion de tissu endommagée ou changer un chausson. Je travaille depuis quelques semaines avec un atelier local, basé à Annecy. Il est équipé de toutes les machines d’usine. Le personnel est capable d’intervenir sur tous les vêtements techniques. A titre d’exemple, j’ai pu proposer à un client une réparation sur l’un de nos waders. Ce dernier avait plus de 8 ans ! J’avoue que j’étais sceptique, la membrane s’était déchirée au-dessus de l’entrejambe. J’ai déposé le waders à l’atelier, le lendemain 14 h, le waders était prêt à repartir à l’eau avec un empiècement tout neuf, recousu, et avec une nouvelle étanchéité. Nous allons poursuivre les essais, et nous pourrons rapidement communiquer sur ces possibilités.

Nicolas : Cette marque a toujours eu un engagement éthique avec par exemple le 1% pour la planète. C’est quelque chose d’important pour toi ?

Antoine : Tout à fait, cela va avec ma philosophie et mon attachement à notre environnement comme bon nombre de pêcheurs passionnés. Au travers de cette fondation, il est possible de soutenir des projets et des associations locales. Il ne s’agit pas seulement de faire un chèque, et de se laver les mains, ou de faire une belle communication sur le sujet. L’idée est aussi d’être acteur du terrain et des engagements associatifs. Un partenariat existait déjà avec Rivières Sauvages, je suis en discussion pour continuer le chemin, et en particulier soutenir les actions réalisées sur une rivière proche de la société, le Chéran. Je réfléchis également à soutenir d’autres projets environnementaux, mais chaque chose en son temps. J’espère également pouvoir appuyer une ou des fédérations notamment pour ce qui concerne l’éducation en soutenant pourquoi pas une ou des écoles de pêche, toujours dans la mesure du possible. Il y a pas mal de projets en fait…

Nicolas : Ton activité est principalement liée à un site de e-commerce mais tu es aussi présent sur certains salons. Quel est ton programme ?

Antoine : Oui, l’activité de la marque passe par son site effectivement. Une partie des clients a quand même besoin de voir et de toucher les produits avant de se décider et c’est en cela que les salons sont une belle occasion de faire découvrir les produits. Initialement, mon prédécesseur se déplaçait sur les principaux salons spécialisés pour la pêche à la mouche. Je vais continuer à être présent au SANAMA, à Muret, à Charleroi, chez nos voisins belges mais aussi à Carhaix. Tout récemment, je me suis déplacé à Nantes. Je compte développer des produits adaptés à d’autres pêches et donc me positionner sur des salons toutes pêches. Je ferai en sorte d’être présent par exemple à Strasbourg, ou à Châlon, et pourquoi pas à l’étranger comme en Suisse et en Allemagne, si je trouve des accompagnateurs pour parler allemand, j’avoue ne pas être à l’aise de ce côté-là.

Nicolas : Quels sont tes objectifs à court terme ?

Antoine : Ma principale difficulté va être de reconstituer des stocks dignes de ce nom. Être une marque a un prix, chaque produit est un investissement, les ateliers de fabrications ne font pas de cadeaux aux petits entreprises. Je ne pourrai donc pas tout faire, et il faudra établir des priorités. J’espère que les clients le comprendront et seront à terme satisfait de mon travail.

Merci Antoine pour tes réponses claires. Je te souhaite pleine réussite pour cette reprise. Longue vie à ton entreprise !

vendredi 6 juin 2025

Le début d'une belle aventure !

Je suis très heureux de vous annoncer aujourd'hui que j'ai accepté avec un immense plaisir un tout nouveau défi dans le domaine de l’écriture. Après avoir écrit un livre d'histoires de pêche en 2015, des centaines d’articles sur mon Blog depuis 2007, je suis sincèrement content d’avoir cette opportunité d’écrire pour le magazine de pêche numéro 1 en France, La Pêche et les Poissons.

Ce magazine qu’on ne présente plus est à l'attention de tous les pêcheurs, il parle de toutes les pêches et de tous les milieux. C’est le premier point qui m'a attiré. J’ai toujours vu la pêche dans son ensemble. Si par mes futurs papiers dans La Pêche et les Poissons j’arrive à convaincre un passionné de carpes ou bien encore un pêcheur au toc de tenter la fabuleuse expérience "nymphe à vue", ça sera génial.

J’ai dit oui de suite car Bill François, qui m’a contacté en tant que tout nouveau rédacteur en chef du magazine, est un homme que je suis avec attention depuis de nombreuses années. Je suis même assez admiratif des projets qu’il met en place depuis sa victoire au concours d’éloquence de France2 il y a 6 ans. Des livres passionnants tellement bien écrits, des conférences incroyables, un savoir scientifique extraordinaire et surtout un amour pour la pêche et les poissons qui donne vraiment envie de travailler avec cet homme. De plus, il a mis en place ces dernières semaines une équipe extraordinaire autour de ce magazine. Très heureux d'en faire partie.

Merci infiniment Bill pour cette opportunité que tu m’as donné. Merci aussi pour ta visite ce jour à l'atelier, c'était un régal de pouvoir échanger avec toi. J’espère être à la hauteur des attentes de l’équipe rédactionnelle et de celle des lecteurs de La Pêche et les Poissons.

jeudi 5 juin 2025

Benoit Ledoyen

Mise à jour du 05-06-2025 : Je remets en ligne cet article daté de 2015 suite au décès aussi brutal que tragique de notre ami Benoit. Je présente ici mes plus sincères condoléances à toute sa famille et ses amis.

Me voilà de retour aux affaires avec les interviews. Je sais que c'est une de vos catégories préférées sur ce blog. Mais il faut savoir que c'est également beaucoup de travail, je peux vous l'assurer. Après les plaintes, passons au plaisir. Au plaisir de recevoir un personnage de la pêche à la mouche. Vous l'avez déjà surement lu ou du moins, vous avez déjà admiré ses photos, c'est certain. Je reçois aujourd'hui Benoit Ledoyen, pêcheur à la mouche aux multiples qualités et comme on dit, une vraie belle personne, régalez-vous.

Nicolas : Salut Benoit ou plutôt Ben. Peux-tu nous faire une petite présentation s’il te plait pour commencer cette interview.

Ben : Salut Nicolas. Que dire, je viens d’avoir 34 ans, pêcheur depuis l’âge de 12 ans, je vis dans un petit coin de campagne à 45 minutes de Paris. Cependant, j’ai la chance d’avoir un petit pied à terre à coté de Beaulieu sur Dordogne où dès que je peux, j’y file pour assouvir ma passion !

Mon invité !

1.JPG

Nicolas : Racontes-nous un peu tes premiers pas à la pêche.  Qu’est ce qui a fait qu’un jour, tu te sois passionné de pêche.

Ben : Je pense que la passion au début n’était pas forcément le mot, c’était plus un moyen de passer le temps. A la campagne, les activités sont un peu restreintes, les parties de pêche avec le papy furent mes premiers pas au bord de l’eau…Vairons, goujons, pleins de petits cours d’eau qui aujourd’hui n’existent presque plus. Par la suite, j’ai commencé à fréquenter mon cousin qui par chance habitait à la jonction Cère / Dordogne…Et la commença l’aventure.
Au début j’ai touché un peu à tout, pêche des barbeaux à l’anglaise, du toc, un peu de cuiller, et un jour on me mis un fouet dans les mains ! Et là, je n’ai plus jamais touché autre chose, comme pris d’une addiction.
Ensuite, j’ai eu la chance tout au long de mon parcours de pêcheur de tomber sur les bonnes personnes, Eric Leboucher qui m’a mis le pied à l’étrier, et mon amiral avec qui je partage énormément maintenant, mais je reviendrai sur lui plus tard.

Nicolas : Si je ne me trompe pas, ta rivière de cœur est la Dordogne. Ca tombe bien, parce que je ne la connais pas du tout. Qu’évoque cette rivière pour toi ? Parles-nous d’elle s’il te plait.

Ben : Par où commencer ! Comme tout endroit où on a grandit, il y a déjà une attache sentimentale, depuis le nombre d’années que je la parcoure, je n’ai pas encore réussi à la visiter entièrement. Au début, je prospectais à vélo plutôt coté Lotois, puis en scooter, et maintenant en voiture. Cela fait que j’ai agrandi mes secteurs au fil du temps, pour maintenant  pêcher la Dordogne sur plus de 35km.
Elle a un profil assez différent sur sa partie lotoise, que sur sa partie corrézienne, mais elle inspire toujours la même sensation de grandeur. C’est une rivière relativement difficile à pêcher, aucun jour ne se ressemble et c’est pour cette raison que je l’apprécie, elle remet en question à chaque partie de pêche. Quand je suis au bord de cette rivière, cela est égoïste de dire ça, mais j’ai l’impression que la vie s’arrête, que le temps est figé, plus de femme, plus d’enfant, plus de problèmes…Juste du plaisir ! Et tant que j’aurai ce sentiment, je sais où aller pour me ressourcer !

La belle !

3.JPG

Nicolas : On reviendra à la pêche plus tard. De mon côté, je t’ai connu à travers tes photographies. Tes photos de pêche sont un délice, pourtant, tu as débuté la photo dans un tout autre domaine non ? 

Ben : Tout à fait. Après être sortie d’une école photo, j’ai été embauché dans une agence de presse sportive. J’ai pu faire ce métier pendant sept ans avant de devoir le quitter pour des raisons médicales. J’en garde un super souvenir, parcourir la France, tous les terrains de foot, rugby, les omnisports, enfin tout ce qui est sport à haut niveau. Ce fut une chance et un privilège de pouvoir le faire, de belles années. Mais la pêche était largement mis de coté, je ne pêchais que trois semaines par an. Aujourd’hui cela serait impossible. Faire de la photo pro et avoir ce rythme de vie. Beaucoup de gens l’ignore, mais je ne vois plus de l’œil droit, ce qui m’a imposé de changer de voix professionnelle.

Rhooo, merci Ben pour cette photo, l'Aigle des Açores ! J'étais un grand fan !

- PSGParisSaintGermain/Lyon OL- 28.10.2007

PANORAMIC/00019988/000003

5.jpg

Nicolas : Aujourd’hui, tu continues à faire de la photo pour le magazine Pêche Mouche en autre non ? Tu travailles avec eux également dans le descriptif de fiches de montage de mouches ?  

Ben : Oui, tout à fait. Si je ne me trompe pas, je rentre dans la 5ème année avec l’équipe de Pêche mouche, déjà ! Ca passe vite ! J’espère encore les suivre quelques années et continuer à partager le montage de mouches et pourquoi pas un peu plus par la suite.

Un grand professionel.

15.JPG

Nicolas : En parlant de montage de mouches, tu fais parti des quelques extra-terrestres du pays. Tes montages sont à la fois pêchants, propres et d’un esthétique incroyable. Tu es passionné de montage depuis tes premiers pas avec une canne à mouche ?  

Ben : Tout d’abord merci, c’est gentil. Effectivement, j’ai commencé le montage la même année où j’ai débuté la pêche à la mouche. Pour moi, les deux sont indissociables, ou alors il manque une roue au carrosse. Mon cousin et moi-même avons commencé à monter des mouches pour un petit magasin vers chez nous quand on avait 13/14 ans. L’approche des matériaux, la facilité de les trouver ont fait que l’on prenait cela comme un jeu et surtout comme un petit plus pour mettre de l’essence dans le scooter. Cependant, j’ai monté pour pêcher à la base, la passion du montage est venue bien plus tard.

Je vous laisse en prendre plein les yeux !

16.JPG

17.JPG

18.JPG

19.JPG

20.JPG

Nicolas : Vu la qualité de tes imitations, j’imagine que tu vas au bout des choses en matière de matériaux. Je crois même qu’avec un ami tu commercialises des plumes ? 

Ben : J’aime la qualité car je pars du principe que l’on ne fera pas une jolie mouche avec des matériaux de M….. Par contre, on peut prendre du poisson avec une mouche de M…..Ca, j’en suis persuadé. Mes mouches de pêche ne sont pas le reflet de ce que je peux faire en fly art, peut-être jolies pour certain, mais ce n’est pas ce que je leur demande. J’aime surtout me donner des objectifs, des contraintes de montage, des trucs qui ne servent à rien dans le fond, mais qui apportent de la minutie et une approche différente des montages traditionnels.
Effectivement, depuis un ou deux ans, j’ai décidé de mettre en valeur les plumes de ma région. Après de longues années de recherche, je suis tombé sur Laurent qui pour moi est « Le gardien du temple » de la race limousine en France. Sa gentillesse et notre implication ont fait qu’on a voulu ouvrir cette opportunité grâce à internet et aux pêcheurs désireux de connaitre la rolls rolls des plumes (avec le Pardo). Aujourd’hui, nous travaillons sur des génétiques afin d’améliorer la finesse des hackles, la longueur en amenant d’autres gènes et en appliquant une sélection très stricte.

De la plume de très haute qualité, le must !

21.JPG

22.JPG

23.jpg

Nicolas : Pour mon plaisir et celui des lecteurs de ce blog, tu peux nous mettre une ou deux photos d’un montage avec sa fiche « made in Ben » stp, merci. 

Ben : Alors oui pas de soucis, je peux te donner une copie de ce que les lecteurs peuvent trouver dans le magazine Pêche Mouche, par contre par déontologie avec le magazine, je n’en produit pas ou plus sur d’autres supports. Ils ont l’exclusivité.

Cliquez sur les photos pour mieux en profiter de ces deux fiches détaillées.

24.jpg

25.jpg

Nicolas : Le montage de cannes devient lui aussi une passion envahissante chez toi. Que recherches-tu à travers cela ?  

Ben : Je ne dirais pas une passion, plutôt une curiosité, une envie de découvrir autre chose. Je ne pense pas avoir fait le tour du montage de mouches, mais j’avais depuis plusieurs années envie de tester. Mon but n’est pas de monter des cannes à outrance, loin de là, plutôt essayer de confectionner une canne qui répond à la façon dont on pêche en collaboration avec Christophe. Pour le moment je me fais la main, chaque chose en son temps, mais le but est là.

Il sait tout faire ce Ben !

26.JPG

Nicolas : Pour mieux connaître l’homme, parles-nous de tes autres passions que sont la coutellerie et les champignons ?

Ben : Alors merci papy encore une fois. Les champignons, c’est le plaisir de me retrouver dans la nature, de plus, je peux y emmener mon fils maintenant et c’est un moyen de passer du bon temps avec lui. Les couteaux, car tout bon campagnard qui se respecte en a toujours un dans la poche, je ne saurais expliquer, l’amour des lames. Mais j’aime globalement tout ce qui est du travail artisanal, tout ce qui tourne autour du bois.
Je rajoute aussi celle de filmer, nous avons créé il y a quelques temps Caddis production, où on essaye avec modestie, de nous faire plaisir à l’image.

Magnifique.

36.JPG

Nicolas : Revenons à la pêche. La Dordogne est connue comme une rivière à ombres. Mais toi, tu es plutôt du genre « truiteux », je me trompe ? 

Ben : Non tu ne te trompe pas ! Comme dit ma femme, le jour où je la tromperai, cela sera avec une fille à point rouge et noir ^^. J’admire ce poisson, sa robe, son esthétisme. Pour moi, sa pêche est complètement différente de celle de l’ombre. J’aime aussi les groins, mais on va dire que sur une rivière comme la Dordogne, la possibilité de les pêcher en fin d’année du faite quelle soit une seconde, fait que je les laisse tranquilles pendant la saison de la truite. Je privilégie alors celle-ci. Cependant, je passe quelques bonnes journées à  pêcher les ombres à vue sur d’autre cours d’eau.

Ces gros points noirs, rhooo !

27.JPG

28.JPG

Nicolas : C’est une rivière qui est difficilement pêchable à vue. Ta pêche de prédilection sur ce cours d’eau est la pêche au fil, mais pratiquée d’une façon bien particulière. Je crois que c’est la rencontre d’un homme de la Sioule qui en est à l’origine, racontes-nous.

Ben : Cet homme est à l’origine de ce que je suis aujourd’hui en tant que pêcheur. Son nom : Christophe Masset , alias « l’amiral » pour nous. Il y a des rencontres dans une vie qui nous changent. Ce fut le cas pour moi. Quand je l’ai rencontré il y a maintenant presque dix ans, j’étais avec des copains à attendre que ça gobe, tout simplement. 
Il est arrivé, nous a demandé s’il pouvait pêcher et là spectacle ! Une nymphe ! Kesako ! J’ai su ce jour là que si je voulais évoluer dans ma pêche, j’avais besoin de connaitre et rencontrer quelqu’un comme lui. De plus, notre rencontre s’est faite sur un spot qui est celui où j’ai tout appris, comme par hasard, c’était un signe ! Sûrement ! 
Au début nous avons fait connaissance, la distance ne nous aidait pas à nous recroiser. Et une année, il m’a prit sous son aile, des mois intensifs, autant dire l’armée pour moi. Il m’a apprit sa technique qu’il a mis au point pour la Dorgogne même s’il l’applique avec grande classe aussi sur sa rivière, la Sioule. De là est née une relation particulière. Si je travaille à Pêche Mouche , c’est aussi grâce à lui. Il a su me faire prendre conscience de ma technique de pêche et de montage, de l’exploiter et surtout d’y avoir confiance…Sans lui, je ne te parlerais même pas aujourd’hui, je ne pense pas que j’aurai raccrocher les cannes, mais je ne serai pas aussi impliqué et passionné. Maintenant, je le compte comme les gens de ma famille, c’est plus qu’un professeur à mes yeux. Et s’il me lit : Mon amiral, MERCI ! On a encore, je l’espère, beaucoup de choses à vivre :-)

On a tous un "mentor"

29.JPG

30.JPG

31.JPG

Nicolas : Malgré cela, la pêche à vue ne te laisse pas indifférent n’est-ce-pas ?

Ben : Non, j’adore ça ! Je ne sais pas si c’est la traque ou la pêche que je préfère, mais c’est un coté de la pêche que j’essaye d’affiner…Le chemin est encore long car les rivières que je fréquente ont difficilement cet avantage.  Mais la pêche à vue m’a aidé aussi dans ma technique de nymphe au fil à connaitre mes densités, mes animations, tout est plus facile à corriger quand on voit son erreur que lorsque l’on pêche à 30 mètres. Pour moi, je l’ai abordé au début comme complément et maintenant j’en fait une pêche à part. L’adrénaline est relativement plus forte, je crois que c’est ça qui me botte.

32.JPG

Nicolas : Mise à part la Dordogne, quelles sont les rivières qui ont marqué ton parcours de pêcheurs à la mouche et pourquoi ?

Ben : LA SIOULE ! Car putain j’en ai « chié au début ». Rivière école par excellence ! C’est là où j’ai appris avec Christophe et là où j’ai découvert une seconde famille ! (ils se reconnaitront).
         La BIENNE ! Car j’ai passé peut-être un de mes meilleurs trips de pêche, en compagnie de Francois.
         Le DESSOUBRE / LA VALSERINE  pour les rencontres et les gens avec qui je suis parti…L’équipe JMC dans sa totalité et bien d’autres…
         Après je suis un peu comme toi Nico, j’ai du mal à bouger mes fesses autre part que sur la Dordogne (pour toi la HRA)…Je n’en ressens pas l’envie, j’aime découvrir de temps à autre, mais je ne suis pas à la recherche du poisson de ma vie, mais plutôt d’une ambiance, de pots,  j’aime être là où je me sens le mieux.

37.jpg

33.jpg

Nicolas : Comme je me suis bien renseigné, il parait que tu as un surnom qui rappelle un certain coyote !  Pourquoi tes potes ont-ils choisi ce surnom de Bip Bip ;-) ?

Ben : Alors ce n’est pas tout le monde, seulement quelques uns qui me surnomme comme cela, ils ont été gentil avec toi car j’en ai plusieurs :-) Certains font plus référence à ma touffe de cheveux ;-), mais ils m’ont donné ce surnom car je marche beaucoup, trop même ! Mais j’ai besoin de me défouler, et apparemment ils ont du mal à suivre ! 

Nicolas : Tu es tout jeune papa également. J’imagine qu’un peu comme moi tu es comme un dingue de pouvoir emmener ton fils à la pêche ? 

Ben : Arfff je vais déjà préférer l’emmener au foot ;-). Et oui, cela serait plus lucratif pour moi. La pêche, on y gagne pas grand chose, le foot par contre…Comme ça, il pourra payer des voyages de pêche à son père plus tard. Non, blague à part, c’est indescriptible de partager une passion avec son fils. Je n’ai pas eu la chance d’en partager avec mon père, forcément c’est quelque chose qui me tient à cœur. Il fera comme il en a envie, mais il est évident que je serai son premier supporter dans n’importe lequel de ses choix !! Je rêve et attend avec impatience le premier jour ou il me ramènera une truite.

Le rêve de tout papa pêcheur.

34.JPG

35.JPG

Nicolas : Pour terminer cette interview, racontes-nous un de tes plus beau souvenir de pêche. 

Ben : Pfff j’en ai plein ! Cela fait des années que j’en partage tous les étés avec mes amis Nassim, Tony, Francois, et les sioulistes. Nous ne sommes pas beaucoup dans notre groupe mais on essaye toujours d’aller à la pêche ensemble.
Mais si je dois en donner un, assurément celui de cet été avec l’amiral. Il a sorti l’un de ses plus beaux poisson sur la Dordogne et cerise sur le gâteau, je lui épuise son poisson après avoir pris deux fois le bain. Un engagement et une satisfaction comme si on avait été deux à le pêcher.

Un thon, bravo !

38.JPG

Nicolas : Merci Ben pour d’avoir accepté mon invitation. J’espère que nos chemins se croiseront de nouveau. 

Ben : Merci à toi Nico, évidement qu’ils vont se recroiser ! On va faire en sorte que se soit le cas en tout cas ;-)

Bon, on va reprendre certaines bonnes habitudes. Je ne vais pas te lâcher comme ça super Ben ! J'ai demandé à un de tes amis de nous parler de toi, pour avoir un autre angle sur ton personnage. C'est François qui s'y colle, et c'est plutôt excellent ! Je lui laisse la parole.

François Goursaud : Ma première rencontre avec Ben remonte au printemps 2013 sur les bords de la Sioule. Moi, je ne le connaissais que sur internet et il nous arrivait parfois d’échanger des mails. La veille, j’étais chez mon ami Tony dans l’Allier, Ben nous avait proposé de le rejoindre le lendemain sur un secteur long d’une dizaine de kilomètres, « Je serai avec Christophe, on aura un camion blanc » m’avait-il dit...Nous prîmes la route le lendemain matin, guettant le long de la rivière un hypothétique camion blanc quand on voyait le bord de la rivière. On aurait pu ne jamais tomber dessus, mais la chance ou les dieux de la pêche avaient du s’en mêler, et je me retrouve aujourd’hui à écrire ces quelques lignes.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, j’ai l’impression de le connaître depuis bien plus longtemps, en moins de trois ans une vraie amitié est née, avec ses bons et ses moins bons moments, mais il est devenu l’un de mes meilleurs camarades de pêche.
Ce qui est dingue chez lui, c’est sa polyvalence, sèche, nymphe à vue et bien évidemment la nymphe au fil, avec un très très long bas de ligne mis au point par son ami et mentor Christophe Masset.
Mais revenons en à notre rencontre, à ce moment je ne pêchais qu’en sèche, regardant comme beaucoup d’entre nous la nymphe avec un profond dégout, et encore plus la nymphe au fil… Mais voilà, force fut de constater après une saison de pêche à observer Ben et Christophe que ça fonctionnait très bien, trop bien même. Quel contraste saisissant entre moi, planté au milieu de la rivière comme un bâton, les bras croisés à attendre d’hypothétiques gobages, et eux, prenant du poissons à chaque sortie. 
Comme seul les idiots ne changent pas d’avis, je suis donc moi aussi passer du côté obscur des « nympheux au fil », il m’aura fallu bien deux ans pour commencer à comprendre cette technique et surtout ce lancer si spécifique né de la réflexion de Christophe, même si comme me dit Ben : « t’auras toujours un train de retard sur moi, et moi un train de retard sur Christophe ». C’est ce qui me fascine le plus dans la pêche à la mouche, la marge de progression et de perfectionnisme n’a pas de limite, on s’améliore jusqu’au bout. 
Sans ma rencontre avec Ben, je serai encore là à attendre que les poissons viennent embrasser la surface, ce qu’ils font malheureusement de moins en moins dans notre pays…Mais ça, c’est une autre histoire.

Ben dans une rivière, ça vaut le coup d’œil,  et encore plus dans celle de son cœur là où il fit ses premières armes, la Belle (la Dordogne pour les non initiés). Si vous le croisez, vous le reconnaîtrez avec ses « dreads Locks », ses longs lancers mélangeant souvent les coup droits et les revers pour poser à la perfection ce si long bas de ligne qui n’en finit pas. 
Une autre de ses caractéristiques, due probablement à son bon mètre quatre-vingt, c’est qu’il aime avoir de l’eau jusque sous les aisselles, mais il garde la tête sur les épaules, et ne se mettra jamais en danger pour aller tenter un coup juger trop dangereux sur cette grande et si belle rivière.
Je ne voudrais surtout pas le cantonner à la nymphe au fil. J’ai en mémoire ce jour de printemps où, sur la désormais trop célèbre Bienne, nous tombâmes sur un poisson qui gobait sur la berge opposée dans une veine dix fois plus lente que l’énorme veine principale qui nous séparait de lui. Je jugeai le coup trop difficile et le cédai volontiers à Ben. Un premier lancer pour ajuster la longueur et comprendre les courants, un second parfait, gobage, raté. Calme, et plaisantant, il noua une autre mouche, « pépère » comme il dit souvent. Au lancer suivant, la zebrée finit dans l’épuisette après avoir joué avec le fameux courant. 
Depuis quelques temps, il s’est motivé à progresser en nymphe à vue et là aussi il s’en sort. C’est ça Benoit Ledoyen, quelqu’un qui ne renonce pas, il ne se bloque jamais sur un échec et à soif d’apprendre. Il est toujours là pour tirer ses camarades de pêche vers le haut, y compris les débutants.
La saison est terminée depuis 2 mois, Il ne nous reste plus qu’à patienter jusqu’au printemps prochain pour retrouver notre terrain de jeu.
Merci à Nico de m’avoir proposé d’écrire ce petit texte.

Ben et François.

ben_et_fran.jpg

Merci à tous les deux. J'ai passé un super moment à vous lire et je suis certain que les lecteurs de ce blog auront le même sentiment. Bonne continuation et tous mes voeux de réussite à tous les deux dans vos projets futurs.

- page 1 de 399