Le Festival de pêche à la mouche sera bientôt à Champagnole. Avant le 1er mars, il passera dans d'autres villes françaises. Les réservations vont s'intensifier dans les jours à venir, je vous conseille de vite vous procurer votre sésame ! Il suffit pour ce faire de suivre ce lien => Place pour le Rise à Champagnole.

En attendant le début des festivités, j'ai le plaisir de recevoir sur ce blog mon ami Pierre Monatte qui fait parti de l'équipe organisatrice de ce festival pour la France. J'en ai profité pour lui poser quelques questions à propos du Rise bien sûr, mais aussi de son film, "Le Cercle".

Nicolas : Salut Pierre,  alors, première date du Rise 2015 le 19 février, vous devez être dans les starting-blocks non ?


Pierre : Salut Nicolas, avant tout je tiens à te remercier cette année encore pour ta contribution au succès de l’événement : ton blog est l’un des plus consultés dans le petit monde de la mouche  « frenchie », pour nous c’est de « l’or » !
Effectivement le festival démarre dans quinze jours. Yves, Seb et moi ne sommes pas à proprement parler dans les starting-blocks : c’est même un peu le contraire…Le gros du travail est derrière nous et le fait d’aller présenter l’événement dans les villes où nous passons vient comme une récompense des nombreuses heures passées à la préparation.

Nicolas : Six films cette année dont trois français, c’est le gros plus à mon avis pour cette nouvelle saison. Parle-nous de ce programme fabuleux s’il te plait.

Pierre: C’est ce que nous espérions depuis le début ! Depuis que nous importons le Rise Festival, les programmations des années précédentes étaient largement dominées par les films anglo-saxons. La raison essentielle repose sur le fait qu’il était quasi impossible de trouver des productions françaises indépendantes à la hauteur qualitative de ce que pouvait nous offrir le professionnalisme anglo-saxon. Chaque année nous lancions un « appel à candidature ». Aujourd’hui, on sent que le retard va être comblé. Nous sommes désormais en contact avec une petite dizaine de passionnés de pêche à la mouche et d’images.
Cette année, nous avons été contacté par Pierre Lainé et Nicolas Duquerroy, les gars de 9’5 Media. Pierre m’a envoyé un avant projet du film Mediterranean et là on a pris une claque : wouah !!  On s’est dit qu’on avait là, la matière qu’on cherchait : un film bien ficelé avec un sujet original (le thon à la mouche, d’autant plus à propos pour moi qui venait de décrocher  piteusement un de ces missiles les semaines précédentes).
L’année précédente, nous avions rencontré sur le Salon de la pêche de Clermont Matthias Parré. Matthias nous avait alors parlé d’un projet qui lui tenait à cœur sur Sa Dordogne (je crois que tout le monde a Sa Rivière…). Aujourd’hui le projet est bien avancé et Matthias va nous proposer un avant goût avec une bande annonce prometteuse en terme de qualité. Lors du premier visionnage, j’ai personnellement ressenti la poésie de son regard et le caractère majestueux de La Dordogne est réellement mis en valeur.
Le troisième film français, Le Cercle, complète la « trilogie » française cette année. Comme c’est mon film, je ne suis peut-être pas le meilleur critique…
Ensuite, nous avons deux « teasers grand format » de films étrangers :
-Those Moments, le dernier film de Peter Christiansen (Backyard in Nowhere et Only the River knows) est une superbe ballade en Alaska, en Colombie britannique et au Bahamas. Le film s’intéresse aux moments de temps libre de guides de pêche : à travers leur aventures transpire la passion de la pêche à la mouche, en plus dans des paysages grandioses ce qui ne gâche rien...
-Yow était un peu déroutant pour moi au début : du surf et de la pêche en Islande et puis le film se construit et la pêche va devenir le lien d’une vraie amitié entre deux gars dont le seul point commun est d’être amoureux de nature. Le message est beau et le film de RC Cone (Breathe et Tributaries) est comme d’habitude très bien construit.
Enfin le film « grand format » de la soirée : Backcountry. Nick Reygaert frappe fort cette année encore. Là, personnellement, c’est le rêve, l’absolu. Des rivières pêchées une fois tous les quinze ans, des farios somptueuses, un esprit libre, le lien à la nature, des expériences humaines fortes : je crois que c’est l’un des plus beaux films de Nick et l’un des plus beaux que l’on ait eu sur le festival.
Au final, je pense que nous avons sincèrement l’une des plus belles programmations depuis le début du festival !

Nicolas : Et puis comme dit plus haut, dans les films français, il y a « Le Cercle ». Film réalisé par PM Production.  A voir le teaser, on devine un message derrière les images, c’est aussi cela un film de pêche pour toi ?

Pierre : C’est avant tout ça pour moi aujourd’hui. Le film de pêche aujourd’hui, ce n’est définitivement plus le classique Trout Bum Diaries, on voit du fish porn (musique/poisson/musique/poisson) tous les jours sur le net. Si les gens viennent au cinéma, ce n’est pas pour voir ce qu’ils voient tous les jours devant l’écran du pc. Histoires Naturelles, c’est fini aussi : on s’en fout de savoir comment enfiler le ver de terreau sur un hameçon de 6 ou quelle mouche choisir, le film pédagogique ne nous intéresse pas…
Ce que nous cherchons et ce que les films français doivent rechercher aujourd’hui, c’est une histoire, une vision poétique, une aventure…Quelque soit le sujet, il doit se dégager ce qui fait notre passion avec le message qui en découle : le respect de la nature et de l’eau et notre position d’homme au milieu de cet équilibre. Il y a un aspect philosophique qui sous-tend cette idée.
Et puis il y a une dernière chose qui me parait importante au travers des images. Aujourd’hui, notre idée de la pêche, nos valeurs de respect et d’humanisme peuvent être illustrés par un moyen médiatique puissant (bien plus puissant qu’une aappma… où je me suis investi et où je continue à m’investir) : l’image. A nous d’en tirer le meilleur et je crois que c’est la raison principale qui nous pousse à organiser ce festival.

Nicolas : Pour arriver au résultat escompté sans trop nous dévoiler de ton film, cela représente combien d’heures de travail entre prise de vue, montage, etc…
Pierre :   Le Cercle est un projet que j’ai mené sur deux années. J’ai d’abord écrit le scénario. L’idée de départ d’un film, c’est une émotion. Ca peut être une musique, une expérience… Pour le Cercle, l’émotion est née d’une lecture, une nouvelle de Patrick Samuel Vast : Espèce protégée. Une citation m’a marquée par sa puissance et son évidence. Cette citation vient en explication à la fin du film…
Je suis incapable de te dire combien de temps j’ai passé sur le film (trop selon ma tendre épouse…). En guise de repère, j’ai pas loin de de 700 Go de rushs pour un film de 21 minutes. Ce que je peux te dire, c’est que le film est entièrement tourné en France et que les amoureux de la Hte rivière d’Ain devraient reconnaître un passage…

Nicolas : Pour les personnes qui nous lisent et qui aimeraient voir leur film sélectionné au Rise 2016, peux-tu les aiguiller dans ta façon de travailler. Scénario, intervenants, régions, matériels, etc…

Pierre : Je ne sais pas si ma façon de travailler peut être prise en exemple, je suis totalement autodidacte dans ce domaine mais il est vrai que je commence à avoir un brin d’expérience et que le festival m’a permis de développer des liens et des amitiés.
Le principal, c’est avant tout l’idée de départ. Sur cette idée, il faut écrire. C’est un gain de temps précieux : on va aller à la « pêche » aux images en sachant ce dont on a besoin et pas l’inverse : faire des images et voir ce qu’on pourra en faire après….
Un scénario bien construit, ce sera un beau film.
Côté technique, je filme avec deux appareils reflex (Canon 7D et 5D) et je m’équipe progressivement avec des jolis objectifs. Il faut de bonnes bases en photographie et aujourd’hui encore, je me sens comme un débutant tellement j’ai de choses à apprendre et à perfectionner. Ensuite, il faut travailler sur pied : rien de plus insupportable qu’une image instable sur grand écran. Ce travail sur pied permet de jouer sur les profondeurs de champ (sujet net/arrière plan flou ou l’inverse) : place à la créativité.
Côté montage, je travaille sur Mac avec Final Cut Pro X et cette année, grâce à Seb, j’ai pris en main After Effect (le photoshop de la vidéo, une usine à gaz…)
La dernière chose, c’est que si je pars au bord de l’eau pour pêcher, j’amène ma canne à mouche et si je pars pour filmer, j’amène mon sac photo : c’est soit l’un, soit l’autre. Il est impossible de faire les deux. J’en profite pour passer un petit message sur le comportement bien humain de vouloir prendre ses prises en photos  ou en vidéos : n’oublions pas que le poisson hors de l’eau est en apnée : « Merde, où je vais poser mon appareil ? Attends je pose le poisson vite fait dans l’herbe, je mets l’appareil sur cette branche. Merde, c’est où le retardateur ? etc, etc… »

Nicolas : Le Rise 2015 passera dans 10 villes françaises dont Champagnole.  Ville où coule la Haute rivière d’Ain avec qui tu as fait connaissance l’an passé. Je profite de cette interview pour te remercier une nouvelle fois d’avoir pensé à nous.

Pierre : Je ne vois pas comment un événement autour de la pêche à la mouche pouvait ignorer l’une des régions berceau de la mouche en France. Après, est-ce le côté envoutant des eaux émeraudes de l’Ain qui nous a fait choisir Champagnole 
Comme tu l’as déjà écrit dans l’un de tes articles sur ce blog, on ne peut que regretter l’absence d’implications des institutions locales de pêche. J’espère que certains de vos élus fédéraux pourront se faire une idée de la qualité de l’événement en venant à Champagnole, non pas forcément pour l’avenir éventuel du Rise dans le Jura mais surtout pour entendre le message véhiculé par les images…

Nicolas : Une question posée sur la page facebook du Rise-Champagnole par un internaute. Est-ce qu’il sera possible de télécharger les films après le passage du Rise. Ou encore de se procurer les DVD ?

Pierre : Les films étrangers sont déjà disponibles en téléchargement payant. (par contre, il n’y a pas de version française. Après l’événement en France, je vais voir avec Nick Reygaert s’il peut distribuer Backcountry en VF)
Pour les films français, La Dordogne devrait être disponible fin 2015, Pierre et Nicolas ne m’ont pas dit ce qu’ils voudront faire avec Mediterranean. Je pense mettre Le Cercle en téléchargement payant pour une somme modique (5€) après le festival juste histoire de me rembourser l’achat des droits musicaux.

Nicolas : Je te souhaite à toi, et à toute ton équipe un très bon début de festival, je vous attends avec impatience à Champagnole.

Pierre : Un grand merci à toi , je pense que par ton aide et ta notoriété, l’événement à Champagnole devrait être une réussite en tout point… tout comme ma dernière semaine de pêche passée dans le secteur de Champagnole. Ça va me faire bizarre de longer l’Ain sans ma canne à mouche…
Pour le plaisir, le teaser du Cercle !

LE CERCLE- Trailer from PM Productions on Vimeo.