La fédération départementale de pêche ardéchoise communique actuellement sur les différents réseaux. Le sujet en question est une mise en place exceptionnelle de réglementation pour 2022 visant à protéger ses truites sauvages. Sous l’impulsion des AAPPMA locales, des dizaines de kilomètres de linéaires sur différentes rivières vont passer en No Kill sur la truite fario.

Je vous mets la vidéo dédiée ci-dessous.

Vous le devinez aisément, je rêve de voir un jour une telle vidéo portée par notre fédération départementale du Jura annonçant la même réglementation sur l'ensemble de la rivière d’Ain. Rivière qui est pour moi comme pour beaucoup le dernier sanctuaire à poissons sauvages digne de ce nom de notre département.

Jusqu’à ce jour, malheureusement, cela paraissait impossible puisque vous l’aurez noté, c’est bien sous l’impulsion des AAPPMA locales que la fédération ardéchoise a pu mettre en place cette règlementation. Alors quelle est la situation chez nous ? Sur la rivière d’Ain jurassienne, il y a seulement 5 AAPPMA différentes. Voyons ensemble le détail.

•Sirod qui gère le linéaire le plus en amont et donc par définition le plus proche de la source. La politique là-bas semble différente puisque le seul petit linéaire de parcours no-kill a été effacé des cartes il y a peu. Triste et complètement illogique vis-à-vis de l’évolution des populations qui ne cessent de chuter ! Toujours pas compris pour ma part.

•Champagnole un peu plus en aval qui gère un très grand linéaire ainsi que des affluents. Certainement le parcours le plus varié et le plus poissonneux de la rivière d’Ain jurassienne. Un gros progrès a été fait ces dernières années avec un linéaire de plus de 4 kilomètres en no kill. Par contre, attention à la protection partielle. Forcément, elle oriente inévitablement les prélèvements sur des linéaires plus restreints. Ces parcours paient le prix cher pour le coup. C’est à prendre en compte absolument.

•Crotenay encore plus en aval. 100% du linéaire en no kill. La question est réglée.

•Ain - pays des lacs. Parcours allant de Pont-du-Navoy à Blye avec un linéaire supplémentaire en aval du barrage de Blye. Une partie protégée mais largement inférieure au besoin puisqu’on est là sur les linéaires aux plus faibles densités de la rivière. Avec en plus des situations ridicules comme ce court parcours entre pont et barrage à Pont-du-Navoy. Il est situé entre deux réserves. Chaque poisson qui sort d’un côté comme de l’autre peut être prélevé. Ce ne sont pas les pêcheurs qui squattent les jours d’ouverture au posé à deux cannes chacun qui s’en privent malheureusement. Ce parcours devrait être en no kill depuis bien longtemps.

•La gaule lédonienne qui possède un linéaire en aval de Blye où la truite sauvage est encore plus rare ! Parcours en no kill.

Pour celui qui connait un peu cette rivière sur tout son long, il est facile de comprendre qu’il n’y a plus les populations d’antan. Même plus du tout celles d’il y a seulement 10 ans ! Alors, donner le droit à chaque pêcheur de conserver 3 truites par jour sur la majorité des parcours est une aberration sans nom. Les effectifs s’appauvrissent et nous, on continu sans vergogne à taper dedans. C'est incompréhensible.

Cette situation est inacceptable. Alors oui, je le sais bien, c’est avant tout la mauvaise qualité de l’eau, son réchauffement et j’en passe qui sont les premières causes de la baisse des effectifs. Je le sais, vous le savez, on le sait tous. Comme on sait également que la production de comté va battre de nouveaux records en 2021 avec des sols déjà saturés, que les pollutions domestiques et industrielles sont toujours présentes. Cela aussi je le sais que trop bien. La situation ne s’améliore pas non, elle s’empire. Je le vis depuis plus de 30 ans en tant qu'acteur de terrain. À cela il faut ajouter des températures moyennes de l’eau toujours plus hautes. Et sur ce sujet, c’est encore bien plus complexe que les pollutions locales. Bref, il faut être réaliste et agir en conséquence. Ces points fondamentaux que sont les pollutions et le réchauffement ne s’amélioreront pas du tout à court ou moyen terme. C’est sûr et certain.

Du coup, il n’y a qu’un seul et unique levier à actionner pour le court terme. Pour tout de suite. Immédiatement. Protéger par l’arrêt des prélèvements cette souche de truites sauvages qui est présente sur des parcours de plus en plus rares. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Il y a assez de linéaires voir de rivières entières dans le département déjà mortes ou agonisantes pour mettre des surdensitaires afin de contenter les pêcheurs qui le souhaitent. Sincèrement, arrêtons de prélever là où il reste les dernières, cela devient vraiment insupportable. Ne faisons pas l'erreur de croire qu'on a du temps devant nous. Je me souviens de ce que je voyais en terme de truites autour de 2010, je sais ce que je vois aujourd'hui...En seulement 10 petites années. Je ne vous parle pas d'une autre époque, mais d'hier ! Protégeons ce qui peut l'être encore et vite !

Pour finir sur une note plus positive, je place beaucoup d’espoir sur les nouveaux bureaux d’AAPPMA qui ont vu le jour cet automne afin de prendre les bonnes décisions. Bureaux élus pour 5 ans. Des jeunes pêcheurs motivés, actifs et amoureux de cette rivière magique ont été élus. J’en suis le plus heureux.

-À Champagnole notamment avec un nombre important de jeunes pêcheurs motivés élus aux dernières élections. Je suis certain que leur discours fera bouger les choses rapidement car il est urgent d’agir sur le seul et unique levier que l’on possède pour le court et le moyen terme. De plus, Champagnole est le dernier linéaire avec une densité acceptable. Il est impensable de ne pas la protéger.

-À Sirod ensuite avec un changement de bureau et de présidence. Un président plus jeune, motivé et très actif sur la rivière. Sans parler de son attachement à ce parcours qu’il connait par cœur. C’est quand même primordial de savoir de quoi on parle en le vivant soi-même. Tous mes vœux de réussite !

-À Crotenay, bureau identique avec la même motivation et envie de protéger la souche sauvage.

-Pour l’aval de Pont-du-Navoy et le parcours public, des jeunes pêcheurs sont aussi entrés au bureau de l’AAPPMA Ain pays des lacs. Il y a du boulot mais je crois en eux ! Tous mes vœux de réussite également.

Je rêve que tout ce petit monde devienne enfin conscient que cette rivière d’Ain est le dernier sanctuaire à truites sauvages du département. Je rêve de voir cette population de truites qui diminue inexorablement enfin protégée dans sa totalité ! Alors messieurs, faites-moi rêver s’il vous plait. Merci.

Ce que devrait être la pêche de la truite sauvage sur la rivière d'Ain et seulement ça. Cette image résume tout. Merci Anthony