Retour des interviews aujourd'hui avec un invité prestigieux. c'est tout simplement le plus gros palmarès de la pêche à la mouche. J'ai le plaisir et l'honneur de recevoir Pascal Cognard, triple champion du monde de pêche à la mouche.

Nicolas : On ne présente plus Pascal Cognard, tout le monde de la pêche à la mouche a déjà entendu parler de toi, qu’elle est ton actualité du moment ?

Pascal : Le titre de Champion d’Europe obtenu en Irlande en septembre dernier et un mois après, la formation de l’équipe de France B - 2010 ; voilà mon actualité. Avec déjà, le souci de préparer au mieux le déplacement en septembre 2010, en Bosnie.
Quatre manches en rivière et une en lac, où il y aura des truites et des ombres (même dans le lac !)

L’actualité, c’est également la suppression de la subvention que nous versait le Ministère Jeunesse et Sports et donc, la difficulté financière qui s’en suit à la FFPML pour envoyer une équipe au Championnat d’Europe en 2010.
Du coup, l’équipe B est formée, mais n’est pas sûre de partir, si les finances manquent…

Chaque membre des équipes de France est donc sollicité pour actionner tous les leviers possibles qui pourraient faire entrer un peu d’argent dans les caisses. La FFPML refuse l’idée que les compétiteurs aient à débourser leur propre argent pour participer car cela créerait inévitablement une discrimination…

Je profite de ces colonnes pour appeler tous les supporters des équipes de France pour nous aider dans nos recherches…
Tous les sponsors « propres » seront les bienvenus, même pour des sommes minimes (les petits ruisseaux font bien les grandes rivières, non !!!!)
Pour les candidats, mon portable, 06.26.31.43.23 je vous donnerai la marche à suivre !!!!

L'Equipe de France avec Pascal en Irlande
EDF2

Nicolas : Tu es le compétiteur français le plus titré avec 3 titres de champion du monde individuel (1994-1997 et 2000), avec le recul des années, quel est le plus important de ces 3 sacres à tes yeux?

Pascal :En 1994, en Norvège, le titre mondial est arrivé de manière plutôt inattendue, sans travail bien organisé au préalable de l’équipe; c’était ma toute première sélection en équipe de France…!

En 1997, aux États Unis, mon deuxième titre de Champion du Monde a été conquis après un énorme travail de l’ensemble de l’équipe dirigée de mains de Maîtres par Jacques BOYKO et Saïd YAHIAOUI. Nous avons dû alors apprendre à pêcher depuis une barque dérivante en rivière, exercice qu’aucun pêcheur de l’équipe n’avait pratiqué auparavant…
L’équipe de France avait alors remporté son premier titre mondial et çà, çà laisse de bons souvenirs !!! (et avec Alain Magnien , médaille d’argent individuel)

Mon 3ème titre individuel, je l’ai obtenu en Angleterre en 2000, où l’équipe de France ne faisait pas partie des favoris, compte tenu du fait qu’il y avait 4 manches en réservoir !!!
Et pourtant, notre équipe a remporté sa 2ème médaille d’or, sans oublier Jean-Michel Lauret, médaille d’argent indiv.
Battre les Anglais (12ème !!!) sur leur terrain en pêchant au Chiro alors que jamais une compétition ne s’était gagnée sur cette technique en Angleterre, cela restera sûrement le meilleur souvenir …

Mais en fait, toutes mes médailles, individuelles, mais aussi et surtout celles obtenues par équipe, ne sont que des bons souvenirs !!!

Pascal Cognard
Pascal

Nicolas : Tu as mis un terme à ta carrière de compétiteur en 2001 sur un titre de champion du monde en équipe et une médaille de bronze en individuel, tu n’as aucun regret sur cette décision aujourd’hui ?

Pascal :Ma décision a surtout été prise à cause de la répétition des compétitions nationales individuelles qualificatives pour le sélectif des équipes de France.
Plus clairement, j’avais perdu la motivation nécessaire à la réussite des compétitions individuelles… (13 années en D1, çà use !)

A l'entraînement en Irlande.
Pascal t

Nicolas : A la suite de ça, tu es devenu le capitaine de l’équipe B qui a d’ailleurs gagné le titre de championne d’Europe cette année, que t’apporte ce rôle après un tel parcours en compétition ?

Pascal :Passer du poste d’exécutant à celui d’organisateur était un nouveau challenge pour moi que je n’aurai pas pris sans la présence de Saïd Yahiaoui à mes côtés, au poste de Manager; nous formons tous les deux un tandem qui se complète bien !
Je porte le titre honorifique de Capitaine mais Saïd est bien plus qu’un Manager ; il est le Capitaine-bis !!! Ce poste de Capitaine (qui organise mais qui ne pêche pas pendant la compétition) est parfois très frustrant… Il arrive que l’on ait vraiment envie de prendre la canne…

Il doit se former une complicité entre le Compétiteur et son Capitaine, la confiance doit s’installer pour qu’à deux, la technique et la stratégie soient portées à leur extrême efficacité…
Lorsque cela fonctionne, le plaisir qu’éprouve le Capitaine est le même que celui que ressent le Compétiteur…

Pascal avec Yannick Rivière
Pascal et Yannick

Nicolas : Bien entendu, tes résultats et ta notoriété t’ont permis de travailler dans le monde de la pêche, c’était une envie ou c’est arrivé par hasard ?

Pascal :Le mot « Travailler » est un peu fort ; Mon vrai travail est celui de Contrôleur au sein du Service Environnement de la Mairie de Vénissieux (69)
J’ai néanmoins deux petites activités dans la pêche. L’une avec Marryat-France, où je joue un rôle de « Porte-Drapeau » de la marque. L’autre, dans l’enseignement de la Pêche à la Mouche, avec l’organisation à petite échelle et sans publicité de quelques stages de pêche et séjours à l’étranger.
Cela se sait de bouche à oreille, programme à la carte et sur rendez-vous personnalisé…
Avis aux amateurs… je reste disponible pour tous.

Ici sur le San en Pologne
Pascal San

Nicolas : Si tu devais donner un ou deux conseils à un jeune pêcheur qui voudrait se lancer dans la compétition aujourd’hui, que lui dirais-tu ?

Pascal :Je lui recommanderais de suivre la filière classique qui a déjà conduit un bon nombre de jeunes pêcheurs en compétition internationale avec l’équipe de France, à savoir :

  • Adhérer à un Club affilié à la FFPML et participer à toutes ses activités…
  • Suivre les formations proposées en son sein…
  • Écouter tous les conseils des « Anciens »…. Puis se forger sa propre opinion…
  • S’inscrire aux compétitions correspondant au niveau… ou à l’age…
  • S’entraîner à chaque partie de pêche en se forçant, pendant quelques heures, à pratiquer les techniques que l’on maîtrise le moins ; le tout, en changeant de sites de pêche souvent…
  • …etc.

Toujours avec l'EDF
EDF1

Nicolas : Maintenant que tu ne pêches que pour le loisir, qu’elles sont tes rivières de prédilections et pourquoi ?

Pascal :Depuis que j’habite dans le département de l’Ain, j’ai repris l’envie de pêcher les rivières à proximité de mon domicile, comme la Basse Rivière d’Ain et l’Albarine…
La Basse Rivière d'Ain reste très capricieuse et sujette aux variations de niveau si meurtrières pour les poissons…et si gênantes pour les pêcheurs !
Je profite de ces lignes pour adresser toute mon admiration et mes remerciements aux gestionnaires de l'U.P.R.A. qui se battent sans relâche pour que cette rivière puisse toujours nous offrir de grands moments de pêche… et cette année, ils ont été sur la brèche, avec le manque d’eau ! Sans leurs actions, tous les poissons de la B.R.A. seraient morts…
L’Albarine quant à elle reste une belle rivière correctement peuplée, même si j’aimerais qu’il y ait un peu plus de longueur sur les No-Kill ; ils sont très fréquentés, preuve que les pêcheurs préfèrent les parcours riches malgré la difficulté de leurrer ces poissons très éduqués ! Ces parcours sont un peu victimes de leur succès… ! En augmenter la longueur permettrait peut-être d’étaler la pression de pêche et ainsi permettrait aux débutants de les fréquenter avec réussite !
Tu sais que je fréquente régulièrement la Haute Rivière d’Ain, à Champagnole et à Sirod ; cette destination reste une valeur sûre, même si, comme en beaucoup d’endroits, cela n’est plus comme avant !!!
Je déplore aussi l’absence de parcours no-kill sur Champagnole et je rêve depuis longtemps qu’un tel parcours soit mis en place sur l’Ain, depuis les pertes jusqu’au confluent avec la Saine.
Il y a là de quoi faire un parcours de rêve.
Si on pouvait en souffler l’idée au Président de La Gaule Champagnolaise…

Pascal avec une truite de près de 60cm
Truite

Nicolas : Je ne peux pas t’interviewer sans te parler d’un grand monsieur que j’ai eu la chance de connaître, mais certainement pas aussi bien que toi, je veux parler du très regretté Jean Goudard, peux-tu nous conter ton souvenir sur cet homme extraordinaire ?

Pascal :Jean a été comme un deuxième Père pour moi, pour la pêche bien sûr, mais aussi dans la vie ; il savait ne jamais se contenter d’un résultat, même fût-il le meilleur ! (Champion du monde !) et il m’a enseigné la remise en question permanente et aussi, le goût du travail bien fait et le respect de la parole donnée...
Aujourd’hui, presque 10 ans après sa disparition, je regrette encore de ne pas avoir passé assez de temps avec lui et il m’arrive encore de me dire, lorsque je dois prendre une décision « Qu’aurait fait Jean Goudard ? »Son surnom de « Sage » lui allait bien… malgré les espiègleries avec lesquelles il savait également jouer.
Et je suis régulièrement questionné sur le moulinet horizontal manuel démultiplié fabriqué par Jean Goudard que j’utilise toujours; ce moulinet, il me l’a offert pour ma première sélection en Equipe de France…. C’était en 1994… Le moulinet tourne toujours comme une horloge…

Mais il y a une autre personne qui me manque beaucoup et avec laquelle je regrette également de ne pas avoir fait suffisamment de chose, c’est André Terrier. Je l’admirais beaucoup !
Et les pages que tu lui consacres démontrent bien qu’il te manque aussi, comme à beaucoup d’autres moucheurs qui l’ont côtoyé…

J’espère que Jean, André et les autres amis moucheurs trop tôt disparus (Jean-Pierre, Constantin, Dominique, Alain…) tous sont au paradis de la pêche à la mouche… !

Pascal à Trept.
Trept

Nicolas : Je crois savoir que ta femme pêche également, alors dis-nous, c’est un avantage ou un inconvénient ?

Pascal :heu… est-ce que j’ai droit à un Joker… ?
Depuis la naissance de notre fils, Pierre-Jean, ma femme Laurence, ne pêche plus beaucoup…
Elle pratique de temps en temps en réservoir, à Trept et participe au Championnat de France Féminin où elle se classe honorablement chaque année entre 4 et 6ème…
Mon fils, 7 ans ½, a pris sa première truite à la mouche tout seul à l’age de 5 ans, à Trept !!!
Quand on sait que moi, j’ai commencé la mouche à 18 ans… il a un peu d’avance… !
Peut-être que dans quelques années, nous pourrons pêcher en famille, tous ensemble !

Nicolas : Merci d’avoir accepté de te prêter à ce jeu des questions réponses Pascal, à très bientôt à Champagnole peut-être…

Pascal : Merci à toi, Nicolas, et BRAVO pour ton site très vivant…
Continue à promouvoir la pêche à la mouche, à défendre les rivières et les poissons et à nous faire suivre au fil des saisons, la vie de la Haute Rivière d’Ain et du Jura.

Pascal à de nombreux amis autour de lui, dont un qui le connait peut-être mieux que les autres, je vais laisser la parole à Saïd Yahiaoui.

Pascal est un ami de longue date. Nous avons appris la pêche à la mouche ensemble sur les rivières d'Ardèche avec le même mentor. Déjà, à l'époque il était précis, discret, soucieux du détail et particulièrement habile en mouche sèche, seule technique que nous connaissions alors. Il était déjà capable d'attendre le temps qu'il faut pour qu'un gobage se reproduise avant de l'attaquer avec la meilleure présentation possible dès le premier lancer. Depuis nos chemins ne se sont jamais séparés et nous avons commencé la compétition nationale puis la compétition internationale ensemble. En 1994 lors de son premier titre individuel je n'étais pas en Norvège. Pour les autres titres individuels et par équipe,j'étais manager de l'équipe de France et j'ai pu constater combien Pascal avait évolué et était devenu un très grand champion. Non seulement il savait tout faire mais en plus il savait, au moment ou cela était nécessaire, se transcender pour prendre LE poisson qui fait la différence. D'ailleurs assez peu de gens savent que pour chacun de ses trois titres individuels, sur 5 manches, il a une manche avec un poisson. CE poisson qui, s'il n'avait pas été pris, l'aurait privé du titre. Il faut être très fort pour faire cela, en particulier à trois reprises dans des conditions et des contextes très différents.
Mais je sais, pour être son ami, que les titres par équipe qu'il a gagnés avec nous lui sont les plus chers. Car Pascal est comme ça. Gentil, altruiste, sensible à la dimension collective dans la vie comme dans la compétition internationale.

Pascal et Saïd
Pascal et Saïd

J'espère que vous avez prit un très grand plaisir à lire Pascal et Saïd, qui sont deux personnages de notre discipline. L'équipe de France a encore un bel avenir avec vous messieurs, bonne continuation et je vous souhaite de nombreux titres lors des prochains rendez-vous internationaux.

Merci à vous deux et à très bientôt au bord de l'eau.