La bise, toujours la bise…Je ne sais pas combien de jours de cette satanée bise nous avons eu lors de cette saison de pêche, mais je pense que l’on bat les records. Juste incroyable !

Il était environ 16 heures, j’étais à la maison, mon fils au foot et les filles bien occupées. La bise soufflait de façon intense depuis le milieu de la matinée. Je venais de faire quelques corvées domestiques et malgré ces aléas météorologiques, je n’avais qu’une envie, me retrouver au bord de l’eau. J’ai fini par me décider définitivement. J’ai voulu retourner à un endroit où avec mon fils nous avions vu des beaux poissons quelques jours auparavant.

Au fur et à mesure que je me rapprochais du coin en question, j’observais le mouvement des arbres à travers le pare-brise de la voiture. Ils dansaient dans tous les sens. Je m’imaginais déjà en train de proférer des noms d’oiseaux les pieds dans l’eau !

La voiture garée, la canne montée, le fil passé dans les anneaux, je pouvais, d’un pas décidé, me rendre sur le spot. Bien entendu, comme partout sur la rivière depuis mi-juin, il y avait très peu d’eau. Un léger tirant donnait un semblant de vie à cette eau bien trop immobile à mon goût. La seule bonne nouvelle du moment est que la température de l’eau a bien baissé ces derniers jours.

En arrivant précisément sur les lieux, j’ai de suite repéré une belle truite. Elle était complètement immobile sans avoir les couleurs caractéristiques du dormant. J’étais très méfiant et je n’ai pas voulu m’approcher davantage. Elle était vraiment en bordure, pas du tout dans la veine d’eau comme j’avais pu la voir avec Thibaut. Pour moi, c’était un autre poisson. J’ai voulu tenter ma chance avec une nymphe cuivre non plombée montée pour l’occasion sur un TMC3769 au bout d’une pointe en quatorze centièmes. J’ai réduit ma longueur de pointe par rapport à d’habitude à cause de ma copine la bise. Très compliqué de lancer de façon précise. J’y suis arrivé. Le poisson, alors que je n’ai pas animé ma nymphe, est parti dans la seconde. Il a rejoint sa cache sans réfléchir. Enfin si justement, cette truite avait tout compris en un rien de temps. Maline va !

Qu’à cela ne tienne, j’étais quasiment persuadé qu’il y avait une autre truite dans le coin. J’ai bougé très lentement avec de l’eau jusqu’aux chevilles vers l’aval. Je faisais un pas par minute un peu près. La faible hauteur d’eau m’interdisait de faire « le bourrin ». Je fixais de plus en plus la zone où nous avions vu avec mon fils le poisson que je recherchais.

Elle était là, au même endroit ! Tête pointue positionnée en regardant l’amont. Un poisson très long. Un fois les yeux dessus, je ne voyais plus que ça. Je n’aime pas spécialement attaquer des poissons qui sont situés à mon aval. Légèrement en aval, ça joue, mais là, c’était vraiment accentué. Je n’avais aucune idée de sa taille, si elle était active ou pas pour la bonne et simple raison que la bise et les vagues qu’elle provoquait à la surface de l’eau m’empêchait de me faire une idée. Si j’ai pu repérer la truite, c’est uniquement parce qu’elle était de belle taille. Un poisson de quarante centimètres n’aurait pas pu être vu sous ces vagues, en tous les cas pas par moi. Je n’ai pas cette faculté.

Il me fallait être patient maintenant. J’étais en poste, à environ une dizaine de mètres du poisson. Et même si ma préférence aurait été à un positionnement à sa perpendiculaire, je ne voulais surtout plus me déplacer au risque de faire fuir pour de bon ma truite. Je me suis mis à attendre…A attendre que la bise m’offre une accalmie afin d’attaquer la truite et surtout de voir clairement sa réaction. Car sous les vagues, cela aurait été voué à l’échec à moins de la faire déplacer d’un bon mètre, mais je n’y croyais pas du tout. 

J’ai quand même voulu donné deux coups de fouet pour voir comment ma nymphe posait afin de me rassurer avec ces grands courants d’air. Je le fis dans un autre angle sans que la truite puisse le voir. Au deuxième mouvement de canne, j’entendis un « plouf » ! Ma bobine de moulinet venait de tomber à l’eau ! Aus’cours ! J’avais certainement fait une mauvaise manipulation ou que sais-je. J’ai remis ma bobine en vitesse surtout que l’accalmie tant attendue venait de poindre son nez ! J’ai empoigné ma soie avec ma main gauche afin de sortir la distance nécessaire.  Mais, au toucher, je sentis une surépaisseur. « Ce n’est pas possible, rien de veut aller ! »

Il y avait un nœud sur ma soie ! Aus’cours (bis). Adieu l’accalmie. Il m’a fallut démonter ma bobine de moulinet pour la passer dans le nœud de ma soie afin de le défaire. Le truc qui ne m’est jamais arrivé. Bref, j’étais reparti pour une bonne vingtaine de minutes de bise à bloc. Comme c’est frustrant. Savoir que le poisson est là, le deviner sous les vagues sans pouvoir le tenter. Il s’en passe des choses dans la tête. Heureusement que devant moi, il y avait un couple de martin-pêcheur qui vaquait à ses occupations. J’ai pu les observer de longues minutes et pour le coup, l’attente d’une eau plus lisse en surface s’est faite moins longue.   

De nouveau, la bise s’est tue. J’allais enfin avoir mon occasion. Effectivement, au fur et à mesure que les vagues s’estompaient, j’ai pu me rendre compte à qui j’avais à faire. Une truite magnifique, là, bien devant moi. Vite, il fallait faire vite, cette maudite bise pouvait revenir à n’importe quel moment et pour le coup me faire foirer ma tentative.

Ma nymphe cuivre, après avoir fait quelques virevoltes dans les airs, est venue percer la surface de l’eau environ deux bons mètres en amont de la truite. Je ne pouvais la poser plus haut, la hauteur d’eau me l’empêchait une fois de plus. C’était très risqué car très porche du poisson. Dans la seconde qui a suivi le poser de ma nymphe, la bise a refait des caprices en provoquant des vagues en surface. Plus le choix, il fallait laisser dériver. J’ai fixé toute mon attention sur ce que je distinguais de la tête du poisson tout en réalisant une micro animation au moment où je pensais que mon imitation était au plus près de la truite.

Ce qu’il s’est passé par la suite, c’est de la chance, rien de plus. Il m’a semblé avoir vu la tête bouger sur le côté, mais je ne peux l’affirmer, c’est l’impression que j’ai eu. Alors, j’ai ferré ! Et comme par magie, la truite était piquée. Le bas de ligne s’est tendu ainsi que la soie, ma canne s’est courbée. La truite a fait un départ très lourd. J’étais surpris qu’elle ne se tortille pas sur elle-même comme les truites d’une certaine taille le font souvent. En première intention, elle a tenté de rejoindre les saules qui lui servaient de cache à mon avis. J’ai pu la bloquer. Ensuite, elle est restée dans la veine centrale et m’a pris de la soie vers l’aval. J’ai fait le choix de la suivre pour rester au contact rapproché. J’ai eu des maux à la sortir de la veine de ce qui restait de courant. Mais une fois en dehors de cette zone, tout est devenu plus facile. Elle m’a bien refait quelques départs, mais les maîtriser étaient plus simple. Et après quelques tentatives, j’ai pu l’emmener à la surface de l’eau. Le combat fut terminé.

Waouh ! Quel poisson ! Vraiment, une superbe truite avec une tête bien marquée. En voulant retirer ma nymphe de sa gueule, je ne l’ai pas trouvé. Normal, elle n’y était pas. En faite, mon imitation s’est plantée à l’extrémité de son maxillaire. Soit, à l’extérieur de sa gueule ! D’où peut-être ce début de combat peut habituel. Alors pourquoi ? Aucune idée. Avec les vagues, je n’ai rien vu finalement. J’ai juste eu l’impression que la tête avait bougé sur le côté. Pour prendre la nymphe ? Si oui, j’ai ferré un poil tard alors…Pour la refuser ? Si oui, j’ai grappiné ma truite. Je ne le saurais jamais. Tout ce que je sais, c’est que j’ai eu un maximum de réussite et que c’est un peu une truite de raccroc (pensées émues pour mon copain Fred !)

Après une ou deux photos sans sortir le poisson de l’eau, je l’ai laissé repartir sans avoir également pris le temps de l'admirer. Un poisson parfait à qui il manquait une ou deux centaines de grammes. Presque normal après un tel été. Cela n’a pas empêché ce poisson de me faire un énorme combat. La rivière m’a une nouvelle fois bien gâté. Merci !