De retour de vacances et comme je vous l'avais promis, voici une nouvelle interview. Le fait d'avoir cotoyé André très longtemps m'a fait connaître des pêcheurs de toutes générations. Aujourd'hui je reçois Jean Oulion que j'ai connu étant beaucoup plus jeune.

NIcolas Germain: Salut Jean, tout d'abord peux-tu nous faire une petite présentation.

Jean Ouilon: Je suis né le 7 Mars 1945 au Puy en Velay, haute Loire, sous le signe du Poisson !!!!
Tout jeune, je gardais les vaches en pleine saison pendant les vacances scolaires .Je travaillais du lever du soleil à son couchant !!!!!!!
A 16 ans je suis entré dans une maison de traiteur Mr DUNIS pour être cuisinier traiteur avec mes CAP et BP. J’ai fait mon service militaire dans la marine à l’outremer ( Iles Canaries DAKAR à Pointe Noire)J’ai été libéré en 1967, de là , j’ai travaillé à CANNES en tant que premier commis, puis en tant que sous chef de cuisine ( Hôtel SAVOY ).. En 1968 j’ai passé mon concours de gardien de la paix.. En 1969 j’ai été affecté à Lyon, et j’ai fini ma carrière comme Major Commandant le Commissariat du 5 de Lyon en 2000.
J’ai connu dans ce métier des gens extraordinaires, mais aussi des affaires sordides à peine pensables dans un monde d’irresponsables.
Je suis marié, et toujours avec la même femme qui m’a supportée pendant 36 ans et deux enfants merveilleux eux-mêmes mariés, dont un a une petite fille ZIA de deux ans et demi… Que du bonheur de ce côté, des belles filles super….

Un métier pas facile, celui de grand-père!!
grand pere

NG: On a tous une histoire différente, racontes nous celle qui t’as donné le virus de la pêche, celle qui t’as fait aimer à jamais le monde rivière

JO:Il y en a forcément plusieurs à des moments clés pour tout le monde je pense …
Je devais avoir 8 ans , je pêchais le RIOU au THIOLLENT en haute Loire. Le matériel consistait à attacher un fil de nylon à un aiguillon de vache, un hameçon, un plomb et des sauterelles, porte bois. J’ai pris une truite de 115 grammes qui a fait le tour du village et qui avait « grossie à vue d’œil » Ce ruisseau m’avait fasciné, il était plein de truites et d’écrevisses.. D’où également la technique de passer des mains sous les pierres ??
A mesure que j’avançais dans l’âge j’étais fou de la pêche. Le Puy en Velay… ,CUSSAC, Village où coule la LOIRE 7,500 Kms fait à pieds par tous les temps et en vélo .. Car on avait rien.. Pas de télé, d’ordinateur etc. Mon père pêchait ainsi que mes deux frères, au vairon casqué genre bohémienne, à la grande canne.. Puis est venu le temps de la mouche noyée au lancer et au fouet.
Est rentré dans ma vie un ami Jean Paul ROUBY, lui aussi passionné de pêche.
On a pris des milliers de truites, on en vendait pour ce faire de l’argent de poche, ainsi que des vipères dans les pharmacies.. Mais j’apprenais à voir la nature, a rester des heures à la campagne, qui fût mon unique univers jusqu’à 18 ans.

La canne à mouche du papa de Jean
canne

NG: Certains pêcheurs se sont fait « tout seul »Je crois que c’est ton cas, parles nous un peu de ta progression au fil des années.

JO: Au départ , je n’avais rien, et j’ai progressé uniquement sur les expériences des mes frères, de mon ami Jean Paul et bien d’autres pêcheurs, notamment en noyée où j’ai connu JL POIROT sur le Châpeauroux. Sur cette rivière j’ai vu un Anglais qui pêchait au streamer. J’en ai récupéré un qui était dans les branches. Laine écrue plumes de coq et poule !!!!Et puis il y avait un coiffeur, place du PLOT qui montait des mouches noyées à la main devant sa porte, et là j’ai beaucoup progressé. Il y a eu un grand monteur de mouche qui était le père d'Ambroise REY, un preneur de poisson qui m’a fait prendre mon premier ombre en noyée sous les piles du pont de Solignac……
Je pense que le gros tournant, aura été mon arrivée à Lyon et la découverte de la rivière d’Ain en 1970. Pensez donc le premier lancer au vairon à MOLLON et une truite de 5 livres !!! En haute Loire c’était rare , ainsi que mon inscription au tout premier GPS Lyon.. Membres.. J .GOUDARD, R. GENTELET, SALVADORI , LUFT, MARGERAND Etc, et les premiers championnats de France de pêche de l’ombre en fin octobre…
Je voulais voir comment je me situais par rapport à des gens inapprochables et jaloux de leur découvertes ( Peute de BRESSON que certains cachaient dans leur mains ……)
C’est là que j’ai connu A. TERRIER, PIAM etc…… autres grands noms de la pêche.
Mais il me fallait que je me perfectionne, outre les techniques Noyées et sèches que je pratiquais bien, mais en nymphe amont et aval. J’ai travaillé cela pendant deux ans sur le TARN du lever du soleil à la limite du coup du soir sans arrêter. A la maison j’avais un aquarium 150 L avec pompe et je testais mes nymphes en les répertoriant sur le volume, le poids et la densité. A Lyon je suis allé voir les filatures de textiles et j’ai été abasourdi par les milliers de références qui sont fabriquées et dont certaines actuellement sont sur le marcher du Fly ..
Arrivèrent les premiers championnats de France rivière, le tout premier se trouvaient André et PIAM ,. Grand honneur, je ne connaissais pas les rivières comme la LOUE et le DOUBS. Année forte puisque je me trouvais avec mon Fils Jean Christophe 14 ans et qui s’est bien défendu.. Et en 1989 Champion de France, une super organisation d’André …..
Je suis resté dans la PSM pendant quelques années, 14 iéme au championnat du monde au Pays de GALLES ,4 iéme au championnat d’Europe en 1997 …. Je me retire de la DI, mon travail n’étant pas compatible avec les loisirs, mais j’assure pendant des années l’entrainement du GPS Lyon Centre surtout chez les jeunes et compagnie avec des membres du club dont J.G0UDARD était le chef de fil
Là, la mentalité à changé puisque ces jeunes étaient en rapport constant avec ceux d’autres clubs pour échanger des idées, des mouches etc.C’est de cette façon que les compétiteurs sont arrivés à un très haut niveau en France.
Un jeune actuellement apprend en UN an, ce que nous les vieilles mains ont appris et découvert en 10 ans

Une belle truite prise par Jean
truite1

NG :tu es originaire du centre de la France, qu’elles sont les rivières qui t-ont laissé de bons souvenirs ?

JO: En premier la LOIRE qui se trouvait prés de chez moi, j’y allais à pied, puis en vélo, je couchais dans les granges et j’ai fait de grosses pêches ( 40 poissons )C’était le temps où notre génération ne se posait pas de problème sur la protection de la nature, la pollution etc.
Un point marrant où nous étions un peu écolos… La maille de la Truite en haute Loire était de 17 Cms puis I8 .. Pour les vendre on avait mis la maille à 25 cm minimum..
Puis vint le CHAPEAUROUX, rivière mythique peuplée d’ombres, les paysans les jetaient dans l’herbe, ils ne voulaient que des truites. J’ai connu JL.POIROT sans savoir qu'il était déjà un des plus grands monteurs de mouches que j’ai pu connaître .J’ai fait des coups de soir somptueux. Je logeais en vacances à CHAPEAUROUX même …
L’ALLIER a été une très bonne rivière mais très instable et irrégulière suivant le vent…
Autour du PUY autre rivière la BORNE ,la MEJANE, où la pêche à la mouche à la Fenêtre , c'est à dire bas de ligne court, sèche à enroulement serré Tricolore Altière avec des plumes de coq Corrézien………..
Je citerai encore le TARN que j’ai pratiqué pendant plus de 15 ans , avec des truites fabuleuses et des gens extraordinaires. Merci Mr NIBOULIEZ et ARNAL vous m’avez beaucoup appris

L'Allier
Allier

NG :Désormais tu pêches surtout la basse rivière d’Ain et ses grosses truites, parles nous de cette rivière que tu connais bien.

JO: Il est bien évident qu’habitant Lyon , la première rivière est l’Ain , peuplée d’ombres et de grosses, voire de très grosses truites.
Plusieurs pollutions suite à des lâchers de barrage avec de la boue ont nettement fait diminuer la quantité piscicole, baisse piscicole que je pense inexorable en France – Même chez toi à Champagnole tu peux constater la même chose.
2003 aura été une année noire pour le cheptel piscicole
Il y a la basse rivière d'Ain en aval de Pont d’Ain, très rapide, et la haute rivière d’Ain ponctuée de micros centrales jusqu’au barrage de LALLEMENT . Là se trouvent des très gros poissons difficiles à berner et qui demande beaucoup de patience.. Les bredouilles sont nombreuses mais c’est le pris à payer si on veut atteler une truite de plus de 80 cms.
Il y a l’AAPP de Neuville sur Ain qui est très bien gérée. Ces gens la protège un ruisseau la VEYRON où frayent toujours une soixantaine de poissons entre 50 Cms et un mètre. J’ai une vidéo à ce sujet en HDV .. Et l’UPRA dont la gestion avec l’écloserie qui était une affaire extraordinaire pour la nature, géré par PIAM , et nous a donné la force nécessaire de former les gens à remettre les poissons à l’eau dans de bonne conditions . Ce n’est plus nécessaire actuellement mais une simple routine. Sur le parcours aval il y a de très beaux poissons dans des eaux très claires. Il y a de quoi faire !!!!

La basse rivière d'Ain
l'Ain

NG: Tu es Guide de pêche et reconnu dans ce métier, quelles sont les qualités essentielles pour être un bon guide.

JO: Tout d’abord il faut savoir communiquer sa passion, être très humble et se mettre au niveau des gens que tu vas guider. Avoir une bonne pédagogie est une qualité.
Il faut connaître la pêche et sa pratique dans tous les détails et les techniques.
Je me refuse de parler en termes scientifiques, le gars que vous guider ne va pas comprendre.
Ne jamais pêcher devant le client pour "faire le beau", mais être à coté de lui sans canne à mouches ou alors une canne montée en cas de casse du matériel, être calme, le rassurer.
Ne pas aller manger vers 12 h quand tout le poisson est installé.
Et il y a toute une série d’action : Evaluer le client, lui faire monter un bas de ligne, voir les mouches et pourquoi elles sont montées de telle ou telle façon…… Et surtout pêcher NO KILL.. Apprendre à remettre le poisson à l’eau dans de bonnes conditions.. Plus la truite est grosse, plus elle a combattue et plus il est difficile, notamment par une rivière à étiage bas température montante, qu’elle s’en sorte. Il arrive parfois qu’il faille plusieurs minutes pour la relâcher. Mais quel plaisir de la voir repartir surtout du côté de ton élève.
Et puis il faut appliquer les closes que l’on passe avec l’élève et ne pas changer.
Pour ma part j’annule des stages où la rivière a monté, où elle est trouble. Pour cela j’ai les hauteurs d’eau sur le net , et sur la LOUE j’ai Gérard PIQUARD qui m’informe quelque fois à 5h30 du matin quand je suis prêt à partir.
Enfin, il ne faut jamais se targuer qu’avec un stage, l’élève va prendre du poisson surtout sur les grosses truites. En ce qui me concerne je donne les OUTILS pour telle ou telle technique et c’est à l’élève de travailler et progresser hors stage. A ce sujet j’ai également un suivi par le net sur leur évolution….
Il faut un côté convivial, mettre à l’aise les gens, je pense que l’amour de la nature et de la vie et de ce que l’on est arrange bien les choses .

Jean devant la Loue avec deux stagiaires
guide

NG: Ton activité de guide te mènes souvent sur la Loue, rivière qui t-es cher, qu’à t-elle de particulier à tes yeux

JO: La LOUE est une rivière extraordinaire, de part le cadre et de son potentiel piscicole …
J’ai fait sa connaissance chez SANSO Lieu qui n’est pas la peine de citer en 1989, je pense juste après la mort du père des SANSONNENS. C’est PIAM qui m’a incité à venir pêcher sur ce parcours. Enormément de truites et d’ombres, gestion super.. Et on est tranquille.
Idéal pour guider , la Loue offre la possibilité de pratiquer toutes les pêches . Ce qui est important, c’est que l’élève va voir quantité de poissons et qu’il va constater ses erreurs, rectifier sa technique tout au long du stage. L’eau est claire, froide, et la remise à l’eau d’un poisson est grandement facilité. Et puis il y a un côté convivial extraordinaire. En octobre on revient mettre les fils pour les cormorans, ce sont de belles journées pour la nature.
Idéal pour un stage par rapport à d’autres rivières genre CHAPEAUROUX, ALLIER et LOIRE maintenant où la densité de poissons a bien baissée. Car si on ne voit que deux ou trois poissons sur une journée on peut se poser des questions sur la compétence du guide ……………………
Sur la LOUE il y a bien d’autres parcours privés ouverts de temps en temps, et on se fait des amis, Gérard PIQUARD fait partie de ceux là .

La Loue
Loue

NG : Une de tes techniques favorite est la nymphe à vue, comment aimes tu la pratiquer, arbalète à distance, plutôt léger?

JO: Alors j’ai toujours pensé pêcher avec des nymphes de petites taille voir très petites (H 20 _22 _24 )De longs bas de ligne 6 mètres et plus , aucun indicateur …..
Sur la rivière d’Ain , j’ai pratiqué beaucoup la pêche dites à l’Arbalète avec JMC et son frère .. Et puis je me suis aperçu que les truites avaient enregistrées l’endroit où elles étaient "attaquées" par le pécheur, s’éloignaient de cet endroit et revenaient sur les bordures quelques mètres plus loin .. J’avais fait un article sur ce sujet. Du coup je pêche au maximum en entrant dans l’eau, et pêche si cela est possible du large sur les bordures.
Une idée encore.. J’attaque les grosses truites au début avec du 14/100 puis ensuite du 12/100, pointe deux à trois mètres et il m’arrive de les pécher à plus de 10 métres.sur des hameçons de 14 à 18 .. Et je fais des stages de cette façon….
Bien sûr la pêche à vue est extraordinaire, mais aussi, je pêche au fil dans les courants, fouettée et à distance. Je ne pratique pas la roulette sur des rivières en état, bien que ce soit une technique efficace, surtout quand la rivière est haute, sale ou alors sur un championnat important …..

Truite de 64 cm prise par Jean en nymphe à vue
truite 2

NG : Tu es également très bon monteur, tu as d’ailleurs une série de nymphes au catalogue De Charrette, et j’ai vu que tu fais parfois juge pour des concours de montage, faire ses mouches, créer ses propres modèles est une chose essentielle non ???

JO: Merci du compliment mais il y a actuellement des monteurs d’exception ( Michel FLENET, DESSAIGNE, PETITJEAN, JMC ,PIQUARD) sont bien meilleurs que moi .Il est vrai que monter ses mouches, chercher un produit est bien valorisant. Et surtout on croit bien plus à sa mouche, donc on pêche bien mieux.
Ce que voudrais dire encore, c’est que des millions de monteurs dans le monde il y a bien l’un d’eux qui monte la même mouche que toi , ce n’est je pense qu’une redécouverte .. Mais il faut reconnaître que le matériel et les produits de montage ont explosés en quantité et en qualité.. Qu’il y a des DVD de montage avec la liste des produits et de la technique de montage pour telle ou telle mouche, des Site internet avec des fiches de montage. On en avait pas tant il y a trente ans .

NG : Si tu ne devais garder que deux mouches et que deux nymphes, lesquelles choisirai tu ?

JO : Pour les mouches , j’ai un choix bien difficile.
En Nymphes ….. la BM 14 et la JO 11
En séches……. La paysanne de la haute Loire .. H14….palmer ….. Cerques perdrix grise…. Montage palmer deux plumes gris cendré marron clair – tinsel or fin….. deux tours de plume de perdrix en tête.. Finition en trois tours de fil orange.%% La mouche d’ORNANS .. en H 16 mais entourage de cul de canard……. Cette mouche a été perfectionnée par Gérard PIQUARD qui a remplacé le cul de canard au lieu de la plume de coq. Bravo pour lui

La mouche de Gérard
mouche

NG : tu as longtemps fait de la compétition à haut niveau, que te restes t-il de cette époque….

JO: J’ai fais de la compétition afin comme je le dis plus haut de me situer par rapport aux compétiteurs, et surtout pour être reconnu afin d’imposer mon petit savoir dans le seul but de protéger la nature, l’eau, les poissons et le cadre de vie .
Qui dit compétition, voit pointer le jour, à mon époque sur la jalousie, cela est valable dans tous les sports. Mais j’ai gardé de très bons souvenirs de gens agréables dévoués et positifs ……..Cela m’a permis de faire des efforts dans la recherches des techniques que je maitrisais mal afin d’être plus à l’aise ……..

NG: Je reviens sur les mouches De Charrette, tu as une longue amitié avec Jean Marc CHIGNARD, parle nous un peu de cette relation et de ce qui vous unis.

JO: Cela fait un bail qui nous a réunis. Bien avant qu’il soit professionnel de la pêche, il a été d’abord un formidable compétiteur et un monteur de mouche extra. Autodidacte, il a beaucoup travaillé pour être au niveau actuel que l’on connaît.
C’est un garçon qui sait partager.. Avec ses parents on allait chercher des morilles dans l’Ain. Ils m’ont donné beaucoup de coins..( Qui le fait actuellement )
On s’est donné les endroits où il y a de très grosses truites et c’est toujours d’actualité.. J’ai fait de nombreux salons au début avec lui, mais il n’y a pas que moi….
Je voudrais le remercier de tout le matériel qu’il a mis à disposition pour que je fasse de la compétition, ainsi que son soutien envers les jeunes de mon club ; et actuellement de l’équipe de France jeunes
Et l’amitié consiste à donner sans arrière pensé et c’est du bonheur quand on reçoit en retour.
Ce qui m’uni à Jean Marc , c’est sa gentillesse,sa disponibilité, sa recherche de l’excellence et son franc parlé .Et puis on a eu des moments grandioses un peu de partout sur les rivières , notamment sur un parcours privé de la LOUE à l’occasion d’un tournage avec JM SOMARE et KIKI le caméraman disparu cette année bien trop tôt…Ou alors quand il sautait dans l’eau pour combattre une grosse truite dans l’Ain, il flottait et me disait "Jean, enlève moi mes cuissardes !!!! "

A mon avis c’est le pêcheur le plus complet que je connaisse et surtout sûrement le meilleur en nymphe à vue Fouettée. Il pêche très léger

Les amis de Jean Marc Chignard
JMC

Il manque JM Somaré sur cette photo, donc le voilà!!
JMS

NG: Durant ta carrière de pêcheur, tu as rencontré un grand nombre de très bons pêcheurs, sans tous les citer dis nous ceux qui t-ont le plus marqué ..

JO: Tout d’abord un très bon pêcheur à mon avis n’est pas celui qui fait de la quantité mais de la qualité ……
Il y a de nombreux amis pêcheurs, mais je veux citer un ami de mon pays où les corbeaux volent à l’envers pour ne pas voir la misère humaine et qui m’a fait poursuivre mon amour envers la pêche et la nature, Jean Paul ROUBY
Sur le Chapeauroux et l’Allier JL POIROT.
Sur les qualités de pêcheurs et surtout humaines, Il y a eu A.TERRIER et Jean GOUDARD deux personnages extraordinaires trop tôt disparus, et je salut Yvette et Mireille ( bien peu de gens les contactent régulièrement ??) André ALATISSIERE , le père de Sébastien .. Ils ont su partager,inventer,inover ? Il ne faut surtout pas oublier qu'André a été à l’origine du championnat de France junior et que certains d’entre eux se trouvent actuellement en équipe A Championne du monde .
Je ne citerai pas JMC, il le sait, mais également le père PIQUARD grand monteur de mouches, très cultivé dans tous les domaines, chose rare actuellement et super pêcheur..
Et puis des gens un peu moins connu quoi que : Mon élève Grégoire JUGLARET et ses parents, Des gens extraordinaires. Thierry HAART qui fabrique un moulinet super en titane 104 grs, avec bobine débrayable démultiplié un tour X3 etc une technologie hors du commun , PIAM qui a fait beaucoup pour les rivières françaises.. Egalement de super pêcheurs. Ils ont de la conviction dans leurs démarches, et c’est cela qui me plais.
Et mon Ami Robert ALLEYSSON qui fabrique à mon avis les plus belles cannes à mouche en bambou refendu, Celle qui m’a offert pour mes 50 ans est unique.. Merci à toi Robert.
Un super pêcheur qui sort de la compétition, et monteur de haut niveau… William BERGARD , toujours disponible, gentillesse, fidélité. Quoi demander de mieux !!!!!!

Robert ALLEYSSON et le fils de Jean, Jean-Christophe
JC

Et pour conclure, je pense que la prise de conscience des gens sur la nature ne va pas assez vite et que sur des dizaines de rivières il est déjà trop tard. C’est facile d’en parler à la télé mais sur le terrain trop peu de choses sont faites et beaucoup de bénévoles ont jetés la masse. Pensez donc en 40 ans les Anglais venaient pêcher chez nous et maintenant c’est l’inverse qui se produit. Alors qu’il y a des jeunes qui ne veulent pas que leur patrimoine disparaisse. Je leur souhaite beaucoup de courage et surtout je leur dit : Ne laissez pas tomber

Bien sur et comme d'habitude, je vais recevoir maintenant un proche de Jean pour nous parler de lui, il a été cité plusieurs fois dans l'interview. Je laisse la parole à Gérard Piquard connu aussi sous le pseudo "Pouic" sur les forums

Gérard en action sur sa belle
GP

Présenter Jean OULION n'est pas pour moi une tâche facile, le personnage est tellement attachant que je ne peux le présenter qu'avec un excès de respect. Jean est né en 1945 au Puy en Velay en Haute Loire, depuis tout gamin "au cul des vaches" il vint tout naturellement à la pêche dans les ruisseaux qui bordaient les patures, goujons et vairons furent ses premiers poissons, jusqu'à la magie de la prise de sa première truite, dès cet instant, le mal était fait, jamais le gosse qui s'amusait dans ces rus, n'imaginait qu'un jour il finirait champion de France de pêche à la mouche.

J'ai fait la connaissance de Jean vers la fin des années 1990, sur la Loue à la grange Golgru, à Cademène. A cette époque je rendais service aux propriétaires du lieu en participant aux divers travaux des champs, de la ferme et de l'entretien de la pêche. Jean y venait pour exercer son métier de guide de pêche, comme tant d'autres, et en dehors des formules de politesse d'usage quand on se rencontrai sur les rives de la rivière ou à la ferme, je pêchais seul comme d'habitude. Au mois de juillet, au plus fort de la canicule j'avais remarqué le personnage en compagnie d'un client, en plein exercice de son métier. Il y avait ce jour la une foule de pêcheurs dans la Loue, ça pataugeait de partout et je vaquais sur la rive au lieu dit « les Bours » pour essayer de digérer le copieux repas préparé par mon épouse et ses amies, femmes de pêcheurs également, à la table de la ferme et comme il se doit bien arrosé.

Je n'avais pas envie de pêcher, et j'étais là, les mains dans les poches à billebauder l'esprit tranquille, quand soudain m'apparut une scène insolite. Aux cotés de son client, Jeannot prodiguait ses conseils abrité sous un immense parapluie, presque un parasol !!! La scène me parut tellement cocasse que j'en restais les bras ballants, je décidais d'observer le personnage, sans me faire remarquer. J'avais déjà vu de nombreux guides sur la Loue, mais je n'avais jamais pris le temps d'en observer un, surtout un ancien champion de l'équipe de France. Après deux heures de pêche, le client totalisait quatre ombres, je remarquais les regards envieux des pêcheurs voisins presques tous bredouilles, et là je compris que Jean faisait partie de l'élite. L'instinct d'un vieil habitué de la nature lui fit sentir une présence, il se retouna, me fit un petit signe et vint se présenter, à partir de cet instant naquit une longue amitié, celle qui est franche et sincère, où il n'y a pas besoin de contrats signés; celle de la parole donnée. Consciencieux dans la vie comme dans son métier de guide de pêche, pour éviter de piétiner les frayères, et ne pas subir la pression du résultat devant ses clients comme tant d'autres, Jean n'exerce son art sur la Loue uniquement à partir de l'ouverture de l'ombre, ce qui lui évite de pêcher ce poisson avant l'ouverture légale, peu de pêcheurs éprouvent autant de scrupules.

Que dire également de ses nombreuses qualifications, il fabrique des fabuleux paniers de pêche en rotin, certainements les plus beaux que j'ai pu voir, ses mouches sont montées avec finesse et sont d'une efficacité redoutable, et ses nymphes céramique, qu'il me donne avec générosité et que je n'ose pas employer de peur de les perdre, les grosses tuites de l'Ain en savent quelque chose et l'on voit souvent l'artiste dans les revues spécialisées. L'homme pourtant à su rester humble, toujours disponible pour rendre service, et les parties de pêche avec ses amis de toujours, que je n'ose pas citer de peur d'en oublier resteront toujours dans ma mémoire comme des moments d'intense amitié.

Je ne te souhaite qu'une chose Jeannot continue encore longtemps.

Et bien merci à Jean pour s'être prété au jeu de l'interview et également à Gérard pour sa superbe intervention, je vous souhaite à tous les deux de vous retrouver encore de longues années sur les berges de la Loue et pour les autres à bientôt avec un prochain invité ;-)