Je ne pensais plus faire d'interview cette année et puis j'ai une idée qui devrait vous plaire.
Comme vous le savez peut être, les championnats du monde de pêche à la mouche de 2008 vont se dérouler en mars prochain en Nouvelle Zélande (Site Web).
J'ai voulu vous faire rentrer dans l'ambiance dès aujourd'hui pour commencer à encourager notre équipe nationale qui ira défendre là bas son titre acquis cette année en Finlande.

J'ai réuni pour vous les six membres qui composent cette équipe hors normes, j'ai nommé: Bertrand Jacquemin (Vosges), Christophe Idre (Pyrénées Orientales), Eric Lelouvier (Hérault) Julien Daguillanes (Hautes Pyrénées), Thibaut Guilpain (Hautes Alpes) et Yann Caléri (Isère).
Cette équipe sera conduit pas l'emblématique capitaine Jacques Boyco et son manager Saïd Yahiaoui.

Je leur ai posé à chacun les trois mêmes questions qui sont les suivantes:

  • Tes résultats de l’année 2007 t-ont permis de faire partie de l’équipe de France qui ira participer aux championnats du monde de pêche à la mouche en Nouvelle Zélande en mars 2008, que représente cette destination pour toi ?
  • Qu’est ce que tu ressens avant une telle épreuve, de la crainte, de l’envie, de l’impatience ?
  • En 1991, lors des derniers championnats du monde dans ce pays, c’est les Néo Zélandais qui avaient été sacrés, quel est ton pronostic pour ceux de 2008, la France a t-elle ses chances ?

Le premier à répondre n'est autre que Bertrand Jacquemin, c'est maintenant un vieux briscard de ce genre de compétition et bien sur , faut-il le rappeler, champion du monde individuel en Suède (2005)

  • La NZ c'est la destination de rêve, on y pense de temps en temps et on en rêve tout le temps. La nature, les eaux claires, les grosses truites sauvages... la pêche à vue ? J'en ai déjà des frissons dans le dos. Je n'ai jamais eu le plaisir de poser mes soies à l'autre bout de l'hémisphère : en 2008 le rêve devient réalité.
  • Avant un championnat du monde, je n'ai toujours qu'une envie, c'est d'y être. Celui ci a un caractère spécial: nous avons un titre à défendre, très peu de monde dans l'équipe connaît les rivières de compétition et pourtant chacun de nous aura à coeur de donner le meilleur. la crainte de mal faire viendra lorsque nous serons sur place. Je sais aussi la chance que nous avons de pouvoir participer à un tel championnat, nous essaierons de faire partager la compétition au plus grand nombre via Internet.
  • L'équipe du pays qui accueille les championnats a toujours de fortes chances de l'emporter: elle connaît bien les rivières, les techniques de pêche et les habitudes des poissons. Les Néo Zélandais seront donc à surveiller de près. Il nous appartiendra de reconnaître au maximum les secteurs lors de notre arrivée sur place, de déterminer les meilleures techniques pour espérer conserver le titre gagné en Finlande. Si les rivières sont claires, si la pêche est technique et difficile, nous saurons relever ce défit. Un championnat du monde se joue à peu de chose, notre capacité à travailler ensemble sera un de nos atouts.

Bertrand ici avec un bel ombre du San
Bertrand Jacquemin

Au tour de Christophe Idre (énorme d'avoir Christophe sur le net non? ;-) ) . Que dire de Christophe si ce n'est qu'il faudra bien qu'il lâche un jour cette première place au PSM!!!
Voilà ses réponses:

  • Le "paradis de la mouche ", le pays des grosses truites, l’aventure a l'autre bout du monde! C’est ce qui me vient à l'esprit quand on me parle de la Nouvelle Zélande.

  • En ce moment , surtout l'impatience .Le premier contact avec le pays, les gens, les rivières,les lacs. L'impatience de prendre mon premier poisson, avoir les premières sensations, savoir quelle mouche marchera ou pas! L'impatience de retrouver mes camarades pour vivre cette aventure humaine.

  • Question piège !! Rien n'est jamais gagné d’avance, difficile de donner un pronostic .D'années en années le niveau des équipes s'améliore. Dire que nous serons sur le podium et un peu prématuré, mais on a un titre à défendre et on lâchera rien .Viva la french team .

Christophe avec une superbe truite
Christophe Idre

Place à Eric Lelouvier, vice champion du monde individuel en titre, il ne peut que faire mieux en Nouvelle Zélande!! C'est bien tout le mal que je te souhaite.
Ses réponses:

  • Ce pays représente, au même titre que les Etats-Unis et la Patagonie, le rêve de tout pêcheur à la mouche. C’est un des derniers El dorado où l’on peut pêcher des gros poissons qui plus est, avec les techniques les plus intéressantes comme la nymphe à vue et la mouche sèche. Ce pays fait aussi rêver par ses paysages hors du commun.
  • Bien sur qu’il y a de la crainte, celle de faire cette compétition avec de mauvaises conditions météo ce qui gâcherait le plaisir, la crainte par rapport au choix des rivières et lacs fait par l’organisation, la crainte que la densité de poissons ne soit pas équitable entre les postes. De l’envie il y en a aussi, surtout celle d’être dans un cadre somptueux, c’est une chose primordiale pour moi à la pêche. L’impatience viendra seulement sur place, au moment où il faudra tremper la soie………….
  • Tout pays organisateur devient un adversaire redoutable et bien entendu les Néo Zélandais seront parmi les favoris. Ils seront surtout dangereux en lac où il peuvent faire la différence par la connaissance du lieu. Il faudra aussi compter sur les Anglais par rapport aux deux lacs, bien sur les Tchèques, mais aussi les Espagnols et les Italiens. Je pense que le podium se trouve dans cette liste.

Eric sur une de ses rivières de prédilection: la Dourbie
Eric Lelouvier

On va rajeunir un peu avec l'arrivée de Julien Daguillanes ( Interview de Julien ), Julien devient maintenant un habitué de cette équipe , à son âge, c'est exceptionnel.
Ses réponses:

  • Jusqu’à cette année et ma sélection pour les championnats du monde, cette destination n’était qu’un rêve, des vidéos sur Internet et des photos dans les magazines avec des poissons toujours plus gros, toujours plus beaux...... Je pense que tous les pêcheurs à la mouche qui recherchent des gros poissons rêvent un jour d’aller taquiner les truites chez les « Blacks ». J’espère qu’à mon retour j’aurais toujours envie de pêcher les rivières françaises. Il me tarde aussi de connaître leur système de gestion des rivières pour le comparer au système Français.
  • Peu de temps avant le départ pour les championnats, je suis très impatient, je pense d’ailleurs que les gens autour de moi le ressentent déjà. Il me tarde de voir les paysages, les rivières, les lacs et leurs habitants. En clair, il me tarde déjà d’y être….. Juste avant le départ, j’ai toujours peur d’oublier quelque chose, je vais vérifier 15 fois mon sac avant de partir, il me semble toujours que j’oubli une paire de chaussettes, un moulinet, une bobine de fil…Et après, pendant les manches de compétition, une fois que le premier poisson est marqué, je prends confiance en moi et je suis comme un fou, une vrai pile électrique…..
  • Je fais rarement des pronostics, par contre, une chose est sûre, toutes les équipes mondiales nous craignent…. Nous avons bien réussi à battre les Blacks au rugby…On a vu ces dernières années des équipes comme les USA et l’Afrique du Sud faire d’énormes progrès, maintenant, toutes les équipes ont leurs chances. On peut s’attendre à tout pendant un championnat du Monde, passer à côté de la pêche, un mauvais tirage au sort, des conditions météo désastreuses qui modifient la pêche avant les manches de compétition. Une chose est sûre, on fera de notre mieux pour représenter notre pays et ne pas décevoir les personnes qui croient en nous. On est entraînés pour pêcher dans toutes ces situations, c’est pour cela qu’on a été choisi, on est parés à toutes éventualités . Je ne rêve que d’une chose, c’est la 1ère place de l’équipe de France.

Julien avec une belle Francomtoise lors de sa venue dans le Jura
Julien zébrée

Le cinquième membres de cette équipe fabuleuse n'est autre que Thibaut Guilpain qui va vivre, là encore, une aventure hors normes.
Voilà ses réponses:

  • Comme beaucoup de gens le savent, je suis un miraculé du PSM pour 2007 (9ème). Le niveau national est de plus en plus élevé, et les nouveaux, surtout les jeunes poussent la barre très haut....J'ai eu énormément de chance de participer aux dernières sélections et encore plus d'avoir été choisi. Cerise sur le gâteau, la Nouvelle Zélande ! Je ne connais ce pays qu'au travers de reportages ou photos, ou mieux, de rêves. Je pense que ce championnat restera une expérience unique en son genre. Comme a dit Jacques lors des sélections, il s'agit d'un championnat particulier, avec des conditions de pêche particulières.
  • Pour le moment je n'arrive pas vraiment à me projeter dans ce voyage, car c'est l'inconnu total. Alors je me documente, je questionne les copains qui sont déjà partis là-bas, je visite des sites...Tout me paraît irréel: la beauté des paysages, l'aspect et la taille des poissons, la distance qui nous sépare de ce pays, le matériel que l'on va utiliser, le type de mouche que l'on va monter! Bref, je suis comme un gamin devant le sapin de noël qui ne sait pas ce qu'il va trouver dans les paquets, mais qu'importe, ça sera forcément bien!!!
  • Je dirais que depuis 1991, le niveau des français n'a cessé de monter. Les techniques se sont affinées, la manière d'aborder les compétitions aussi. Tout cela grâce à Jacques Boyco et aux personnes qui l'entourent. Je pense notamment à Saïd, Jérome et Pascal. L’ensemble des compétiteurs Français y est aussi pour beaucoup puisque c'est le partage d'informations qui fait grimper le niveau. Même si ce championnat paraît profiter aux locaux, je reste persuadé que nous pourrons décrocher la médaille. Il faudra s'adapter sur place, s'imprégner de ces nouvelles conditions, et utiliser tout notre savoir faire. Il n'y a pas de raison, non mais !

Thibaut avec une belle truite de la Durance
Thibaut Guilpain

Nous terminons par Yann Caléri ( Interview de Yann ) qui rajoute une sélection à son palmarès déjà bien rempli.

  • Je ne connais ce sublime pays qu'à travers des films, des photos, des témoignages (d'ailleurs encore bravo pour l'interview avec Zarn ) et bien sûr c'est un rêve de pouvoir un jour y pêcher. J'imagine les paysages magnifiques où l'on voit à perte de vue, les forêts, les plaines, les vallées, les lacs, les rivières aux eaux cristallines et ces poissons merveilleux, Pour beaucoup de pêcheurs à la mouche, la Nouvelle Zélande représente un mythe et c'est une chance de pouvoir s'y rendre au moins une fois dans sa vie, d'ailleurs je ne connais personne qui n'y soit pas retourné, c'est dire si ça doit marquer son homme.
  • Bien sûr , j'ai une grande envie d'y être en espérant que les conditions météo soient bonnes et que l'organisation choisisse de bons spots. L'impatience va monter progressivement au fil de semaines ça c'est sûr! A chaque championnat c'est aussi le plaisir de retrouver des copains d'autres équipes, ou chacun fait le maximum pour réussir mais où règne le bon esprit et le respect mutuel. Quoi qu'il se passe là bas, nous allons vivre des moments forts et des souvenirs resteront dans ma tête pour longtemps et c'est ça l'essentiel.

  • Les Néo Zélandais, ces 10 dernières années sont assez mal placés mais chez eux ils seront là, c'est quasiment toujours le cas des pays organisateurs.Lors des précédents championnats , les équipes Européennes étaient devant, elles restent très fortes mais elles devront également craindre celles de l'hémisphère Sud (Australie, Afrique du sud) qui auront l'avantage du terrain.Les lacs et rivières doivent être très différents de ce que l'on a l'habitude de pratiquer chez nous ,mais nous avons les entraînements pour trouver les techniques et les mouches les plus adaptées. Nous avons 25 manches de 3 heures pour faire la différence, mais comme tous les ans, ça devrait être serré et j'espère qu'on terminera 1er du trio de tête....en tout cas nous avons une bonne équipe et nous défendrons chèrement notre titre!

Yann qui pose avec une belle truite de la Loue

Il est temps de laisser la parole à mon autre invité, il connaît très bien les six personnages qui viennent de s'exprimer, il est le recordman des sélections en équipe de France et depuis peu, un jeune retraité (de la compétition).
C'est les premiers championnats du monde qui vont se dérouler sans lui et ce depuis pas mal d'années. Bernard Marguet est le mieux placé pour nous parler de cette équipe.

Bernard. M: Voici mon avis qui sera très personnel, sur chacun des membres de l’équipe de France, que j’ai tous côtoyé dans divers Championnats du Monde.



Je vais commencer par Bertrand, Champion du monde individuel 2005 oblige. Bertrand est un pêcheur très polyvalent qui ne se pose pas de question quant à la technique à employer, que se soit la nymphe avec indicateur ou alors le streamer, il sait s’adapter quand cela est nécessaire. Il est très fort mentalement . Il faut juste qu’il pense à boire beaucoup, mais de l’eau , ce qui est un effort surhumain pour un Vosgien, sinon son calcul sera faussé ;-)

Eric, vice champion du monde individuel en 2007 en Finlande, est comme un renard (quoique certain dirait héron..), il est rusé, affûté dans ses techniques, et aussi, pointilleux sur certains sujets qui peuvent paraître anodins pour les autres. C’est du sérieux.

Yann a les mêmes qualités ( ou défauts….. ) qu’ Eric, vu qu’ils sont frères ;-) , il pêche comme il aime le dire « propre » , pas de faux gestes inutiles, bonne dérive au premier passage……. Efficace.

Christophe, 1er au PSM depuis quelques années, a montré lui aussi sa polyvalence sur tous types de rivières, impressionnant quand il s’agit de traverser un cours d ‘eau puissant (on le prendrait presque pour un ours des Pyrénées ou un grizzli du Canada, à la recherche de saumons ;-) ) Il maîtrise aussi la pêche en lac sur des poissons sauvages, expérience qui sera d’une grande utilité.



Thibaut, excellent pêcheur en rivière a lui aussi, une grande expérience de la pêche en lac. Ses précédentes sélections montrent qu’on peut compter sur lui , avec la condition qu’il prenne soin de ses articulations ;-) Il est aussi apprécié de tous (et toutes… ) par sa grande gentillesse.
. Je finirai par le petit jeune de l’équipe : Juju. Beaucoup de talent doublé de la fougue de la jeunesse fait de lui un excellent compétiteur qui pourra peut-être perdurer pour espérer égaler le nombre de mes sélections;-) et en plus très agréable à vivre .( dommage qu’il soit du sud…. )

Tous les 6 sont très communicatifs les uns envers les autres , ils savent mettre leurs connaissances en commun pour le bien de l’équipe , aucune mouche secrète, ni quoi que se soit d’autre… c’est cela aussi qui fait la force de l’Equipe de France .

Concernant Cap’tain Jack , quoi dire d’autre qui n’ait pas déjà été dit sur lui . Il connaît tous les points forts (et faibles…. eh oui , il y en a quelques uns.) de chacun des compétiteurs qu’il sait mettre en valeurs au bon moment. Sa très grande expérience du haut niveau lui permet de juger qui il va aller aider pendant une manche ( le capitaine est la seule personne habilitée à communiquer avec un compétiteur), sachant que son choix est primordial, car il est souvent difficile , pour lui , de changer de compétiteur dans une même manche, les distances entre chaque secteur sont souvent importantes .Son œil averti sait rapidement voir si un compétiteur est « dans le coup » ou non, il peut donc intervenir, et chacun le respecte, accepte de changer de technique quand il le demande, tous lui font confiance . Il est autant respecté des membres de l’équipe de France que des capitaines des autres nations . C’est un Grand ( avec un G majuscule) capitaine .

Saïd, manager depuis de longues années , il connaît parfaitement sa fonction. Les compétiteurs n’ont pas à se soucier d’aucun problème de logistique, il règle tout, il est au service de l’équipe. La seule chose que l’on peut lui reprocher, c’est le réveil matin, mais on fini par s’habituer …quoi que… . Sa grande maîtrise de l’anglais sera fort appréciée sur place. De plus, il a passé plusieurs séjours en Nouvelle Zélande , sa connaissance du terrain sera elle aussi prépondérante .

Bernard avec un Bonefish à Los Roquès

En conclusion, pour moi, L’équipe de France est très forte, et elle devrait conserver son titre de meilleure nation mondiale . Et, si titre il y a pour l’équipe, il pourrait y avoir un podium en individuel pour n’importe quel membre, chacun d’eux a les capacités d'être médaillé.

Je terminerai en disant que je suivrai ce championnat avec une certaine nostalgie, car après autant d’années passées en équipe de France , j’aurai , je pense, un petit pincement au cœur quand je lirai leurs aventures sur le forum de la FFPML . Je serai leur premier supporter.

Vive l’équipe de France, et ramenez nous la grosse médaille , ce dont je ne doute pas .
Amitiés à tous .

Cette nouvelle interview, un peu particulière, se termine sur ces paroles de Bernard. Je vous remercie tous chaleureusement d'avoir bien voulu prendre un peu de temps pour nous donner vos impressions avant ce grand rendez vous. Je crois que maitenant on est tous dans l'ambiance, ce championnat arrivera très vite , je vous souhaite la plus belle des médailles et surtout prenez un maximun de plaisir....................