Vous allez me dire que j'insiste sur le sujet et c'est sans doute un peu vrai, mais pas que. En fait, suite à mon dernier article où j'ai partagé un article de presse au sujet du Harle Bièvre, un fidèle lecteur de ce blog, pêcheur et passionné de photos animalières, m'a contacté. Il m'a proposé de me faire passer une photo réalisée par ses soins samedi dernier. Car comme souvent, une image vaut mille mots !

Ce cliché a été réalisé sur la haute rivière d'Ain à Champagnole (39-Jura). Entre la centrale de la base de la roche et le viaduc de la voie de chemin de fer. Cette image est aussi incroyable que le scène est dramatique. Je vous laisse la contempler tout en remerciant une nouvelle fois Claude Muller.

Scène de pêche sur la rivière d'Ain à Champagnole.

Pour un canard censé se nourrir que de petits poissons du genre vairons et autres chabots, il me semble reconnaitre une truite sauvage de belle taille dans le bec de ce mâle Harle. Une de plus qui n'aura pas le temps de se reproduire en passant.

La photo est grandiose, encore bravo Claude. Mais cette scène est dramatique lorsque l'on est conscient du cheptel restant en truite sauvage sur notre rivière comme toutes les autres qui subissent de plein fouet la prédation de ces oiseaux. À cette prédation, il faut bien entendu ajouter celle du grand cormoran qui reste malheureusement d'actualité.

Il est évident que nos têtes de bassins comme la rivière d'Ain à Champagnole/Sirod ne supporteront pas longtemps cette prédation JOURNALIÈRE. Les oiseaux, comme les pyrales après avoir mangé tous les buis, iront ailleurs une fois avoir pillés les populations de truites et d'ombres encore présentes chez nous.

Une truite est préparée dans ses gênes à la prédation du héron cendré ou du martin pêcheur pour les juvéniles car ces prédateurs font parti de la biodiversité locale depuis toujours. La truite est complètement désemparée face aux harles et aux cormorans. Elle ne sait pas s'en défendre et faire face à ces nageurs/pêcheurs exceptionnels. Ces oiseaux sont apparus il y a peu. Ils déséquilibrent totalement la faune piscicole autochtone. Malgré ce que pense leurs défenseurs, c'est une plaie béante pour la biodiversité locale. 

Quand une espèce végétale apparait pour nuire à des espèces locales, on utilise le terme "invasive" sans que cela pose problème. Je pense à la renouée du Japon par exemple. Quand c'est un insecte de type frelon asiatique et que tous les moyens sont bons pour le tuer, cela ne pose pas de problème également. Mais là, un oiseau que nos grands-pères n'ont jamais vu sur nos rivières et qui apparait du jour au lendemain en déséquilibrant toute une chaine, c'est un problème de vouloir agir sur les populations.

Nous sommes plusieurs à passer beaucoup de temps sur ces rivières où les dernières truites sauvages survivent. Personne ne pourra nous convaincre du contraire que ces oiseaux ont un impact très lourd sur les populations. C'est une catastrophe écologique. On laisse une espèce allochtone détruire une espèce autochtone. C'est démoralisant pour le bénévole que je suis. On peut faire ce que l'on veut pour protéger le cheptel, si les oiseaux sont là, c'est peine perdue.

Je souhaite terminer cet article avec les mots de Claude qui accompagnaient sa photo : Les harles sont arrivés à 5 (sur le plat de la Roche) et en quelques secondes cette capture. C'était impressionnant d’efficacité, je n'y croyais pas !

Faites le calcul...Seulement ces 5 oiseaux pêchant durant des mois sur la rivière...