Dimanche dernier a eu lieu à Lons le Saunier l’assemblée générale de la fédération de pêche du Jura. Bien que ces A-G soient toujours intéressantes, notamment grâce à l’intervention des techniciens, j’ai de plus en plus de mal à me motiver pour y participer. En étant élu comme président d’AAPPMA dès l’âge de 23 ans, j’en ai vu défiler deux ou trois depuis le temps.

Mais celle-ci valait malgré tout son pesant de cacahouètes pour un ou deux instants comi-tragiques. Bien que je le pense depuis longtemps et que je suis loin d’être le premier à écrire sur le sujet, l’AG de dimanche dernier a démontré une fois de plus toutes les limites de notre mode associatif. Pour celles et ceux qui l’ignorent encore, nos AAPPMA ainsi que notre fédération départementale sont dirigées par des bénévoles élus en premier lieu au sein des AAPPMA. Dans un monde de bisounours où tout va bien, c’est génial. Mais il faut bien le dire, la trop grande majorité des gens en place ont une méconnaissance des milieux aquatiques et de leurs habitants assez grandes pour leur porter préjudice lors des prises de décisions. Je me place dans le même train car ce n'est pas mon métier.

L’assemblée Générale de dimanche.

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Je vais d’abord vous citer l’exemple hallucinant de dimanche, et puis, car cela m’a remémoré pas mal de choses, mes souvenirs tout au long de ces années de présence aux différentes A.G en tant que président d’AAPPMA.

On revient donc à ce dimanche, lorsque la question des alevinages en corégone (féra pour d’autres régions) sur le lac de Chalain a été posé. Le technicien qui nous présente l’étude du lac de Chalain nous démontre très vite que les populations de corégones sur ce lac se portent on ne peut mieux. De plus, toutes les classes d’âge sont représentées avec des populations de gros poissons très denses. Bref, le rêve pour les pêcheurs. Une question venue de la salle interpelle les membres du bureau de la fédération car dans le résultat de trésorerie que l’on nous a fourni, il y a une somme allouée aux alevinages en corégones sur ce lac. Le technicien répond en expliquant que pour eux, l’alevinage sur ce lac est inutile mais que leur avis n’a pas été suivi en C.A de fédération. Le secrétaire nous explique que c’est psychologique pour les pêcheurs lorsqu’ils ne prennent pas de poisson…J’ai cru rêver en entendant cette réponse ! A quoi bon payer des techniciens si c’est pour mettre de côté leur avis technique ?!? Je provoque en disant cela, car nous avons deux très bons techniciens, avec certainement un des meilleurs de la profession en la personne de Mehdi. 

Il faut bien comprendre que nous pêcheurs, la pêche et les poissons c’est notre passion, pour les techniciens, en plus d’être une passion pour eux aussi, c’est leur métier. Il est évident que leurs connaissances sont immensément supérieures aux nôtres.

Et quand on remonte un peu les années, j’ai quelques tristes souvenirs qui me font croire, que tant que ce système sera en place, on ne pourra pas avancer. Je prends bien sur des exemples que je connais parfaitement et qui sont liés à ma rivière de cœur.

  • Mon plus vieux souvenir sur l’aberration de ce système est au sujet de l’arrêté préfectoral qui protège totalement l’ombre sur une grande partie des rivières du Jura. A cette époque, Norbert Morillas était le technicien fédéral qui a  fait appliquer cet arrêté. Il se trouve que j’étais le seul président d’AAPPMA à le soutenir, que tous les ans, des AAPPMA faisaient le forcing pour autoriser de nouveau l’ombre aux prélèvements. Je citerai « La Truite de l’Ain » dont j’ai entendu de la bouche d’un de ses membres « Autant que l’on bouffe les derniers avant les cormorans »…C’est sur qu’avec de tels personnages en place dans les AAPPMA, la pêche n’a aucun avenir.
  • Autre exemple flagrant sur l’alevinage de truites de souche atlantique. Il a fallu classer les têtes de bassins dans notre département  pour « obliger » les présidents de certaines AAPPMA à stopper définitivement ces alevinages. Je vois encore Mehdi expliquer en autres, aux représentants de l’AAPPMA de Champagnole l’inefficacité, et même la dangerosité de ces alevinages sur la rivière d’Ain. Champagnole n’a jamais compris, ils n’ont jamais arrêté d’eux-mêmes et je suis persuadé, qu’ils alevineraient encore aujourd’hui si les réservoirs biologiques n’existeraient pas. C’est juste inadmissible et cela prouve bien que la plupart des personnes en place n’ont pas les compétences pour prendre des décisions aussi importantes sur les conséquences vis à vis du milieu.
  • Plus récemment, et toujours sur un sujet que je connais bien car il touche tout particulièrement la rivière d’Ain. La mise en place urgente d’une réserve sur la partie aval de l’Ain suite aux mortalités dues aux dysfonctionnements de la STEP de Montigny. L’année d’après, l’AAPPMA en place (La truite de l'Ain) décide, contre l’avis du technicien d’en ouvrir la moitié et d’autoriser les prélèvements comme ailleurs sur ce linéaire. Cela veut dire que cette AAPPMA a décidé d’elle-même qu’en douze petits mois, les pertes piscicoles ont été remplacé par une population suffisante pouvant supporter le prélèvement de trois truites par jour et par pêcheur, c’est juste énorme comme raisonnement !  De plus, cette AAPPMA a pour projet d’autoriser de nouveau les prélèvements sur une grande partie du linéaire encore en no-kill pour l’an prochain bien que les résultats des pêches électriques sur ce même parcours sont toujours aussi catastrophiques ! On frise le ridicule et c’est vraiment triste.On est une fois de plus dans l’exemple type que les gens en place n’ont pas les connaissances pour prendre certaines décisions.

Je ne sais pas qu’elle est la solution, s’il faut faire passer un test de connaissances ou faire faire des formations aux présidents d’AAPPMA pour ne pas mettre n’importe qui aux commandes du navire. Parce que même si les AAPPMA ont de moins en moins de pouvoir vis-à-vis de leurs décisions, on se rend vite compte que malgré tout, cela peut avoir des conséquences très fâcheuses. La truite fario sauvage est devenue assez rare dans nos rivières pour ne pas faire n’importe quoi.

J’ai malgré tout un profond respect envers ces président et autres membres d’AAPPMA car, ils sont peu nombreux à vouloir ces places. Et rien que pour le travail de bénévoles qu’ils réalisent, même si parfois leurs idées me rendent fous, on doit les respecter. Alors la solution, elle passe aussi et surtout par le renouveau. On le rabâche tout le temps, mais malgré ça, on voit toujours les mêmes têtes. Il va falloir que les pêcheurs soucieux de voir encore longtemps des truites dans la rivière se bougent au plus vite, qu’ils aillent à la rencontre de ces présidents, qu’ils dialoguent avec eux, qu’ils leur demandent pour entrer dans le bureau et ainsi tenter de faire passer leurs idées. Un exemple type...On est nombreux, même très nombreux à avoir été attristé par l'autorisation des prélèvements sur le parcours de Montigny-Marigny suite aux mortalités…On le sera aussi si l’AAPPMA arrive à ses fins en faisant la même chose sur l'aval. Pour votre information, seules 8 personnes étaient présentes à l’AG de cette AAPPMA !?!?  Ça vous parle ??? Si le bureau n’est jamais bousculé, il reste dans ses idées en étant sur d’avoir raison, ce n’est pas plus compliqué que ça.

De la source à l’entrée de Vouglans, il y a 5 AAPPMA différentes qui gèrent des lots sur l’Ain. Sirod, Champagnole, Crotenay, La Truite de l’Ain et la Gaule lédonienne. Champagnole et la Truite de l’Ain ont les plus grands linéaires et les équipes dirigeantes les plus anciennes et rétrogrades. Il faut absolument du sang neuf dans ces AAPPMA car je reste persuadé que les personnes en place peuvent modifier leur façon de voir les choses…Si notre système de fonctionnement associatif ne change pas, il n’y a aucune autre solution que le renouveau. Alors si vous êtes dans une AAPPMA qui œuvre déjà pour une politique en adéquation avec la réalité de la situation actuelle, prenez votre carte dans ces deux AAPPMA pour pouvoir accéder au bureau et faire passer vos idées, c’est primordiale et même vitale pour la population de truites farios encore présente sur l'Ain. Je parle aussi pour mon AAPPMA, je ne serai pas du tout mécontent de perdre des cartes pour cette raison, bien au contraire. C’est maintenant où jamais ! 

Merci pour la rivière d’Ain.