L'instant de vérité...Les arrêts de jeu...Le money-time...Et puis la fin. J'ai vécu une dernière semaine de pêche assez folle et pleine d'envie. Étant resté sur ma faim comme bon nombre de moucheurs durant cet été plus que compliqué, le mois de septembre a été salutaire pour le drogué de nymphe à vue que je suis. Je suis allé à la pêche tous les matins sauf le Mardi avant d'aller au boulot. La rivière était, comme encore aujourd'hui à l'étiage. Les fonds malheureusement commençaient sérieusement à se salir. Mais certains coins peu ensoleillés nous laissaient encore admirer les belles gravières de la haute rivière d'Ain.

Lundi matin, j'avais seulement une heure, de plus, j'avais décidé d'emmener mon chien avec moi. Bref, cela sentait le capot et c'est ce qui est arrivé. J'ai eu une demi-occasion que j'ai déjà réussi à concrétiser dans de pareilles circonstances, mais pas cette fois. Dans tous les cas, le bol d'air à la rivière avant les huit heures de boulots enfermé, cela n'a pas de prix...Truite ou pas. Mardi, je suis resté bloqué à la maison pour honorer des commandes...Arg ! Je me promet de bosser comme un fou cet automne ainsi que cet hiver pour ne pas revivre ce genre de situation ! ;-) .

Mercredi matin, je pars tranquille en short, sans chien et avec 1h15 devant moi. Je sors la canne du fourreau, déjà prête à faire feu. Pointe en douze centièmes, petit gammare léger (GL-16) noué au bout et c'est parti. Première trouée dans la végétation en surplomb, je recule instantanément à la vue de deux truites qui se nourrissent en piochant au fond à ras le bord...Ça commence pas trop mal tiens ! La lumière n'est pas top, mais les truites sont tellement proches...Je pince ma nymphe entre pouce et index en m'avançant de nouveau en sachant cette fois-ci ce que j'aillais trouver. Une seule des deux truites était toujours là. La nymphe perce la surface de l'eau avec toute la discrétion que demande la pêche de fin de saison. La belle zébrée vient l'intercepter avant qu'elle ne touche le fond. C'est pendu pour la première minute de pêche de la matinée ! Impressionné par la puissance du poisson qui est tout sauf un monstre. Mais franchement, quelle patate ! Grosse chandelle en partant vers l'aval avec des coups de gueule dans tous les sens. J'essaie tant bien que mal de calmer les ardeurs de ce poisson fou. Je réduis la distance qui nous sépare et c'est là qu'elle choisit de me faire un rush peu commun vers l'amont ! Enfin, j'ai pu la mettre dans la filoche, mais bon sang que ce poisson était en forme. Le coup juste en aval, je me prendrai un joli refus, qui était même plus que cela puisque la truite a dévié de sa trajectoire en partant dans le milieu de la rivière dès qu'elle a vu mon imitation. C'est pas à tous les coups que l'on gagne. Je vais resté ensuite assez longtemps sur un gros poisson à la limite de l'obésité et qui devait faire ses soixante centimètres. Il voyageait sur un haut fond en remontant de temps en temps sur une zone peu profonde où il se nourrissait par intermittence.   

Fario de l'Ain

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Sur un lancer à environ 10 mètres, j'ai cru voir le poisson prendre ma nymphe, ferrage dans la foulée ! Pendu ! Rhoooooo, comme c'est super lourd et puisant. Mais le démarrage est très suspect, genre linéaire sans coup de gueule. La décroche arrive très vite...Quatre écailles sur l'hameçon...Bravo, joli ferrage garçon ! Heureusement qu'elle s'est décrochée très vite, sinon, j'allais courir après un sacré bout de temps.

Je remonte tranquillement, change de berge, cherche les poissons. je croise deux pêcheurs venus de la BRA qui se reconnaitront, on fait un brin de causette. Mais bon, c'est le money-time ! ;-) .Je redescend et me cale en milieu de rivière en bout de gravière. Il y a quelques truites qui tournent là. La première me fera un refus et j'ai pensé que la deuxième aussi, mais il m'a semblé voir une tirée sur le fil sans avoir vu le poisson prendre, je ferre par réflexe et c'est pendu ! Gros départ sur le côté, ma soie se prendre dans l'accroche de ma sacoche étanche d’appareil photo et c'est la casse !! Le boulet ! En une grosse heure, j'aurais pu faire trois magnifiques poissons. J'en ai déjà pris un, c'est très bien.

Le Jeudi, je reviens au même endroit pour pêcher plus longtemps les autres poissons qui tournaient au bout de ma gravière. Mais avant cela, j'ai eu le temps de bien faire les deux bordures car je suis arrivé plus tôt. Résultat non concluant car aucun poisson de ferré. C'est en fait quasiment les mêmes poissons que la veille que j'ai vu. Et là, c'est très compliqué du coup. Je me refuse de mettre du dix centièmes vu les gabarits que j'ai pu apercevoir. Surtout en ayant eu un aperçu de la puissance des truites de la veille. Cela aurait sans doute fait la différence sur une ou deux truites que j'avais déjà tenté la veille. Bref, j'abandonne pour retourner sur la fameuse gravière. Les truites sont là, mais très coquines. Refus sur refus, malgré un ou deux changements de nymphes. C'est lorsque je n'y crois plus qu'un poisson arrive côté reflet. Je le vois, je ne le vois plus, je le vois, on joue à cache-cache. Je déploie ma soie pour une des dernières fois de la saison pour faire un poser proche de la truite. Forcément, la nymphe est dans le reflet, la truite nage dans sa direction, je ne la vois plus de nouveau...Je ferre quand même, c'est pendu ! Trop bien ! Le genre de ferrage qui fait super plaisir. Gros rush vers l'amont, elle me prend bien dix mètres de soie, j'ai même cru à un moment que j'allais voir mon backing, mais non. Même constat que les poissons de la veille, grosse puissance! Poisson en pleine possession de ses moyens malgré des mensurations modestes. J'adore ! 

Dans la difficulté, on revient toujours aux bases en matière de nymphe.

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Le vendredi, j'ai seulement eu deux occasions en une heure de pêche. Un super coup de ligne depuis un pré pour aller chercher une truite de 50 en berge opposée. Pas loin de 10 lancers pour atteindre ma cible correctement. Le truc, c'est que la nymphe est tombée un poil trop court. J'ai donc opté pour une animation des plus vives. Le poisson a réagit en venant prendre ma nymphe mais en étant bien entendu en face à face par rapport à moi. J'ai gratté le fond de la gueule pour décrocher le poisson de suite...J'étais malgré tout très heureux de mon coup de ligne. Loin d'être facile. Deuxième occasion bien plus facile à l'arbalète sur un poisson tout foncé. Je voyais même ma nymphe ! La truite s'est aussi décrochée en cours de combat sans que je comprenne encore pourquoi ! Ce matin là, j'ai pris un refus par une carpe...Sur l'Ain, oui !

Les jours passent et on a jamais été aussi près de la fin. Le samedi, j'ai passé ma journée à Goumois pour les Masters Pêches Sportives & de la Franco-Suisse. je vous ferai un billet pour cette agréable journée plus tard.

Dernier jour ! Malheureusement, comme un week-end sur deux, ma femme travaillait et d'après-midi en plus. Du coup, c'était pêche le matin uniquement. Mais plus que mon heure journalière en semaine, j'en avais trois devant moi ! Après avoir déposé Thibaut chez Victor pour une journée de fermeture de leur côté entre jeunes loups-garous, je me suis rendu là où l'histoire commence tous les ans et donc à l'endroit où pour moi elle doit se terminer obligatoirement. Je ne vois aucune autres alternatives. Le Seb est déjà là bien sûr ! On cause, il me raconte sa folle semaine qu'il vient de vivre (il était en vacances le saligot ! ). Bref, on rentre en action, moi, sur LA gravière et lui un peu plus en amont. Première poisson attaqué, premier poisson pendu. Décroché pendant la bagarre. J'avais un hameçon de 22, c'est donc pas déconnant. Dommage, c'était peut-être le poisson de ma fermeture. Un poisson tout jaune sort et nage lentement berge opposée. Présentation nickel, je choisi de lancer mon animation au moment où je vois le blanc de la gueule ! Merde ! Manqué !  Ce n'est pas possible...Je vais resté ensuite sur un autre poisson assez longtemps sans pouvoir le faire croquer. Je remonte un peu, l'heure à laquelle je dois décoller pour aller garder les enfants et en particulier ma petite Lilou arrive très vite. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages, c'est pas facile la pêche ! Oula, stop Nicolas. Il y a un très joli dormant posé en travers en plein sur la gravière à bien dix mètres de moi. Premier passage propre, animation, il se réveil sans prendre...Deuxième passage tout aussi propre, animation, le poisson se décale mais prend cette fois-ci, c'est pendu ! Bagarre sans relief pour un poisson aux couleurs de feu. Ma truite de fermeture ! Celle dont on se souvient pendant les long mois d'hiver. Je me fais un plaisir de faire une petite photo pour ensuite la regarder rejoindre ses copines. 

La dernière...

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Je rentre à la maison, Lætitia part au boulot, il est 14 heures, je suis chez moi, c’est la fermeture...Aus'cours ! 

-Lilou ! Tu veux pas aller un petit coup à la rivière jouer dans l'eau ?

-Si tu veux papa.

-Alléluia !

Nous voilà reparti pour le même endroit. Le Seb est toujours là, Denis, le parrain de Thibaut arrive à sont tour, le compte est bon, les amoureux de LA gravière sont tous présents. L'orage menace...Il va falloir faire vite. Je pêche devant ma fille sans m'éloigner. J'aurais une occasion en fait, la dernière de la saison 2014. Et quel symbole finalement avec le recul, puisque je la manquerai au ferrage cette truite. Je n'ai pas un niveau technique assez efficace pour faire croquer toutes les truites que j'attaque, loin de là, très loin même. Mais à chaque fois que j'ai la chance de tromper un poisson, j'ai...J'avais une réussite au ferrage proche du 100%. j'ai même souvenir de saisons encore récentes où je n'avais aucun loupé et seulement deux ou trois décroches... Cette saison, j'ai du manquer une grosse douzaine de truites en étant sûr et certain qu'elles avaient pris ma nymphe. C'est difficile à avaler. A voir en 2015 si cela s'empire ou s'améliore mais j'ai bien peur de connaitre déjà la réponse...On va pas vers le beau ma bonne dame ! ;-)

A 15 heures, et sous les première gouttes de pluie de l'orage qui faisait cette fois-ci plus que menacer, on est parti avec ma petite fille. Ce n'est bien sûr qu'un au revoir, tant je passe de temps auprès de la haute rivière d'Ain en période de fermeture. Les belles continueront à me voir très souvent, c'est certain.

La plus belle à mes yeux.

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