Voilà bien longtemps que je ne mettais pas laisser aller à l’exercice du récit de pêche. Il fallait sans doute la rencontre d’un poisson bien particulier pour me donner de nouveau l’envie de coucher quelques mots sur une page blanche.

C’est histoire débute le vendredi du week-end dernier. La météo annonçait un retour de l’hiver. Elle ne s’est pas trompée. Alors que des amis avaient eu des éclosions plus ou moins sporadiques les jours précédents le tout avec une météo douce et humide, je me suis retrouvé au bord de l’eau avec des conditions totalement différentes. Au menu j'ai eu le droit à de la neige accompagnée d'un vent du Nord soutenu et glacial. Un vrai régal pour le pêcheur à vue que je suis. Ce mixte hivernal a tout simplement bloqué l’activité aussi bien des insectes que des poissons. Aucune éclosion ce jour-là. Vraiment rien à mon grand désespoir. J’ai donc marché en cherchant dans les moindres recoins un poisson actif au fond de la rivière. Même comme ça, malgré pas mal de chemin parcouru, j’ai repéré une seule et unique truite. Une rencontre qui a eu lieu à la mi-temps de ma partie de pêche. Une truite que j’estimais entre 43 et 45 centimètres était postée à environ 12 mètres de la berge devant moi. J’étais placé en hauteur avec énormément de végétation. Impossible pour moi de faire un rouler correct depuis ma position. J’ai opté pour une autre solution, celle de me placer dans l’eau au pic de la berge. Je me suis donc laisser glisser lentement et arrivé en bas, j’ai profité d’un petit bloc pour passer en mode héron. Une fois en place, j'ai scruté l’eau devant moi…Plus de truite. Je pensais avoir eu la discrétion nécessaire, l’absence du poisson m’a fait croire le contraire.

Paysage du vendredi.

Une fois en place et malgré la fuite de ma truite, j’ai décidé de ne pas bouger. Bien m’en a pris puisque moins de 5 minutes plus tard, une truite, sans doute la même, vint dans ma direction tout en boulotant de temps à autre une bestiole sur le fond de la rivière. Elle s’approchait de plus en plus près à tel point que je commençais à me faire petit en me baissant au fur et à mesure qu’elle progressait. Cela ne faisait aucun doute, j’allais pour voir la tenter à l’arbalète malgré mon choix d’être à découvert. J’ai donc propulsé ma cuivre dès qu’elle fut à portée. pour capturer les truites de début de saison, le plus difficile, c’est finalement de passer en premier. Les occasions sont certes rares, mais souvent ponctuées de succès. La règle n’a pas été dérogé. La truite a pris ma nymphe sans sourciller. Ferrage dans la foulée qui a eu pour effet de déclencher un démarrage du poisson qui m’a vraiment surpris par sa fougue ! Sans que je puisse faire quoi que ce soit, le poisson a foncé dans un sapin immergé. La conclusion fut à son avantage. Il m’a fallu casser le fil.

Sans le savoir, je venais de passer à côté de ma seule occasion du jour. La suite ne sera que prospection et attente du gobage qui n’arrivera jamais. Les conditions hivernales ont eu pour effet de bloquer les timides éclosions des jours précédents. Bilan de cette première journée, zéro gobage, une truite attaquée à vue mais sans conclure et malheureusement 4 harles de croisés en train de pêcher. Ma présence les aura forcés à aller voir ailleurs, désolé pour les voisins.

Retour au bord de la rivière le samedi. Je ne pensais pas que cela pouvait être pire que la veille, je m’étais lourdement trompé. La neige tombée dans la nuit était encore plus présente tout comme cette bise toujours aussi désagréable. Un vrai décor de janvier ! La progression en berge était un régal. Quel plaisir d’avoir un bain de neige à chaque contact avec la végétation. Il fallait bien penser à hausser les épaules pour l’empêcher de passer entre le col et la nuque ! Pour ce deuxième jour de pêche, je n’ai absolument rien vu. Que cela soit sur l’eau ou sous l’eau. Un vrai désert halieutique. 4 heures à errer sur les berges de mes linéaires favoris sans croiser un poisson. J’ai vu ce jour-là un cormoran et quelques pigeons. Toujours aucune mouche sur l’eau. Ma seule émotion du jour aura été d'échapper de peu à un gros branchage qui a cédé sous le poid de la neige. Une belle frayeur !

Fallait en vouloir le samedi.

Malgré mes deux déconvenues, j’ai tenté de nouveau ma chance le dimanche. La neige avait fondue en grande partie. Le vent du Nord était lui toujours bien actif. J’ai fait le choix de tenter un autre secteur en pensant être plus à l’abri. Effectivement, en tous les cas sur l’eau, et sur ce linéaire, les vagues étaient moins importantes. Il était donc possible de voir un peu plus facilement sous l’eau. Je pouvais être certain qu’il n’y avait rien du coup ! Rien vu jusqu’à arrivé vers un coup peu profond en amont d’un autre plus profond. Enfin quelques mouches dérivaient. Mes premières du week-end. Un gobage ! J’étais sur la berge assez loin de ce rond. Devant moi une zone profonde qui m’empêchait de rentrer dans l’eau pour me positionner. De plus, j’étais persuadé que sous ce gobage il y avait un ombre et non une truite. Mais bon, j’étais heureux de voir une telle scène. Je suis resté là assez longtemps pour l’observer. Après un bon quart d’heure, droit devant moi à environ 10-12 mètres, il me semble voir au fond une forme familière. C’était bien une truite. Elle était certainement devant moi depuis le départ mais focalisé sur le gobage un peu plus en amont, je ne l’avais pas vu. De plus, c’était un poison plus modeste donc plus difficile à détecter. A chaque fois que je détournais le regard, il me fallait prendre du temps pour la repérer de nouveau. Vraiment difficile à localiser mais c’était ma chance. Sans doute le poisson du week-end si je faisais les choses comme il faut.

J’ai sorti mon bas de ligne tout en conservant ma nymphe dans la main et j’ai commencé à lancer à l’aide d’un rouler. Ma première tentative fut stoppée dans une banche derrière moi dans les hauteurs de la ripisylve. Pas grave, j’ai donc renoué une autre cuivre. J’ai croché comme ça deux autres fois mais en pouvant récupérer ma nymphe. Puis une troisième qui m’a obligé à casser de nouveau. La truite elle ne bougeait pas. Ma pointe était détruite. Je l’ai refait à neuf et remis encore une autre cuivre. Sur une énième tentative, mon bas de ligne s’est enfin étendu comme je l'avais imaginé avec un joli rouler. Poser en cloche en toute discrétion. J’ai laissé dériver ma bestiole sans l’animer. Le poisson sans changer d’axe est monté de dix centimètres pour se stopper dans la foulée. J’ai alors ferré et à ma plus grande joie, je l’ai vu se tortiller ! Le poisson plus petit que celui du vendredi n’a pu s’échapper bien qu’il ait tenté sa chance.

Une fois dans l’épuisette, j’ai pu l’admirer mais avant le tout le remercier. Cette truite est venue conclure un week-end de trois jours bien compliqués ! Des conditions hivernales, une activité quasiment nulle et de bien trop rares occasions. Trois jours consécutifs récompensés par une truite dans les arrêts de jeu, c'était finalement vraiment chouette. J'ai eu une pensée pour mon ami Robert (le coiffeur du 13 pour les anciens de Mouche-fr) à qui j'avais promis quelques jours auparavant au téléphone que la prochaine truite serait pour lui. C'est chose faite !

Encore une qui doit se nommer Inespérée !