Étant cloué sur le canapé depuis quelques jours pour cause de Covid bien corsé, j'en profite pour rédiger un nouvel article sur mon Blog. Je souhaite revenir aujourd'hui sur un sujet qui est souvent débattu : la prédation des oiseaux piscivores. Pour être clair, je ne veux pas faire ici un plaidoyer pour l'extermination de ces deux espèces ou pour leur totale protection. J'ai bien entendu mon avis sur la question, mais je voulais avant tout témoigner en tant qu'observateur attentif et studieux. Je peux le faire cette année car j'ai repris mon permis de chasse après presque 20 ans d'arrêt afin de m'adonner à une autre passion qu'est la chasse du gibier d'eau.

Durant toutes ces années où je ne chassais plus, j'ai toujours continué à me rendre régulièrement à la rivière pour observer les truites en période de fermeture. Je prenais même un grand plaisir à les filmer en automne lors des dernières éclosions ou encore en plein hiver lors du frai. Je me suis simplement rendu compte cette année que je faisais ces observations toujours dans la même plage horaire, soit pour la balade digestive du début d'après-midi pour profiter d'un maximum de lumière. Depuis la mi-septembre et la reprise de mon activité en quête des canards sur la rivière d'Ain, je sors à toutes heures de la journée. De plus, les sorties sont encore plus nombreuses. Si je plante le décors de cette façon, c'est pour vous faire comprendre que si l'on croit connaitre la vie d'un bout de rivière par cœur, il suffit parfois de le regarder d'une manière différente pour s'apercevoir que l'on passe à côté de pas mal de choses.

Lever du jour glacial ! Les oiseaux sont déjà passés.

Toutes ces années, je voyais régulièrement en période de fermeture des cormorans ou des harles sur des linéaires de la rivière d'Ain. Bien que cela m'agaçait un tantinet, je n'avais pas l'impression qu'ils y passaient leur vie non plus. Souvent, il m'arrivait de ne pas en voir d'ailleurs. Quelle ne fut pas ma surprise cette année !!

Il est vrai que je suis passé d'environ 4 à 5 heures d'observations hebdomadaires (ou je regardais plus souvent le fond de l'eau que le ciel d'ailleurs) à 15 / 20 heures de présence par semaine sur la rivière. Ce n'est pas rien. Le plus important c'est que sur ces 20 heures, je peux être au bord de l'eau aussi bien au lever du jour comme au coucher du soleil en passant par toutes les heures de la journée. En premier lieu, j'ai appris encore et encore sur le comportement des truites qui me fascine sincèrement mais surtout, j'ai pu me rendre compte de la présence journalière (et j'insiste sur ce mot) des cormorans et des harles sur la rivière.

L'après crue hivernale au soleil, un régal pour les yeux.

Sur notre linéaire, les cormorans qui se nourrissent essentiellement de poissons adultes le font forcément dans 95% des cas sur des truites ou des ombres. Il y a également quelques chevesnes et un ou deux brochets mais peu. Les harles eux prélèvent dans les plus petites tailles. Les vairons en font les frais mais aussi les juvéniles des poissons plus gros de la rivière, donc des truites et des ombres. Avec ce duo, toutes les classes d'âge sont touchées.

Je sors en général le mercredi, le vendredi, le samedi et le dimanche sur la rivière. Depuis mi-septembre, il y a eu une période de deux semaines fin novembre où j'ai vu très peu d'oiseaux piscivores. Sinon, j'en ai vu à chaque sortie. Pour être plus parlant, cela fait environ 60 sorties en ayant vu des oiseaux pêcher sur notre linéaire de seulement 3 kilomètres. 60 jours...Que l'on peut j'imagine au moins doubler pour les jours où je n'y suis pas allé mais restons sur ce que j'ai vu. Du concret quoi.

Des exemples, j'en ai quelques uns. Comme ce dimanche de septembre en fin d'après-midi où j'ai dérangé une famille de harles (9 individus) dans un radier à l'amont de notre parcours. Ou encore en matinée d'octobre où j'ai vu passer sous l'eau en pleine chasse des grands cormorans...Là où la veille gobaient 3 ou 4 truites...Je me souviens aussi d'un tout début de partie de chasse où je suis arrivé sur une gravière en voyant une truite d'environ 30 centimètres complètement affolée sortir de l'eau pour venir presque s’échouer sur les graviers...10 secondes après son retour à l'eau aidé par mes soins un cormoran sortait de l'eau à 20 mètres de moi. J'ai cette image d'un vol de 18 individus montant la rivière et passant au-dessus de ma tête peu de temps après le lever du jour. Je vois encore les écailles brillantes d'ombrets sortir du bec d'un harle mâle devant moi. Combien de fois j'ai été le témoin de la formidable technique de pêche groupée des harles. Ces oiseaux sont des pêcheurs fantastiques et incroyablement efficaces.

J'ai vu parfois en une sortie plus de 20 oiseaux sur le parcours. Tous pêchaient bien entendu. Parfois seulement 1. Le plus souvent 4 ou 5. Je n'ai pas fait de grandes études, j'en conviens. Mais je tente malgré tout de faire des additions en comptant simplement un poisson/jour par oiseau vu pour me rendre compte des prélèvements réels entre septembre et février, période où ils sont le plus présents chez moi. Si j'y arrive, vous pouvez le faire aussi.

Si je pensais que ce n'était pas grand chose il y a encore peu, je peux vous dire qu'après ces quelques mois passés au bord de l'eau, j'ai revu ma copie. Encore une fois, je ne cherche pas à convaincre ou donner des leçons, je relate ici, sans amplifier les faits, ce que j'ai vu depuis mi-septembre. Après, chacun en fera ce qu'il en veut. Ce n'est pas une étude scientifique ou autre, juste le témoignage d'un type qui passe énormément de temps au bord de sa rivière. Il me semble que cela doit être dit également.

Merci de m'avoir lu.