Voilà un article que j'ai écrit il y a huit ans maintenant. J'ai souhaité le réactualisé avec de nouvelles photos et des textes complétés. Bonne lecture.

La nymphe à vue est une technique à part entière. Souvent celle qui fait rêver à travers les grosses truites que les pêcheurs capturent grâce à elle. Oui, car l’énorme avantage de cette technique, c’est que l’on peut, selon son niveau, choisir les poissons pour tenter de les tromper. Voilà trente ans que la nymphe à vue est ma technique de prédilection. Je pratique essentiellement sur la haute rivière d’Ain. Rivière où les truites ont une réputation qui les précède. Celle de la grande difficulté à les leurrer.
Je vais donc décomposer les étapes à franchir qui selon moi, pourront vous être utiles pour arriver à un résultat satisfaisant. Un débutant devrait trouver quelques conseils qui l'aideront dans sa façon d'appréhender la nymphe à vue. Cela pourra peut-être aider également un pêcheur aguerri. Je ne pense pas détenir toutes les vérités sur cette technique, loin de là, j'en apprends toujours au fil des saisons qui passent. Je souhaite en toute simplicité partager avec vous mon expérience et ma façon de voir les choses. C'est pour cela que j'ai classé cet article dans la catégorie de mon blog « mes pensées personnelles » car tout ce qui va suivre est le fruit unique de mon expérience.

Je vois huit étapes à bien maîtriser :
• Le déplacement.
• Le repérage et l’observation du poisson.
• Le positionnement.
• Le choix de la nymphe.
• L'exécution du lancer.
• Le poser et la dérive.
• L'animation.
• Le ferrage.

1) Le déplacement.
C'est certainement un des paramètres les plus importants puisqu'il conditionne toute la suite. Effectivement, tout part de là.

Depuis la Berge.
Tous les pêcheurs connaissent l’immense faculté des truites à repérer les vibrations et autres indices de présence prédatrice qui peuvent venir des berges. C'est pour cela que lorsque vous progressez sur la berge, vous devez faire très attention à la façon dont vous posez vos pieds sur le sol et ce déjà à une distance respectable de la rivière (et pas seulement à quelques mètres de l'eau comme on le voit très souvent). La truite peut donc vous repérer avec sa ligne latérale pour ce qui est des vibrations. Ce conseil est d’autant plus important à l’eau basse. La truite peut aussi vous repérer visuellement si vos gestes sont trop rapides et/ou amples. Prenez l'habitude de faire le moins de gestes possible, comme la plupart des animaux, si vous êtes immobile ou tout comme, elle ne vous verra pas.
Un paramètre très important à connaître également, choisir sa berge selon le soleil si vous le pouvez. Il est préférable de toujours pêcher avec le soleil de face.
Attention également dans vos déplacements à votre canne à mouche, la truite reconnaît facilement un scion d'une branche si celui-ci fait des mouvements trop brusques.
Le petit truc à savoir : Lorsque je fais une bordure, je me déplace le plus souvent nymphe à la main et bas de ligne/canne tendus, prêt à exécution (pour un lancer arbalète). Cela anticipe certains mouvements que vous n’aurez pas à faire dans le champ de vision de la truite lorsque vous la verrez. C’est aussi une façon de rester totalement concentré et en alerte avant même d'avoir vu le poisson.

Dans l'eau.
Le problème des vibrations est le même, sauf que cette fois-ci, c'est le frottement des cailloux les uns contre les autres lors de vos déplacements dans l’eau que la truite va déceler. Je vous recommande donc de vous forcer à lever les pieds à chaque pas pour éviter ce phénomène au maximum. Bien entendu il est recommandé de se déplacer le plus lentement possible pour tenter de faire le moins d’ondulation possible.
Le petit truc à savoir : Évitez de rentrer dans l'eau sur les zones à petits poissons (truitelles ou ombrets). En effet, sur ces zones (petits radiers, fin de lisse, etc…), il peut y avoir un grand nombre de juvéniles pas toujours très visibles par le pêcheur. Ces petits poissons, en se déplaçant, vont alerter les plus gros poissons en amont ou postés à proximité. Pour tous vos déplacements, que cela soit sur berge où dans l'eau, faites le maximum pour rester dans les zones d'ombre et non pas en plein soleil.

Évitez le plus possible de pêcher en étant dans l'eau.
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2) Le repérage et l’observation du poisson.
C'est une chose qui s’apprend comme toutes les autres. Il ne suffit pas d'avoir 10/10 aux deux yeux, bien que cela aide, pour repérer facilement les truites au fond de l'eau, qui plus est lorsqu’elles sont immobiles. J'avoue ne pas avoir 10/10 mais pourtant je pense repérer les truites assez rapidement et parfois assez loin de moi et pourtant cela n'a pas été toujours le cas.
Il faut d'abord et c'est primordial, regarder sous l'eau. Cela à l'air bête comme conseil, mais un pêcheur d'eau rapide par exemple qui ne pêche qu'en surface, va mettre un certain temps à se forcer à regarder sous cette surface qu'il connait tant. Il faut absolument oublier la surface. Cet exercice demande une grande concentration, cela peut aller jusqu'à ne plus voir les gobages, car la surface et le fond sont deux mondes bien différents.
Au début de l'éducation visuelle, un pêcheur verra souvent les poissons uniquement en mouvement car la truite aura elle aussi vu ce pêcheur (le principe de voir avant d'être vu). Pour arriver à voir régulièrement les truites avant qu'elles ne vous aient vu, il faut premièrement maîtriser l'étape 1, mais aussi avoir en permanence une image de la truite dans sa tête (en gros, ne penser qu'à ça). Selon la clarté de l'eau et la robe des truites, ce repérage sera plus ou moins complexe. Il se travaille et s'améliore aux fils des saisons et de votre propre expérience.

Belle truite près de sa cache.
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Personnellement, je vois la différence entre le début et la fin de saison, c'est impressionnant comme notre système visuel peut s'accoutumer à une image, cela devient beaucoup plus facile par la suite. Les chercheurs de morilles comprendront ce phénomène mieux que les autres. On arrive même à voir des zébrures là où il n'y en a pas.
Pour voir le poisson dans un courant assez fort, il vous suffit de suivre la "fenêtre". Il y a toujours à un moment donné un petit espace d'eau qui arrive lisse en surface dans le courant. Suivez cette fenêtre qui reste lisse durant sa descente sur le radier, elle vous permettra de voir du poisson au fond de celui-ci.
Le petit truc à savoir : Chez les ombres, leurs nageoires pectorales les trahissent le plus souvent, vous pourrez apercevoir deux étendards triangulaires très clairs sur chaque côté du poisson. On les voit de très loin et même dans de forts courants. Pour les truites, il faut parfois chercher, non pas un poisson entier, mais un bout de queue qui dépasse d'une souche, juste une tête qui sort d'un caillou, de plus ces poissons en embuscade sont souvent les plus faciles à leurrer.

3) Le positionnement.
Pêche de recherche ou de traque.
Lorsque votre approche est soignée et que vous avez repéré votre truite ou votre ombre (étape 1 et 2), il faut bien choisir sa position pour attaquer ce poisson. Parfois, on n'a pas le choix et tout va très vite, alors on tente de l’endroit où l’on est avec le taux de réussite que cela engendre.
Il est possible malgré tout, si vous avez une bonne connaissance de votre cours d'eau, d'anticiper la position d'un poisson connu et donc d'arriver au bon endroit pour mettre toutes les chances de votre côté.
Une troisième possibilité s'offre à vous, le repérage du poisson est nickel et vous avez la possibilité de bouger sans attirer l'attention de celui-ci dans le but d'être dans la position idéale pour tenter de le prendre.
Qu'est-ce que la position idéale? Il faut avoir à l'esprit cette phrase : "présentation nymphe première". Donc si vous pouvez choisir, positionnez-vous toujours légèrement en amont de votre poisson pour lui présenter la nymphe en premier (on ne le couvre pas avec le bas de ligne de cette façon), vous allez vite comprendre que c'est un avantage énorme.
De plus et comme je l'ai déjà dit, pour attaquer votre truite, si vous avez le choix entre l'ombre et le soleil, n'hésitez surtout pas.

Le pêcheur dans l'ombre, les truites au soleil.
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Pêche d'attente.
Là, c'est différent, car c'est le pêcheur qui va choisir obligatoirement l'endroit où il va se positionner pour attendre des poissons connus ou pas d'ailleurs. Que ce soit sur berge où dans l'eau, choisissez de préférence un endroit où l'on peut se confondre avec la ripisylve. Cela vous permettra de mieux cacher vos mouvements que sur un terrain clair et donc vide de végétation. Il est possible de se positionner en terrain clair, mais dans ce cas-là, c'est plutôt pour de la pêche à distance, pour la pêche de bordure c'est déjà plus délicat et beaucoup moins productif. Pour le choix de ces postes à attendre les truites, cherchez l’originalité. Un poste de berge où un pêcheur se cale tous les jours verra beaucoup moins de poissons qu’un autre.
Le petit truc à savoir : En alliant, zone d'ombre, camouflage dans la ripisylve et immobilité, vous pourrez être surpris à quel point les truites peuvent vous approcher. Parfois, c'est même trop près. Évitez également au maximum les couleurs claires dans vos vêtements et plus globalement les contrastes entre ceux-ci.

4) Le choix de la nymphe.
Ou plutôt le choix du poids de la nymphe. Je fais partie des gens qui pensent que pour la plupart des situations (80%), ce n'est pas l'aspect imitatif de la nymphe qui est important, mais son poids. Avant toute chose, il faut comprendre de quelle façon se nourrit le poisson qui est devant nous et que l’on va tenter.
Le poisson est en activité : Il vient chercher des nymphes entre deux eaux, voir juste sous la surface. C'est un des cas les plus simples, d'une part parce que le poisson mange et d'autre part parce qu'il se déplace (plus simple pour bien situer le moment du ferrage). Là, le choix de nymphe est assez simple, quelques tours de plomb suffisent (des fois aucun) sur une imitation classique de votre choix en laquelle vous avez confiance. Il faut tenter ce genre de poisson avec des nymphes légères car il ne faut surtout pas passer en dessous de lui. Le fait de lui présenter une nymphe légère va le faire monter. Pour la taille et la couleur, il faut se fier à l'éclosion du moment. Bien entendu il y a des situations particulières (poisson hyper éduqué) où les choses peuvent être bien différentes. Sur ces derniers, c'est la façon de leur emmener la nymphe qui fera la différence.
En règles générales, un poisson en pleine activité reste le plus facile à leurrer.

Le poisson est en activité, mais se déplace en cherchant au fond : Le fait que le poisson cherche au fond donne encore plus d'aisance au pêcheur, car il est plus facile de faire monter une nymphe que de lui présenter dans une phase descendante. Le plus souvent, ces poissons se nourrissent de gammares, larves de trichoptères, etc…Dans ce cas, choisir la densité de votre nymphe selon le courant, bien qu’elle soit destinée à pêcher au fond, il ne faut pas qu'elle soit trop lourde non plus (s’il faut une animation, cela pourra gêner). Bien que je ne le fasse jamais parce que je trouve cela pas très sport, poser sa nymphe au fond si vous êtes sur la berge et la soulever au passage du poisson peut s’avérer payant.
Le poisson est en activité au fond sans bouger : Un des cas que je préfère. A ce moment-là, il faut bien choisir votre nymphe en fonction de son poids car il va falloir l'emmener précisément dans la gueule du poisson qui a choisi de se nourrir sans faire le moindre effort. On retrouve généralement ce genre de cas dans des coups profonds avec parfois pas mal de courant. Là, franchement, l'aspect de la nymphe importe peu, le principal dans ce cas est la précision et donc le fait de lui emmener dans la gueule.
Le poisson n'est pas actif : Mais il est quand même en pleine eau ou en bordure, il reste donc prenable malgré le fait qu'il ne se nourrisse pas. Dans ce cas, l'aspect de la nymphe a une plus grande importance à mon avis, puisqu'il faut tenter ce poisson soit par gourmandise, par facilité ou par agressivité. Dans ces trois cas, il faut être très précis et prendre la bonne décision du premier coup, car ce genre de poisson ne se laisse pas embêter très longtemps. Le plus souvent, il faut emmener la nymphe pile poil dans la gueule de la truite sinon c'est presque voué à l'échec. On peut aussi, selon les conditions, ne pas tenter le poisson pour ne pas l’éduquer et préférer le tenter une autre fois alors qu’il sera actif, cela m’arrive parfois.
Cas précis de poissons hyper éduqués : C'est un des cas où il n'y a quasiment pas de règles. Les poissons arrivés à un certain stade d'éducation (voir de surpêche dans des no kill trop petit) ont un comportement plus qu'anormal, il est très difficile de donner des conseils dans ce cas précis si ce n'est d'avoir pas mal de nymphes "leurre" car le réflexe d'agressivité fonctionne régulièrement. Bien entendu, plus les dérives seront propres, plus les prises pourront être au rendez-vous.
Le petit truc à savoir : Dans sa boîte, Il faut avoir quand même quelques modèles de nymphes différents, car il y a des cas très précis où le changement de nymphe (au niveau des couleurs, des tailles) peut être prépondérant. Par contre, il faut surtout savoir que ces cas sont extrêmement rares dans une saison de pêche (en général, période d’étiage estival) et qu'avec deux ou trois nymphes différentes, on peut très facilement s'en sortir. De mon côté, j’ai deux boîtes de nymphes. Celle que j'utilise principalement avec des cuivres (ma version de PT), des gammares, des nymphes de trichoptères. J’utilise des nymphes sur des tailles 12-14-16 en moyenne sur des densités différentes. J’ai une autre boîte que je sors rarement avec une batterie de petites bestioles comme des vautours et autres nymphes leurres.

Quelques bricoles.
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5) L'exécution du lancé.
Pêche de bordure.
Le lancer arbalète est le plus utilisé, le plus facile aussi à mettre en œuvre. Il arrive parfois que l'on n'ait pas le temps de réfléchir, c'est pourquoi il faut toujours être prêt au cas où. Ayez le réflexe de progresser le long de la berge, nymphe en main et canne bandée pour avoir une réactivité maximum suite au repérage de poisson qui peut être visible sur une durée de temps très limitée. Attention au moment du lâcher de nymphe de limiter le mouvement de canne pour que celui-ci n'alerte pas la truite. Si vous utilisez uniquement ce lancer comme souvent le font les débutants en nymphe à vue, n’ayez pas peur d’utiliser de grandes pointes. Comme vous n’avez pas à lancer, cela ne vous gênera pas et aidera à réaliser une bonne présentation.
Pêche à distance.
Il lui faut trois qualités : rapidité, sobriété et précision. Effectivement, il faut être rapide car un poisson selon son comportement restera peu de temps dans votre champ de vision. Ce qui n’est bien sûr pas le cas d’un poisson en poste fixe. Il faut donc prendre les bonnes décisions dans un laps de temps restreint. Sobriété, car dans le cas présent, on ne pêche pas en sèche. En nymphe à vue, les faux lancer ne sont pas légion, moins il y en a, mieux c'est. Précision, c'est le plus difficile à maîtriser. Pour vous améliorer, il n'y a pas de secret : bas de ligne équilibré et un grand nombre d'heures passées au bord de l'eau seront vos meilleurs alliés.
Le petit truc à savoir : Si vous maîtrisez le lancer roulé, vous avez là une arme redoutable car il vous permettra de pêcher des coups que tout le monde ne fait pas et donc d'attaquer des poissons plus faciles car moins pêchés.

La pêche à distance reste le plus belle.
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6) Le poser et la dérive.
Ces deux paramètres sont intimement liés. C’est votre façon de poser qui va avoir une incidence sur votre dérive. Tout d’abord, et c'est le plus important, il faut avoir un bas de ligne très bien équilibré (vous trouverez mes formules en suivant ce lien).
Je vous conseille de ne pas être avare sur vos longueurs de pointes. Plus celles-ci seront grandes, moins la nymphe aura de contraintes lors de sa progression dans l'eau. Au moment du poser, il faut au contraire de la pêche en sèche, donner un petit coup sec avec le poignet vers l'avant au dernier instant pour casser le mouvement afin que votre pointe tombe en paquet. Si vous calquez votre mouvement sur la pêche en sèche, la pointe ne se posera pas comme il faut, trop tendue et la dérive ne sera pas bonne. Plus le courant ou/et le fond est important, plus ce mouvement devra se faire sèchement pour permettre à la nymphe de crever la surface de l'eau plus facilement et être ainsi pêchante le plus vite possible.
Je reviens sur la longueur de pointe, c'est aussi elle qui va conditionner la longueur de dérive "pêchante". La nymphe pêche bien uniquement lorsqu'elle ne subit pas de contraintes dues au fil qui va tirer dessus ou la soutenir. La soutenir, c'est là que le diamètre du fil rentre en cause. Il est moins important au regard de la truite si vous suivez toujours cette ligne de conduite : "présentation nymphe première", par contre, il a une influence sur la dérive de votre nymphe et donc sur la réaction du poisson. Il est primordial d'adapter le diamètre de votre pointe en fonction de la densité de votre nymphe pour ne pas la contraindre plus qu'il ne faut lors de la dérive. Pour les nymphes peu ou pas plombées, le 12° voir le 10° dans les cas très compliqués suffit, pas la peine de descendre en dessous. Palliez avec la longueur de pointe plutôt que de descendre en 8° ou en 6°.
En début de saison, sur du poisson "frais", un bon 14°, voir un 16° fait très bien l’affaire du moment , et je le répète, que votre pointe soit assez longue et que la truite voit en premier votre imitation.
Si la situation ne permet pas de pêcher aval mais amont, il est important de poser votre bas de ligne assez loin (sur le côté) de la truite, celle-ci se déplacera pour prendre si cela l'intéresse (une truite ou un ombre est capable de se déplacer de plusieurs mètres pour se nourrir, même sur des choses infiniment petites). Un poser trop près du poisson va rendre les choses plus compliquées, de plus, l'instant du ferrage sera moins perceptible.
Le petit truc à savoir : La dérive ne doit pas se faire uniquement devant le poisson. Laissez aller votre nymphe le plus loin possible derrière le poisson. S'il ne prend pas, lors de l'arraché de votre soie, vous serez plus éloigné du poisson, donc moins de chance d'attirer son attention. Et parfois, surtout chez les ombres d'ailleurs, au moment où le bas de ligne se tend en fin de dérive et fait remonter la nymphe toute seule, une attaque est possible, pas tout le temps, mais ça arrive.

Restez bien concentré lors de la dérive.
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7) L'animation.
Est-elle nécessaire systématiquement ? C'est une question que l'on peut se poser. Pour la réponse, c'est non, je dirais même plus, elle est optionnelle. Pour un poisson en activité, l'animation ne sert à rien sauf cas particuliers. En effet, on a devant nous un poisson en recherche de nourriture, donc le simple fait d'emmener correctement (point précédent) la nymphe dans son champ de vision, l'incite à se déplacer pour la prendre. L'animation dans ce genre de cas peut au contraire attirer l'attention du poisson sur un danger (dans le cas de poissons éduqués). Qui plus est, le fait de ne pas animer va ralentir la prise de la nymphe et donc faciliter la détection du ferrage. Il faut bien comprendre que lorsqu'on anime notre nymphe, on écourte notre dérive puisque on tend le fil pour le faire. Ce qui veut dire que si le poisson ne réagit pas, il y de grandes chances qu'il soit en alerte pour la suite. Le fait de ne pas animer permet de tenter plusieurs fois un poisson en cas d'échecs.
Il faut animer dans les cas suivant :
-En dernier recours sur un poisson qui se nourrit, mais il faut le faire au plus près de lui, c'est à dire animer au dernier moment pour que le poisson soit surpris et prenne par réflexe sans réfléchir.
-Sur des poissons réticents, on peut aussi essayer l'animation derrière lui, le poisson a vu la nymphe passer, mais le fait d'animer derrière, peut provoquer l'attaque. Je pense que dans ce cas, il le fait aussi par réflexe et je peux vous dire que ça marche régulièrement.
-Sur un poisson inactif, après avoir essayé un "bon" passage sans animation, cela peut décider un poisson qui n'a pas forcément envie de se nourrir.
-Lorsqu’on utilise des nymphes leurres, l’animation déclenche l’agressivité de la truite. L’ensemble nymphe leurre et animation bien conjugué peut décider certains poissons (poissons éduqués).
Le petit truc à savoir : Il faut adapter l'animation de vos nymphes aux insectes naturels. Effectivement un gammare ne nage pas de la même façon qu'une larve de mouche de mai. Ce genre de petits détails peut avoir son importance quelquefois.

La récompense.
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8) Le ferrage.
Quand ferrer ? C'est une question qui est passée dans la tête de tous les nympheurs. La seule réponse que l'on peut en conclure, c'est qu'il faut ferrer à l'arrêt du poisson. Une truite ou un ombre va venir en direction de la nymphe. Au moment où il a atteint son but, le poisson s'arrête. Si c'était si facile, cela se saurait, on va donc détailler un peu.
Un conseil que je donne en tout premier lieu est de ne pas se focaliser sur la nymphe, de ne pas essayer de la voir, c'est à mon avis une erreur grossière. Une fois la nymphe lancée, il faut être concentré uniquement à 100% sur le poisson. C'est le mouvement du poisson et son comportement seul qui va déclencher le ferrage. Bien sûr, il y a les situations où l'on voit carrément le blanc de la gueule (signe que le poisson engame), mais le plus souvent (surtout à distance) on ne peut pas le voir. Il est donc important lorsque la situation le permet de faire passer la nymphe pas trop près de la truite pour bien la voir se déplacer et faire son arrêt lorsqu'elle engame la nymphe. Comme je l'ai déjà dit, si vous n'animez pas, la prise de nymphe se fera lentement et le ferrage sera plus facile à déceler, par contre avec une animation, le poisson arrivera plus rapidement sur la nymphe, l'arrêt sera plus marqué certes, mais il faudra être plus vigilant sur le ferrage, le poisson gardant la nymphe moins longtemps.
Il y a pas mal d'exemples de ferrages particuliers :
-Les ferrages où l'on est obligé d'emmener la nymphe dans la gueule du poisson, là, il faut être bien concentré sur le moindre mouvement de tête, c'est parfois très difficile de le voir surtout si l'on doit pêcher amont, ce genre de ferrage se fait souvent au feeling.
-Il arrive parfois que les truites ne marquent pas l'arrêt et qu'elles continuent à avancer tout en prenant la nymphe, dans ces moments là, il faut avoir les nerfs solides car il y a beaucoup de loupés, même avec de l’expérience.
-Sur certains poissons très éduqués, il faut parfois anticiper le ferrage car la nymphe reste en gueule moins d'une seconde. Les ombres et les truites des parcours No-Kill surpêchés aspirent et recrachent à une vitesse impressionnante. Si vous attendez le moment de la prise de nymphe, le temps d'arracher la soie et cela sera trop tard.
Le petit truc à savoir : Il n'y pas de secret pour cet exercice, il faut ferrer des centaines de truites pour arriver à un pourcentage de réussite correct. La pratique reste la meilleure école. Avec les années, vous verrez que c’est en fait très facile ;-)

Elle y est !
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Voilà, cet article se termine par cette dernière photo. J'espère que vous y trouverez quelques bons conseils. De mon côté, j’apprends sans cesse, par mes parties de pêche et les diverses rencontres de pêcheurs. On a tous à apprendre les uns des autres. La nymphe à vue est pour moi la technique reine, celle qui me procure le plus de sensations et d’émotions.