Je rentre à l'instant ! Mes femmes font les magasins et mon fils est au foot. Seul à la maison, j'ai une envie, écrire. Écrire quelques lignes pour vous raconter cette première journée de pêche de la saison. 

Elle a débuté dans la difficulté pour avoir écourté la nuit précédente. Il n'est pas bon de se coucher à 2 heures du matin pour se lever trois heures et demie plus tard. A vingt ans, oui, à bientôt quarante quatre, c'est plus raide. Bref, je suis allé réveiller mon fils puis ma fille qui finalement a décidé de rester sous la couette lorsque je lui ai appris qu'il pleuvait. Voilà bien longtemps que nous n'avions pas fait le feu de l'ouverture avec les copains sous la pluie. Cela ne pouvait pas passer à côté tous les ans, c'est ainsi. Avant de rejoindre notre rendez-vous festif, nous avons tenté avec les copains de prendre une ou deux truites. Thibaut, Thierry et Wilfrid sauveront la bredouille, bravo à eux. Moi, comme à mon habitude, j'ai promené ma canne à mouche. J'ai juste eu le loisir de faire fuir une belle truite collée à des herbes sèches en bordure. On pouvait bien la voir malgré un niveau d'eau important et une clarté assez médiocre car elle était sur un joli banc de sable.

Avec mon fils, nous sommes arrivés les premiers au feu. Yoann nous a rejoint et avec Thibaut, ils ont allumé le feu avec grande difficulté. Tout était bien mouillé, pas simple. Les copains sont arrivés les uns après les autres pour finir par faire une belle assemblée de joyeux lurons, pêcheurs ou pas. Les saucisses, le lard, les crèmes de fromage nous ont tous rassasié. Quel délice chaque année. Un vrai moment de bonheur. Nous avons eu l'agréable visite de Stéphane et Serge, deux des gardes fédéraux qui effectuaient leur tournée matinale d'ouverture. La présence de ces hommes de loi est toujours la bienvenue. Merci d'être passés sur notre linéaire.

En début d'après-midi, j'ai eu envie de refaire le parcours. La rivière était en train de monter. 35 mètres cubes en cumulés. Vraiment limite voir quasiment impossible pour ma pêche de prédilection, la nymphe à vue. Je n'avais pas trente six solutions, il me fallait aller voir la truite que j'avais fuir tôt le matin. Je savais maintenant où elle se tenait, je serais plus discret, plus efficace.

Arrivé sur le coup, et alors que la pluie était toujours présente, j'ai vu mon poisson. Incroyable, il était revenu, au même endroit. Un peu en hauteur, je me suis mis sur les fesses pour me laisser glisser au plus bas que je pouvais. La truite s'écarte, descend puis se bloque. Moi aussi. Je ne bouge plus d'un poil. Après un moment à ne plus bouger si ce n'est à se maintenir en place face au courant puissant, la truite s'est mise à remonter. Elle est revenue sur son petit banc de sable. Là, devant moi. Ma belle, tu es pile là où je le voulais au rendez-vous. Merci  !

J'avais bien entendu noué au bout de ma pointe une nymphe test, une nouveauté issue de mon imagination, une nymphe réalisée avec de tout nouveaux matériaux....Un gammare JFD ! Oui, on peut rigoler hein ! Vous me connaissez à force, je ne suis pas très nouveauté, surtout lorsque l'on connait l'efficacité de ces bestioles. Premier passage après un peu coup d'arbalète aura eu raison de la vigilance de ma belle. Par contre, après le ferrage, elle m'a fait siffler le moulinet pour me prendre en instantané une dizaine de mètres de soie. La truite avait la patate, mais elle a su à merveille utiliser le débit soutenu de la rivière. Quel début, quelle première ! Un poisson de feu. Une merveille.

Dès lors qu'elle a glissé dans l'épuisette, ma saison était lancée et ce, bien plus tôt qu'à l'habitude et contre toutes attentes au vue des conditions. Rivière tendue, eau mâchée et pluie continue. C'était pour moi inespéré, une vraie belle surprise. 

Merci ma belle rivière, merci belle truite.