Quel beau printemps ! Une météo et des niveaux qui me permettent sans soucis de passer du temps devant un clavier afin d’écrire quelques lignes dans l’espoir de vous offrir une éclaircie dans ce ciel bien morose. Les pêcheurs grognent, mais les truites ne s'en plaignent pas. Alors faisons avec. Nous n'avons pas le choix après tout. Et puis lorsque l'on regarde un peu ce qui se passe autour de nous, ce n'est pas très important finalement...

Cette nouvelle histoire date un peu. Vous savez, quand la pluie ne tombait pas sans cesse, lorsque la rivière et sa hauteur d’eau nous permettait de tenter notre chance à vue sur les quelques poissons croisés. Oui, cela peut paraître incroyable, pêcher à vue en 2016…Je vous entends d’ici : « Il nous prend pour des imbéciles celui-là ! ». Je n’oserais pas bien entendu. Il faut me croire sur parole, il y a eu quelques matinées durant ce printemps où la pêche à vue était possible ;-)

Cette fameuse matinée avait débuté la veille en fait dans l'esprit tactique à adopter. Thibaut était allé à la pêche l’après-midi précédente sans succès si ce n’est une truite modeste en sèche sur l’unique gobage vu ce jour-là. Pourtant, il était tombé sur un très joli poisson en fin de partie de pêche sur une berge que l'on connait bien tous les deux. Il avait même pu tenter sa chance mais une fois de plus sans réussite puisque le poisson avait fini par prendre la fuite. Manque de chance pour cette truite, mon fils est bavard. Il m’a bien entendu indiqué précisément où ce poisson se situait en sachant que j’avais un peu de temps la matinée suivante. Quand je dis un peu de temps, c'est comme tous les matins avant d'aller au boulot, une grosse heure...

J’étais d’ailleurs assez chaud ce matin là. Effectivement, avant de partir, j’ai reçu à la maison Alexis et ses amis qui étaient en cours de séjour pêche et donc en visite par chez nous. Avec toutes les histoires qu'ils m'ont raconté, ils ont fini par aiguiser mon envie d’en découdre avec la truite de mon fils. Si toutefois j’avais la chance de la revoir…

Après m’être séparé de mes invités et après avoir posé ma petite fille à l’école, je suis allé rejoindre la rivière. J’ai assez vite compris qu’une fois de plus, la pêche serait très compliquée. Elle s’est en fait résumée tout le printemps comme cette matinée là à déjà trouver une truite en poste ! Incroyable comme les saisons se suivent et ne se ressemblent pas. En particulier le matin, j’ai rarement voir jamais trouvé des poissons en activité en cette saison 2016. Du coup, je n’ai pas hésité à aller directement à l’endroit où mon fils m’avait indiqué sa truite sans trop chercher ailleurs.

Malgré le fait d’avoir été prévenu, j’ai réussi à être surpris de la voir. Une belle truite en bordure, c’est tellement rare de nos jours ! Elle était en mouvement en remontant tranquillement vers l’amont et en se nourrissant de rares fois. Malheureusement, je n’ai pu la tenter dès cette première fois. Je me suis reculé doucement pour remonter à mon tour la berge. Trop tard…Le coup suivant, elle était déjà passée. J’ai vu la caudale disparaître dans le reflet en amont de l’arbre mort qui était là. « Ben zut ! Je vais la suivre longtemps comme ça ! ».

Bizarrement, ce poisson avait un immense circuit. Ce qui n’est pas forcément l’habitude de ce genre de truite à cette époque de l'année. Mais il faut dire qu’à ce jour, je ne vois encore aucun gammare en bordure. Quoi qu’il en soit, je suis monté sans regarder l’eau une bonne trentaine de mètres sur la berge. Une fois en poste, j’ai attendu la truite. J’étais très bien placé, mais malgré mon attente, elle n’est pas arrivée.

"A tous les coups elle a fait demi-tour avant d’arriver où j’étais". Quand ça ne veut pas aller…Au moment où j'ai décidé de redescendre la rivière, j’ai aperçu cette gueule à la limite aval de mon angle de vue. Finalement, bien allé ! J’aurais pu partir sans la voir et la chercher pendant de longues minutes. Elle était très lente dans ses déplacements. Ce poisson cherchait à manger et il paraissait évident qu’il ne trouvait pas grand-chose sur son chemin. C'était bien entendu ma chance !

Dès que j’ai senti que je pouvais l’attaquer, j’ai pensé à mon fils. Est-ce qu’il va faire la gueule si je lui tape sa truite ??? Cette question n’a pas trouvé réponse en fait. La truite a avancé assez vite de deux mètres et s’est trouvée devant moi. Le plus facile restait à faire. Lui présenter mon gammare correctement. Elle en avait tellement envie ! La suite n’est qu’une répétition de ces nombreux combats que j’ai déjà pu avoir avec de tels poissons et le plaisir qu’ils me donnent à chaque reprise. Mais dans ce cas là, le plaisir était avant tout d’avoir retrouvé le poisson indiqué par Thibaut la veille.

D’ailleurs, il était finalement aussi heureux pour moi. Un peu comme si c’était lui qui l’avait pris. Il faut dire qu’à situations inverses, il en a déjà profité de très nombreuses fois le gosse.

Merci mon fils.

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