Une 31ème saison de pêche vient de se terminer pour moi. 31 ans déjà que je parcours les berges de la rivière d’Ain jurassienne en tentant de capturer les belles zébrées qui la peuplent. Que de changements durant ce laps de temps qui n’est rien en fin de compte à l’échelle humaine. Et pourtant, les personnes qui découvrent la rivière ces dernières années pour la première fois me parlent encore de paradis. Cela contraste totalement avec le discours des locaux qui ont vu les populations décroître au fil des années. La plupart des gens oublient même parfois qu’une espèce sur les deux principales à quasiment disparue de certains linéaires. J’arrive au final à me poser cette question : à quoi ressemblera la rivière d’Ain dans 31 ans ? Je n’ose même pas l’imaginer…Mais je m’égare dans mes pensées, revenons à ma fermeture de cette saison 2017.  

C’est bien simple, tout était programmé pour que je ne puisse pas la faire dans l’Ain. Oui, depuis le 13 août et ma dernière sortie canne à mouche en main, je ne suis plus allé embêter les truites de ma rivière favorite. C’est un point de vue très personnel, mais je trouvais le débit beaucoup trop faible et les fonds trop colmatés. Dans ces conditions, j’ai estimé que les truites avaient besoin de conserver leur énergie à se nourrir et à survivre plutôt qu’à se tortiller au bout d’un fil. Cela ne m’a pas empêché pour autant d’aller régulièrement voir la rivière comme je peux le faire l’automne et l’hiver. J’ai donc au final très peu pêché sur ce dernier mois. 3 ou 4 sorties tout au plus sur deux autres rivières de Franche-Comté qui pour moi se portaient mieux (du moins en apparence).

C’est donc avec des amis, mon fils et sa copine Lucie que je suis parti faire ce qui je pensais être ma fermeture le week-end du 9/10 septembre. Nous avons retrouvé Damien et Tristan sur le parcours choisi ce jour-là. Les deux cocos avaient déjà ouvert le compteur. Les poissons étaient dehors, en formes et actifs. Une bonne nouvelle. La pêche fut vraiement très intéressante le matin avec un nombre conséquent de poissons dehors. Nymphes légères et grande pointe étaient appréciées des poissons. Après un bon petit repas le midi au bord de l’eau avec les copains, nous avons repris un peu chacun de notre côté la pêche. Plus compliquée l’après-midi avec des truites très farouches. Le plus dur était finalement de les approcher. Une belle pêche fine à distance comme je les aime pour finir, une bien belle journée pour finir avec de nombreux très jolis poissons à la clé un peu pour tout le monde. Encore merci les copains.

Trésor doré de rivière.

Bravo Thibaut.

Prise avec un JFD-18 à distance.

Poisson gobeur pris sous l'eau, j'ai honte !

Belle...

Et puis, il y a eu ce coup d’eau en fin de semaine. L’Ain comme son affluent principal la Saine sont bien montés suite à des pluies un peu plus conséquentes que d’habitude. Il faut dire que c’est vraiment compliqué d’avoir des volumes d’eau convenables ces derniers temps. Mais vu ce qu’il se passe dans d’autres régions sinistrées, on ne va pas faire la fine bouche. Quoi qu’il en soit, la rivière ce samedi de fermeture était encore un peu tendue, le ciel bas, l'air humide et la température extérieure plutôt fraiche. Il n’en fallait pas plus pour me décider à retrouver la rivière d’Ain canne en main plus d’un mois après l’avoir quitté. J’étais déjà très heureux car je ne pensais pas la repêcher cette année. J’y suis allé seul. De l’après-midi, je n’ai croisé qu’un seul pêcheur venu du 74. Une fois encore, je ris quand on me dit qu'il y a trop de monde sur la rivière...

Durant deux bonnes heures, la rivière était en ébullition. Pour faire simple et sans raconter de bêtises, j’ai vécu les deux plus belles heures de ma saison de pêche. Une activité incroyable en surface. Très intense sur un temps bien marqué qu'il ne fallait pas manqué. De très nombreuses petites éphémères très claires dérivaient en rangs serrés sur la surface de l’eau sans discontinuer. Quel spectacle ! Cela fait vraiment du bien au moral de voir cela après un été aussi compliqué pour la rivière et ses habitants. La vie est toujours présente et j'en suis heureux. Par-dessus tout ça, il fallait bien sélectionner ses gobages, car un grand nombre de petits poissons profitaient de cette manne de nourriture exceptionnelle. En deux heures, j’ai pu capturer huit truites en sèche. En décrocher deux et en manquer deux également. En sachant que je me trouve bien plus à l’aise sous la surface, j’imagine ce qu’aurait pu faire un très bon pêcheur en sèche à ma place. Alors certains pêcheurs qui évoluent sur d’autres rivières quelque part en France trouveront que 8 poissons en 2 heures reste un ratio faible, mais chez nous, sur le linéaire où je pêchais, c’est vraiment énorme.

Si je dois retenir un poisson de cette journée, c’est ce gobage assez sourd qui se produisait à l’aplomb d’une petite branche pleine de feuilles bien vertes au ras de la berge et qui venait lécher l’eau. La truite ne faisait pas un gobage aussi explosif que la plupart des petits poissons autour d’elle. Non, très discrète la zébrée. Il a fallu que je patiente dix bonnes minutes une fois positionné pour qu’elle gobe de nouveau. J’ai bien cru que je l’avais calé. Quel soulagement quand de nouveau elle a percé la surface de l’eau avec le museau. J’ai noué une petite mouche claire au bout de ma pointe en 12 centièmes. Au premier passage, elle m’a fait l’honneur de venir aspirer cette petite mouche. Très beau combat ensuite avec une truite bien en forme qui a su utiliser les forces de la rivière pour se donner un maximum de chance. J’ai bien pris le temps de l’admirer avant de la relâcher. Elle m’a rendu très heureux.

La belle dernière.

Du coup, après avoir raconté tout ça à mon fils en rentrant, il a voulu y retourner le dimanche malgré une météo encore plus humide. Mais finalement, c’était la fermeture non !? On est parti bien équipé et avec le sourire. Encore mieux que la veille, on était seuls !

Les mouches étaient toujours présentes sur la rivière mais les truites beaucoup moins. Seules les hirondelles encore là en profitaient. Thibaut fera quelques poissons en noyées dans un courant et une truite moyenne en sèche sur un coup bien marqué. De mon côté, je suis resté sur un très beau poisson durant 1h30. Au départ, elle ne tenait pas en place et faisait un circuit régulier. J'ai pu la tenter plusieurs fois sur deux imitations différentes. Aucune réaction. Ensuite, elle s'est bloquée devant un caillou à quelques mètres de moi. Là, je lui ai passé proprement (enfin je pense) 6 ou 7 nouvelles imitations. Aucune réaction, rien ! J'ai fini par me tendre sérieux ! Au moins qu'elle se barre quoi, qu’elle réagisse ! Bref, je l’ai poussé pour pêcher un autre poisson que j'avais vu gober en avançant de quelques mètres. Mais voilà qu'elle ne fuit pas plus que ça. Elle se remet devant un autre caillou 4 mètres plus loin, j’ai cru rêver ! Le poisson faisait 50-55 cm. Vraiment une belle truite. J’ai retenté ma chance sans trop y croire. Petite nymphe légère, grosse nymphe, toujours légère...La truite était dans 80cm d'eau peu courante. Rien ! Elle ne bougeait toujours pas une écaille. Après 1h30 à pêcher ce poisson unique, je me suis décidé malgré tout à mettre un gammare JFD-14 alors que j’étais certain qu'il était beaucoup trop lourd pour pêcher à cet endroit. Premier passage, j'ai animé devant le poisson après un gros plouf de la nymphe et voilà qu’elle est venue la cueillir comme une belle friandise ! Tellement surpris que j’ai ferré un peu à retardement et que le poisson s’est décroché après 10-15 secondes. Aus'cours !!! J’étais comme un fou ! C’est ainsi que j’ai fini ma saison.

Plus en aval, Thibaut, qui avait été rejoint par son parrain Denis ont bien mieux terminé que moi. Un gobage repéré par Thibaut et un guidage pour Denis qui a capturé en sèche son plus beau poisson de l’année. Un trésor que la rivière lui offrait et qu’il s’est empressé de lui redonner. Nous avons terminé tous les trois sous des trombes d’eau pour rejoindre les voitures et ainsi terminer cette saison sur la rivière d’Ain. Je reste donc sur ce week-end de fermeture avec surtout une vision moins pessimiste que celle de l'été. Une rivière avec une eau très froide (j'ai fais l'erreur d'être en short sous mon waders samedi ! ) et une quantité assez incroyable de poissons de l'année et même de l'année d'avant. Cela reste toujours extrêment fragile, mais que cela fait du bien au moral. A voir ce que vont donner les observations des futures semaines. Car si la pêche est belle et bien fermée, je resterais toujours aussi présent pour ma part sur la berges de la rivière d'Ain.

Faire la fermeture avec son fils, un immense privilège !