La communication, un sujet complexe.
Par Nicolas39 le mercredi 29 septembre 2021, 06:56 - Gestion piscicole - Lien permanent
Je rebondis ici sur le sujet sensible de la communication suite à la diffusion d'une vidéo par notre fédération départementale (Jura). Je vous invite à la regarder en fin de cet article.
Pour ce qui est de la Franche-Comté et plus particulièrement du Jura, on est continuellement sur une pente très glissante. Effectivement, les parcours à truites sauvages se réduisent d'années en années comme vous le savez tous. Les linéaires encore praticables sont extrêmement rares. Alors quoi faire ? Continuer à communiquer sur ces parcours où, il est vrai, la pêche de la truite reste possible car les densités présentes sont encore correctes. Ou alors ne rien dire, ne rien montrer ? Conserver le peu qu'il reste à l'abri des pêcheurs voyageurs ou/et consommateurs. Difficile d'être d'un côté ou de l'autre sauf si bien entendu que vous êtes un local non bénévole, non impliqué dans la défense des milieux et qui n'avez aucun autre objectif que de pêcher peinard dans votre coin. Mais si on s'ouvre un peu, personnellement, je n'ai pas la réponse. Je tente de communiquer depuis toujours tout en ayant modifié mes publications photos et vidéos ces dernières années pour plus de discrétion. Alors je n'ai aucune leçon a donner mais j'ai un avis.
Malgré tout, ce qui me conforte à continuer, c'est que depuis toutes ces années, j'ai, même parfois de très loin, réussi à motiver de jeunes pêcheurs à s'impliquer dans la vie des AAPPMA et des fédérations. C'est au final vraiment tout ce qui compte car la naissance de ce blog était motivé en autre par cet objectif important à mes yeux. Il y a bientôt 24 ans, lorsque je suis devenu président d'AAPPMA dans le Jura, je me suis senti tellement seul au milieu des autres élus qui ne pensaient qu'aux prélèvements et aux alevinages pour encore plus prélever. Aujourd'hui, c'est différent. Et même si à la fin c'est les personnes qui ont pris cette décision de se lancer, je pense avoir été l'instigateur pour au moins quelques uns par le biais de mes articles sur ce blog.
Alors pourquoi ne pas communiquer uniquement sur les problématiques des rivières pour motiver encore plus ? Cela serait le plus simple et m'éviterait de recevoir des mails remplis de méchanceté, des lettres anonymes acides ou encore des remarques orales acerbes. Je continue à communiquer sur tous les sujets tout simplement parce que j'ai très vite compris que mon blog ne serait pas suivit de la même manière. Qu'il faut aussi, et j'ai envie de dire surtout, faire "rêver" les gens. Il faut les faire sourire, leur faire prendre du plaisir à la lecture d'un texte ou à la vision d'une photo, d'une vidéo. Là, une fois que l'audience est actée, fidélisée, il est alors possible d'insérer de temps en temps des articles à la communication plus grave, plus terre à terre et sur des sujets très sérieux comme les atteintes à nos rivières en espérant qu'ils soient lus. C'est ainsi que j'agis depuis des années et il me semble que ce n'est pas le plus mauvais des chemins.
Alors oui, la vidéo publiée par la Fédération du Jura va faire des envieux et provoquera peut-être des trips pêche qui n'auraient pas eu lieu sans ça. Car il faut bien le dire, des truites sauvages en nombre comme sur ces images, ça ne court pas tous les radiers du département ! Je comprends aussi la réaction de certains fidèles du secteur qui voient à travers ces images uniquement une publicité pour attirer du pêcheurs. Cette vidéo chez eux fait naitre toutes les craintes liées à la surfréquentation et la surpêche. Mais on peut aussi traduire ce genre de vidéo avec les mots d'un ami qui se reconnaitra et qui est pourtant, d'un point de vue personnel, le roi incontesté de la discrétion ! Je cite : " La pêche sur les réseaux sociaux ouvre la porte à tous les fantasmes...Et la rivière aux pêcheurs consommateurs qui s'imaginent qu'ils vont prendre la moitié des truites cachées sous la racine ! Mais bon, c'est l'ère du temps qui veut ça et si cette communication peut mobiliser du monde pour la protection de nos rivières, pourquoi pas !"
Une fois de plus, c'est un sujet très complexe la communication à notre époque où les truites deviennent si rares, mais une chose est sûre, c'est une des missions prioritaires d'un fédération départementale. Cela fait parti de son job d'être transparent. C'est à elle que revêt le rôle de communiquer pour informer et recruter (des pêcheurs et/ou des bénévoles). On ne peut dire le contraire. Je trouve que les mots de mon ami colle bien avec ma pensée. Si au final cela peut servir nos rivières, alors pourquoi pas !
À ce sujet, n'oubliez pas les élections de cet automne. Si vous avez des désaccords sur la gestion de vos secteurs préférés ou par exemple dans la communication qui sont fait sur eux (rire), présentez-vous ! Faites un pas en avant et gonflez les rangs des pêcheurs bénévoles qui tentent de gérer du mieux qu'ils peuvent le semblant de rivières qu'ils nous reste à pêcher.
Pour conclure, cela fait drôlement plaisir de les voir ces images quand même ! Quels beaux poissons ! Alors merci pour ça !
Commentaires
Le dilemme entre les intérêts personnels et collectifs. Aujourd'hui je serais heureux de pouvoir balancer des poissons de la Loue pour donner envie de venir aux pêcheurs c'est quand il n'y a presque plus de poissons à défendre que l'on se rend compte que c'est une chance d'avoir à se plaindre des touristes. Je fulmine quand je vois des sociétés comme la Baume de Mouthier ou l'AAPPMA de Vuillafans doubler le tarif des cartes pour les "étrangers" pour se garder un maximum de poissons. Triste mentalité où le partage ne se fait plus que par profit.
Tout à fait d'accord, Nicolas.La pêche est avant tout un loisir qui, pour perdurer, doit absolument être protégé tant au niveau du poisson mais aussi de la rivière et le plus important, le niveau d'eau. Il faut arriver à peser de tout notre poids sur les éléments sociaux et politiques. Mon plus grand souhait étant l'union massive de tous les pêcheurs....... mais nous en sommes encore loin.
Salut Nicolas, ceux qui râlent sont bêtes et méchants , ils ne font probablement pas le 1/10ième de ce que tu fais pour la défense de nos rivières et de leurs poissons.
En ce qui concerne la vidéo, je vais envisager le remplacement de mes lunettes. Suite aux crues, les eaux étaient limpides et malheureusement les niveaux avaient rapidement baissé à l'étiage..Les fonds propres étaient visibles de part et d'autre assez largement et la plupart du temps aucun poisson visible même à plus de 20m et lorsqu'on en aperçoit un, il dépasse rarement les 50cm. Il me semble que les grosses truites sont devenues rares. Comme je ne pêche pas en nymphe, les capots ont été très nombreux!
@tolemann : J'ai aussi fait quelques capots. Après, pour la vidéo, il est possible de voir ça uniquement sur Champagnole où la densité reste correcte. Plus en aval, ce n'est plus qu'un souvenir...
@Fred Faivre : le système cartedepeche.fr ne permet pas, à ma connaissance (et je bosse en fédé donc je crois bien le connaître) qu'une AAPPMA puisse modifier ses tarifs en fonction de l'origine géographique des pêcheurs. C'est scandaleux, et si c'est le cas, il faudrait identifier le moyen qu'ils mettent en place pour le faire et le dénoncer haut et fort, d'abord à la Fédé 25 mais également à la FNPF.
Merci pour cette réflexion sincère sur la communication autour de la pêche, Nicolas. On sent bien le dilemme : d'un côté, l'envie de partager la passion et d'attirer de nouveaux amoureux de la pêche ; de l'autre, la crainte de mettre en danger des parcours déjà fragiles. Ta façon d’aborder les choses, en mélangeant des contenus qui font rêver avec des messages de sensibilisation, est super efficace. Ça donne envie, ça inspire, et puis ça fait passer des messages importants.