J'ai toujours quelques craintes quant au fait de faire un retour matériel sur mon blog. Mais une fois de plus, je l'ai dit et je le répète encore aujourd'hui, je mets en avant uniquement des produits que j'utilise et qui me donnent satisfaction. D'un autre côté, vu le nombre de mails et de messages que je reçois par semaine et ce uniquement sur des questions matériel justement, il me semble que vous êtes demandeurs. Bref, je me lance.

Après trois saisons pleines d'utilisation que je qualifierais d'intensives, je souhaitais faire un retour d'expérience sur la canne à mouche Zéphrus de chez HARDY. Je vais donc tenter de vous traduire par les mots ce qui me plait chez elle. C'est pour moi, et ce depuis le début de notre collaboration avec la marque anglaise, mon vrai coup de cœur de la gamme rivière.

La présentation, la classe anglaise.

Jusqu'à la saison 2016, je pêchais avec la célèbre et talentueuse GLX de chez Loomis. J'alternais entre ma 9 pieds et ma 8 pieds 6 (toutes les deux en soie de 5), cette dernière ayant de loin ma préférence. Sincèrement, ces deux modèles me donnaient entière satisfaction. Puis, pour la saison 2017, nous avons débuté une collaboration avec Hardy. Bien que je connaissais l’immense réputation de cette maison, je ne savais pas trop où nous allions vis à vis des cannes actuelles. Après avoir pris conseil auprès de nos interlocuteurs, nous avons choisi de tenter l'expérience avec les Zéphrus. Thibaut choisissant la 9 pieds et moi la 8 pieds 6 toujours en soie de 5. Cette longueur est la plus adaptée à mon besoin et c'est surtout celle qui m'offre un plaisir maximum.

Le plaisir, le mot est lâché. Vous ne trouverez pas ici un test du genre "Protocole Common Cents System". Non, pour définir ce qui me plait dans une canne, j'évalue cela en notion de plaisir et d'émotion, pas en chiffre. Les chiffres, je les laisse au boulot, j'en vois assez passer dans mon local de métrologie depuis le temps que j'y travaille. Si toutefois vous souhaitez quand même réaliser un graphique, alors optez pour un axe des abscisses "plaisir" couplé avec un axe des ordonnées nommé "émotion", on pourra alors s'entendre. C'est uniquement ces sentiments qu'une canne doit vous apporter. En tous les cas c'est le plus important pour moi. J'assume d'ailleurs totalement ce côté "je m'en fouttiste" sur les caractéristiques d'une canne à mouche, que cela soit son poids, la définition de son action, la distance entre ses anneaux, leur composition, etc...Rien à faire, sincèrement. Je comprends par contre que d'autres se basent là-dessus pour faire leur choix. Il faut de tout pour faire un monde n'est-ce pas.

J'ai donc depuis 3 ans appris à connaitre parfaitement et à aimer la Zéphrus au point d'avoir du mal à prendre une autre canne. Bien entendu, dès la prise en mains, les sensations ont été très bonnes. Mais il m'en faut plus, il me faut du vécu pour être convaincu et donc créer un climat de confiance indéfectible sur la durée. La canne fait partie de cet ensemble qui nous lie au poisson. Beaucoup sont de bonnes lanceuses, peu savent créer ce lien.

Ce vécu, celui qu'il faut pour avoir du recul sur une canne, je pense l'avoir maintenant et c'est pourquoi il m'est très facile de vous parler de cette petite merveille. Le terrain, le temps de pêche, les succès comme les échecs, voilà un vrai test comme je le conçois.

Elle m'accompagne depuis 3 ans.

Avec cette canne, j'ai une sensibilité accrue, c'est indéniable. C'est un paramètre important. J'ai toujours l'impression de maitriser les choses en les ressentant de la meilleure des manières. Cette 8 pieds 6 se rapproche vraiment de ce que je ressentais avec la GLX. Elle est néanmoins un poil moins directive, c'est pourquoi j'ai ce doux sentiment de mieux la dominer. J'aime commander à la pêche et non l'inverse. Mon geste pour propulser la soie est plus fluide également, c'est le prolongement parfait de mon bras pour réaliser les posers délicats sur les grands lisses de ma rivière. Sa délicatesse m'est très précieuse pour me faire plus discret auprès des zébrées les plus farouches. Il n'est pas simple de décrire ses sentiments. Déjà avec une femme, c'est compliqué, mais alors avec une canne...

La Zéphrus conserve cette douceur pour que chaque aller et retour de la soie dans les airs soit ressenti au maximum par le pêcheur. J'ai essayé de mettre une soie de 4, mais c'est une vraie 5. Malgré sa finesse, elle est capable de lancer avec précision à bonne distance. Chose finalement que l'on fait rarement en nymphe à vue. On pêche le plus souvent entre 5 et 12 mètres. C'est dans cet intervalle de longueur que la Zéphrus est juste incroyable de précision et de délicatesse. À noter qu'elle est aussi capable de sortir un long bas de ligne en fouettant énergiquement et rapidement à la vue "surprise" d'un poisson. Elle se met en action très rapidement.

Mais au-delà des bons points cités précédemment, je lui trouve ces deux plus grandes qualités sur les deux instants fatidiques de notre mode de pêche, le ferrage et la gestion du combat. Elle est juste parfaite à mes yeux. Je suis persuadé qu'une canne a toute sa part de responsabilité dans le pourcentage de réussite au ferrage et dans la finalité des combats. Ces deux aspects ont toujours eu ma priorité dans le choix définitif d'une canne à mouche. Cela reste très subjectif au final, car il faut que je trouve une canne qui colle à ma façon de ferrer, aux bas de ligne que j'utilise, etc...(cela ne collera pas forcément avec votre propre façon de faire...On me dit souvent que je ferre très fort par exemple). C'est tout cet ensemble, liés les uns aux autres qui va faire que vous allez tendre vers les 100% de réussite une fois que le poisson a engamé l'imitation. J'en suis intimement persuadé. J'ai parfois utilisé des cannes avec lesquelles j'avais un taux de décrochés beaucoup trop grand. Des casses lors des combats plus fréquentes. Le pêcheur était pourtant le même.

Une bonne lanceuse n'a pas forcément les qualités requises pour le combat.

La Zéphrus possède cette sensibilité qui fait que je suis extrêmement à l'aise au moment du ferrage. Elle va accompagner mon geste à la fois dans la justesse et le plaisir que je souhaite prendre à ce moment précis. Sans être trop brusque pour bien ressentir l'instant, sans être trop fragile pour conserver de la maîtrise. Il faut une canne pleine de justesse pour connaitre ces émotions. Le combat qui s'en suit va demander à la canne de travailler pour faire en sorte de maîtriser le poisson sans excès tout en évacuant les décrochages qui sont des plus frustrants. Sur la photo du haut, vous pouvez voir à quel point cette canne travaille en ce sens. Décrocher trop souvent ses poissons peut-être du à un ferrage un poil trop tardif mais aussi, à une canne un poil trop directive. C'est du moins ce que me fait dire mon vécu. La Zéphrus est capable de sortir des truites de 25 à 85 centimètres sans perdre son caractère, sans vous couper de ces sensations qui me donnent le plaisir que je recherche tant. C'est essentiel.

Quand je dis 85cm, je ne vous raconte pas de bêtise.

Je suis vraiment tombé amoureux de cette canne, d'autant plus pour l'avoir trouvé dans ma longueur de prédilection. Si je devais émettre un souhait pour encore l'améliorer et ce toujours à mes yeux, c'est d'avoir un blank non verni, plus mate. Je souhaiterais aussi que la partie visserie du porte-moulinet soit noire. Il fallait bien lui trouver un ou deux petits défauts à cette petite bombe. À souligner la très bonne présentation de l'objet dans son étui ainsi que la superbe qualité de sa poignée en liège. Là, on peut dire que ça m'a changé des GLX !

Tout cela reste valable encore une fois vis à vis de mon gout personnel. Une canne est certainement l'objet de l'arsenal du pêcheur qu'on peut le moins conseiller tant il est personnel, tant il doit coller à ses propres sensations pour justement créer ce lien parfait entre le bras du pêcheur et le poisson qui tente de lui échapper.

Pour conclure, et sans faire un plaidoyer pour cette canne, je peux juste vous dire que la Zéphrus est parfaitement adaptée à mes besoins en conservant à l'esprit que ma priorité est le plaisir qu'elle me donne. Je ne suis pas en mesure d'affirmer qu'elle vous conviendra. Nous sommes tous différents.

Souvenir de 2019 sur la Loue.