Epargnez les plus âgées.
Par Nicolas39 le mercredi 23 mars 2016, 21:00 - Gestion piscicole - Lien permanent
Un comparatif qui me parle...
Il y a parfois des choses comme ça qui paraissent tellement évidentes que je n’arrive pas à comprendre pourquoi les personnes concernées ne les mettent pas en application.
Chez les pêcheurs, il y a un grand nombre de personnes qui ont les deux casquettes. La deuxième étant celle de chasseur. Ce n’est pas mon cas, mais pas mal d’entre vous êtes passionnés des deux.
J’ai moi-même dans mon entourage plus ou moins proche, des pêcheurs-chasseurs. Le mode de prélèvements dans ce monde parallèle qu’est la chasse a énormément évolué ces dernières années. Une certaine gestion des populations est en place en particulier pour le gros gibier. On peut même parler d’une certaine "éthique" lorsque l’on pense au sanglier.
Effectivement, lors des battues, et d’après ce que j’entends autour de moi, les consignes de tir interdisent de façon systématique de tirer la bête de tête. Elle est très souvent identifiée comme une laie. C’est en fait l’animal le plus âgé de la harde. C’est elle qui guide tous les autres animaux moins âgés et donc moins expérimentés. De plus, c’est très souvent la meilleure reproductrice, c’est donc l’avenir.
Cette consigne de tir s’est généralisée ces dernières années et il n’est pas concevable pour la majorité des chasseurs de tuer la laie meneuse lors d’une battue.
Par contre, et c’est là que j’en perds mon latin, quand ce même chasseur arrive au bord de l’eau, qu’il vient à prendre deux ou trois truites, il a très souvent ce réflexe alors qu’il part dans l’idée de conserver un poisson de prélever la plus grosse. Combien de fois j’ai entendu un pêcheur me dire : J’en ai fait trois aujourd’hui, deux de trente centimètres que j’ai remis et une belle de cinquante centimètres, ha ben celle là, je l’ai gardé !
J’avoue qu’avec le temps ça me rends fou. C’est exactement les mêmes personnes qui vont dire tout l’inverse lorsqu’ils auront troqué la canne à pêche avec le fusil ! Je crois rêver !
Pourquoi ne pas agir de la même façon bon sang. Quitte à garder un poisson de temps en temps, gardez un poisson juste maillé, (ce qui correspond aux bêtes rousses pour le sanglier) un poisson non expérimenté. Mais de grâce, épargnez les vraies belles truites adultes. Chez nous, sur nos rivières calcaires, les truites même à soixante centimètres se reproduisent toujours. Il suffit de se promener le long des rivières l’hiver pour le constater. Les truites entre quarante et soixante centimètres sont les meilleurs reproducteurs et de très loin. C’est les poissons les plus âgés, les plus expérimentés, eux sauront choisir le bon endroit pour déposer les œufs. Et puis la quantité d’œufs n’a absolument rien à voir ! Bref, il n’y a pas photo.
Avec tout ce que doit subir une truite dans sa vie, c’est déjà bien compliqué pour elle d’arriver à ces tailles respectueuses, alors lorsque vous en capturez une, laissez lui la vie s’il vous plait. Les truites justes maillées sont plus nombreuses dans leur classe d’âge, si vous devez en garder (bien que rien ne vous y oblige), c’est tellement mieux que de tuer un gros reproducteur.
En conclusion, si vous êtes chasseur, faites la même chose à la pêche, merci !
Photo Joël Brunet.
Commentaires
Bonjour ,
très bon résumé. Mais toutsles pêcheurs ont encore cette conviction que la truite passée 50 cm sont des prédatrices et sont stériles. A quand la double taille avec cotât de quelles que truites par an.et formation des élus pour une bonne information aux pêcheurs.
Je crois que la double maille entre en vigueur cette année sur le haut Dessoubre.
Prétendre que les grosses truites sont de redoutables prédateurs stériles est faux.
Plus la truite est grosse, plus les œufs sont gros, plus la réserve vitelline est importante et plus les chances de survie des alevins est grande.
C'est pour la même raison que la 1ère fraie des truites est souvent inefficace (œufs trop petits et pas suffisamment nombreux)
Lorsque la truite vieillit, il arrive que ses œufs deviennent trop gros pour être expulsés. Dans ce cas, elle crève. Si elle est vivante, c'est un géniteur.
Prétendre que les gros sujets sont nuisibles ne sert qu'à justifier les prélèvements.
Dans le sud la mentalité chez certains n'a guère évoluée il faut remplir le congel!
je suis pêcheur/chasseur et je pratique le no kill et je suis aussi pour le tir des bêtes rousses à la chasse et je pense que Nicolas tu as raison mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier, c'est vrai que certains viandards sont aussi des casseurs de nuques à la pêche mais pas besoin d'être chasseur pour ça !!! mais je partage ton avis à 100 pour 100 .
Préserver (au moins) les meilleurs géniteurs. Un leitmotiv à suivre par tous... bravo et merci pour ce billet !
Bonsoir
De très bonnes remarques. Pour votre info dans mon AAPPMA il y a une particularité pour la maille : On doit gracier les truites dont la maille est comprise entre 35 et 50 cm (ça doit bien être la seule dans le DOUBS !) C'est le début du commencement d'une bonne évolution) Quant à celles dont la taille est supérieure à 50 cm on nous incite à les gracier aussi. Une sorte de no kill raisonné POUR TOUS LES PECHEURS DE CETTE AAPPMA;. Quitte à prélever une truite prélevons en une "petite"
Bravo pour la sagesse des commentaires ci-dessus. Les truites de belles tailles ont une valeur inestimable. Il est vrai que la plupart des règlements autorisent le prélėvement quand les truites sont à peine matures, la fenêtre de capture est la solution. Mais n'oublions pas les vrais problėmes; les éclusées et les pollutions diverses. Pour ma part, depuis plusieurs années, quand je prélėve un poisson, je le prends le plus petit possible.
Il semblerait que ce soit complexe : aux usa après étude par des scientifiques, eux mêmes pêcheurs, suivant les cours d'eau, le régime, les populations piscicoles, larvaires et autres ils préconisent de relâcher les sujets entre 35 et 50 cm qui seraient les meilleures reproducteurs. En effet il semblerait que les dégâts causés auprès de leur propre population par les gros sujets seraient préjudiciables à la taille moyenne de nos amies, en rapport à leur reproduction propre.