Il y a parfois des choses comme ça qui paraissent tellement évidentes que je n’arrive pas à comprendre pourquoi les personnes concernées ne les mettent pas en application.

Chez les pêcheurs, il y a un grand nombre de personnes qui ont les deux casquettes. La deuxième étant celle de chasseur. Ce n’est pas mon cas, mais pas mal d’entre vous êtes passionnés des deux.

J’ai moi-même dans mon entourage plus ou moins proche, des pêcheurs-chasseurs. Le mode de prélèvements dans ce monde parallèle qu’est la chasse a énormément évolué ces dernières années. Une certaine gestion des populations est en place en particulier pour le gros gibier.  On peut même parler d’une certaine "éthique" lorsque l’on pense au sanglier.

Effectivement, lors des battues, et d’après ce que j’entends autour de moi, les consignes de tir interdisent de façon systématique de tirer la bête de tête. Elle est très souvent identifiée comme une laie. C’est en fait l’animal le plus âgé de la harde. C’est elle qui guide tous les autres animaux moins âgés et donc moins expérimentés. De plus, c’est très souvent la meilleure reproductrice, c’est donc l’avenir.

Cette consigne de tir s’est généralisée ces dernières années et il n’est pas concevable pour la majorité des chasseurs de tuer la laie meneuse lors d’une battue.

Par contre, et c’est là que j’en perds mon latin, quand ce même chasseur arrive au bord de l’eau, qu’il vient à prendre deux ou trois truites, il a très souvent ce réflexe alors qu’il part dans l’idée de conserver un poisson de prélever la plus grosse. Combien de fois j’ai entendu un pêcheur me dire : J’en ai fait trois aujourd’hui, deux de trente centimètres que j’ai remis et une belle de cinquante centimètres, ha ben celle là, je l’ai gardé !  

J’avoue qu’avec le temps ça me rends fou.  C’est exactement les mêmes personnes qui vont dire tout l’inverse lorsqu’ils auront troqué la canne à pêche avec le fusil ! Je crois rêver !

Pourquoi ne pas agir de la même façon bon sang. Quitte à garder un poisson de temps en temps, gardez un poisson juste maillé, (ce qui correspond aux bêtes rousses pour le sanglier) un poisson non expérimenté. Mais de grâce, épargnez les vraies belles truites adultes. Chez nous, sur nos rivières calcaires, les truites même à soixante centimètres se reproduisent toujours. Il suffit de se promener le long des rivières l’hiver pour le constater. Les truites entre quarante et soixante centimètres sont les meilleurs reproducteurs et de très loin.  C’est les poissons les plus âgés, les plus expérimentés, eux sauront choisir le bon endroit pour déposer les œufs. Et puis la quantité d’œufs n’a absolument rien à voir ! Bref, il n’y a pas photo.

Avec tout ce que doit subir une truite dans sa vie, c’est déjà bien compliqué pour elle d’arriver à ces tailles respectueuses, alors lorsque vous en capturez une, laissez lui la vie s’il vous plait. Les truites justes maillées sont plus nombreuses dans leur classe d’âge, si vous devez en garder (bien que rien ne vous y oblige), c’est tellement mieux que de tuer  un gros reproducteur.

En conclusion, si vous êtes chasseur, faites la même chose à la pêche, merci ! 

Photo Joël Brunet.

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