La Bienne et ses fabuleuses truites ont donné bien du plaisir à bon nombre de pêcheurs cette année. Le résultat sans aucun doute d'une politique raisonnée suite aux tristes évènements que la rivière a connu dans un passé très proche. Laisser les poissons tranquilles, puis ouvrir en No-Kill était à l'évidence ce qu'il fallait faire. Tout le monde ou presque est bénéficiaire, les pêcheurs, souvent venus de très loin, l'AAPPMA à travers les ventes de cartes et les commerçants de la vallée dont l'apport financier du tourisme pêche n'est pas négligeable (A lire cet article). Seul certains pêcheurs en général locaux, aimeraient conserver leur poisson malgré ce que l'on sait sur la qualité de l'eau de cette rivière.

Pour ma part, je m'y suis rendu deux fois en Mars et j'avoue que le trop plein de pêcheurs m'a quelque peu effrayé. Et puis, je reste avant tout un amoureux de la rivière d'Ain. Et même si son potentiel est bien inférieur à celui de la Bienne. J'y suis retourné une fois en Avril pour un tournage de la chaine Seasons. Depuis, plus rien...L'activité sur les secteurs de l'Ain que je pratique étant bien faible depuis quelques jours, je me suis résolu à rendre de nouveau visite à l'une des dernières belles rivières de Franche-Comté. Le fait de pouvoir la pêcher à l'étiage sur des poissons éduqués a aussi fait pencher la balance. C'est des conditions que j'aime par dessus tout.

Premier repérage mercredi dernier alors que j'avais une paire d'heures de libre avant d'aller au boulot. Le but était surtout de repérer les berges inondées de soleil le matin avant les autres. Un peu comme chez nous, je n'ai pas trouvé beaucoup de poissons actifs. J'ai néanmoins réussi à prendre une jolie truite qui m'a filé le sourire pour le reste de la journée.

Prise à longue distance.

10604609_972996722717419_7158275693235606681_o.jpg

Ma décision était donc prise. Mon lundi posé dans l'optique d'une journée pleine pêche, je passe un petit coup de fil à copain Fredo pour avoir la température de la rivière. Apparemment, ce n'est pas top non plus sur la Bienne, mais bon, comme on dit, il vaut mieux une mauvaise journée à la pêche qu'une bonne au boulot ! Et pour faire différemment dans mon compte-rendu, je vais tenter de vous faire vivre ma journée comme si vous y étiez...

  • 5h40 : Le réveil sonne, mais pas pour aller au boulot ou pour un moment désagréable, non, c'est bien pour aller à la pêche. C'est le premier jour de congé que j'arrive à poser cette année pour me faire une vraie journée de pêche en solo. Autant dire que je suis remonté à bloc.
  • 6h10 : Après avoir chargé la voiture du matos et surtout du casse-croûte, je prends la route direction le Sud du Jura. C'est en fait la même route qui m'amène au boulot tous les jours, mais cette fois-ci, je ne m'arrêterai pas à l'usine !
  • 6h30 : Arrêt à la boulangerie de Clairvaux histoire de se caler l'estomac avec deux pains au chocolat. C'est essentiel pour la partie de pêche. Si si ;-)
  • 7h15 : Arrivée sur le lieu de pêche. La rivière a un niveau de pêche idéal pour moi. C'est l'étiage, mais l'eau reste fraiche et les fonds encore pas trop sales. Les conditions que je préfère bien entendu. La lumière est encore très faible mais d'après mes observations de mercredi dernier, je devrais avoir le soleil rapidement. D'ailleurs, je prends tout mon temps pour m'équiper en l'attendant.
  • 7h40 : Début de la partie de pêche. Dans les trente premières secondes, je vois une belle truite, pas pêchable, mais c'est bon signe.
  • 7h50 : Au détour d'un petit saule, je tombe sur de grandes plaques où tournent trois belles truites dont deux très actives qui ne cessent de piocher au fond. Là, dans ma tête, j'suis chaud bouillant ! Monté en quatorze centièmes, mon petit gammare (un GL-16) coule lentement au beau milieu du circuit de la plus belle d'entre elles. En croisant mon imitation, la belle l'engouffre sans sourciller. Ferrage dans la foulée et la bagarre démarre. Elle a bien tenté d'aller sous le fameux saule, mais sans succès. C'est lorsque j'ai voulu la mettre à l'épuisette qu'elle s'est décrochée...Je me mets du coup à parler tout seul ! Et ben ça commence bien tiens ! 

J'en profite pour faire une photo de la rivière...Magnifique Bienne.

IMG_6487.JPG

  • 8h00 : Sur le coup suivant, une truite modeste en poste. Ma nymphe certainement posée trop près d'elle l'a fait fuir...Le temps de récupérer mon imitation, qu'une autre truite arrive du profond dans ma direction plein travers. La première truite de la journée dans l'épuisette, le capot est sauvé ! Alléluia ! Première galère de la journée également sur le coup, mes polarisantes tombent à la flotte lors de la photo. Derrière, impossible à enlever la buée qui revient sur les verres sans cesse. J'ai pêché l'heure suivante sans lunette.

Content le gars !

1.JPG

  • 8h50 : Les truites se font plus rares...J'en retrouve deux sur un banc de sable dans un profond. Mon gammare est un peu léger, mais je tente malgré tout. J'attends longtemps avant de réaliser une animation. En fait, je n'aurais pas le temps de la faire. Une des truites a vu ma bestiole et vient la prendre juste avant qu'elle ne touche le fond. C'est pendu ! Je suis obligé se sauter à l'eau pour épuiser le poisson. Le sable est en fait de la vase...A réception, je m'enfonce jusqu'aux cuisses ! Impossible de bouger. J'arrive à mettre la truite dans la filoche. Photo et remise à l'eau dans la foulée...Et maintenant, il faut que je me sorte de ce bourbier. Je lance ma canne sur la berge et j'attrape un petit frêne. J'en ai vraiment bavé, mes jambes n'arrivaient pas à se défaire de ce piège naturel. De retour sur la berge, je me sens plus léger. Effectivement, j'ai laissé mes deux semelles de chaussures dans la vase ! Je me retrouve quasiment en chausson. La berge où je suis est propre, je décide de la finir quand même en faisant attention où je poserai les pieds.

Bien mérité celle là :-)

2.JPG

  • 9h10 : Le gros avantage des chaussures sans semelles, c'est que l'on est d'une discrétion optimum. Me voilà devant un très joli spectacle. Trois truites au dessus d'un haut fond en train de gober tout en restant en surface. C'est certain, j'ai un peu plus d'activité que mercredi dernier. Le truc est qu'elles sont impêchables à cause du couvert végétal. Je décide quand même de rester un petit coup à les regarder faire. C'est là qu'une imprudente choisit de longer la berge en passant devant moi. J'arbalète tranquillou mon petit gammare...Il coule...La truite avance lentement...J'anime...La truite se déplace...Prends sans réfléchir. Le troisième poisson de la journée est dans la filoche ! Bien content. 

Jolie truite de la Bienne.

3.JPG

  • 9h45 : Il ne faut pas jouer avec le feu, je vous rappelle que je suis en chausson. Direction la voiture pour un changement de chaussures. Arrivée près d'elle, je reconnais la voix d'un copain. Un Fred encore ! Je lui raconte mes truites et mes malheurs. En même temps, je n'ai pas d'autres choix que de mettre mes baskets....Oranges ! Ça fait un genre après tout. Je fini ma conversation avec Fred et je retourne sous le pont d'où je venais car il me semble avoir vu un ou deux poissons. Sous les ponts, il y a toujours des poissons ;-)
  • 10h10 : Le poisson que je souhaite attaquer est sur un coup très pêché de tous. je refais donc ma pointe en douze centièmes pour y nouer une petite nymphe d'étiage de ma confection sur un TMC2488 en taille 22. Le premier lancer sera le bon. Très joli combat avec ce poisson très gras qui a quelques points rouges sur les flancs...Étrange.

Poisson très en forme, très combatif.

4.JPG

  • 10h30 : Je passe sous le pont pour retrouver cette pointe de grandes plaques où les truites sont toujours présentes. Certainement aussi les plus dures à prendre du coin, mais j'aime ça. Je salue de loin Manu Barbier, personnel de l'Onéma qui travail sur l'échelle à poisson au même moment sur ma droite. Mais les truites sont là ! Quatre refus sur quatre poissons différents, ouille, pas simple tout ça. Le cinquième sera le bon, même si la prise de la nymphe était d'une discrétion incroyable, j'ai bien ferré au bon moment. Très gros combat qui me fera revenir sous le pont. Une très belle truite à la clé, je suis aux anges. Que ces poissons sont jolis, puissants et tellement précieux.

Un bijou !

5.JPG

Comme je ne suis du genre à cacher mes nymphes, je vous montre la bestiole gagnante.

IMG_6499.JPG

  • 11h10 : Après un brin de causette avec Manu que j'ai rejoins sur la bonne berge, je change de spot pour me retrouver sur une grande gravière. Je profite de ce changement pour m'engloutir un sandwich préparé la veille. Très important de ne pas pêcher le ventre vide, c'est le secret de la réussite. Si si :-)
  • 12h10 : Le soleil est bien monté dans le ciel bleu, il fait de plus en plus chaud, voir très chaud. Les truites sont plus claires aussi. Plus d’activité ou très peu. Bref, ça devient compliqué et les occasions deviennent très espacées. Je parcours ma gravière sans succès. Arrivée en bout, je tombe sur une zone morte sans aucun courant. Une truite est là, immobile, mais entre deux eaux. Je sors ma soie. En lançant, je décide de poser ma nymphe derrière elle. Au printemps, j'aurais pu lui poser devant, elle l'aurait certainement pris à la descente. Mais bon, on est en septembre et vu le peuple sur cette rivière...Elle ne capte pas l'impact, la nymphe coule...J'opte pour une animation très vive...La truite se retourne aussi sec et prends...C'est de nouveau pendu.

Poisson de gravière tout jaune.

6.JPG

  • 12h45 : Sur un autre coup qui ne payait mais alors pas du tout de mine, je tombe sur un poisson magnifique. Il se nourrit, c'est ma chance ! Si le pêcheur ne fait pas d'erreur, un poisson en train de se nourrir doit être pris. Je garde un super souvenir de ce poisson pour son ensemble. Le lieu, l'approche, la dérive, le combat extraordinaire. Et puis sa beauté ! Comment peut-on avoir envie de tuer un poisson pareil...Même si je l'ai fais il y a bien des années, je n'arrive plus à le comprendre.

Très jolie truite.

7.JPG

  • 13h00 : La faim me tenaille (Oui, encore ! ). J'opte pour aller sur un pont histoire de casser la croûte en profitant d'un éventuel spectacle. Je ne suis pas seul à avoir eu cette idée. Il y a déjà deux autres pêcheurs et un troisième sur le point d'arriver. S'ils se reconnaissent, je les salue bien. On parle un peu, on mange, mais ça gobe ! Ça nymphe ! Bref, on ne peut pas manger tranquille quoi. Je reprends la canne...
  • 13h25 : Je prends l'option de descendre le linéaire pour ensuite remonter sous les couverts en berge opposée. Je marche assez rapidement sur un poisson avant d'en repérer un autre en train de gober. Je sais, j'aurai dû mettre une sèche ! Mais bon, on ne se refait pas. Du coup, premier manqué au ferrage en nymphe, mauvais sur ce coup là le gars. Carton jaune !
  • 13h30 : Dix mètres plus haut, un autre poisson en poste, bien plus gros. Même petite nymphe, même sanction que les truites du matin, c'est pendu. Combat de trente secondes tout au plus. Merci aux pêcheurs présents pour la photo, c'est très sympa. A une autre fois au bord de l'eau.

D'après l'épuisette, 53 à vue de nez.

8.JPG

  • 14h00 : Les choses se compliquent sérieusement. Le vent s'accentue et cela devient compliqué. Les truites, mise à part quelques dormants, sont aux abonnés absents. Je cherche un coin sans vent, sans trop de feuilles en surface, c'est un peu galère. Sans parler de la chaleur encore plus forte, toujours plus forte....C'est bon, vous pleurez là ? ;-)
  • 15h45 : Je m'arrête vers un autre pont. Là, je retrouve un pêcheur avec qui j'avais fait connaissance il y a peu chez moi. On discute un peu...Qu'est ce que j'ai causé ce jour là en fait ! On commence à descendre la rivière ensemble. Il y a quelques truites le long de l'enrochement où l'on est, mais surtout des dormants.
  • 16h00 : Je choisi un coin à l'ombre. J'ai trois dormants devant moi dont un qui se barre direct. Je ne suis pas fan de cette pêche où il faut dandiner une nymphe devant le poisson. C'est sans intérêt de mon point de vue, pauvre techniquement en fait. Mais là, je craque, ça fait un moment que je n'ai rien pris. Je décide de tenter les deux devant moi et de passer à autre chose sans insister. Le premier, le plus gros, réagit au gammare JFD en taille 12 sans prendre. Il viendra en fait cueillir une grosse nymphe de mouche de Mai. Je suis un peu nonchalant dans la gestion de la bagarre et la truite en profite pour aller sous un bloc et me casser.  
  • 16h05 : Je remet mon gros gammare et tente le deuxième dormant. Il se soulève direct pour le prendre, c'est pendu ! Dans l'épuisette cette fois. Vraiment pas intéressante cette pêche, le seul avantage finalement, c'est la photo...

Encore toute marbrée...

9.JPG

  • 16h10 : Je ripe de là de suite pour retrouver une zone de rivière où je peux de nouveau sortir de la soie et pêcher à distance. C'est quand même plus plaisant. Plus dur aussi...Impossible de refaire un poisson...
  • 17h45 : Je reprends la voiture en quête d'un spot différent. j'avoue que mon bilan carbone de cette sortie est catastrophique :-( .
  • 18h40 : De nouveau sur une grande gravière pour mon plus grand plaisir, je tombe sur une ou deux truites redoutables. Elles me compliquent vraiment la vie. De plus, la lumière a déjà bien baissé. Les feuilles mortes qui sont très nombreuses rendent les choses encore plus délicates...Que c'est compliqué la pêche ! Tant bien que mal, je vais réussir à prendre ma dixième truite de la journée sur un très bon coup de ligne...Très content. Elle avait un œil tout défoncé.

10.JPG

  • 19h00 : Alors que je m'étais promis de faire le coup du soir, ma passion pour la nymphe à vue me rattrape. Je ne vois plus grand chose, j'arrête de pêcher. C'est plus fort que moi. De plus, je suis crevé. Ce fût, avec cette chaleur, une grosse journée. L'heure du retour à la maison sonne sur ces dernières pensées.
  • 19h50 : Je prends le temps de m'arrêter sur la route le temps d'une photo...

IMG_6514.JPG

  • 20h05 : De retour chez moi....Thibaut me demande de suite combien j'ai fait de poissons, si c'était bien, etc....  

                        - J'en ai pris 10 Thibaut, toutes des belles, c'était génial.

                        - 10 ! Ben ça devait être facile alors !

                        - .... (il m'a cloué le bec)....Et l'idée que j'ai pas trop mal pêché, non ?

                        - ha oui, aussi.

Ces gosses !!! Bref, une très belle journée sur une rivière exceptionnelle. Le plus gros potentiel de la région, assurément. Jamais je ne pourrais faire une telle pêche près de chez moi sur l'Ain en fin de saison comme ça. C'est certain. J'espère sincèrement que ce grand No-Kill sera reconduit. Que tous les gens qui le souhaitent, qui le pratiquent se mobiliseront le moment venu pour qu'il en soit ainsi. J'ai aussi compris après cette journée toutes ces pêches exceptionnelles qui se sont faites au printemps...Il est clair que certains ont du bien s'amuser. Je voulais voir ce que ça donnait niveau difficulté en fin de saison. Selon les secteurs, les truites restent abordables, sur d'autres, bien plus compliquées, voir très compliquées...La densité fait que l'on tombe régulièrement dans la journée sur un poisson plutôt sympa...Ce que l'on ne trouve plus en septembre par chez moi, donc ça fait pas de mal une journée comme celle-ci. Je parle ici de truites actives à pêcher à distance, pas de truites sous un bloc où en dormant que l'on prend à force d'embêter. C'est aussi possible sur l'Ain en ce moment, même sur du très gros, mais bon...Chacun prends du plaisir comme il l'entends.