Dix jours, soit une éternité pour moi. Malgré le fait que la rivière soit largement dans mon rayon kilométrique autorisé par la loi confinement, je m'autorise le moins de sorties possibles. Ayant ma femme aide-soignante et une fille pompier, je suis pleinement conscient de la situation. C'est pourquoi je reste à la maison sans broncher. Hier, et donc après plus de dix jours sans avoir vu la rivière, je me suis quand même décidé à remplir mon attestation dérogatoire. Je suis localisé dans la limite de distance et de temps.

Je souhaitais me rendre compte visuellement de deux choses.

-Où en était l'éclosion des alevins de l'année.

-Quid de la situation actuelle suite aux épandages.

Je suis bien conscient que pour les personnes confinées en ville ou en appartement, je suis un privilégier. Je suis donc parti à pied depuis la maison afin de rejoindre la rivière qui est à quelques centaines de mètres de là. Je n'ai pas pu y rester aussi longtemps que je le souhaitais puisqu'on est limité dans le temps pour ce genre de sortie. Mais de toutes évidences, et d'après ce que j'ai vu, l'étiage printanier est une bénédiction. J'en étais déjà persuadé. Le fond de la rivière n'est pas noir, ce qui est parfois déjà le cas à cette époque. Mais comme aucune intempérie n'a eu lieu durant les épandages, ceux-ci s'évaporent lentement au lieu de ruisseler dans nos ruisseaux et rivières. Du coup, c'est la qualité de l'air qui en prend un coup car les lisiers libèrent de l’ammoniac. Ceci est à confirmer dans une dizaine jours où je pense programmer une prochaine sortie rapide. En espérant trouver un fond de rivière toujours aussi clean.

L'étiage printanier est également une bénédiction pour favoriser l'émergence des alevins de truites sauvages. Ces nouveaux nés trouvent là les conditions idéales pour débuter leur nouvelle vie. Pour les sceptiques de la reproduction naturelle sur notre rivière, je peux vous affirmer que ce cru 2019-2020 est une pleine réussite. Quel enchantement de pouvoir admirer cette nouvelle génération sauvage.

Belles couleurs pour cette truite de 2 centimètres !

Quand je pense que les membres de notre AAPPMA sont pris par certains pour des hurluberlus voir des extrémistes. Notre parcours en No Kill intégral fait grincer des dents. Il est vrai qu'il est préférable de réintroduire des poissons adultes surdensitaires. Histoire d'apporter une prédation supplémentaire à ces alevins ainsi qu'une concurrence alimentaire dont ils se passeraient bien. Autant ne laisser aucune chance à cette population sauvage. Mais que voulez-vous, il parait que c'est nous les fous !

Je n'abuserai pas de mon attestation dérogatoire durant cette période, bien que légalement j'ai le droit à une sortie d'une heure quotidienne. Je fais ce choix par solidarité envers les personnes qui bossent et qui sont sur le terrain. Je pense juste y retourner pour constater ou non l'évolution du fond de la rivière suite aux épandages qui se font encore actuellement.

Je vous laisse avec une vidéo en compagnie de ces merveilles de la nature sauvage.