Alors, on continue à voyager comme si de rien n'était ?
Par Nicolas39 le vendredi 27 mars 2020, 12:55 - Pensée personnelle - Lien permanent
C'est les mots de l'ami Philippe sur sa page Facebook qui m'ont donné envie d'écrire ce billet. Je cite : "Je vois passer énormément de posts sur les effets positifs pour notre planète de l'arrêt de certaines activités du fait du coronavirus. Du coup, au-delà de la situation actuelle, la pêche à l'étranger pour les gens qui affichent des convictions bien ancrées, on en parle ? Parce que parfois, c'est un peu la paille et la poutre..."
C'est une interrogation que l'on est en droit de se poser. Certes, les voyages de pêche ne sont qu'une micro-paille dans le trafic aérien global. Mais est-ce que c'est pour cela qu'il faut continuer à traverser la terre entière pour aller pêcher une truite ?
On le voit aujourd'hui, la qualité de l'air pratiquement partout dans le monde n'a jamais été aussi bonne. Il parait donc évident que les idées du pêcheur, qui vont dans le sens d'un environnement meilleur, se fracassent tête la première avec le fait de voler des heures pour atteindre des territoires lointains ou même de rouler des centaines de kilomètres pour simplement pêcher ! L'argument afin de se voiler la face et que j'ai glissé plus haut est de se dire que ce n'est rien, que les vols commerciaux ou le tourisme de masse sont à des années lumière. Certes. Donc on continue comme si de rien n'était ?
Prenons un peu de recul en réfléchissant de façon collective sur un autre exemple. Toujours dans le monde de la pêche. Le sujet des prélèvements. Chez nous, sur la haute rivière d'Ain, les passionnés ont vite compris ces dernières années qu'il fallait les stopper pour conserver quelques petits noyaux de populations sauvages ici ou là. Les stopper complètement par des linéaires de parcours No Kill conséquents. Pourquoi ? Pourquoi ne pas laisser aux pêcheurs le loisir de conserver seulement une dizaine de truites par an ? Ce n'est quand même pas grand chose...Et je suis d'accord avec ça. Sauf que, sur le parcours de notre AAPPMA par exemple, 10 pêcheurs qui conservent 10 truites par an, c'est 100 poissons en moins. Je n'arrive pas à ce nombre en additionnant tous les poissons vus sur les différentes frayères cet hiver. Sans compter qu'il y a plus de 10 pêcheurs qui pratiquent chez nous...Alors 10 poissons ça passe, c'est vrai, mais multiplier par le nombre de pêcheurs, c'est la mort du parcours.
Pour les voyages, c'est une situation identique. Pourtant, ce n'est pas faute de faire un chiffre d'affaire important avec les voyageurs via mon Fly Shop, mais ce n'est pas pour cela que ça ne me fait pas peur. Au contraire, je pense être bien placé pour en parler vu le nombre de boîtes de nymphes que je prépare pour mes clients partant en Nouvelle-Zélande ou dans les Balkans. D'ailleurs, je n'ai jamais fait passer mon activité commerciale avant mes convictions d'homme.
Sincèrement, en prenant en compte qu'il y a des dizaines de monteurs de mouches dans mon cas, je pense qu'il y a plus de Français en Nouvelle-Zélande en Janvier qu'en Juin sur la Loue à la grande époque. C'est juste flippant. Car il faut aussi compter toutes les autres nationalités friandes de cette destination. Mais on peut dire la même chose pour d'autres lieux de pêche bien connus dans le monde.
Je n'ai jamais fait de voyage de pêche hors France, ce qui ne veut surtout pas dire que malgré ce que je viens d'écrire je n'en ferai jamais (j'aimerais vraiment en faire un avec mon fils), mais ce sujet donne à réfléchir. Je ne jette la pierre à personne et ne veut pas paraitre comme un donneur de leçons. Je vous invite simplement à réfléchir sur cette idée que les voyages de pêche restent en total contradiction avec ce que le pêcheur souhaite voir dans l'évolution positive de notre environnement. Et c'est encore plus vrai aujourd'hui quand on voit ce que cela donne quand les avions restent au sol et les voitures au garage...
Photo d'illustration. Truite de Pologne prise par Fred.
Commentaires
On est parfois pêcheur à la mouche et trouver que la France est déjà amplement suffisante pour une vie de pêcheur...
La Loue c’est un voyage à elle toute seule, l’Ain n’en parlons pas ! Les fleuves côtiers bretons, ruisseaux du massif central, rivières Alpines, cours d’eaux Ardennais... etc etc...
La France est belle pour celui qui veut bien ouvrir les yeux
@Rémi : Je suis entièrement de votre avis. J'ai déjà bien du mal à quitter mon Jura pour pêcher, vous prêchez donc un convaincu. Néanmoins, je ne mets totalement de côté de faire un jour un voyage à l'étranger en compagnie de mon fils.
Pas faux ...
Le mythe de la rive d en face ...
j ai 70 balais le jura dans les années 70 80 c était la nouvelle zélande un paradis heureusement j ai tous ces souvenirs dans la tete tous les jours alors quand je me retrouve sur au bord mes ruisseaux et rivieres le moral et dans les chaussettes j ai vraiment envie de pleurer
Merci pour cette réflexion, concernant le thème du prélèvement, pourquoi ne pas tenter 1 année de lier la vente d une carte de pêche à une contrainte de ne pas prélever ? Une forme de no-kill responsable et impliqué, les ventes de carte de pêche plongeront peut être mais cela mérite peut être d’etre testé.
Pour ma part je ne pratique plus, par manque de temps
, mais j ai pris ma carte de pêche à la société de Crotenay pour l engagement de l équipe de Nicolas.
Didier.
@Bisson : Très vrai.
@levany : À bientôt 46 ans je peux aussi faire le même constat.
@Didier : Merci au nom de toute l'équipe de l'AAPPMA Didier.
Je rejoins tout à fait cette idée que nous devons limiter notre empreinte sur la planète pour pratiquer notre passion.
Je reste convaincu qu'il y a un potentiel immense en France malgré la pollution des cours d'eau qui reste un point de vigilance permanent. Les plus belles truites sauvages sont françaises Etre France trouter, un état d'esprit, une passion pour notre beau pays aux multiples rivières.
Quand au No Kill, Nicolas a raison, il faut généraliser avec intelligence selon la fréquentation des rivières. Les limites de prises sont plus adaptées à une pêche d'opportunité sur du poisson de pisciculture lâchés à l'ouverture, pas sur du poisson sauvage. C'est mettre en péril la reproduction des truites.
tout a fait d'accord avec toi nico mais le mot no kill fait peur a la majoritée des pecheurs, aujourd; hui beaucoup vont a la peche pour ramener le poisson et certains grince déjà des dents parce qu'ils ont pris une carte et ne peuvent pas pratiquer, on marche sur la tete ,pas sur que cette merde change beaucoup l'avenir. et je vais meme dire que la fédé prépare l'avenir en 1 ère en mettant le brochet a 60 cm alors qu'il était nuisible, une honte. super décision pour la sauvegarde des truites et ombres.
@Lorfly21 : @nicolas : Merci pour vos commentaires messieurs.