La pêche à la mouche en réservoir est une pratique très répandue dans notre pays en particulier pendant la saison où la truite est fermée en première catégorie. Elle a ses adeptes mais aussi ses détracteurs. Pour ma part, ce n’est pas ma tasse de thé, mais je pratique régulièrement malgré tout  en période de fermeture car parfois, l’envie de partager une journée de pêche entre amis durant cette longue période est trop forte.

Il  y a plusieurs façons d’aborder le réservoir, plusieurs techniques, c’est même assez complexes finalement.Je vais dans cet article me contenter de vous parler de la pêche en nymphe à vue ou au fil.  C’est celle que je préfère car elle permet en autres, de pratiquer avec du matériel rivière assez léger sans avoir à trimbaler des cannes de fortes puissances.

Même en recadrant le sujet sur cette seule technique de pêche en nymphe, on trouve deux écoles une fois de plus qui sont fondamentalement différentes.Celle des pêcheurs désirant comprendre et trouver le meilleur moyen de tromper les truites avec des imitations se rapprochant au plus près des larves et autres bestioles dont ce nourrissent les poissons (quand ils le font !). Cela tourne souvent autour des inévitables chironomes d’ailleurs qui sont la nourriture de base pour les arcs en ciel qui ont compris après le passage en bassin que ces petites bêtes allaient les nourrir. Une pêche et une recherche passionnante certainement, mais qui de mon point de vue, demande du temps et beaucoup de pratique. Et quand on connaît le coût d’une journée de pêche en réservoir, cette pratique à acquérir sera forcément très onéreuse.

De mon côté, et comme pas mal d’entre vous je pense, je pratique le réservoir 4 à 5 fois par an et du coup, je ne suis pas du tout dans cette optique. Je n’ai passez de temps pour chercher, pour comprendre ou encore observer comme je peux le faire à la rivière, je vais donc à la facilité.Car oui, il y a un autre moyen de voir les choses, beaucoup plus rapide et qui plus est, très efficace.Alors le fait ne pas prendre le temps de chercher pour être efficace de suite fait très consommateur, mais finalement, les truites de pisciculture mise dans un plan d’eau à disposition du pêcheur ayant payé sa journée est la définition même du mode consommation.

Les truites que l’on trouve dans nos réservoirs français dans la grande majorité des cas sont des poissons qui ont un long passage en bassin de pisciculture et qui sont renouvelés dans ces mêmes réservoirs régulièrement.J’utilise donc dans ma réflexion ce passé de bassin d’élevage pour le choix de mes imitations et dans ma façon de pêcher ces poissons. Oui, il faut réfléchir autrement en s’ôtant de la tête toutes nos idées, nos certitudes  et nos expériences de truites sauvages de rivières.Les bonnes questions sont à mon avis : Comment se nourrit une truite de pisciculture ? Avec quoi ? Quelles sont les conditions de vie ? Quel réflexe peut garder un tel poisson avec le temps ? Etc….

Alors, je ne vais pas vous donner toutes les solutions, mais faites un tour dans une pisciculture vous-même, et vous allez vite comprendre. J’ai donc opté pour des imitations assez grossières qui ont pour but premier de couler très doucement avec un panel de couleurs assez large. Elles ne sont pas faites pour  imiter des insectes, des larves ou encore un alevin.Elles ont pour but de rappeler à ces poissons quelque chose, qui, à la fois dans l’aspect et dans le comportement dans l’eau, a étérencontré en bassin d’élevage. Ce genre de nymphes peut effrayer certains pêcheurs, mais je suis certain qu’elles rendront service à beaucoup d’autres qui n’ont pas, soit la technique, ou le temps de recherche nécessaire pour les autres pratiques plus en adéquation avec une pêche à la mouche se rapprochant de celle que l’on pratique en rivière.Qui n’a jamais vu une truite de réservoir aspirer un mégot de cigarette qui dérivait en surface ou entre deux eaux ? C’est vous dire ce qu’est capable d’ingurgiter une truite arc en ciel de pisciculture !

Un bon vieux mégot !

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Le secret est que cela doit couler très doucement et venir du haut, les truites prenant souvent à la descente, comme dans leur bassin où on les nourrissait finalement. Presque tout le contraire de la rivière où il vaut mieux que la nymphe vienne du fond.Après, avec ce genre d’imitation, vous pouvez pêcher à vue, ou dans des réservoirs où l’eau n’est pas claire, avec un indicateur à distance. Et là, franchement, n’importe quel débutant peut faire du poisson, cela devient très simple. Et même là où l’eau est claire, mais que les poissons sont dans les grands fonds par temps froids par exemple, c’est très efficace.Ce genre de nymphes fonctionnent très bien en statique, à la descente, et même posée au fond !

Parfois, les propriétaires de réservoirs peuvent ne pas être emballés par ce genre d’imitations.On a chacun notre façon de voir les choses, mais pour ma part, il m’est difficile de parler d’éthique pour un poisson d’élevage et je l’assume pleinement. Pour moi,lorsque l’on paie sa journée de pêche de 30 à 50 euros voir plus, on doit s’amuser et donc par conséquent, prendre du poisson. Les truites sont là pour ça. Sans l’argent des pêcheurs, ces poissons auraient fini sur un étalage de supermarché à 28cm. Tout le monde n’a pas la technique pour tricoter un train de chironomes correctement sous la surface ou pour balancer un streamerà 35 mètres.De plus, ce genre de nymphes, comme les bonbons par exemple, sont montés sur de gros hameçons, il est donc très facile de décrocher sa truite sans la blesser, ce qui est loin d’être le cas avec de petits hameçons habillés de belles imitations réalistes bien plantés dans les grosses gueules des arcs en ciel. C’est un détail loin d’être négligeable.

Bonbon noir, un must !

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Il y a aussi des aprioris sur certaines couleur comme le orange…C’est à mon avis faire fausse route, 95% des arcs en ciel remises dans les réservoirs doivent être stériles, et par conséquent, on est en présence de poissons n’ayant jamais vu un œuf !C’est souvent la raison invoquée, interdiction des imitations d’œufs car trop prenant !! Il faut savoir qu’il  y a des couleurs qui fonctionnement beaucoup mieux que le orange comme le noir ou la couleur chartreuse par exemple. Les seules interdictions qui à mes yeux sont importantes sont celles allant à l'encontre de la meilleure façon de remettre le poisson à l’eau sans risquer sur sa vie.C'est-à-dire, fil trop fin, hameçon trop petit…Le reste, que cela soif un œuf, un granulé, ou que sais je encore, du moment que le combat est court, que la truite se dépique facilement et qu’elle reparte dans les meilleures conditions, c’est bien là le principal.Une bonne journée réservoir, c'est quand le client et le propriétaire sont contents non ? ;-) 

Quelques couleurs de bonbons qui fonctionnent bien.

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