De retour sur ce blog avec une interview, cela faisait longtemps ! J'ai souhaité donner la parole à un jeune président de fédération départementale. Etre encore actif, avoir moins de 40 ans et être motivé comme rarement je l'ai vu c'est assez remarquable pour le signaler. Nikola était d'ailleurs présent à notre journée de mercredi en tant que voisin, merci !

Je vous laisse donc en compagnie du président de la Fédération de Pêche du département de l'Ain (01).

Nicolas : Bonjour Nikola, très heureux de te recevoir sur mon Blog. Tu viens d’être élu président de la fédération de pêche du département de l’Ain. Après nous avoir fait une petite présentation, peux-tu nous parler de ces élections et de l’équipe qui a été élue autour de toi.

Nikola : Merci à toi pour l’accueil !

La présentation va être assez simple, Niko, 39 ans, pêcheur chevronné ayant pratiqué à peu près toutes les techniques depuis sa plus tendre enfance. Habitant de l'Ain depuis bientôt 15 ans, et bénévole dans deux AAPPMA du département (administrateur et tireur de cormorans, chose dont je suis TRÈS fier), vice-président de la FD01 pendant 6 ans, président par intérim depuis janvier (démission de mon prédécesseur) et réélu fin mars à l’unanimité par notre nouveau conseil d'administration.

Concernant cette élection, nos AAPPMA de l'Ain ont plébiscité 15 administrateurs de terrain, fervents défenseurs de notre loisir et de ses intérêts : il n’y a personne qui fait ça pour passer le temps, mais bien pour faire avancer la pêche et défendre les poissons avant tout ! On a du jeune, de l'ancien, du retraité, de l'actif, des pêcheurs de salmonidés, de carnassiers, des carpistes, des champions de pêche à la mouche, aux leurres et même au coup, et puis pas mal de simples petits pêcheurs pas très doués comme moi : on ne peut pas faire plus représentatif de notre loisir et de nos pêcheurs !

Mon invité !

Nicolas : Je connais la gestion d’une AAPPMA, bien que modeste en ce qui nous concerne. Mais une fédération, j’imagine que c’est un autre monde. Peux-tu nous expliquer dans les grandes lignes le fonctionnement que tu souhaiterais mettre en place sur la durée de ton mandat.

Nikola : Une fédération, c’est une sorte de mix entre une association et une entreprise, avec un conseil d’administration (le fameux "CA") composé de 15 élus issus des AAPPMA qui définissent une politique, et des salariés qui essayent de la mettre en place, tout en étant aussi (et avant tout !) force de proposition pour les élus : il y a donc deux parties : un côté politique (les élus) et un côté exécutif/conseil(les salariés).

Il faut donc élire de bons élus, mais aussi embaucher(et essayer de garder!) des salariés intéressés par le développement et la défense de notre loisir, pas "juste" travailler dans l'environnement sans se soucier de la pêche. Et quand tu as de bons salariés(comme les nôtres dans l’Ain), tu essayes de les mettre dans les meilleures dispositions possibles. J'ai entendu plusieurs fois des "diviser pour mieux régner", et bien moi, je crois tout le contraire : le président doit déléguer au maximum, écouter son CA mais aussi ses salariés, et être « simplement » le représentant officiel d'une véritable équipe bénévoles/salariés. Plutôt que diviser pour mieux régner, il faut savoir unir pour conquérir !

Concernant le fonctionnement que notre CA souhaiterait mettre en place pour les 5 prochaines années : développer la pêche et défendre les poissons avant tout ! Certains vont me dire "ben c'est évident", sauf qu'en réalité, pas mal de FD (mais de moins en moins quand même) se sont éloignées de leur rôle premier : s'occuper des pêcheurs à la ligne, avec une vraie défense de leurs intérêts, et défendre coûte que coûte les poissons avant tout le reste, et je dis bien avant tout le reste :

Il y a bien assez de structures et autres associations qui s'occupent de tout ce qui nage et vit dans une rivière, alors que le poisson est clairement le parent pauvre de la biodiversité aquatique : loutres, castors, amphibiens, invertébrés, si tu savais le nombre d'études et suivis qu'il y a sur les autres habitants de nos milieux aquatiques (et c'est très bien d’ailleurs !) et tellement peu sur nos poissons dans mon département. A nous de nous occuper d’eux et de ne pas nous disperser.

Niko devant le siège de "sa" fédération avec les jurassiens !

Nicolas : Pour toi, quels sont les dossiers prioritaires à traiter dans ton département et pourquoi ?

Nikola :Oula, nous avons beaucoup de pain sur la planche… On passera tout le volet purement « entrepreneurial »( qui ne va pas énormément intéresser tes lecteurs), et parler uniquement pêche et poissons.

D’un point de vue halieutique, nous allons devoir bosser sur la réglementation (pêche de nuit, test de nouvelles réglementations, dates d'ouvertures/fermetures cohérentes notamment sur les cours d'eau limitrophes, en finir avec certaines "particularités" dont l'absence d'intérêt a été démontrée, etc.), développer les parcours halieutiques, aussi bien à prélèvement(type Aveyron ou Ardèche) par exemple tout en mettant en place des parcours plus "sport" en no-kill, comme le contre canal de Briord.

Je crois personnellement que le meilleur modèle halieutique est de maintenir un prélèvement raisonnable et intelligent sur les milieux productifs en carnassiers et salmonidés(quasiment toutes nos gravières/Lac de l'Ain pour les carnassiers, et l'Albarine ou la haute Valserine pour les salmonidés et surtout les rivières où le harle n’a pas encore tout bouffé), avoir des parcours faciles avec lâchers réguliers pour prélèvement, tout en ayant des tronçons en no-kill qui permettent, quoi qu'en disent nos bloggeurs scientifiques de canapé, d'avoir un peu plus de gros poissons visibles au fort attrait touristique(allez faire un tour sur l'Albarine pour comprendre)...Bref, penser à tout le monde, ne pas être extrémiste ni dans un sens (tout-kill) ni dans l'autre(no-kill).

D’un point de vue environnemental : protéger au mieux les derniers poissons sauvages de notre département, et ce coûte que coûte. Et ce coût passera sûrement par des luttes et conflits avec d’autres « usagers » des cours d'eau. On ne peut pas être copain avec tout le monde tout en protégeant les poissons, celui qui croit au "dialogue" ou à la "concertation" permanente n'a aucune expérience des luttes écologiques ou est un grand naïf : Les conflits sont parfois inévitables et il faut être prêt à aller au casse-pipe pour nos poissons, quitte à passer pour le « méchant » de service.

Lors de pollution, il faut accompagner au mieux nos AAPPMA dans leurs dépôts de plainte, et ne jamais dire "ça ne sert à rien de porter plainte". Notre pôle garderie travaille activement à la mise en place d'une véritable procédure d'accompagnement pour nos AAPPMA. Concernant cette garderie, organe qui est pour moi aussi important que le pôle technique ou l’animation dans une FD, nous nous sommes engagés à revenir à un nombre de gardes plus important d'ici la fin du mandat : un département comme le notre ne peut pas avoir que deux gardes fédéraux, c’est une aberration à corriger.

Restez aussi très vigilent à l’encontre des hydro-électriciens qui font n’importe quoi (ils ne sont pas tous mauvais, la bonne gestion sur l'Albarine ou par la CNR sur le haut Rhône en est la preuve). D'ailleurs, grâce à certains nouveaux élus dans notre CA, on découvre que les problématiques d'éclusées ont lieu même en plaine, comme sur la Veyle avec de la petite hydro-électricité, chose que je ne savais pas.

Ensuite, il y a L'ÉNORME problématique des invasions biologiques qui, et il est toujours bon de le rappeler, sont l’une des 4 causes identifiées et certaines de baisse de la biodiversité (avec la pollution, destruction d’habitat et changement climatique) : Notre fédération continuera son combat pour la reconnaissance du statut d’espèce allochtone qu’est le Harle Bièvre, et fera tout pour maintenir, pérenniser voire développer la régulation des cormorans : des rivières ou lacs riches en poissons, ce sont des rivières et lacs pauvres en oiseaux piscivores allochtones, ce n'est pas une vue de l'esprit, mais une réalité ! Les loutres, oui, les hérons, oui, les martins pêcheurs, oui, les VRAIS oiseaux migrateurs piscivores (grèbes castagneux, grèbe huppé) oui, bref tout ce qui est présent depuis toujours, oui, mais les cormorans et harles, ces espèces apparues il y a moins de 30 ans, il ne faut ni s'y habituer, ni les accepter ! Le drame que nous vivons actuellement avec les harles est tout aussi grave que les autres problèmes de nos cours d’eau.

Nikola avec son vice-président.

Nicolas : Tu évoques les oiseaux piscivores à juste titre de mon point de vue. J’ai le sentiment que le fait d’agir au plus vite sur les populations de harles notamment n’est pas partagé par tous et ce même dans nos propres rangs. Comment réagis-tu à cela ?

Nikola : Je ne partage pas vraiment ton avis : il y a quelques brebis galeuses dans nos rangs mais ils sont ultra minoritaires, encore plus quand il s'agit du Harle : beaucoup de gens(les naïfs, ceux qui veulent être copains avec tout le monde) se moquaient de moi il y a 7-8 ans, puis une fois leur rivière colonisée où il ne reste que 3 grosses truites et 4 alevins, ils commencent à comprendre notre combat contre cet oiseau.

Mais il reste une petite frange de pêcheur/rêveur qui nie toujours l’évidence et ne veulent pas se fâcher avec leurs copains naturalistes et continuent de noyer le poisson (ou plutôt le canard), et sortent souvent l'argument le plus bidon au monde : « oh mais il y a la pollution d’abord ». Cette phrase est vraiment la synthèse de leur absence totale d’arguments : NON, il y a la pollution ET les oiseaux allochtones, et il y a aussi les modifications d'habitat et le réchauffement climatique, les quatre sujets sont différents mais les quatre ont un impact avéré et doivent être combattus. Et ce n’est pas à moi, qui ait ramassé des cadavres de poissons pendant 10 ans sur la BRA et ait lutté corps et âmes contre toutes les agressions dont est victime cette rivière(je vous invite juste à visionner les nombreuses vidéos qu’on a publié depuis 2012 sur la page de mon AAPPMA PPVA…) qu’on va expliquer que je ne m’occupe pas des autres problèmes : les problèmes, on essaye de TOUS les traiter, on ne se cache pas derrière des arguments aussi bidons pour fuir ses responsabilités(parce qu’on a peur de se fâcher avec les copains de promo de la LPO ou de je ne sais quelle réserve naturelle qui n’a de naturel que le nom), et on essaye déjà de commencer par les plus simples : il est plus facile de faire sauter un statut d’espèce protégée d'un oiseau allochtone plutôt que de changer le modèle agricole français ou de faire tomber la pluie en été...D'ailleurs, notre réseau ne fait tellement peur à personne que ce genre de victoire (faire déclasser le Harle et maintenir la pression pour la régulation du cormoran) pourrait nous rendre un peu plus crédible face aux pollueurs pour lesquels nous ne sommes souvent que du menu fretin.

Les harles en action sur la basse rivière d'Ain.

Nicolas : D’après toi, quelles sont les alternatives pour limiter voire stopper la prédation de ces oiseaux allochtones ?

Nikola : Dans un réseau pêche où la fédération nationale serait au service des poissons, un véritable lobbying aurait dû être mené depuis longtemps auprès du ministère de l'environnement. Dans notre réalité où la FNPF ne sert politiquement pas à grand-chose, nous devrons faire sans et nous organiser à l'échelle locale entre fédérations motivées. On n’est pas encore en ordre de marche, donc je ne peux pas t'en dire plus, mais nous serons une des fédérations moteurs dans ce dossier...

Nicolas : Changeons de sujet. En tant que président d’AAPPMA, je suis très attaché aux retours de terrain. Je remarque depuis quelques années un éloignement entre le monde scientifique/technique et ces pêcheurs qui vivent le long des berges à longueurs d’année. Quel est ton point de vue sur ce sujet ?

Nikola : La science, c’est bien, utile et indispensable. Mais ce n’est qu’un outil technique, rien de plus. Il ne faut pas s'en priver, mais il ne faut pas non plus que cela devienne le paravent de l'inaction du type (et je l'ai déjà entendu de la part des pollueurs) : "cherchons encore quelques années pour être sûr de telle ou telle chose, et puis dans quelques années on recommencera les études à zéro car les premières ont déjà quelques années !", et puis au final, RIEN n’a été fait de concret sur le sujet traité…

Dans notre contexte de fédération de pêche, OUI à une science au service de la pêche et des poissons (suivis piscicoles, étude en complément de tests sur la réglementation, études sur des sujets concrets et utiles pour la pêche, etc). La science pour faire de la recherche pure et dure, pour arriver à des conclusions sur des sujets où, de toute façon, nos fédérations ne pourront rien faire (la recherche de la PKD par exemple) ou encore travailler sur des sujets qui n'ont plus rien à voir avec les poissons et la pêche, NON. Laissons ça aux autres, aux universitaires et autres vrais chercheurs, ils le font d'ailleurs souvent très bien(IRSTEA par exemple).

D'ailleurs, on a un excellent modèle pas loin de chez nous, la fédération de pêche du Rhône: elle assure ses missions les plus utiles(suivis et études piscicoles réguliers sur tous ses cours d'eau et lacs, appréciés de tous les partenaires de la FD!) tout en menant en parallèle pléthore d'études à visée halieutique afin de faire évoluer sa réglementation ou défendre cette dernière face aux attaques. Leur travail est complètement axé vers l'acquisition de données pour en faire des choses concrètes et utiles. Il faut qu'une étude serve à quelque chose à la fin: Voilà le seul moyen de réconcilier pêcheurs et science!

Nicolas : J’aimerais aussi connaitre ta vision des choses sur le fait que les autres utilisateurs de nos rivières sont de plus en plus nombreux. Canoés, baigneurs et tous les autres « loisirs » aquatiques comme le ruisseling et autre canyoning. L’argument des pêcheurs, à juste titre ou pas est souvent de dire qu’ils sont les seuls à payer à travers leur taxe sur les cartes de pêche. Il est vrai que sur une année chaude, des portions de rivière peuvent être envahies sur plusieurs mois et donc plus de pêche si ce n’est dans les heures extrêmes de la journée. Qu’en penses-tu ?

Nikola : quel vaste sujet ! Des pratiques comme le ruisseling, et plus généralement le piétinement des petits cours d'eau, devraient être tout simplement strictement interdites. Par contre, et je vais en étonner quelques-uns, mais certaines activités, bien encadrées, doivent être tolérées : le Canoé par exemple n'est pas un problème si la fréquentation reste modérée, la plage horaire faible, et que le loueur sensibilise sa clientèle. Sur la BRA, c’est encore le cas, mais l’installation de loueurs supplémentaires ne respectant pas ces règles se précise…à nous d’être vigilants !

Par contre, il est évident que, comme nous, une journée de canoë devrait être soumise à la CPMA à 3.9 euros, comme pour une carte de pêche journalière. Ça, c'est clairement inadmissible et il faudra un jour qu'ils s'acquittent de cette taxe.

Concernant les baigneurs, le sujet est très complexe : je comprends hélas le besoin des gens, qui pour bon nombre ne peuvent pas partir en vacances, de rechercher un peu de fraîcheur l'été, mais je suis le premier emmerdé par leur comportement : Il sont, selon moi, beaucoup plus problématiques que les canoës, déjà parce qu'ils sont beaucoup plus nombreux, qu'ils restent plus tard le soir et surtout parce que leurs comportements sont souvent inadmissibles : le porc, on ne le retrouve pas que dans le jambon, il vient aussi patauger au bord des rivières l'été pour y laisser ses merdes... Si déjà ils ne laissaient pas de déchets, la pilule passerait mieux auprès des pêcheurs, qui ont naturellement appris à ne pêcher que le matin et le soir afin d'éviter les foules. Mais quand tu arrives sur ton spot rempli d'emballages vides, tu as de quoi détester les baigneurs... Hélas, il n’y a que les forces de l’ordre pour sensibiliser et surtout verbaliser(les gardes pêche n’ont pas cette compétence juridique). On aimerait d’ailleurs que notre gouvernement, ô combien attaché à l’environnement, arrête de réduire les effectifs de l'OFB(police de l'environnement), seul organisme réellement compétent pour verbaliser les actes de pollution.

Nicolas : Un autre sujet qui va devenir, si ce n’est déjà le cas, assez complexe : Le bien-être animal. Il y a de nombreuses associations qui sont prêtes à bondir sur les pêcheurs comme on peut le voir à Paris. Certes, ces personnes sont peu nombreuses, mais elles ont des moyens et sont présentes d’un point de vue médiatique. Quelle doit être notre position face à ce phénomène si tu considères que s’en est un.

Nikola : Oui, il y a une véritable menace, et notre position doit être claire : D'abord, au sein de nos propres rangs, faire passer le message et comprendre une bonne fois pour toute qu'il faut ABSOLUMENT défendre la pêche aux appâts naturels, et plus généralement TOUTES les techniques, que vous les appréciez ou pas. Les animalistes s'en prennent au vif, mais ce n'est bien évidemment qu'une étape. Ensuite ce sera le tour des vers de terre à cause de leur système nerveux, puis des appâts végétaux où l'un de ces tarés découvrira qu'un pois chiche est un être sensible, pour finir, une fois tous les appâts naturels interdits, par demander l'interdiction pure et simple de la pêche à cause des plastiques contenus dans les leurres: ne laissons pas un millimètre de victoires à ces zélés d'animalistes, car les prédateurs, ce sont eux, trop content de se repaitre de nos faiblesses et de la perte de nos libertés, eux dont les vies sont si tristes et insipides, contrairement à celles des pêcheurs !

Là, j’ai défendu la pêche au vif et aux appâts naturels, comme je défendrai toujours le prélèvement raisonné, qu’il faut défendre. Et bien j’ai aussi un message pour les anti no-kill : vous faites aussi le travail des animalistes, qui sont en train de s’en prendre à cette pratique : comme il faut défendre le prélèvement ou les appâts naturels, il faut aussi défendre le no-kill pour la simple et bonne raison que son interdiction envisagée par certaines communes(Grenoble, Paris) n’est que le début de l’interdiction PURE et SIMPLE de la pêche. Que le no-kill vous plaise ou non, et comme pour les appâts naturels, évitez d’aborder des postures idéologiques reprises par nos ennemis, et défendez TOUTES les pêches et TOUTES les techniques, ne nous tirons pas des balles dans le pied nous-même…

Ensuite, un petit conseil aux gestionnaires : j'ai été un grand naïf et fan des réserves de pêche et autres interdictions de pêcher pendant des années, mais j'ai évolué au fil du temps face à deux réalités : la première scientifique : grâce à certaines fédérations, fers de lance des études utiles au service de la pêche, il a été démontré que de nombreuses interdictions ne servaient pas à grand-chose. La seconde réalité est politique : nos interdictions de pêcher que nous nous imposons nous même sont utilisées par les anti-pêche. L’exemple le plus parlant étant les réserves de pêche : une petite musique est en train de monter chez ces anti-pêches qui dit " regardez, les pêcheurs eux même interdisent la pêche sur plusieurs kilomètres pour que les poissons soient tranquilles, c'est bien que la pêche est néfaste ! ". On a même un syndicat de rivière qui vient d'écrire au préfet de l’Ain pour ne pas que l'on supprime une réserve qui ne sert strictement à rien sur le haut-Rhône, sous prétexte que les pêcheurs à la ligne font du mal aux populations piscicoles et que ce secteur serait un « havre de paix, alors que cette réserve est envahie de harles et de cormorans qui eux, c’est bien connu, font des câlins aux poissons.

Méfiez-vous donc des réserves de pêche à outrance, et essayez d'en mettre sur un minimum de linéaire, et uniquement pour des raisons de sécurité (moulin, barrage, lignes électriques) ou de voisinage (cœur de petit village sur quelques dizaines/centaines de mètres max comme à Cerdon).

Déjà, AUCUNE pratique de pêche à la ligne n'a JAMAIS menacé une espèce piscicole, et je dis bien AUCUNE, les réserves ne permettent donc pas de préserver une ou des espèces piscicoles sur la durée. Quand elles sont respectées, elles permettent au mieux d'avoir quelques poissons plus gros, c'est tout. Il faut donc absolument limiter les réserves de pêche à des raisons "techniques", et pas de "tranquillité des poissons". De plus, quand comme moi tu habites au bord d'une réserve un peu "sauvage", tu te rends compte que la seule espèce tranquille dedans, c'est le braco, qui se régale de ces poissons peu éduqués et faciles à prendre, et au final tu n'as pas grand-chose de plus si ce n’est la masse de pêcheurs honnêtes qui elle ne peut pas pêcher sur ce secteur.

Pour résumer mon propos sur les anti-pêche, soyons cohérents : défendons la pêche et toutes ses techniques coûte que coûte. Pas de discrimination entre nous, et un minimum d'interdiction de pêcher, afin de ne pas donner de grain à moudre aux anti-pêche.

Nicolas : Un dernier point et je te libère. Du côté des effectifs de pêcheurs. Est-ce que cela doit être une priorité ? On compare toujours les chiffres, hausses, baisses, etc… Doit-on recruter à tout va ? Si oui comment le faire ?

Nikola : oui, on doit recruter à tout va ! Pour cela, on n’a pas 36 solutions mais seulement 3 : avoir des parcours poissonneux, ne pas dégoûter les pêcheurs (pour ne pas qu’ils rangent leurs cannes au placard) et mettre des cannes dans les mains des gosses ! Pour les deux premiers sujets, on en a parlé avant : Se battre pour nos poissons sauvages mais aussi développer les parcours à lâchers (prélèvement ET no-kill), limiter les interdictions de pêche au strict minimum, et enfin, pour les enfants, changer notre fusil d’épaule : nous avons trop axé nos animations sur le pédagogique et l'environnement. Les gosses, avant de leur expliquer ce qu'est un invertébré aquatique ou une pollution, il faut leur donner le goût de la pêche en leur apprenant à pêcher : c'est en pêchant que l'on s'approprie nos rivières, qu'on apprend à les aimer et à vouloir les défendre contre les agressions. Ils viendront naturellement à se poser des questions sur l'environnement et à vouloir défendre les milieux aquatiques qu'ils ont appris à aimer. Je pense que 100% des bénévoles et salariés du monde de la pêche ont d'abord appris à pêcher, et pas à connaître les familles d'invertébrés. Les sentinelles des rivières se forment d’abord à la pêche !

Nicolas : Merci Nikola pour ton franc-parler et ton dévouement au sein de nos instances bénévoles. Tous mes encouragements pour ce mandat.

Nikola : de rien mon Nico, je voulais simplement rajouter un truc : Tu fais parti de ces gens qui m'ont aidé à me construire en tant que bénévole, au même titre que les articles de pêche sportive, tu fais parti avec Philippe Boisson (et d’autres) de ces gens qui m’ont donné envie de me bouger pour nos rivières, de participer aux premières manifestations pour la Loue, à comprendre certaines problématiques.

Vous avez fait plus pour la défense de nos rivières que la FNPF ces 20 dernières années, ou encore que toute cette nouvelle génération de bloggeurs dont le seul but est de générer du clic afin d’augmenter leurs parts publicitaires, souvent au détriment de l’unité de nos rangs et de la défense de nos intérêts. Bravo et longue vie à ton Blog !