C’est très compliqué pour moi de prendre du temps pour aller à la pêche en ce moment. Entre l’activité phénoménale du Fly Shop et la sortie de mon livre, mes parties de pêche n’ont jamais été aussi rares pour un début de saison. A la fois, vu l’activité des truites sur la haute la rivière depuis début Mars, je ne perds pas grand-chose si ce n’est du bon temps au bord de l’eau, mais c’est déjà beaucoup.

Le travail c’est bien, mais la pêche c’est mieux ! Je me suis donc décidé finalement à prendre quelques heures en matinée pour aller voir si d’aventure une ou deux truites maraudaient en bordure en aval de la nouvelle usine de teinture située au plein cœur de la ville de Champagnole. Un air frais m’avait engourdi les doigts et j’ai eu toutes les difficultés du monde à nouer un joli petit gammare en début de partie de pêche.Le plaisir de passer le premier dans le petit sentier est là, l'énorme envie de trouver un beau poisson actif aussi. A chaque trouée dans la ripisylve, je fais des stops plus ou moins long selon les sensations. L’expérience aussi a une influence. Le fait d’avoir déjà vu ou même pris des poissons à certains endroits donne plus de confiance. Mais le fait d’avoir le rejet depuis peu de la nouvelle usine de teinture change un peu  la donne. On voit de temps des couleurs bizarres sur cette bordure allant du jaune au bleu en passant par le rouge…Un truc à vomir ! Malgré tout, les truites sont toujours présentes à ma plus grande surprise.  

Toujours très concentré sur mon objectif, mon regard a été attiré par une forme mouvante d’une couleur étrange et peu commune dans la rivière d’Ain. Je suis même arrivé à me demander si je ne devenais pas fou allié.Après l’étonnement, l’instinct du pêcheur a reprit le dessus. Cette chose qui avait quand même tout l’air d’une truite avançait très lentement en basculant de temps en temps entre les cailloux pour engloutir quelques gammares et autres trichoptères au fond de la rivière. La truite n’avait que sa couleur qui ne collait pas avec le standard que l’on a pour habitude de rencontrer dans nos eaux, pour le reste, elle était puissance et bien formée. Elle était située un poil trop loin pour un lancer arbalète, j’ai donc vite pris la décision de sortir mon bas de ligne en actionnant vigoureusement ma canne à mouche ainsi que quelques mètres de soie.Un petit lancer roulé suffira pour atteindre cette habitante des lieux. Le gammare a percé la surface de l’eau à environ trois bons mètres en amont du poisson. Le courant va me l’amener à destination comme dans un rêve et la belle n’a eu d’autre choix que de se soulever pour venir l’intercepter croyant continuer son festin comme si de rien n'était.

A la suite d’un ferrage autoritaire grâce à une pointe de bon diamètre, la truite s’est ruée vers le milieu de la rivière. Cette fois-ci, c’est moi qui n’ai eu d’autre choix que de la suivre en sautant à l’eau pour réduire au maximum la distance entre nous deux. Après ce premier rush plein de forces et de conviction, j’ai pu brider la bête pour l’amener au plus vite en surface. C’est le moment où la truite est la plus vulnérable…J’ai alors pris la décision de venir l’épuiser pour écourter le combat. Mon Dieu, mais qu’est ce j’avais là ! Une truite autour des soixante centimètres mais avec une couleur inhabituelle. S’il est difficile de prouver les nuisances et les dégâts créés par les STEP défectueuses, les pollutions agricoles ou autre scieries et j’en passe, là, il est évident que la nouvelle usine de teinture de Champagnole à une influence sur la rivière et ses habitantes non !!!!!

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