Pas simple de définir mon invité du jour, il y a tellement à dire. Peut-être un fou furieux ou encore un passionné d'un autre monde mais plus sûrement un pêcheur ultra complet, surdoué, en permanence dans la progression et qui possède un mental sans faille. C’est aussi et surtout un jeune homme d’une gentillesse exceptionnelle.

J’ai la chance dans mon parcours de pêcheur de rencontrer de nombreux passionnés. De tous bords et de tous âges. Jordan en fait parti. Il est même dans le peloton de tête. C’est un garçon que j’apprécie énormément pour ces qualités d’homme et de pêcheur. On se connait seulement depuis quelques années, mais pour dialoguer régulièrement, on tombe souvent d’accord sur les sujets qui tournent autour de la pêche. De plus, étant très restreint (par choix) sur ma façon de pêcher, je porte énormément d’intérêt sur sa façon de voir les choses, c'est très enrichissant. Echanger avec lui est toujours un immense plaisir car malgré son jeune âge, il possède déjà un parcours hors normes. A votre tour de le découvrir maintenant, bonne lecture !

Nicolas : Salut Jordan. Très heureux de te recevoir sur mon blog. Pour mes lecteurs qui ne te connaissent pas, peux-tu nous faire une petite présentation, merci.

Jordan : Salut Nico et bonjour à tes lecteurs. Merci à toi pour ton invitation, c'est un plaisir d'être reçu sur ton blog. Je trouve le principe de ces interviews très intéressant et franchement ça change, donc forcément j'adhère !

Moi c'est Jordan Hernandez, je souffle ma 26ème bougie en même temps que je réponds à ton interview... c'est cadeau !

Je suis originaire et je vis actuellement dans le département de la Loire (42, plaine du Forez), en région Rhône Alpes. Comme tu le sais déjà, je travail exclusivement les week-ends en mécanique industrielle et je consacre le reste de ma semaine à mes activités favorites, pêche et sport !

Mon invité, Jordan Hernandez.

Nicolas : Comme je le répète souvent à mes amis, j’en ai déjà croisé des fondus de pêche, mais des comme toi, jamais ! Tu en es conscient ou pour toi c’est la normalité ?

Jordan : Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais ! J'ai envie de te répondre les deux. Lorsque j'en parle autour de moi, la réaction des gens me fait souvent prendre conscience que ce n'est pas vraiment ordinaire. Mais d'un côté, quand il s'agit de ton quotidien, par la force des choses ça devient normal. Donc les deux !

Un quotidien pas si ordinaire...

Nicolas : Revenons au tout début. Depuis quand cette passion est née pour toi et comment cela t’es venu ?

Jordan : Cela m'est venu par mon père qui nous emmenait avec mon frangin dès notre plus jeune âge. Il y a plus de vingt ans, je me rappelle de ces premières sorties en famille à la découverte de la truite au toc et des carnassiers. De sacrés souvenirs !

Un des premiers brochets aux leurres de Jordan (avec son grand frère Kévin, collector la photo !!).

Nicolas : C’est donc une histoire de famille. Il y a la pêche et le reste chez les Hernandez ?

Jordan : Oui c'est bien ça ! Le reste, qui n'est pas des moindre, encore une fois avec mon père qui a clairement géré sa transmission de passions. Ce qui fait que nous le suivons à la pêche, dans la nature, à la chasse et aussi dans le sport (cyclisme). Les semaines sont biens remplies chez les Hernandez !

Vélo avec son papa.

Nicolas : Tu es devenu au fil de temps un pêcheur complet en termes de poissons capturés et de techniques pratiquées. Quel a été ton cheminement personnel ?

Jordan : Mon parcours perso dans la pêche est plutôt varié, dans le style " touche à tout ". A partir du moment où j'ai été assez autonome au bord de l'eau, j'ai commencé à me consacrer à la pêche au coup. C'est là que j'ai pris part à mes premières compétitions (adulte) et que j'ai réalisé mes premières victoires du haut de mes 11/12 ans à l'époque.

La suite de mon adolescence, j'ai alterné la pêche de la carpe et celle des carnassiers. Avec une première participation à un événement de plus grande ampleur, le championnat de France carpiste en 2008 en binôme avec mon frère.

Puis, à ma période lycéenne, je m’investis exclusivement dans la pêche des carnassiers aux leurres artificiels. Tout va très vite, avec plusieurs victoires et podiums lors de dates du championnat de France bateau, l'arrivé des premiers sponsors. Une détermination toujours grandissante nous pousse, mon frangin et moi, à nous lancer dans les plus grandes compétitions européennes où nous nous hisserons sur quelques podiums.

Enfin, venons à la partie que tu préfères...La truite ! Comme je l'avais cité plus haut, j'avais suivis mon père et mon frère lors de quelques sorties truites étant très jeune mais ça restait anecdotique. C'est il y a seulement quatre ans que je me suis mis à parcourir les rivières aussi bien à la mouche qu'aux leurres.

3ème place prédator tour en Hollande.

Nicolas : Aujourd’hui, quels sont les poissons et les techniques que tu préfères ?

Jordan : J'adore tous les carnassiers aux leurres, avec une préférence pour toutes les pêches qui demandent d'avoir beaucoup de tactile. Et la pêche à la mouche, forcément, avec un plus pour la pêche en sèche.

Nicolas : Tu as une belle complicité avec ton frère avec qui tu fais aussi des compétitions carnassiers aux leurres. Que t’apporte ce genre d’évènement par rapport à une pêche loisir ?

Jordan : Ce que ce genre d'événement m'apporte, tout d'abord de l'expérience. Ça me pousse à rehausser mon niveau, à être beaucoup plus réfléchi et concentré. Chose qui est difficile à reproduire en pêche loisir. Pour moi, ces événements sont une étape importante pour ma progression.

Brochet de 123cm pris en compétition internationale.

Nicolas : Ton frère Kévin est connu pour être plutôt un pêcheur de spécimen, comment tu te définirais de ton côté et pourquoi cette philosophie ?

Jordan : Kévin préfère la qualité à la quantité, moi c'est l'inverse. Je mise tout sur la quantité. La recherche de spécimen est un mode spécifique qui demande à s'adapter au comportement d'une minorité de poisson. Personnellement, je suis plus intéressé par le comportement de la majorité, donc forcément des poissons plus petits. Ça n'empêche pas de croiser de beaux poissons, comme tu as pu le remarquer sur mon bateau ! ;-)

Choisir la quantité n'empêche pas de prendre gros !

Nicolas : Ce que j’apprécie chez toi, c’est ta simplicité qui dénote malgré ce monde parfois farfelu pour ne pas dire autre chose de la pêche moderne. Que penses-tu justement de cette évolution dans ton domaine de prédilection qu’est le leurre ?

Jordan : Merci, je te retourne le compliment. Tu connais mes principes de pêche, simple et efficace ! Je pense que cette évolution dépasse un peu la pêche. Comme par exemple, le faite de connaître le dernier leurre qui vient de sortir, ou de connaître le nom de millier de références, etc... Savoir tout cela n'a jamais fait attraper de poissons donc je ne m'y intéresse guère. Au fil du temps, je pense me détacher de cette évolution, de ces mentalités qui ne me correspondent pas.

Nicolas : On est sur un blog de pêche à la mouche, alors on va laisser tes trucs en plastique de côté. Pourquoi avoir voulu aussi pêcher à la mouche ?

Jordan : Oui, revenons-en à nos plumes !

Tout simplement parce qu'un jour, alors que je pêchais aux leurres, un ami pêchant à la mouche m'a littéralement mit une leçon. Au coup du soir, il m'a fait tester son fouet et je prends deux truites correctes en quelques passages en nymphe au fil. Tu t'imagines bien qu'à partir de ce moment là j'ai voulu savoir faire. Le lendemain, j'avais commandé mon premier ensemble mouche !

La première truite de Jordan avec une canne à mouche.

Nicolas : Toi qui excelles dans la pêche aux leurres, trouves tu des similitudes avec la pêche à la mouche ou est-ce que pour toi c’est deux mondes totalement différents ?

Jordan : Pour moi, il y a de grandes similitudes. Que l'on utilise un leurre en plastique ou une mouche faite de plume, tout deux restent des imitations artificielles. N'en déplaise aux puristes, ces deux techniques sont assez proches, à quelques variantes près du comportement de nos truites. J'estime qu'un bon pêcheur de truites se doit de maîtriser la pêche à la mouche, aux leurres ainsi qu'au toc afin de s'adapter à toutes les situations que l'on rencontre au cours de la saison. Je prends l'exemple du pro " pêche à vue seulement " qui se retrouve au chômage technique lors des crues pendant que moi je me régale aux leurres…Quel dommage ! Il n'y a pas de techniques supérieures ou plus honorables que d'autres, ni de méthodes qui rajoutent de la valeur aux truites...Il n'y a que des bons pêcheurs qui agissent avec passion !

Bien sur, ça ne reste que mon avis.

Une magnifique truite prise au leurre, reste une magnifique truite.

Nicolas : Avec ta canne à mouche, ta priorité est de pêcher en adaptant la technique aux conditions ou est-ce que par exemple tu vas chercher à pêcher à vue en priorité ?

Jordan : Oui, j'essaie toujours de m'adapter au mieux aux conditions de chaque sortie. Mais, si j'ai l'occasion de pêcher à vue, je ne m'en prive pas.

Truite de N.Z prise en nymphe à vue.

Nicolas : Tu reviens d’un voyage en Nouvelle-Zélande en duo avec Franck. Globalement, que retiens tu de ce trip pas comme les autres ?

Jordan : Ce que je retiens le plus c'est que, réellement, on est très loin des vidéos que l'on peut voir sur le net. En réalité, les poissons sont beaucoup plus méfiants et difficiles à aborder. Il faut rajouter à cela des conditions climatiques qui compliquent beaucoup la pêche avec régulièrement une météo mitigée et quotidiennement un vent très fort. Lorsqu'on additionne tous les facteurs négatifs, prendre un poisson devient alors une performance.

Nicolas : En quoi la pêche est-elle différente de ce que tu connais ici ?

Jordan : La seule grosse différence, c'est que l'on croise très peu de petits poissons. La taille moyenne est vraiment haute. Par contre, on en croise beaucoup moins, ce qui est logique. Il faut parfois parcourir plusieurs kilomètres avant de voir une truite.

Plusieurs kilomètres avant de croiser celle-ci !

Nicolas : Tu peux nous raconter l’histoire d’un poisson capturé lors de ce séjour ?

Jordan : Pour rassurer les lecteurs qui auraient en projet ce voyage, mon anecdote sera positive. J'aborde une 60+ avec l'une de tes cuivres, je la prend rapidement et la relâche. Puis j'attaque un nouveau poisson une quinzaine de mètres plus haut, postée en plein courant. Je lui propose une bille montée par mes soins. Après quelques passages, je finirai par la convaincre sur une animation. Ce n'est que lors de la séance photo que Franck me fait remarquer qu'elle a des ressemblances à celle que je venais de prendre juste avant. Et en effet, il y avait plus que des similitudes puisque c'était le même poisson prit deux fois à quelques minutes d'intervalles. De loin le coup de chance du voyage avec cette truite à la mémoire de poisson rouge.

Deux fois la même truite en quelques minutes.

Nicolas : Pour te connaitre un petit peu, je te sais homme de défi qui aime, en autre,  se donner des objectifs ? En as-tu encore de non réalisés côté pêche ?  

Jordan : J'ai réalisé beaucoup de mes objectifs mais il m'en restera toujours. Dès lors que j'en réussi un, je m'en fixe un nouveau plus difficile, plus fou. De manière à ce que la boucle ne soit jamais bouclée !

Le record truite à ce jour de Jordan, et il compte bien le battre !

Nicolas : Merci beaucoup Jordan d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. J’espère te croiser de nouveau cette année.  

Jordan : Pas de quoi Nico, merci à toi. C'était un plaisir et tu sais que tu es toujours le bienvenu sur mon bateau ! ;-)

Tu sais Jordan, il est de tradition sur mon blog lors des interviews qu’un proche de l’invité fasse une petite apparition. Je n’ai pas cherché longtemps à vrai dire. Ton Frère Kévin a bien voulu se prêter au jeu et je trouve qui l’a très bien fait ! C’est pour toi Jordan (et aussi un peu pour nous).

Kévin : S'il fallait faire un résumé du parcours pêche de Jordan, voici ce qu'il serait...

Jordan tient sa force de sa polyvalence dans les techniques, de son mental et de son imperméabilité à toutes les choses annexes !

Maitriser la pêche de plusieurs espèces tout en appliquant des techniques et des principes de base est le principal moteur de ce joli parcours.

Personnellement, c'est pour moi un équipier sûr en compétition car je sais qu'il prendra des poissons qui comptent et ensemble, en plus des souvenirs, nous avons réalisé de belles choses.

Pour les anecdotes de pêche concernant Jordan, je garde un super souvenir de son brochet de 123 cm capturé durant la dernière heure de compétition et qui nous propulse en 3ème place du Predatortour !

Je pense aussi à cette truite de 63cm capturée dans la Loire sur une action improbable alors qu'il n'avait que 10ans...

Il y a aussi ce jour où, au Léman, je lui ai envoyé le blank de ma canne Big bait en plein derrière la tête lors d'un lancé...La casquette, les lunettes, tout avait volé !

Et enfin, un sandre du Rhône que nous avons capturé 2 fois dans la journée, chacun à notre tour. Jordan le fait en verticale, c'était un poisson moche, avec les nageoires abimées et plein de cicatrices...L'après midi, sur la même zone, je prends une touche en linéaire puis arrive ce poisson au bateau. Je lui lance : "il est moche, on dirait le tient"

- "Non, le mien était plus gros" réplique t'il...

Après vérification photographique, il s'agissait bien du même poisson, capturé 2 fois le même jour !

Pour conclure, je pense que ce parcours va encore s'embellir dans les années à venir. Les défis sont là, il y a encore des records à battre et des trophées à aller chercher !

Les deux frangins !

Merci à tous les deux, c’était vraiment top. Je pense que mes lecteurs ont pris autant de plaisir à vous lire que j’en ai eu à réaliser cette interview. Au plaisir de vous revoir et ne changez rien !