...Cette phrase résume à elle seule mon niveau en entomologie !

Avec mon copain Denis, c’est ainsi que l’on parle des mouches de façon générale une fois au bord de l’eau. Pour ma part, la raison en est simple, c’est que je n’ai aucune connaissance scientifique sur les insectes dont se nourrissent nos truites et nos ombres (mon copain Denis non plus d’ailleurs, on s’entend très bien là-dessus).

Cela ne m’a jamais intéressé à vrai dire. Autant j’aime passer du temps à les observer au fond de l’eau, à la surface, dans le ciel ou encore sur la végétation qui borde la rivière, autant ce qu’il y a d’écrit sur ces bestioles dans les livres me passe au-dessus de la tête. Je vais faire bondir pas mal de monde, mais c’est la vérité. C'est comme cela depuis toujours. Je parle de perles, de grandes rouge, de grise à corps jaune, d'olive, de tape-cul, de mouche de mai, etc...Dans tous les cas, je ne connais rien de plus sur ces bestioles.

Je n’écris pas ces quelques lignes pour provoquer les amoureux de cette science des insectes, mais bien au contraire pour rassurer certains de mes lecteurs qui pourraient être dans mon cas. Le fait d’être totalement ignorant dans le domaine ne vous empêchera pas d’atteindre un bon voir un très bon niveau à la pêche ou encore de monter des mouches qui prennent du poisson. De cela, j’en suis certain. Je le vis depuis mes débuts. C'est surtout en ce sens que j'ai mis en ligne cet article.

A la question, est-ce que cela peut vous apporter un plus ? J’ai bien évidemment du mal à vous répondre n’étant pas concerné. Je pense que oui sans en être certain, mais si je me réfère à mon cas personnel, je doute que des connaissances entomologiques m’aient apporté un plus en terme d’efficacité dans mes montage de mouche. Mais finalement, je ne le saurais jamais.

Bien entendu, tout dépend de la philosophie qui nous accompagne dans notre vie de pêcheur à la mouche. Depuis toujours, j’ai utilisé des mouches et des nymphes d’ensembles. Je crois réellement en ce mode de fonctionnement. Je ne crois pas en l’imitatif parfait. Je tiens cela d’André Terrier certainement. Bien qu’à mon avis, j’en suis encore plus éloigné que lui à l’époque.

Se passionner pour l’entomologie vous aidera en ce point précis, imiter plus précisément les insectes que vous trouverez sur ou sous l’eau. Connaitre chaque stade de chaque espèce d’éphémère pour mieux représenter leurs teintes, leurs formes, les reflets, les nuances…Et bien sûr croire que cela peut faire la différence. C’est là que ça bloque pour moi, car je n’y crois pas en cette différence…J’ai tellement d’exemples en tête qui me font penser le contraire. A lire les personnes qui se passionne du domaine, cela doit être un plaisir pour le monteur de prendre un poisson gobeur ou pas avec une imitation parfaite. En ayant compris sur quel type de mouche et à quel stade la truite s’en nourrissait, lui présenter la bestiole qui se rapproche au plus près du réel, tout en connaissant son histoire.

De mon côté, et même si j’ai fait dix ans de compétition à haut niveau, je ne pratique pas aujourd’hui assez de rivières différentes pour être affirmatif de façon globale sur le sujet. Mais chez moi, sincèrement, et pour avoir eu un grand nombre d’expériences qui me le prouvent, l’imitation à nettement moins d’importance que la façon dont on la présente au poisson, et de très loin. A la pêche, je ne regarde même pas ce qu’il y a sur l’eau pour choisir mon imitation…Alors parfois, oui, cela ne fonctionne pas, c’est vrai. Mais avec quelques ruses, je m’en sors à chaque fois ou presque.

Encore dimanche dernier, où je voyais cette truite entre deux eaux. Elle montait régulièrement en surface pour gober. J’ai retiré ma nymphe pour mettre une sèche. La première qui s’est présentée à moi sur mon accroche-mouches était un segde en cdc et collerette en lièvre. Le tout sur hameçon de 14. De toute évidence, la truite n’était pas là-dessus (je n’ai pas vu voler de tape-cul de la matinée), d’ailleurs, je n’en avais aucune idée. C’est tout sauf ma priorité lorsque je pêche. Après trois passages, la truite gobait toujours sans avoir pris ma mouche qu’elle était pourtant venue voir une fois. Soit ! J'étais prêt à lui passer une nymphe du coup. Un autre gobage plus bas. Je laisse dériver et pan, le poisson prend ma mouche. Un gros ombre. Je le relâche très vite un peu gêné de l’avoir embêté et en regardant ma mouche, je me suis dis qu’elle était parfaite maintenant. Bien mouillée. Un nouveau passage sans fouetter sur ma truite tentée auparavant, le sedge sous la surface et la truite le prend cette fois-ci. Je n’ai pas vu un sedge de ma partie de pêche. Alors bien entendu, ça reste une mouche passe-partout, donc ça peut le faire dans bien des conditions. Mais voilà, c’est ma philosophie, je pêche comme ça. Et si la truite n'avait pas voulu de mon sedge plus bas dans la pellicule, je l'aurais fait en nymphe.

Je pourrais vous raconter aussi cette manche rivière en 1ère division où je pêchais un cours d’eau avec un courant régulier de petits radiers. J’avais fait une quinzaine de truites avec une grosse mouche de mai. Je n’avais pas mis ça parce que j’en avais vu, mais juste que j’avais jugé que la pêche serait plus efficace à grande distance et donc que je serais plus à l’aise avec une grosse mouche pour bien la voir. Et quelle ne fut pas ma surprise au retour quand les organisateurs m’ont appris après discussion qu’il n’y avait jamais eu de mouche de mai sur cette rivière…Comme mes clients qui prennent des truites en Nouvelle-Zélande avec des gammares alors qu’il n’y en a pas…

Pareil pour les nymphes, je prends des poissons à longueur d’année avec des gammares et bien souvent, les poissons pris ne s’en nourrissent pas. J’ai 3-4 bestioles différentes et ça passe sans souci sur la saison. Et pourtant, j’imagine que les truites se nourrissent d’une variété bien plus importante de larve sur une année…

Bref, ce n’est pas encore demain que je vais monter des 4 ailes où que je vais chercher la plume de coq aux reflets qui se rapprocherait de telle ou telle mouche. Non, je monte rustique et je pêche simple sans me disperser dans ce domaine. Je préfère me casser la tête pour tout ce qui est connaissance des mœurs de la truite, son comportement alimentaire selon les périodes de l’année, ses réactions face aux évènements quels qu’ils soient, ses déplacements selon les températures et les niveaux, etc…Tous ces paramètres qui me font connaitre au mieux « ma proie » pour mieux la leurrer en anticipant ses faits et gestes.

Tout cela pour dire que si comme moi l'entomologie vous passe au-dessus de la tête, ce n'est pas forcément un frein à votre progression à la pêche. ne vous inquiétez pas ;-)