Pour comprendre une rivière, pour connaitre son évolution, pour être crédible dans ses discours, il faut passer un minimum de temps au bord de l’eau. J’en suis intimement convaincu.

Il faut d’abord passer beaucoup de temps à pêcher. Le regard du pêcheur voit des choses que le simple observateur ne verra pas. Il faut également passer beaucoup de temps à observer sans pêcher. Le regard de l’observateur voit des choses que le pêcheur ne verra pas.

Que la pêche soit ouverte ou fermée, que cela soit en automne-hiver lors de l’arrivée des oiseaux piscivores ou du frai des truites, que cela soit en au printemps-été lors de l’éclosions des alevins ou des étiages estivaux, la présence sur le terrain doit être régulière. C’est pour moi la base pour obtenir une fonction importante au sein d’une AAPPMA afin de faire des retours aux pêcheurs et autres interlocuteurs qui sont en phases avec la réalité de terrain.

Au sujet de la rivière d’Ain jurassienne sur l’aval de Champagnole, n’importe qui passant un tant soit peu de temps sur la rivière se rendra vite compte de la baisse toujours plus importante des populations de truites sauvages. Les causes sont identifiées. En première ligne et ce depuis trop longtemps, la médiocre qualité de l’eau qui malheureusement n’est pas une priorité de nos élus à ce jour. En deuxième ligne, la thermie qui devient un problème toujours plus mortel au cœur de l’été. Sur les parcours avals, l’eau monte régulièrement (sur des périodes toujours plus longues) au-delà des 20 degrés. Ensuite vient la présence journalière des oiseaux piscivores, harles et cormorans.

La pollution, la thermie, les piscivores « prélèvent » déjà bien au-delà de ce que la rivière d’Ain peut produire aujourd’hui. Cela est une évidence pour peu qu’on passe du temps à observer cette rivière. Du coup, notre AAPPMA, comme d’autres, a mis en place une règlementation no kill qui ne résoudra rien, bien entendu, mais qui n’augmentera pas encore les prélèvements déjà trop élevés à cause des pollutions, de la thermie et des piscivores. C’est uniquement une mesure pour préserver le loisir pêche sur le court terme, nous en sommes bien conscients. Un pansement certes, mais indispensable. Il suffit de connaitre les résultats des pêches électriques réalisées encore cette année sur ces linéaires pour en être convaincus.

Tout cela parait être logique et évident. Pas pour tout le monde en fait. Lorsqu’on est un élu à responsabilités totalement inactif en tant que pêcheur, que l’on ne met plus un pied au bord de l’eau, il faut croire que la vision de la réalité est bien différente. La demande du président de Clairvaux pour la suppression des parcours no kill en est la preuve. Il faut être complètement déconnecté de la réalité de terrain pour faire une telle demande ! C’est le danger avec ce genre d’élu qui passe leur temps derrière leur clavier et non pas au bord de l’eau. Ils ne sont plus du tout en phase avec le monde réel. La preuve encore sur le sujet cormoran. Pour avoir échangé directement avec le président de Clairvaux, son discours se rapproche de celui de la LPO. Ne comptez pas sur lui pour obtenir des tirs de régulation. Pour lui ce n’est pas un problème. Encore une fois, en étant derrière un clavier, on ne peut pas voir les oiseaux monter la rivière TOUS les jours pour venir faire pitance. Quel décalage avec la réalité et le besoin des pêcheurs.

Hier encore, j’ai lu un article de presse relatant l’alliance Clairvaux-Dole-Fraisans pour la création éventuelle d’une carte réciprocitaire entre les 3 AAPPMA. Une nouvelle façon pour le président de Clairvaux de créer le chaos afin de fragiliser financièrement la fédération départementale. Ne vous y trompez pas, le but n’est pas de satisfaire les pêcheurs ou de travailler pour les milieux aquatiques, ceci n’est que façade. Le but est bien de fragiliser notre fédération. Le résultat sera alors une baisse des revenus fédéraux qui engendrera une baisse des actions ainsi qu’une perte de salariés. Encore une belle action pour le bien des pêcheurs et des milieux ! Affligeant !

Vous pêcheurs avez ce pouvoir de choisir les hommes qui vont diriger les AAPPMA. À travers mes exemples ci-dessus, vous pouvez vous rendre compte que ce choix n’est pas anodin ! Vous avez le choix d’élire des hommes de terrain avec une réelle connaissance des linéaires dont ils auraient la gestion ou encore des hommes complètement déconnectés des réalités et inactif en tant que pêcheur.

Photo prise par mes soins ce mercredi 11 octobre sur l'Ain aval.