De nos jours, la pêche n’est plus la même qu’il y a seulement 10,20 ou 30ans. C’est un fait dans les techniques utilisées  et au niveau des stocks piscicoles comme de la qualité de l'eau, mais pas que.  Il y a un sujet qui de mon point de vue mérite débat et dont la question doit  être posée car cela peut apporter des problèmes selon les cas en présence.

Sans tourner autour du pot, je veux parler de la pression de pêche et en particulier du temps de pêchelié aux disponibilités de chacun. J’entends par là, que notre mode de vie actuel nous donne plus de temps aux loisirs qu’à l’époque (pas si lointaine).Alors, je ne veux pas débattre sur ce sujet, je ne fais pas encore de politique ;-) , mais plutôt aux conséquences sur la pratique de notre loisir favori, la pêche.Un exemple très simple pour illustrer ce sujet qui, je le répète, mérite réflexion. Il n’y a pas si longtemps, à l’époque où j’étais encore étudiant (hier quoi !!), je me souviens très bien que pendant mes vacances scolaires, la rivière en semaine était quasiment désertée de pécheurs. Le week-end, oui,  il y avait du monde, on trouvait aussi du monde le soir après 18 heures en semaine. Mais moi qui passait toutes mes vacances du matin au soir à la rivière et ce tous les jours, je pêchais toutes mes journées du lundi au vendredi pratiquement seul et sans croiser un seul pêcheur. 

Aujourd’hui,  il y a du monde à la rivière tous les jours, et quand je dis tous les jours, je pèse mes mots.Depuis mon époque scolaire, sont arrivés les jours de RTT et autres avantages sociaux, les retraités arrivent en meilleure santé au terme de leur carrière professionnelle également (Et c’est bien tant mieux  J ). Conséquence, il y a des pêcheurs tous les jours de la semainecourant après les truites.On pourrait évoquer ce sujet sur d’autres poissons et lieux de pêche, mais je préfère rester sur un sujet que je connais bien, la truite et la Franche-Comté.

Alors, comme dit plus haut, je ne fais pas de politique, donc je ne reviendrais pas sur tous ces avantages dont on profite tous d’ailleurs. Mais la pêche dans tous ça ? 

Il a deux cas de figure où finalement  on peut trouver à redire avec des arguments différents.Le cas des parcours où les prélèvements sont autorisés, et ils sont de loin majoritaires dans notre pays malheureusement. J’ai vu de mes yeux des parcours encore cette année pillés tous les jours, car tous les jours sur des petits linéaires, il y avait des pêcheurs, et ils n’étaient pas là pour faire des photos.Comment voulez vous que les truites s’en sortent ? Quand vous pensez que tous les jours, quasiment du matin au soir, il y a des appâts artificiels ou naturels qui dérivent dans l’eau, qu’à tout moment une truite est une possible prise.Elles n’ont plus aucunmoment de répit si ce n’est la nuit. Le fait aussi que les parcours poissonneux se réduisent comme peau de chagrin n’est pas là pour arranger les choses. Alors bien sur, cela est vrai sur les grandes rivières connues comme l’Ain, et beaucoup moins sur les petits affluents. 

J’ai connu une époque où les pêcheurs étaient bien plus nombreux qu’aujourd’hui, mais la rivière ,ses populations de truites et d’ombres pouvaient le supporter, ce n’est plus le cas actuellement. De plus, à cette époque, les truites, malgré le fait que les pêcheurs étaient en nombre, avaient plus de répits en journée en particulier en semaine. Je me souviens même de quelques AAPPMA qui interdisaient la pêche une à deux fois par semaine pour que les truites puissent souffler.

Et puis, il y a le cas des parcours NK, où là, le souci n’est pas la diminution des stocks de poisson , mais le confort de pêche.Ils sont déjà rares ces parcours, mais si vous mettez des pêcheurs dessus tous les jours, les truites deviennent vite imprenables même pour un bon pêcheur.A un moment de l’année, il faudra être un très bon pêcheur pour s’en sortir…Quid des débutants ? C’est quasiment impossible de débuter sur ce genre de parcours tant les poissons sont difficiles à prendre à cause de la pression de pêche constante.Et c’est bien le mot « constante » qui est important ! Si les poissons avaient plus de moments de répits pour se nourrir au moins de temps en temps s’en prendre le risque de sentir la ferraille, la situation serait tout autre.

Alors, je ne sais pas ce qu’il faut faire, mais pour moi, cela devient un problème. Pour les observateurs qui suivent l’évolution de la  rivière depuis longtemps et tout au long de l’année, on voit déjà des changements. J’observe tous les automnes des gros poissons se nourrir sur des postes très accessibles alors que de la saison de pêche tout entière, je ne les ai jamais vu. A croire qu’ils ont un calendrier dans la tête.En période de fermeture, et ce, une semaine après la date fatidique, on observe des comportements de truites totalement différents qui ressemblent à ceux que l'on peut observer dans les réserves…C’est bien qu’on les rend folles à leur courir après tous les jours.

Alors je pose la question, faut-il leur laisser des moments de répits de temps en temps ? Est-ce que cela fera baisser un peu les prélèvements en évitant quelques jours fastes ? Est-ce que les truites reprendront un comportement plus normal ? Bref, autant de questions auxquelles je n’ai pas de réponses…Une chose est sure pour moi,  on passe de plus en plus de temps au bord de l’eau, on fait de plus en plus de kilomètres pour être au bon endroit au bon moment, mais au final, c’est toujours les truites qui subissent finalement et du coup, j'ai l'impression que trop de pêche, tue la pêche.