2017 démarre malheureusement sur des bases catastrophiques quand on regarde les niveaux d'eau. Et pas que dans le Jura. Espérons la pluie pour les semaines à venir. 5 mm de précipitations en décembre, c'est du jamais vu sur la période. Même en été, nous n'avons jamais connu cela. Les rivières n'avaient vraiment pas besoin de ce nouveau fléau. 

Pour ma part, 2017 sera l'année du renouveau. Je souhaite avant tout retrouver du plaisir au bord de l'eau. C'est ma priorité. Je viens de vivre une saison très compliquée moralement en me rendant compte très tôt au printemps que mes deux parcours de coeur étaient mourants. J'ai du coup insisté sur ces linéaires pour comprendre ce qu'il se passait à m'en faire mal au ventre de désillusions au jour le jour. C'est terrible comme sentiment. Pourtant, depuis plus de trente ans que je pratique la pêche dans le Jura, je ne devrais pas être surpris par ce qu'il arrive sur l'Ain amont, c'est la suite logique. J'ai appris à pêcher sur l'Angillon où je prenais 20 à 30 truites par jour en ayant une technique de débutant. Aujourd'hui, cette rivière est moribonde. J'ai appris à pêcher à mon fils sur la Cuisance qui a pris une telle claque ces trois dernières années qu'elle ne s'en relèvera pas. J'ai vu à distance la Bienne mourir à petit feu. J'ai connu les éclosions de mouches de mai comme je n'en reverrais jamais sur la Serpentine aujourd'hui premier égout agricole de l'Ain. J'ai écouté des amis me raconter les histoires pas si vieilles que ça sur la Seille, Vallière, Sorne, Basse Loue, Valouse et autres petits bijoux jurassiens aujourd'hui bien mal en point voir totalement éteints. J'ai aussi connu des années fastes sur les parcours avals de la haute rivière d'Ain, Châtillon, Villars...Montigny...Mon Dieu, Montigny ! Que dire du parcours des riverains de Pont-du-Navoy où il y a encore 4 ou 5 ans, j'arrivais à faire des pêches miraculeuses de très belles truites en moins de deux heures avant de partir au boulot le matin...J'ai refait le parcours il y a encore deux jours pour peut-être la cinquantième fois de l'année...J'en chialerais tellement il sonne le creux. J'ai cru à des jours meilleurs pendant très longtemps, des années, mais il faut bien se rendre à l'évidence...Malheureusement. Oui, car tous ces cours d'eau cités, tous ces parcours se sont-ils améliorés depuis leur lent déclin ? Non, aucun. C'est ça la réalité. Et il n'y a aucune raison valable pour que l'Ain amont s'améliore lui aussi. C'est le dernier joyau jurassien, et il évoluera comme le reste du linéaire du département. Je ne fais pas ici un constat pessimiste, c'est uniquement la réalité. Le seule incertitude est le nombre d'années qui nous séparent du moment où même tout en haut, la rivière ne sera plus que l'ombre d'elle même.

Je suis allé au bout de ce que je pensais être une bonne chose en étant parmi les déclencheurs de la fermeture anticipée de la pêche en 2016 dans le Jura. Durant des semaines, et encore ces derniers jours, j'ai trouvé des cadavres de truites, des poissons aveugles ou malades...Cette fermeture me semblait tellement évidente. Les mots de certains pêcheurs dans mon entourage, des coups de fil ou des mails d'inconnus, ou encore des remarques par presse interposée m'ont fait très mal. J'ai pris conscience de pas mal de choses. Alors bien évidemment, je continuerais à faire mon job de président d'AAPPMA comme depuis plus de 20 ans maintenant, j'assurerais mes fonctions d'administrateur de fédération avec passion et envie mais assurément, je ne prendrais plus position de cette façon. Je ne souhaite plus imposer aux autres une certaine morale que je trouve moi juste. Je connais très bien ma rivière comme les truites qui y vivent encore. En tous les cas, bien mieux que la majorité des personnes qui ont critiqué cette mesure que cela soit en face de moi, ou pire, dans mon dos (oui, tout se sait dans ce petit monde). Je serais toujours engagé en partie pour cette haute rivière d'Ain que j'aime tant. Mais je ne veux plus vivre ce que j'ai vécu en 2016.

2017 sera donc orientée plaisir sans prise de tête. J'ai fait mon deuil ces dernières semaines en étant assuré que mes soupçons, nés tout au long de la saison, étaient bien réels. Je suis un peu comme libéré. Je vais passer à autre chose. J'ai fait de nombreux repérages durant l'automne et l'hiver et ce même dans les départements voisins. Je veux profiter de ce qu'il reste comme un vulgaire consommateur. Profiter de posséder encore une bonne vue pour m'amuser à la pêche, ce que j'ai totalement perdu en 2016 pour la première fois de ma vie de pêcheur. Lassé et usé de perdre des années à prendre les choses trop à coeur pour le collectif pour entendre et lire des remarques acerbes à cause de 6 jours de pêche en moins sur une année ! Je sais, je reviens là-dessus, mais ce sujet précis m'a vacciné pour le reste de mes jours.

2017 sera pour moi l'année de la pêche en abondance. Des décisions personnelles vont faire que j'aurais de nombreux jours supplémentaires pour m'en occuper. Il faut vite profiter, les années sont comptées. Je connais assez bien la région pour avoir sous le coude encore quelques parcours d'exceptions. Si je resterais un vigile de rivière amoureux et attentif, je souhaite avant tout redevenir un pêcheur en cette nouvelle année. Alors vivement l'ouverture et très bonne année 2017 à tous. Santé et bonheur à profusion pour vous et vos proches. Merci pour votre fidélité sur ce blog (plus de 750000 visites en 2016).

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