Dans mon cas, les années se suivent et se ressemblent en ce qui concerne cette longue attente du jour J. Et pourtant, des ouvertures, j’en ai déjà pas mal au compteur. Mais cela ne fait rien, depuis quelques jours, et même quelques nuits, mes pensées commencent à prendre des airs de petites brumes matinales ou encore de zébrures bien foncées. J'ai déjà en moi ces odeurs si particulières du bord de rivière au printemps. Les jours sont comptés. Il me tarde.

Si je suis en premier lieu passionné de la rivière et de tout ce qui l'entoure, je suis également un pêcheur. Et en tant que tel, j’ai toujours en moi cette envie indescriptible et sans limite de me mesurer aux truites sauvages qui nagent dans ces eaux.

Avec  les années, cette passion ancrée dans mon adn a pris des directions différentes. Non pas en intensité (j’ai toujours été fou dingo de pêche) mais dans l’idée que je me faisais de la pratique de la pêche en elle-même. Dans la première partie de ma vie liée à cette passion, j’ai été un pêcheur touche à tout, puis, très vite, par le biais d’André Terrier, un compétiteur durant une dizaine d’années. A cette époque, je voyais avant tout dans la pêche le nombre de truites prises par jour. Il fallait faire du nombre en utilisant toutes les techniques à ma disposition. Je notais tout, tailles, lieu, techniques, météo, etc... J’ai pris beaucoup de plaisir et j’ai surtout énormément appris dans tous les domaines.

Par la suite, je me suis focalisé sur la technique de la nymphe à vue pour finir par laisser tomber toutes les autres. Seule la vue d’une truite qui prenait ma nymphe me donnait du plaisir. J’ai même fini par basculer dans la recherche des plus beaux spécimens. Cela ne fut pas un grand succès malgré quelques très beaux poissons capturés où j’ai eu un maximum de réussite. J’ai atteint mes limites dans ce domaine assez vite en me rendant compte que la traque de ces grosses truites n’était pas faite pour moi. Que mentalement, techniquement, je n'étais pas prêt. Et surtout que je passais à côté d’innombrables autres plaisirs. Mais comme pour la compétition, je garde quelques beaux souvenirs en particulier ces journées passées avec mes amis Adrien et Gaël à courir après ces poissons records.

Depuis peu, je rentre dans une troisième phase de ma vie de pêcheur. Je ne suis plus à la recherche d’un résultat, je ne souhaite plus être un esclave même inconscient du mètre et de la performance. Non, tout sauf ça. Je veux retourner à l'essentiel même de la pêche, ces simples émotions qui m'ont rendu addict alors que je n'avais que 12 ans.

Cette année, comme depuis une ou deux saisons, je prends du plaisir à changer de secteurs de pêche pour trouver ce qui est aujourd'hui important à mes yeux et donc que je recherche. Un paysage, un lieu, une ambiance, le calme et cerise sur le gâteau, quelques truites.

Le lieu de pêche passe avant tout. Alors qu’il n’y a pas si longtemps, j’allais à la pêche en choisissant un endroit uniquement par rapport aux truites que je pouvais trouver. En étant prioritaire sur leurs mensurations surtout. Cette époque est révolue pour ma part.

La nouvelle saison débutera bientôt et j’en frisonne par avance. J’ai déjà coché certains parcours que je n’ai pas pratiqué depuis bien trop longtemps et même d’autres où je ne suis jamais allé.

Prendre le temps d’apprécier avec innocence ce qu’il y autour de moi, mêler ma passion pour la pêche, la rivière et la photo. Profiter au maximum de ce qui m'entoure. Voilà ma ligne de conduite.

Je pensais qu’avec l’âge, ces semaines qui précèdent l’ouverture ne me feraient plus le même effet. Ce n’est pas le cas. C'est même plutôt le contraire. C’est ainsi que je me rends compte que la flamme du pêcheur est toujours aussi vive en moi. Avec d’autres envies, avec une vision différente, mais avec la même intensité ! J'ai hâte !

Je vous souhaite de faire de beaux rêves en attendant le jour J…