Julien, c'est ton cadeau de départ.
Par Nicolas39 le mercredi 24 janvier 2018, 06:16 - Compétition - Lien permanent
Un homme en or !
Julien Daguillanes, pilier de l'équipe de France de Pêche à la Mouche, a annoncé il y a quelques semaines qu’il mettait un terme aux compétitions internationales après avoir participé à 13 championnats du monde consécutifs. C'est une décision importante pour lui bien entendu, mais aussi pour l'équipe de France. Dans ce petit monde, cela a fait grand bruit. J’ai donc souhaité demander à une douzaine de personnes qui ont eu la chance de côtoyer Julien de revenir sur cet évènement et de nous parler de l’homme. Plusieurs générations vont se succéder. Julien, ce qui va suivre, c’est surtout pour toi !
Pascal Cognard : En fait, je ne connais pas la motivation qui a décidé Julien à arrêter la compétition...
Ce que je sais, c'est l'investissement qui est nécessaire pour aboutir aux résultats qu'il a obtenu ! Toutes ces années finissent par peser et lorsqu'on a atteint son principal objectif, ce qu'il vient de faire, il est normal de s'orienter vers d'autres objectifs, familiaux peut-être...
J'avoue ne pas savoir combien Julien a obtenu de titres de champion de France, combien d'années passées à la première place du classement PSM, ni même combien de sélections en équipe de France et de médailles gagnées...Mais ce que je sais, c'est qu'il fait partie du paysage "Compet Mouche" depuis un sacré moment et aux premiers plans...
Ses titres de Champion du Monde individuel, puis par équipe ne sont pas dus au hasard (encore que, quand on devient Champion du Monde, on en entend de toutes les couleurs !) Non, ce n'est pas le hasard, mais un travail de longue haleine, qui a commencé tout petit pour lui, avec son père, qui n'y est pas pour rien dans sa réussite. Patrice (tout comme mon père à l'époque) doit être sacrément fier de son fils...
Avec Julien, nous nous sommes côtoyés quelques fois en compet et j'ai même été son Capitaine en équipe de France B, pour le championnat d'Europe en 2006 en Slovénie. En fait, si je ne l'ai pas eu avec moi plus souvent en équipe B, c'est parce qu'il était en A !!!
Durant cet épisode, j'ai pu apprécier combien Julien était un grand compétiteur, maitrisant toutes les techniques de pêche à la mouche ! J'ai apprécié aussi ses qualités humaines et son comportement, complètement dévoué à l'équipe.Pendant les épreuves de pêche, son calme aurait pu parfois passer pour une certaine nonchalance, mais en réalité, tous ses coups étaient ajustés et maitrisés comme un métronome implacable, efficace !
Il est certain que l'équipe de France va perdre un de ses piliers. Espérons que cela ne suffise pas pour la faire vaciller...Julien va maintenant quitter l'effervescence de la haute compétition pour retrouver les plaisirs de la pêche de loisir...Mais je suis sûr que, comme moi et bien d'autres anciens membres de l'équipe de France, il restera un compétiteur dans l'âme, et qu'on le reverra de temps en temps pour quelques compet's amicales...
A bientôt, donc, et bon vent...
Jean-Guillaume Mathieu : Quand je pense à JUJU, je suis tout à la fois ému et admiratif d'avoir parcouru avec lui ce long bout de chemin en si peu d’années…
Ses talents de pêcheur que l’on connaît à travers ses résultats en compétition découlent d’un dense « vécu halieutique » et d’une fougue de pêcher peu commune. Entre lui et la mouche, ce n’est plus de l’amour, c’est de la rage ! JUJU est vraiment animé par la passion.
Toujours disponible, avec une gentillesse peu commune, il a constamment soif de transmettre et de partager sa pratique. Il n’a jamais dit non à m'apprendre la pêche au fil…
Ensemble, nous avons arpenté des kilomètres de rives, pêché dans toutes les conditions : sous des trombes d’eau, lors des compétitions nationales et internationales…Ensemble, nous avons partagé des moments indescriptibles à la découverte de nouveaux secteurs de pêche. Ensemble, nous avons connu les aléas de la pêche : sombres bredouilles ou pêches faciles et euphoriques…J’aime à me souvenir de tous ces moments partagés avec JUJU. Un moment particulier cette année au championnat du monde où comme des gamins nous avons pris un bain rempli de mousse à rire jusqu'aux larmes.
Hier, il nous a transmis ; aujourd’hui il prend sa retraite internationale avec un parcours sans égal…Et j’ai bien du mal à le suivre au bord de l’eau ! Il est un pêcheur complet, un redoutable technicien. Notamment sur les truites, avec lesquels il est impitoyable : j’en sais peu capable de lui résister.
Il n’y a pas que la pêche qui me lie d’amitié avec JUJU. C’est, quand il quitte ses waders, un jeune homme d’humeur égale, d’une extrême gentillesse.
Nicolas Caraty : La décision de Julien peut paraître à priori étonnante quand on sait la bonne ambiance qui règne actuellement au sein de l'équipe de France et les excellents résultats des deux dernières années. Julien ne fait pas que quitter une équipe de France et des championnats du monde, il quitte également une équipe d'ami, qui plus est, sur le toit du monde de la palm actuellement.
Ce choix doit être cruellement difficile et le connaissant il a dû être murement réfléchi. En fait, je pense qu'il a raison. En 13 années d'équipe de France au plus haut niveau et avec tant de médailles et de titres, je me dis qu'il a fait le tour et veut désormais transformer les nombreux jours d'entrainement, les heures de montage, les semaines entières de championnat, bref tous ces sacrifices, les changer en moment de pêche plaisir. Faire désormais ce qu'il n'a jamais eu complétement le temps de faire.
Et puis surtout dans sa vie depuis 4 ans, il y a une petite Inès qui grandit bien vite. Quand tu rates la toute première entrée à l'école de ta gamine parce que tu es en championnat du monde pour plusieurs semaines, çà doit ne pas être évident. Quand tu regardes d'ailleurs les photos des derniers championnats, tu vois que Julien apportait avec lui systématiquement le doudou de la petite. Il transformait peut être ce manque en véritable force. Quand tu fais les championnats du monde, tu dois poser 3 semaines de congés. C'est autant de vacances qu'il n'a pu prendre avec Marie en 13 ans et pourtant elle l'a toujours soutenu. Quand tu as été multiple champion du monde par équipe et champion du monde individuel, que tu as tant apporté à l'équipe de France, tu peux à un moment donné dire stop et te recentrer sur ta famille...à moins que Monsieur Daguillanes ait d'autres projets...
Tout le monde vous dira que Julien c'est la gentillesse et la simplicité même. Tu peux lui demander le même service 10 fois, il va te le rendre 20 fois (à force, il anticipe).
Mais je pense surtout que c'est le pêcheur le plus talentueux que j'ai connu car le plus complet et qui réfléchit juste. Capable de t'aligner en sèche un bas de ligne de 8 mètres en petite rivière, de repasser en nymphe au fil ou sèche-nymphe sur le même courant et de finir en nymphe à vue sur le plat du dessus. A moins qu'il y ait un bloc creux pour y passer un sparkler...
En équipe de France, c'est lui qui avait la plus grande expérience des mondiaux. Ce mélange, ça donne un champion du monde au Colorado alors qu'il n'avait pas les parcours de gagne. Il a gagné ce titre suprême en 2016 grâce à son énorme expérience internationale, son bagage technique hors norme (il y avait plusieurs pêches) et sa réflexion. On ne dirait pas comme çà vu sa tronche mais il est super intelligent. C'est juste hallucinant le nombre de point place qu'il a fait gagner à l'EDF pendant 13 ans.
C'est vraiment compliqué de retenir une anecdote. Je me rappelle d'une saison d'entrainement où on passait notre temps à faire des un contre un à la pêche, sur l'Adour, l'Arros ou la Neste. Le midi en semaine, le soir, le week-end. On n'avait pas de femme à l'époque. Ah si. Bref. Il finissait toujours la session avec en moyenne 3 fois plus de poisson que moi. Cette même année, lors de la dernière manche du championnat de France 1ère division rivière Durance - Clarée - Guisane, j'étais (malheureusement) dans la même poule que lui. Je fini la première manche sur la Clarée avec 15 magnifiques poissons, ce qui en championnat est généralement très bien. Fier de moi et pensant lui avoir mis la pression, je rejoins le point de rendez-vous assez fier. ll me regarde et me demande : alors combien ? Je lui réponds. Il sourit. Il en avait fait 45 !!!!!! Soit 3 fois plus que moi !
Robert Escaffre : J’ai eu la chance et le bonheur de connaitre Julien DAGUILLANES dit « Juju » depuis sa plus tendre enfance et de vivre à ses côtés, ces 2 derniers Championnats du monde...Au Colorado et en Slovaquie en tant que Manager avec cette formidable équipe de France.
Dans le 1er Julien en sort sans aucune équivoque. Champion du Monde individuel et vice-champion en équipe. Dans le 2ème Champion du monde en équipe…Excusez du peu !!!
Julien est tout d’abord un garçon avec une tête bien pleine. Ces qualités d’homme sont entre autres l’honnêteté, la modestie et la rigueur ! Son expérience après 13 mondiaux était un atout fort pour l’équipe. Visionnaire avec une analyse parfaite des situations, Juju savait donner confiance à son entourage. Notre surdoué Capitaine,
Sébastien DELCOR accordait toujours une attention particulière à ses dires et toujours à l’écoute de ses analyses prévoyantes et clairvoyantes. Julien arrête l’international au sommet de sa passion, c’est son choix. Nous nous devons tous de le respecter. Décider d’arrêter en haut de la pyramide demande un certain courage. Il nous a avoué que ce qu’il allait lui manquer le plus c’est l’excellente ambiance de cette équipe de France ! Lui aussi va nous manquer, beaucoup car en plus de son énorme talent à la pêche, Juju est un « pince sans rire » avec toujours une note d’humour bien placé !
Julien DAGUILLANES pourra se vanter d’être dans le cercle très fermé des sportifs qui ont pu atteindre la difficile équation de :
Réussir sa vie professionnelle …..Juju est Ingénieur.
Réussir sa vie de famille…Avec son épouse et son adorable fillette.
Réussir dans sa passion…Il est champion du monde.
Chapeau bas l’ami !
Jurons qu’à moyen terme, on le retrouve dans l’encadrement de cette équipe de France. Car cela serait à coup sûr un excellent manager doublé d’un extraordinaire capitaine pendant l’épreuve...Julien DAGUILLANES…Un exemple pour les jeunes qui montent !
Grégoire Juglaret : Julien…23 ans de compétitions à tes cotés. Te voir quitter le milieu de la compétition, fait l’effet d’une rupture au sein d’un couple. Mais quelle belle vie de couple entre l’équipe de France et toi !
Quelle fierté de t’avoir vu gagner ce championnat du monde 2016 aux pays de la pêche à la mouche, et de remporter ensemble le titre par équipe 2017…Que rêver de plus après tant de temps passé à tes cotés à courir après des truites de France et de Navarre ?
Les championnats internationaux auront désormais une autre saveur…Tu vas manquer à notre sport…
Maintenant, le temps est venue de penser à ta famille dans la vie, celle de la pêche auras toujours une pensée pour toi où que la compétition l’emmènera.
Julien Daguillanes…Une chose est sûre, il aura contribué à la belle image de la France dans le monde de notre passion et son nom raisonne et résonnera longtemps dans l’histoire de la pêche à la mouches, comme ceux de Pascal Cognard, de Piam, de Bernard Maillet ou d’André Terrier, comme ayant marqué une génération !
Yannick Rivière : Lorsque l’on est pêcheur, l’inné est très important. C’est ce qui permet de vite comprendre, trouver et s’adapter. Lorsqu’on est compétiteur il faut bonifier l’inné par de l’entrainement et de la rigueur qui permettent d’acquérir de nouvelles compétences. Julien fait parti des personnes qui ont un instinct naturel terrible et qui ont eu l’intelligence de travailler dur pour aller plus loin. J’ai rencontré Julien alors qu’il n’était qu’un pichoun. Il pêchait déjà très très bien et c’est naturellement qu’il a été sélectionné dans l’équipe junior. A cette époque, on parlait de lui comme un futur grand. Les années ont passé et il n’a fait mentir personne, il a grandi et son talent aussi. Nous nous sommes souvent retrouvés et rencontrés au grès des compétitions nationales ou internationales. J’ai rencontré beaucoup de pêcheurs de très haut niveau, j’ai vu pas mal de champions à l’œuvre, mais sans rien enlever à toutes ces personnes, le fait est, que Julien a, le petit plus qui fait de lui « le meilleur »pêcheur avec qui j’ai croisé le fer. Je ne crois pas être le seul à penser ça, toutes les personnes qui l’ont côtoyé de près ou de loin sont unanimes car en plus d’être ce grand champion il est aussi la personne la plus sympathique du circuit national et international. « Julien, la compétition va certainement te manquer, mais tu manqueras aussi à la compétition. J’espère te voir bientôt au commande d’une équipe car comme Pascal Cognard ou Jacques Boyco tu fais parti des gens qui sont entrés dans la légende de leur vivant. »
Je me souviens d’une compétition amicale en réservoir ou Julien avait 18 ou 19 ans. Il était sur le poste juste à côté de moi. Alors que tous les pêcheurs étaient prêts à en découdre, Julien n’était pas encore arrivé à 5mn du début de la première manche. Il est arrivé au son de la trompe, les yeux encore embrumés d’une folle nuit en discothèque. Tout sourire mais fatigué, il a pris le temps de saluer les participants les plus proches, de monter ces cannes et a commencé à pêcher. Malgré les minutes de retard et l’état général de la bête, les prises s’enchainaient à bon rythme. Au fur et à mesure que la journée s’écoulait, je voyais le Juju s’éteindre. La nuit blanche aura peut-être eu raison de lui et il nous restera des places sur le podium…Il a fini cette compétition en pêchant assis, je l’ai même vu mettre un poisson à l’épuisette quasiment allongé! Du grand art!!! Malgré ça, il est monté sur le podium, n’a pas perdu son sourire et est ressorti le soir-même. Un grand champion !!!
Sébastien Delcor : Il faut bien s'arrêter un jour, certain font l'année de trop, toi tu pouvais encore continuer et rester ce pilier de l'équipe, celui sur qui on peut compter. Tu fais parti de ceux qui ont compris que rien n'est acquis, qu'il faut sans cesse se remettre en question sinon rien n'est possible. Ton choix se respecte, il se comprend même, alors je n'ai plus qu'à te souhaiter de bonnes choses même si je sais que nous nous reverrons vite!
Jérémy Vandome : Je ne suis pas surpris par sa décision car son but était d’être champion du monde. Il a atteint son but. Il avait le tour. Il est arrivé au sommet. Mais je pense qu’il est possible qu’il fasse d’autres compètes dans d’autres domaines. Il a ça ancré en lui.
J’ai rencontré Julien pour la 1ère fois sur l’Adour par hasard. Après seulement quelques minutes à faire connaissance, il m’expliquait déjà le principe de la nymphe au fil, moi qui ne pêchais qu’en sèche à l’époque. De suite, le courant est passé.
J’ai une petite anecdote qui me reste de nos voyages dans ton pays Nico. Tu nous avais emmené chez Sanso et Juju s’acharnait à vue sur une truite. On était venu pour apprendre cette technique. Il est resté très longtemps sur ce poisson sans jamais lâcher. Il a fini par la prendre et au moment de ferrer, je l’entends encore hurler : « Je t’ai niké ! »
Damien Brouste : Je te remercie Nicolas de me donner l'opportunité d'écrire quelques mots sur le départ de la compétition de Juju.
Je respecte tout à fait sa décision d'arrêter la compétition. Il m'en avait parlé il y a quelques temps. C'est vrai que cela nécessite beaucoup de sacrifices de se maintenir à un niveau mondial. Les week-ends où il faut sillonner la France, les congés dédiés à la compet, ce n'est pas évident de faire cela durant tant d'années.
Je me rappelle d'un coup du soir que j'avais fait avec lui et Jérémy sur l'Adour dans le sud-ouest de la France. L'eau bouillonnait tellement il y avait de gobages, c’était magnifique. On s’était éclaté en sèche avec Jérémy. Julien lui avait passé la soirée à pêcher en nymphe au fil ! Je n'ai compris qu'à la fin pourquoi il ne s'était pas joins à nous, le bougre testait le taux de décrochages de ses nouveaux hameçons !
L'arrêt de la compétition va lui permettre je l'espère de s'adonner à de nouvelles espèces, de nouveaux défis. Il y a tout un monde en dehors de la truite, et ce monde est tout autant passionnant.
Yann Caléri : Julien est un super mec toujours de bonne humeur. En 15 ans, je ne l’ai jamais vu faire la grimace, 1ère performance de classe
Il est évidemment un super pêcheur très complet en sèche comme en nymphe. En rivière comme en lac, doté d’un gros mental. Il sait aussi s’engager physiquement quand il faut envoyer du lourd le pyrénéen ! (Cf : la Blue river Colorado 2016 année de ton titre)
En parlant d’engagement, il faut souligner qu’il s’investit depuis longtemps dans son aappma locale sur le bel Adour pour la préservation de la rivière et de ses habitants. Bravo pour ça mon p’tit Julien!!!
Côté compète il te reste le délicat titre de champion de France à conquérir. Je sais qu’il te tient à cœur. Encore un petit effort et le p’tit coup du destin devrait faire le reste.
Tu es avant tout un passionné. Je me réjouis à l’idée de repêcher ensemble dans un bel endroit. Portes toi bien et continue comme ça, je te fais une bise !
En attendant, tu es toujours le bienvenue du côté de chez moi dans les Alpes!
Eric Lelouvier : J’ai rencontré Julien au début des années 2000 et j'ai surtout appris à le connaitre quand il a intégré l’équipe de France en 2005. Il était à cette époque le plus jeune pêcheur français à rejoindre l’équipe de France A (celle qui participe aux championnats du monde).
J'ai côtoyé Julien durant 4 championnats du monde (en Suède, au Portugal, en Finlande et sur la fameuse île de Nouvelle Zélande).
Julien est un très bon représentant de notre sport car il véhicule des valeurs fortes. Si je devais définir Julien en quelques mots, je dirais intelligence, intégrité, gentillesse, simplicité et très gros mental.
Julien a servi l’équipe de France avec ces valeurs durant 13 années, c'est le record je crois. Il a choisi de mettre un terme à sa carrière internationale, c'est son choix et nous devons le respecter même si 10 ans de plus auraient été possible. Il a eu l'intelligence de ne pas faire le championnat de trop et comme il le dit si bien, il a démarré par un titre de champion du monde par équipe et il conclut sa carrière par ce même titre, respect et à bientôt au téléphone mon bon Julien...
Patrice Daguillanes (le papa) : J’ai commencé à apprendre à pêcher à mon fils dès son plus jeune âge, vers 4 ans. D’abord les vairons, gardons et ablettes au bouchon, avec des mifises et de la pâte.
Ensuite on est passé à la truite au toc pour qu’il découvre le sens de l’eau.
Puis, au sein du Club des Capitouls à Toulouse, on lui a appris à lancer au fouet dans un gymnase le samedi matin comme plusieurs jeunes de son âge, et il a très vite progressé.
Il était tellement acharné qu’il en avait chaque fois des ampoules aux mains. C’est que vers l’âge de 6/7 ans que je l’ai mis à la mouche, avec une canne de 7 pieds ½ que je lui avais montée.
Au départ, il me suivait au bord de l’eau et il me regardait faire. Je pêchais presque exclusivement en sèche à cette époque-là.
Un jour, à Camon dans l’Ariège, une grosse truite très maline gobait sous des branches. Nous l’avons observée un long moment et je lui ai expliqué comment j’allais la prendre. Dès que je l’ai eu piquée, elle a dévalé et il me suivait avec l’épuisette pour l’attraper. Quand enfin je lui ai amené dans l’épuisette, il était aussi fier que moi de cette magnifique truite. Et là, je lui ai demandé de la relâcher. Catastrophe !! Il s’est mis à pleurer, il voulait la garder pour la montrer à sa mère. Je lui ai expliqué qu’elle allait revenir sur son poste et que la prochaine fois c’est lui qui l’attraperait. Les larmes aux yeux, il a fini par la relâcher. Depuis ce jour-là, il a remis toutes ses prises à l’eau.
Ensuite, que de bons moments on a passé au bord de l’eau ! Des week-ends en lacs de montagne, sur les Nives, il était toujours partant, par tous les temps ! Son apprentissage a continué, avec ses aléas… Les perruques, les casses, mais c’était un vrai bonheur…Il progressait très vite, il ne se décourageait jamais.
Puis un jour, il y a eu le Championnat de France des jeunes sur les Buech. Il avait alors 12 ans, il était encore catégorie minime. Je l’ai amené à ce championnat avec un jeune cadet du même club. Ils ont gagné tous les deux. Je ne vous dis pas si j’étais heureux et fier ! Comme s’il avait gagné le Championnat du monde ! Ensuite, ses succès se sont enchainés, autant en rivière qu’en réservoir, mais il a toujours gardé la tête froide, son calme et sa modestie. Sa principale qualité : la volonté.
Il suivait les conseils, pratiquait en sèche, en nymphe, en noyée. Certains même lui ont appris à pêcher à vue… (N’est-ce pas Nicolas ?)
Vous connaissez la suite...
Si j’ai un conseil à donner à quelqu’un qui a des enfants, prenez le temps de partager avec lui votre passion, quelques soit le résultat vous n’aurez jamais à le regretter…Pour ma part j’ai été comblé.
Nicolas : 13 championnats du monde consécutifs, il fallait donc 13 personnes pour cet article afin d’être cohérant. Et comme je souhaitais absolument participer, je m’y colle.
J’estime avoir beaucoup de chance de connaitre Julien. Tout a été dit sur lui. C’est tout simplement une belle personne. C’est le genre de rencontre qui ne me fait regretter en aucun cas mon passé de compétiteur. Tu as pris la bonne décision, j’en suis certain. Une fois arrivé tout en haut, il est bien difficile d’y rester, et tellement simple d’en redescendre. Que ce temps « en plus » qui s’offre à toi te permette de profiter de tes proches et de ta passion en prenant d’autres chemins.
Je vais terminer par un souvenir encore bien imprimé dans ma mémoire. Julien revenait pour la 2ème année par chez moi durant ses vacances estivales. Il venait pour s’aguerrir dans le domaine de la nymphe à vue qui était son tout petit talon d'Achile. Il avait déjà énormément progressé l’année précédente. A peine arrivé au camping de Pont-du-Navoy qu’il m’envoya un texto pour m’avertir. J’étais au restaurant avec ma chérie et lui répondit donc que j’allais arriver mais pas de suite. Environ 30 minutes plus tard, j’ai reçu un nouveau texto qui devait à quelques mots près dire ceci : « Nico, j’ai sorti la canne le temps que tu arrives, j’ai vu une belle truite sous le barrage, je l’ai tenté, 59cm ! »
Non mais sérieux, c’est qui ce type ! Voilà quelle fut ma réaction à la lecture de son message. Sacré Julien, tu sais que tu es ici chez toi, et si d’aventures tu veux venir pêcher de nouveau en nymphe à vue nos zébrées dont tu raffoles tant, tu seras accueilli comme il se doit.
Petit matin en Nouvelle-Zélande. Prends soin de toi Juju et profites bien
PALMARES DE JULIEN :
Championnat de France des jeunes
- Champion de France minime 1995.
- Champion de France cadet 1998.
- Champion de France junior 1999.
Championnat de France senior
- Champion de France 1ère div. réservoir 2011.
- Vice-champion de France 1ère div. rivière 2011.
- 3ème du championnat Rivière 1ère div. en 2012.
- Vice-champion de France Rivière 1ère div. en 2013.
- Vice-champion de France Réservoir 1ère div. en 2014.
Championnats du monde
- 2005 : 1ère sélection pour le championnat du monde.
- 2006 : Vice-champion du monde par équipe.
- 2007 : Champion du monde par équipe.
- 2008 : 3ème par équipe et Vice-champion du monde individuel en Nouvelle Zélande.
- 2009 : Vice-champion du monde en équipe.
- 2010 : Vice-champion du monde en équipe.
- 2013 : 3ème en équipe.
- 2014 : Vice-champion du monde équipe.
- 2015 : 4ème en équipe.
- 2016 : Vice-champion du monde en équipe et Champion du monde individuel au Colorado.
- 2017 : Champion du monde par équipe et 4ème place en individuel.
Commentaires
Mon avis n'a aucune importance, mais je me joins à ceux qui veulent rendre hommage à ce garçon sociable, bon camarade et pêcheur d'exception.
Je connais Julien depuis les championnats des jeunes ou il a toujours brillé avec humilité mais combativité: un vrai champion. Je l'ai vu ensuite s'affirmer chez les adultes, toujours avec la même discrétion, la même volonté et avec une science qui progressait avec l'expérience. Julien, c'est une valeur sure qui manquera assurément à l'équipe de France.
Je lui souhaite le meilleur pour la suite.
Jean-Marc Lombard