Je suis tombé par hasard il y a quelques semaines de cela sur un blog plutôt passionnant. Je souhaitais absolument vous le faire découvrir pour que vous le suiviez à votre tour, je vous le recommande vivement. Il est d'ailleurs déjà dans mes liens. Le sujet de ce blog est l'hydrobiologie, une science qui devrait intéresser tous les pêcheurs.

La femme qui est derrière ce blog s'appelle Marie. J'ai fais sa connaissance il y a pas mal d'années lorsqu'elle travaillait à la fédération de pêche du Jura. Marie va nous présenter son blog à travers les réponses aux quelques questions que je lui ai posé. Partez à la découverte de Marie, de son métier et de ses écrits.

Nicolas : Bonjour Marie, peux-tu en quelques phrases nous parler un peu de toi s’il te plait.

Marie : Bonjour Nicolas, et tout d’abord merci de t’intéresser à mon travail !

J’ai donc 33 ans, et cela fait presque 33 ans que je suis passionnée de nature en général et de rivière/lac en particulier. C’est donc tout naturellement que j’ai suivi des études de biologie et d’écologie, en me spécialisant dans les eaux douces afin que cette passion devienne mon métier.

Je suis diplômée depuis 10 ans maintenant et mes expériences professionnelles ont été assez variées : un bon moment en fédération de pêche, un passage très formateur à l’ONEMA et plusieurs années en bureau d’étude où j’ai pu travailler dans toute la France. Aujourd’hui, je suis installée en indépendant.  Voilà en quelques mots mon CV !

Sur un plan plus personnel, il y a toujours des rivières : les chevaux et les balades au bord de l’eau, mais aussi l’éducation canine au sauvetage à l’eau. J’ai un chien que j’entraine au sauvetage en mer et en rivière. Paradoxalement je ne pêche pas mais c’est un loisir que je côtoie via mes amis et mon travail.  Je voyage aussi beaucoup, toujours avec des objectifs « nature », immortalisés en photo.

Analyses de poissons sur la Loire avec une belle capture de carpe commune.

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Nicolas : Tu rédiges des articles régulièrement sur ton blog qui a pour thème l’hydrobiologie. En premier lieu, qu’est ce que l’hydrobiologie et en quoi consiste le métier d’hydrobiologiste ?

Marie : L’hydrobiologie, c’est tout « simplement » la biologie des eaux douces.  Simplement n’est pas le bon terme car cette science est parfois complexe … On pourrait croire que c’est une toute petite part de l’écologie mais elle rassemble de nombreuses disciplines : On y étudie tous les milieux aquatiques continentaux (les rivières, les lacs, les mares, les tourbières etc) et tout ce qui y vit (les poissons bien sûr mais aussi les plantes, les insectes, les grenouilles, les crustacés…). Et par-dessus tout, les liens sont très étroits avec les autres sciences : l’hydraulique, la géologie, la chimie, la pédologie…

Carottage de sol dans un secteur viticole. L'objectif était de connaître les possibilités de transfert des produits de traitement des vignes vers le cour d'eau. (Jura)

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Mon métier consiste donc principalement à effectuer un diagnostic de l’état des milieux aquatiques. C’est parfois un véritable jeu de détective où l’on cherche à comprendre les dysfonctionnements et en trouver les causes. C’est aussi un jeu d’explorateur lorsque l’on recherche l’espèce rare !

Concrètement, nous effectuons des inventaires, des analyses et des mesures « sur le terrain »  nous permettant d’établir un bilan de l’état de santé du milieu et des peuplements. Quand une rivière est abîmée physiquement ou chimiquement, c’est souvent la biologie qui va nous en dire plus. En effet, là où les analyses d’eau nous fournissent une image à un instant « T » (et donc parfois nous faire passer totalement à côté d’un élément), la biologie nous dira si la vie peut se développer dans le milieu étudié. L’objectif est toujours d’accumuler des connaissances et surtout de trouver des solutions de préservations ou d’amélioration de la qualité des sites. Parfois les objectifs rejoignent aussi la recherche pour mieux comprendre la biologie de certaines espèces. Si il y a un domaine où il reste beaucoup à apprendre, c’est bien celui-ci.

Il y a d’ailleurs de nombreux spécialistes : les diatomistes, les passionnés de plantes, les malacologues … Pour ma part, mes domaines de prédilections sont les poissons mais aussi les écrevisses. Par conséquent, la qualité des milieux (l’habitat) constitue aussi une grande part de mes études.

Au final, c’est un métier passionnant et varié sur le terrain, au labo, derrière un ordinateur et en réunion pour présenter les résultats… Mais la part la plus délicate consiste souvent à convaincre de l’intérêt de tout ça !

Ce que j’aime particulièrement c’est ce travail d’équipe entre les différents acteurs de la gestion de l’eau : les fédérations de pêche, l’ONEMA, les syndicats de rivière, l’agence, les parcs...

Mesure morphodynamiques en rivière, gave d'Aspes.L'objectif était de déterminer le débit réservé adéquate.

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Nicolas : Le blog se nomme Hydrobioloblog. Pourquoi et dans quel but tenir un blog sur ce sujet ?

Marie : Professionnellement j’aime partager les informations que je glane avec mes collègues: les annonces de colloques, la veille juridique, les retours d’expérience. Mon premier objectif était donc de créer un support pratique pour diffuser ce type d’informations entre hydrobiologistes. Sur le plan personnel, je me suis rendue compte que rares sont les personnes qui connaissent mon métier.  Pourtant lorsque je parle l’hydrobiologie attise souvent leur curiosité. On me pose des questions, on me demande de parler d’écrevisses ! Un blog était un moyen idéal pour parler de tous ces sujets, avec ces différentes cibles. Il peut être interactif, évolutif, convivial ! Je suppose que je n’ai pas besoin de te convaincre quant aux avantages d’un blog… Et j’aime aussi dénicher et partager l’information insolite. Avec le blog, je touche un plus large panel de personnes et je ne sature pas les boîtes mail de mes collègues.

De plus, comme je le disais, il est parfois délicat de convaincre de l’intérêt de protéger nos rivières. Mais c’est souvent par manque de connaissance. Ce blog me donne l’opportunité d’expliquer les services rendus par la nature, l’intérêt de la conservation des espèces. J’ai l’impression d’amener une petite pierre à l’édifice. Quand les gens prennent conscience de la biodiversité dans les milieux aquatiques, ils changent de regard sur l’intérêt de protéger les rivières. De plus, en abordant le thème de la morphodynamique par exemple (le fonctionnement naturel des rivières) il est bien plus facile de comprendre les services rendus par les rivières en termes d’autoépuration, en termes de fertilisation des sols etc. J’arrive ainsi à faire le lien et prouver que mon travail se situe bien dans une démarche d’intérêt général.

De plus, c’est un biais idéal pour faire remonter des informations concernant de beaux projets locaux ou des avis de pollutions. Le meilleur moyen d’être entendu, c’est de communiquer.

Recherche potentielles de frayères de saumon soumises à la problématique des éclusées, gave d'Ossau.

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Nicolas : Quels sont les sujets que tu vas traiter prochainement ?

Marie : J’anticipe assez peu les sujets que je vais traiter car ils découlent des études que je réalise, des colloques auxquels j’assiste, des hasards de mes recherches sur le net, de mes voyages ou de l’actualité environnementale. Toutefois, j’ai toujours quelques sujets « sous le coude », notamment ceux concernant la biologie d’espèces patrimoniales (poissons et écrevisses surtout).

En ce moment, je travaille sur un sujet qu’un lecteur m’a demandé de développer : la restauration des rivières. Comme il y a beaucoup à dire, je pense que ça va m’occuper un moment ! Le fait que les lecteurs soient eux-mêmes demandeurs de sujets me motive encore plus à rédiger des articles.

En novembre, j’ai suivi une formation concernant la trame verte et bleue (l’une des mesures prises dans le cadre du grenelle de l’environnement). J’ai hâte de pouvoir en faire un article mais il s’agit d’une notion parfois conceptuelle et je ne voudrais pas endormir mon public. Il y a des sujets que je peine à mettre en forme et pour lesquels je manque de support. Tant pis, je les garde dans un coin en attendant de trouver un moyen de les rendre vraiment ludiques.

Enfin, j’ai toute une série de photos de voyage qui se prêteraient bien à des articles dépaysant ; je pense notamment à la pêche du Barramundi en Australie, au milieu des crocodiles (l’hydrobiologie n’a pas de frontière)!  Ou encore des articles plus techniques avec une explication du fonctionnement des lacs de cratères en Auvergne.

Bref, j’ai des idées plein la tête ! Et bien sûr tout le monde peut me proposer un sujet, voire même me proposer d’écrire à quatre mains. 

Recherche nocturne d'écrevisses (Limousin)

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Nicolas : Mes lecteurs sont essentiellement des pêcheurs, que peux-tu leur dire pour les motiver à te lire vis-à-vis de leur passion ?

Marie : Les pêcheurs sont souvent des hydrobiologistes qui s’ignorent !

Certains connaissent parfaitement les habitats des poissons, leur cycle de vie, leurs habitudes alimentaires. Les plus anciens ont une connaissance de l’évolution physique des cours d’eau… Et quand on voit la richesse des mouches créées par les passionnés, nul doute qu’ils connaissent les invertébrés aquatiques !! Alors nous avons obligatoirement des points communs et mes sujets ne pourront que développer leur connaissance ou parfois concrétiser leur ressenti.

Certains articles vont directement les intéresser, ceux qui concernent la biologie des poissons, les études d’impacts ayant un aspect piscicole ou encore ceux concernant la libre circulation. D’autres sujets leur permettront de connaître les outils de gestion et d’être ainsi de meilleurs acteurs quant à la protection de leur territoire. Peut-être que mes sujets « carnets de voyage » vont leur donner des idées de destination pêche ?

Dans tous les cas je pense qu’appréhender le fonctionnement des écosystèmes  est un moyen idéal pour mieux comprendre la biodiversité et comprendre les peuplements piscicoles. Je me trompe peut-être mais plus on accumule de connaissance sur le fonctionnement d’une rivière et sur la biologie de l’ensemble des espèces, plus un pêcheur à de chance d’améliorer sa pratique ?

Nicolas : Merci Marie, et très bonne continuation, je suis un lecteur assidu pour ma part. Profites en pour nous donner les liens qui lié au blog.

Marie : Merci Nicolas, le seul intérêt que j’ai à écrire est de savoir que je suis lue ! Si l’hydrobiologie est mon métier, l’hydrobioloblog n’a absolument pas de but lucratif et n’existe que pour mutualiser et diffuser les connaissances.  Je suis ravie de voir que le nombre de lecteurs augmente.

L’hydrobioloblog, c’est ici : Adresse du Blog.Et vous avez la possibilité de recevoir tous les articles par mail ou de vous inscrire au flux rss pour ne rien louper des mises à jour.

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Enfin, si vous souhaitez me contacter pour me soumettre des idées de sujet ou diffuser des photos ou des vidéos, vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante :  hydrobioloblog@gmail.com

A très bientôt sur l’hydrobioloblog

Pêche électriques en cours d'eau (Indre et Loire)

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