J'avoue que je n'y croyais plus ! De mon côté, j'étais à bout d'arguments. Pourtant, c'est aussi simple à comprendre que 2 et 2 font 4.

On sait tous que la pêche de la truite sauvage dans le département du Jura ne tient qu'à un fil. Que les sanctuaires où les dernières zébrées sont encore présentes deviennent rares. Oui, on le sait tous...Pêcheurs, élus d'AAPPMA et de Fédération, techniciens et employés, AFB, DTT, etc...Tous !

Pourtant, et pour une espèce bien en mal point, il y a peu d'entrain à la sauvegarder. Je parle ici de concret. Quelques retouches ici et là avec une taille légale augmentée sur certaines rivières mais pas toutes, des quotas journaliers en baisse mais bien trop élevés par rapport à la ressource (car cela aussi, on le sait tous !). Bref, on fait de la politique alors qu'il faut agir immédiatement et de façon radicale pour avoir un semblant d'efficacité ! Le pire, c'est que dans un passé récent on trouve des décisions totalement incompréhensibles et en opposition avec la triste réalité des effectifs. Je prends l'exemple de la rivière d'Ain en vous faisant un petit historique sur un point qui me reste encore en travers de la gorge aujourd'hui. Lors de la saison 2010, une grosse mortalité de truites a été observée en aval de Montigny/Ain. Suite à cela, 9 kilomètres de parcours sont fermés à la pêche. En 2011 également, linéaire fermé. En 2012, ces 9 kilomètres sont ouverts de nouveau mais en no kill. Sage décision, bravo. Une station de pêche électrique est mis en place sur Châtillon afin de suivre l'évolution des populations suite à cette mesure. Celles-ci restent très faibles malgré cette protection totale de la ressource. Mais ça aussi on le savait. Le no kill au pire ralenti la baisse des effectifs et au mieux fait stagner les populations, mais rien de plus. Malgré des chiffres désastreux à l'issue de ces pêches électriques, l'AAPPMA gestionnaire du linéaire (la Truite de l'Ain pour ne pas la nommer) se lasse et demande de faire sauter le no kill sur une grande partie des 9 kilomètres. La Fédération et la DDT ont validé cette décision. J'en ai encore mal au ventre et je ne suis pas le seul ! Alors que dans le département voisin (le Doubs) tout a été mis en œuvre pour protéger un dernier sanctuaire qu'est la Loue (avec la réussite que l'on connait aujourd'hui sur le tourisme pêche et la fréquentation), nous, dans le Jura, on fait le contraire...HALLUCINANT !!

Quoi qu'il en soit, les parcours de Villard et Marigny ont été rasés ces dernières saisons en partie à cause de ce retrait de no kill. La grande classe ! Bravo à tous les acteurs, belle prestation de soutien à une extinction d'espèce autochotone ! Médaille d'or !

Et là, en ce 1er avril, qu'est-ce-que j'apprends ! Alléluia ! La Fédération, l'AFB et la DDT ont repris la main. Enfin un éclair de lucidité. Oui, la truite sauvage est en voie de disparition dans le Jura ! C'est une évidence. Comment peut-on laisser les prélèvements se faire aujourd'hui sur cette espèce ?!? Bien entendu que la priorité est la restauration des milieux et l'amélioration de la qualité de l'eau, mais il est évident que tout cela ne se fera pas demain (si cela se fait un jour d'ailleurs), alors que dès aujourd'hui, on peut limiter la baisse des effectifs par une protection totale du cheptel existant, c'est l'urgence absolue ! Pour l'ouverture 2020, tous les parcours au potentiel existant en truites sauvages seront en no kill !

Mais pas de bol, j'écris cela un 1er avril. Rien de drôle du coup. Je rêve bêtement et naïvement que toutes ces instances ne fassent plus de politique avec les AAPPMA et les pêcheurs réfractaires. Que la protection de la ressource soit LA priorité absolue, mais malheureusement, il est clair que nous n'en prenons pas le chemin. Au contraire, au fil des mois, on arrive à faire avaler à la majorité que tout cela vient du réchauffement climatique, on ne parle plus que de ça d'ailleurs...Et tout le monde va finir par oublier le reste. C'est triste à mourir. Bien entendu qu'il a un impact, mais ce n'est pas demain que la rivière d'Ain sera en surchauffe totale. Oui, elle souffre, oui la température monte, mais avant que tout crève, on peut quand même essayer d'arrêter de claquer les dernières truites pour voir hein ??? C'est possible ça où on continu comme des imbéciles à autoriser ce carnage sur les derniers reproducteurs ?

Sur la toute partie amont, et au plus chaud de cet été, la rivière n'a pas dépassé les 15 degrés. Sur ce secteur il y a encore de la marge. Plus bas, sur Châtillon, alors que la flotte monte au-delà des 23 degrés, il reste des truites. Des nids avec des poissons sauvages ont été observés cet hiver encore ! Alors ne condamnons pas le vivant s'il vous plait, protégeons-le !

Au lieu de cela, à la Fédération, on met en place un PDPG pour au final nous dire comment devront être gérer nos parcours. J'entends déjà les conseils sur les parcours avals de l'Ain et la Bienne par exemple. Je les entends nous parler de gestion d'usage...traduire qu'il faut gérer ces parcours en introduisant des poissons issus de pisciculture...Sur l'Ain et la Bienne...Ho ! Réveillez-vous là !! Révoltez-vous !!

Il y a assez de rivières mortes et laissées à l’abandon dans ce département pour créer ce genre de parcours, pour attirer les pêcheurs qui souhaitent ramener leurs poissons à la maison, je le conçois très bien ça. Alors faites les choses simplement, protégez à 100% les rivières où il reste de la vie et de la reproduction, et empoissonnez autant que vous voudrez les autres rivières, mais arrêtons de casser les nuques de ces derniers poissons sauvages ! Merci !