Si la saison "pêche" en première catégorie est terminée, celle des images non. Depuis le troisième dimanche de septembre, je me promène toujours autant sur les berges de ma rivière préférée. A croire que j'aime me faire du mal. Voilà plus de trente ans que je la vois décliner. En ce début d'automne, c'est le pompon. Et pourtant, en orientant bien son objectif, on pourrait faire croire le contraire et que tout ne va pas si mal.

Photo prise la semaine dernière.

Détrompez-vous. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu cette rivière dans un tel état. Il faut dire, et ce n'est pas fini, qu'elle vit un calvaire qui dure depuis plus de 4 mois ! Effectivement, l'année 2018 est même devant 2003 en terme de pluviométrie. 289mm pour 2003 pour 205mm de précipitations cette année depuis le 1er juin. Cela plante le décor non ?!?! Septembre est là pour enfoncer le clou avec un triste record. 15 jours à plus de 25°C ce mois-ci ! 

Et les truites dans tout ça ? De mes observations, et sur les parcours où je vais le plus souvent, la génération 2018 est totalement absente. Le frai de cette année a complètement capoté. Une marche de plus dans le déclin des populations sauvages. Dans la case "optimiste", on peut voir une population acceptable de poisson qui auront deux ans en début d'année par contre. J'ai même pu voir quelques ombrets du même âge. Il faut maintenant qu'ils passent tous entre les becs des grands cormorans et des harles bièvres présents en nombre sur la rivière.

Pour les adultes, c'est un peu "la guerre de la bouffe" comme me l'a signalé un ami. Oui, c'est ça. Vous savez à quel point je suis passionné d'images. Du coup, je passe de nombreuses heures à la rivière pour regarder les différents comportements de truites. Et le constat est sans équivoque. Il n'y a pas de bouffe ! J'ai un exemple à vous donner. Cela fait 10 jours que je "veille" une truite d'environ 40 centimètres. Je la vois à chaque sortie. A chaque fois, elle est collée à la surface à scruter tout ce qui passe. Ce poisson vient tout guetter, des débris de feuille, de bois...Elle refuse presque tout, dépense une grande énergie et de rares fois tombe sur un insecte. Elle doit gober 30 fois/l'heure. Alors que si les éclosions étaient conséquentes, elle se gaverait comme jamais. 

Je vous présente ma meilleure amie du moment.

Vous aurez remarqué le joli tapis vert qui recouvre le fond de la rivière. Magnifique n'est-ce-pas ? Les truites qui font le choix de manger au fond ne peuvent rester en poste puisque presque rien ne dérive. Elles font des circuits immenses pour trouver leur nourriture. Et le plus souvent, elles chassent les autres poissons. C'est très dangereux car cette une époque de l'année où elles devraient se gaver afin d'être fortes pour la période de reproduction.

C'est dans ce contexte que notre AAPPMA a refusé qu'une pêche électrique se fasse. Elle devait être réalisée sur l'aval de notre linéaire par l'AFB du Jura vendredi dernier. J'ai bien compris vu l'accueil reçu au téléphone par le responsable que notre décision n'était pas le bienvenue. C'est un choix que nous avons fait et nous l'assumons. Nous pensons que les truites ont besoin de tout sauf d'un coup d'arc électrique et de manipulations à l'air libre. Pour rappel, nous avons demandé à nos pêcheurs de ne pas pratiquer cet été afin d'éviter tout stress supplémentaire aux poissons dans de telles conditions.

Le secteur qui devait être pêché. Plus de cailloux que d'eau !

Plus de débit et un fond aujourd'hui complètement colmaté.

Le débit de la rivière d'Ain est de 800 litres/seconde. Les truites souffrent depuis des semaines. Et puis, au final, si c'est pour compter la misère qui reste sur ce bout de rivière, autant s'abstenir. De plus, ces résultats de pêche qui se fait depuis des années n'ont pas été mis en avant par l'AFB lors du procès de la lagune du village dont le rejet se situe juste en amont. C'était l'occasion rêvée non ? Sans compter que notre AAPPMA n'a jamais eu communication des résultats au fil des années et donc l'évolution des populations. 

Il y a, je pense, de nombreuses autres actions à mener avant de compter le reliquat des survivantes dans de telles conditions.

A suivre...