Tous les ans à la même époque, je fais un article sur André Terrier. En ce 03 avril 2011, cela fait 15 ans qu'il nous a quitté. La jeune génération ne sait peut-être pas quel pêcheur il a été, quel homme il a pu être. Mais je sais aussi, que parmi les lecteurs de ce blog, il y a des inconditionnels d'André Terrier malgré les années qui passent.
Comme j'aime à le répéter autour de moi, des très bons pêcheurs, il y en a un grand nombre de nos jours. Des pêcheurs qui ont autant créé, innové comme l'a fait André à l'époque, ça n'existe plus...
Il avait toujours un train d'avance sur les autres, ceux qui ont eu la chance de le côtoyer peuvent en témoigner.

Il me manque énormément, il vous manque certainement aussi, mais encore plus à sa famille, son épouse Mireille, ses deux filles Amandine et Élodie. Cette dernière a bien voulu écrire quelques mots sur son papa et nous les faire partager. Je vous laisse lire ces lignes écrites par la fille ainée d'André.

Quand Nicolas nous a sollicité, ma sœur et moi, pour témoigner, je ne savais pas ce que j'allais pouvoir écrire.
Ai-je la légitimité et les connaissances suffisantes en « l'art de pêcher » pour m'exprimer ?
Soit, je suis une de ses deux filles, mais cela suffit-il ?
Donc, je vais vous raconter mon père, ce pêcheur passionné.

Papa a aimé pêcher depuis toujours, déjà petit à la main sous les pierres...Chut, il ne faut pas le répéter ! Pourtant, je pense que ça doit être cette expérience qui a créé ce lien très fort à la rivière,ses habitants et tout particulièrement, les poissons.
Qu'est-ce qu'on entendait à la maison dès l'ouverture ?
Truite, ombre, coup de soir, coup du matin, la rivière d'Ain, la Loue, les noms de ses mouches ou des endroits où il avait ferré ceci ou cela, et puis,bien des choses et des noms que j'ai depuis, un peu oublié.
Bien sûr , comme le disait mon père : « nul n'est prophète en son pays » et au sein de sa famille encore moins.
Nous n'avons pas toujours bien compris ou écouté ce qu'il nous disait.Peut-être fallait-il pour cela vivre la rivière et la pêche comme lui ?
Ce qui reste intact en moi, ma madeleine de Proust : l'odeur de mon père au retour de la pêche.Il sentait la truite, la rivière, les cailloux,la nature. Les truites (rarement) emballées dans les grandes feuilles du bord de l'eau.
Il était imprégné de ces odeurs là.Celles qui le faisait vivre et couper d'avec la vie sociale.
Certains méditent, lisent, prennent des cours pour se détendre, se connecter à soi...Mon papa était entier, réel, solide et fort dans la rivière.Il était vraiment lui-même et cela est une chance.
Une chance pour la famille qu'il a créer avec ma mère, une chance pour les pêcheurs fous qui ont compris cet appel, une chance pour Nicolas, une chance pour vous tous, messieurs et mesdames qui pratiquez cet art, avec foi et cœur, respect, patience, curiosité, humilité et générosité.
Je suis reconnaissante à ceux qui se souviennent ou font vivre cet esprit, cette philosophie de respect et de défense de la rivière.Oui, cette pêche là est un art.
Rien n'est jamais certain, ce n'est pas une science, cela demande de multiplier les expériences, accepter l'échec et la réussite, l'écoute de l'eau, des « petites bêtes » dont nos amis les poissons raffolent.
Cet art n'est donné, vous le savez, qu'à peu d'entre vous.Quelques élus, à force de sagesse, qui accèdent à la paix et la compréhension du milieu. Je pense qu'on doit se sentir paisible, comblé, ressourcé, heureux !
André TERRIER n'aurait pas été,ce qu'il a été pour le monde de la pêche, sans le partage de ses découvertes.
Alors, pêcheurs, la fille du maître vous remercie de poursuivre cet art.
Belles parties de pêche à l'écoute de ce que raconte la rivière !
Merci.

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