Papa, 20 ans, un manque irremplaçable.
Par Nicolas39 le vendredi 6 octobre 2017, 06:36 - Pensée personnelle - Lien permanent
Le temps ne fait pas tout oublier...
Octobre est certainement un des mois que je préfère. Je suis un grand fan de cette période de l’année où la nature autour de nous se transforme, où la flore change de couleur au rythme des journées. C’est certainement durant ces premiers jours d’automne que je prends le plus de plaisir à me fondre dans la végétation pour admirer les truites sauvages évoluer dans les eaux de la rivière d’Ain. Elles sont si tranquilles une fois la fermeture de la pêche passée. Oui, octobre devrait être mon mois préféré. Mais la réalité est tout autre car c’est aussi le mois de la disparition de mon papa. Et en cette année 2017, c’est le vingtième anniversaire de sa mort. Un bien triste anniversaire.
Vingt ans, une éternité. Et pourtant, je me souviens de ce lundi 6 octobre 1997 comme si c’était hier, et ce n’est rien de le dire. Je me souviens de cette journée minutes par minutes. Rien que le fait d’écrire ces quelques lignes me remémore cette journée morbide. Jamais le vide de son absence n’a été comblé. Sa présence me manque terriblement, elle me rassurait. J’ai pourtant l’immense privilège d’avoir ma propre famille aujourd’hui. Mais un papa ne peut-être remplacé. C’est ainsi.
C’est avec lui que j’ai fait mes premiers pas à la pêche, d’abord en mer durant les vacances familiales puis ensuite à la rivière. Mon papa pêchait comme son père lui avait appris, au ver de terre canne posée. Technique très utilisée lorsque j’étais gosse par chez nous. C’est ainsi que j’ai pris mes premières truites d’ailleurs. Je m’en souviens d’une en particulier. On était à la pêche avec un ami qui avait pour surnom Nanard. Avec mon jeune âge, je n’étais qu’un gosse et j’avais plutôt la bougeotte. Mon père, c’était tout le contraire, un peu comme moi aujourd’hui quoi. J’étais parti en amont avec Nanard pendant que papa était resté pêcher une belle racine. La rivière d’Ain était forte et l’eau toute trouble. Après quelques heures de pêche, nous sommes redescendus pour rejoindre papa. Nous n’avions rien pris et même pas eu une seule touche de souvenir. A notre arrivée, papa pestait tout seul devant son lancer posé sur la berge sableuse.
« J’ai des touches sans arrêt, que des petites, elles m’ont bouffé ma boîte de vers ».
Avec Nanard on s’est regardés. Nous, nous n’avions pas eu une touche ! Du coup, on était un peu jaloux. Papa s’en était bien rendu compte et comme il a toujours eu bon cœur, il nous a proposé de nous laissé sa racine pour que nos scions bougent un peu sous les touches des truites qui y habitaient. C’est Nanard qui a lancé son ver en premier. La canne était posée depuis cinq ou six minutes que le scion s’est emballé. Son lombric devait vivre un sale moment. Ferrage, et hop, une belle truite « maillée » comme on disait à l’époque. Mon papa était fou, lui en avait sorti 5 ou 6 de la racine, que des petites. Mais ce n’était pas fini. Ce fut à mon tour de lancer mon ver sous cette même racine et ce qui devait arriver arriva, j’ai moi aussi pris une belle truite assez rapidement. Je vois encore mon papa et sa réaction. Cela reste des beaux souvenirs, mais seulement ça.
C’est certainement aussi pour cela que j’ai cette relation si particulière avec mon fils aujourd’hui autour de la pêche. Parce que j’aurais tellement voulu partager plus avec mon papa. Avoir plus de souvenirs. Quand je vois mon copain Fredo partir récemment en voyage de pêche avec son père, ça me serre le ventre. Je suis tellement envieux de ce genre de moment-là. La vie est ainsi faite, mais même après 20 ans, c’est toujours aussi dur à accepter et impossible à oublier.
Alors si vous avez un papa pêcheur, qui partage cette formidable passion avec vous, et même si le temps agit sur lui, profitez ! Et pensez à chaque instant que bien des personnes, dont je fais parti, aimeraient être à votre place.
Mon papa et moi il y a quelques années...
Commentaires
Je compatis Nico j’ai perdu le mien un 19 Mai 1993, un jour de St Yves et il me manque toujours terriblement
Bonjour Nicolas,
Sans avoir besoin de les chercher, à chaque nouvelle lecture je trouve des affinités. Moi aussi j'ai perdu mon papa pêcheur il y a vingt ans cette année. Et en plus, je jour de l'ouverture, le 8 mars.
Je n'en ai manqué que deux, d'ouverture. La première pour la naissances fille, le 5 mars et la seconde pour le décès de mon père.
Depuis, j embrasse toujours la première truite la saison en pensant à ces évènements.
C'est la vie.....
Bonjour Nicolas,
Comme toi, j'ai découvert la pêche grâce à mon papa. Pêche au coup, puis à la calée, au vif, au lancer, j'ai tout appris de lui sauf la pêche à la mouche, qu'il pratiquais pourtant, que je pratique exclusivement aujourd'hui. Il fait partie de cette génération de pêcheurs, plutôt pas mauvais, qui ont quasiment arrêté suite à la dégradation des conditions de pêche dans les années 80. Il m'a fallu des années pour le remettre au bord de l'eau de temps en temps, et que nous reprenions le fil de nos parties de pêche, et puissions perpétuer ces moments de plénitude. Maintenant, c'est moi qui le conseille en matière de matos, qui lui montre les coins et les techniques. Je n'en profite pas assez, mais c'est déjà beaucoup. Nous sommes tous les deux assez taiseux, c'est l'occasion de nous parler sans prononcer de paroles ! L'absence d'un parent ne sera jamais comblé, mais tu as la chance d'avoir une belle famille, tu trouves certainement beaucoup de forces auprès d'eux.
Amitiés
Nicolas,
je suis un lecteur assidu de ton site. je n’avais jamais laissé de commentaire même si parfois certains articles me tiraient des larmes de joie et admiration mais aussi de colère suite à tes articles sur l'état des rivières de par "chez vous" (qui sont,soit dit en passant, en bien meilleur état que chez nous en Bretagne) .
Ce triste anniversaire et les souvenirs dont tu nous fais part me font rappeler mes premiers pas de piètre pêcheur, que je suis d’ailleurs resté.
Mais que de souvenirs de pêche avec mon "Daron" et surtout, la transmission de ce virus qui nous tient tous et que seuls ceux, à l'âge de 3 ou 4 ans, ont ressenti la force d'une ablette au bout d'une canne au coup de 3m peuvent comprendre !
Pour terminer ce commentaire, soyez bienveillants en toutes circonstances, prenez soin de vos proches et buvez des apéros vos potes. bises à tous.
Juste magnifique ces souvenirs.....merci pour ces partages presque intimes....
Dans d'autres lieux, dans d'autres circonstances, mon père me manque aussi.......mais, on ne s'en rend compte souvent que très tardivement!!!!....hélas, mille fois hélas!!!!!
J'essaie désespérément de refaire des parties de pêche avec mon père... Ton article me motive pour le secouer un peu plus !
A+
@Yves : @Guy : @Alexis : @guim : @jis : @nevermind : Merci à vous tous d'avoir pris le temps de laisser un petit mot.
oui je compatis sur un moment aussi triste que l'on oublie jamais de mon côté sa disparition a été soudaine, il n'avait aucuns moyens de locomotion cet été là je les emmenés au camping le samedi, 3 jours après le 2 Aout 88 on m'appelle à 5h du mat pour cette terrible nouvelle, je n'avais que 27 ans donc plein de chose à faire encore avec lui mais il ne profitera que de 3 mois de sa retraite, ça été très dur ce jour là de plier la canne pour la dernière fois qui était appuyée sur la caravane au camping
oui Nicolas comme si s'était hier mais on n'oublie jamais c'est la vie de tous les jours qui fait le reste.
alors oui si vous l'avez encore avec vous n'hésitez pas à l' embarquer avec vous dans toutes les circonstances, c'est celles qui laissent les plus beaux souvenirs.
allez Nico sur une note moins triste vas te changer les idées sur les poissons que j'ai pu voir cet été et on attends désormais de belles photos
Bonjour Nicolas
j'ai lu ton article avec beaucoup d'attention comme d'habitude mais j'ai tardé à me décider à laisser un commentaire pour une fois.
D'une part cela remue pas mal de choses forcement pour beaucoup d'entre nous je suppose, et puis j'ai trouvé que cette démarche de nous faire partager ce moment très intime et personnel était tellement poignante qu'elle n'appelait pas forcément de commentaires.
Et puis finalement je crois utile, de m'associer à ta démarche par quelques mots. Et pour te remercier également de m'avoir replongé de nombreuses années en arrière, dans quelques souvenirs de parties de pêche partagées, que je garde pour moi.
Merci Nicolas
@salmon31 : @Eric CHARPIN : Merci à tous les deux. Eric, j'ai corrigé