Octobre est certainement un des mois que je préfère. Je suis un grand fan de cette période de l’année où la nature autour de nous se transforme, où la flore change de couleur au rythme des journées. C’est certainement durant ces premiers jours d’automne que je prends le plus de plaisir à me fondre dans la végétation pour admirer les truites sauvages évoluer dans les eaux de la rivière d’Ain. Elles sont si tranquilles une fois la fermeture de la pêche passée. Oui, octobre devrait être mon mois préféré. Mais la réalité est tout autre car c’est aussi le mois de la disparition de mon papa. Et en cette année 2017, c’est le vingtième anniversaire de sa mort. Un bien triste anniversaire.

Vingt ans, une éternité. Et pourtant, je me souviens de ce lundi 6 octobre 1997 comme si c’était hier, et ce n’est rien de le dire. Je me souviens de cette journée minutes par minutes. Rien que le fait d’écrire ces quelques lignes me remémore cette journée morbide. Jamais le vide de son absence n’a été comblé. Sa présence me manque terriblement, elle me rassurait. J’ai pourtant l’immense privilège d’avoir ma propre famille aujourd’hui. Mais un papa ne peut-être remplacé. C’est ainsi.

C’est avec lui que j’ai fait mes premiers pas à la pêche, d’abord en mer durant les vacances familiales puis ensuite à la rivière. Mon papa pêchait comme son père lui avait appris, au ver de terre canne posée. Technique très utilisée lorsque j’étais gosse par chez nous. C’est ainsi que j’ai pris mes premières truites d’ailleurs. Je m’en souviens d’une en particulier. On était à la pêche avec un ami qui avait pour surnom Nanard. Avec mon jeune âge, je n’étais qu’un gosse et j’avais plutôt la bougeotte. Mon père, c’était tout le contraire, un peu comme moi aujourd’hui quoi. J’étais parti en amont avec Nanard pendant que papa était resté pêcher une belle racine. La rivière d’Ain était forte et l’eau toute trouble. Après quelques heures de pêche, nous sommes redescendus pour rejoindre papa. Nous n’avions rien pris et même pas eu une seule touche de souvenir. A notre arrivée, papa pestait tout seul devant son lancer posé sur la berge sableuse.

« J’ai des touches sans arrêt, que des petites, elles m’ont bouffé ma boîte de vers ».

Avec Nanard on s’est regardés. Nous, nous n’avions pas eu une touche ! Du coup, on était un peu jaloux. Papa s’en était bien rendu compte et comme il a toujours eu bon cœur, il nous a proposé de nous laissé sa racine pour que nos scions bougent un peu sous les touches des truites qui y habitaient. C’est Nanard qui a lancé son ver en premier. La canne était posée depuis cinq ou six minutes que le scion s’est emballé. Son lombric devait vivre un sale moment. Ferrage, et hop, une belle truite « maillée » comme on disait à l’époque. Mon papa était fou, lui en avait sorti 5 ou 6 de la racine, que des petites. Mais ce n’était pas fini. Ce fut à mon tour de lancer mon ver sous cette même racine et ce qui devait arriver arriva, j’ai moi aussi pris une belle truite assez rapidement. Je vois encore mon papa et sa réaction. Cela reste des beaux souvenirs, mais seulement ça.

C’est certainement aussi pour cela que j’ai cette relation si particulière avec mon fils aujourd’hui autour de la pêche. Parce que j’aurais tellement voulu partager plus avec mon papa. Avoir plus de souvenirs. Quand je vois mon copain Fredo partir récemment en voyage de pêche avec son père, ça me serre le ventre. Je suis tellement envieux de ce genre de moment-là. La vie est ainsi faite, mais même après 20 ans, c’est toujours aussi dur à accepter et impossible à oublier.

Alors si vous avez un papa pêcheur, qui partage cette formidable passion avec vous, et même si le temps agit sur lui, profitez ! Et pensez à chaque instant que bien des personnes, dont je fais parti, aimeraient être à votre place.

Mon papa et moi il y a quelques années...