Cela fait longtemps, très longtemps, même certainement trop longtemps que je n'avais pas fait d'interview sur ce blog. Et bien en voilà une pour laquelle j'ai pris énormément de plaisir. Vous allez faire la connaissance de Marc, un guide de pêche qui est devenu un ami au fil des rencontres. C'est un garçon merveilleux rempli de qualités humaines et un professionnel averti. Bonne lecture. 


Nicolas : Salut Marc, fais nous une présentation succincte s’il te plait pour commencer cette interview.

Marc : Salut Nicolas, je suis guide de pêche professionnel et accompagnateur en montagne. J’ai 41 ans et suis né en Haute-Savoie à Thonon-les-Bains. A part quelques saisons passées à l’étranger, j’ai toujours vécu dans la « Yaute »  et je m’estime chanceux de vivre dans une si belle région.J’aime la nature et je m’y sens bien. J’apprécie autant être au bord de l’eau (avec ou sans canne à la main), en montagne ou même en forêt. Je prends plaisir à observer ce qui nous entoure, les paysages grandioses des Alpes, la faune, la flore…L’hiver, j’adore m’évader en hors piste avec mon snowboard ou me défouler en snowkite. J’aime partager les bons moments avec la famille, les amis et surtout profiter de la vie chaque jour. Dans la limite du raisonnable je suis prêt à tout découvrir, çà c’est ma curiosité !

Mon invité...La classe cette photo, j'adore !

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Nicolas : Tu es guide de pêche. Depuis combien de temps pratiques-tu ce métier ? C’était un rêve ou cela est venu au fil du temps ?

Marc : Lorsque j’étais gamin, le métier de guide de pêche n’était pas très développé en France. Je ne pensais même pas que cela existait. J’ai donc choisi un métier qui semblait alors plus sûr pour gagner sa vie. Je me suis tourné vers la pâtisserie. Après l’obtention de mon diplôme, je suis tout de suite rentré dans le monde du travail mais me lever en plein milieu de la nuit pour aller bosser s’est rapidement révélé comme un enfer pour moi. J’ai donc exercé de nombreux autres boulots très variés. J’ai travaillé dans différents pays tels que les USA, la Norvège…Et ces diverses expériences m’ont beaucoup appris. De retour en Haute-Savoie (BE AEM) j’ai exercé comme accompagnateur en montagne et j’ai compris que je préférais pratiquer un métier d’extérieur. L’idéal étant que ma profession me passionne, c’est alors naturellement que je me suis lancé dans la formation de guide de pêche en 2002. 

Miam !

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Nicolas : Alors, comment en es tu arrivé là ? Par quelle formation es tu passé ? Si un jeune pêcheur nous lis, cela peut l’intéresser.

Marc : La formation que j’ai suivie s’est déroulée en deux étapes.

-De novembre 2002 à juin 2003 à la Maison Nationale de l’Eau et de la Pêche d’Ornans, j’ai suivi une formation qui m’a permis d’obtenir une spécialisation d’initiative locale « Accompagnateur guide de pêche et eau ». En 2003, le Ministère de la Jeunesse et des Sports a créé un nouveau diplôme appelé « BPJEPS pêche de loisir ». Le BPJEPS étant d’un niveau supérieur à la spécialisation que je venais d’acquérir, j’ai dû passer une nouvelle formation pour une remise à niveau de ma compétence et surtout pour pouvoir continuer à exercer légalement ce métier.

Pour info :Aujourd’hui, il faut passer directement le BPJEPS  pêche de loisir. (Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport spécialité pêche de loisir).
- arrêté du 28 mars 2003 - est un diplôme de niveau IV, conférant à son titulaire les compétences pour :

- organiser, encadrer et animer des séances, des stages ou des séjours pêche
- accompagner les publics seuls ou en groupes, en tous lieux où se pratique la pêche de loisir

- faire partager sa connaissance des milieux aquatiques et la valeur patrimoniale du territoire - promouvoir une éthique sportive et citoyenne.


Paysage de Haute-Savoie.

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Nicolas : Quels sont les services que tu proposes ? Jeunes, moins jeunes, initiation, perfectionnement, etc… ?

Marc : Aller je commence par les plus jeunes.

- J’organise des sorties pour des écoles de pêche en journée ou demi-journée. Je fais découvrir aux novices les bases de la pêche et de sa réglementation, la vie du milieu aquatique. Les enfants apprennent à pêcher au coup, aux leurres, au toc et parfois à la mouche. Pour commencer je les emmène souvent dans des eaux de deuxième catégorie où ils peuvent attraper de petits poissons ce qui leur procure déjà une joie immense et fait naître une nouvelle passion. 

Pour les plus grands de 11 à 17 ans, je propose trois types de stage pendant les vacances scolaires.

-« Stage d’initiation multi-pêche » (mouche, leurre et toc).

Au printemps et à l’automne pendant 5 jours consécutifs. On s’adapte aux conditions de pêche qui sont souvent difficiles d’autant plus en début de saison, en variant les techniques. Les stagiaires sont ravis d’aborder de nouvelles méthodes et s’adaptent avec plaisir à toutes les situations.

-« Stage d’initiation à la pêche à la mouche » (Savoie, Haute-Savoie, Ain).

En juillet et août pendant 5 jours consécutifs en camping (J’en organise plusieurs dans l’été en fonction des demandes). Les stagiaires pêchent des eaux rapides, des petites rivières, torrents et lacs de montagne. Il y a aussi ce que j’appelle une journée « bonus » car je les emmène à un lac de montagne privé (Haute-Savoie) et farci de truites et saumons de fontaine. Les poissons sont relativement coopératifs et les jeunes se régalent. En rivières, les truites sont parfois capricieuses mais les jeunes prennent tout de même régulièrement de jolies petites truites sauvages. Ils ne prennent pas de poisson trophée mais il n’est pas rare qu’une très belle prise marque le stage.  J’alterne les sessions de pêche avec des séances de montage de mouche au camping et par la même occasion je leur apprends quelques notions d’entomologie. On en profite aussi pour s’entrainer à faire les différents nœuds utiles pour la confection des bas de ligne. 

-« Stage de perfectionnement à la mouche » (Jura, Doubs)

En juillet et août, pendant 8 jours consécutifs dans un gîte. Les stagiaires apprennent à affiner les techniques de pêche en nymphe à vue, au fil ou en sèche en eau calme. Ils s’entrainent à effectuer les différents lancers spécifiques et apprennent à aborder la rivière avec calme et un meilleur sens de l’observation. On alterne les sorties de pêche avec des séances de montage de mouche au gîte.

Pour les adultes, de l’initiation au perfectionnement à la mouche, je m’adapte à la demande.

- Mon programme d’initiation est théorique et pratique. La plupart des novices sont souvent des pêcheurs pratiquant d’autres techniques et désirant comme un vieux rêve « se mettre » à la pêche à la mouche. Certains ont essayé d’apprendre seuls et se sont malheureusement vite rendu compte qu’ils n’y arrivaient pas. Il arrive plus rarement que l’un d’entre eux n’ait jamais tenu une canne de sa vie. Pour la théorie, je leur explique donc le principe de cette pêche en leur faisant découvrir le matériel. Je leur apprends les nœuds spécifiques, les bases d’entomologie… Pour la pratique je les fais s’exercer au lancer et pêcher dans des situations les plus simples possibles pour commencer. Je cherche surtout à rendre mes stagiaires autonomes en tenant compte du genre de technique qu’ils seront le plus susceptibles de pratiquer par la suite.  

- Pour le perfectionnement, je prends connaissance du niveau des stagiaires et leur apporte la théorie et la pratique supplémentaires dont ils ont besoin pour progresser plus rapidement. Souvent j’aborde avec eux de nouvelles techniques afin qu’ils puissent s’adapter à toutes les situations.

Je m’adapte en fonction des demandes et propose donc différentes formules :

- Toutes les techniques de pêche à la mouche, aux leurres, le toc moderne en rivières, torrents, lacs de plaine (du bord ou en float-tube) ou montagne, le lac Léman (du bord ou en bateau). 

Stage avec les jeunes.

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Nicolas : Tu proposes aussi des séjours à l’étranger ou pas ?

Marc : Non, je ne propose pas de séjours à l’étranger mais il m’arrive de guider à la journée en Suisse ou en Italie qui sont toutes proches. Je suis quand même allé quelques fois en Slovénie, Bosnie pour mon plaisir et j’en garde de très bons souvenirs. J’y ai découvert des rivières magnifiques très poissonneuses dans des cadres grandioses. Mais l’herbe n’est pas forcément toujours plus verte chez le voisin et nous avons en France de nombreuses rivières tout aussi merveilleuses.

Souvenir de Slovénie.

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Val Ferret en Italie.

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Nicolas : Peux tu nous préciser un peu les secteurs sur lesquels tu guides en France et pourquoi ?

Marc : Je guide essentiellement en Haute-Savoie, puisque c’est chez moi. La qualité piscicole est très bonne sur la plupart des secteurs. Entre toutes les rivières, torrents, lacs de montagne sans oublier l’immense lac Léman, quelles que soient les conditions de pêche, il y a toujours moyen de trouver un endroit où pêcher, dans un cadre magnifique. Je propose aussi mes services dans l’Ain, dans le Jura et dans le Doubs pour changer de technique et pratiquer plus particulièrement la nymphe à vue sur des rivières plus calmes. Les paysages y sont aussi superbes et il règne une ambiance féérique au bord de l’eau. 

L'Ain à Champagnole.

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Nicolas : Guide de pêche suffit-il pour vivre ou dois tu avoir d’autres activités professionnelles ?

Marc : C’est difficile d’en vivre à l‘année vu que je ne propose pas de séjours à l’étranger en hiver. Du coup, pendant cette saison, je travaille aussi comme accompagnateur en montagne. J’organise des sorties à la journée ou demi-journées en raquettes à neige. C’est bon aussi de brasser dans la neige ! Et je travaille aussi comme « skiman » (je prépare les skis, snowboards, et équipe les gens) dans un magasin de location de skis près de Chamonix.

Un peu fou le type !

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Nicolas : As-tu des techniques de prédilections avec une canne à mouche ou tu touches un peu à tout ?

Marc : J’ai des préférences pour la pêche à vue. Il n’y a rien de meilleur pour moi que de voir un poisson prendre mon imitation. D’autant plus lorsque le poisson se trouve à distance et que l’on a réussi à lui présenter la mouche correctement. Voir une truite se décaler et la sentir au bout de la canne au moment du ferrage alors qu’on avait un petit doute sur le fait qu’elle ait pris, c’est juste incomparable comme sensation. J’apprécie aussi énormément la pêche en sèche. Que ce soit en eaux rapides ou lentes c’est toujours génial de voir un poisson se saisir d’une mouche en surface. Mais ce qui me plait dans la pêche à la mouche, c’est d’arriver à m’adapter à toutes les situations. Lorsque la pêche à vue est impossible et qu’il n’y a pas de gobage, je prends tout de même énormément de plaisir à pêcher à la roulette, au fil… Dans ces conditions, quand le fil s’arrête et que l’on ferre il y a un effet de surprise non négligeable. On ne sait pas ce que l’on a au bout de la ligne. Cela peut-être petit, comme très gros, une truite, un barbeau… Des fois c’est juste une pierre ou branche et d’autres fois il faut courir derrière un monstre.  Quoiqu’il en soit, tout est bon pour prendre du poisson ;-)

Belle bête !! La carpe hein !

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Nicolas : Je t’ai déjà vu à l’œuvre avec des ados, ça doit être vraiment sympa d’initier à cet âge là non ?

Marc : Oui c’est génial ! J’adore initier les jeunes. Même avec les plus petits c’est magique de voir leur joie immense lorsqu’ils prennent leur premier poisson. C’est souvent une perche soleil ou un petit gardon mais ils sont super heureux. Leurs yeux qui brillent de bonheur sont une grande récompense pour moi. Déjà de les voir au bord de l’eau, en pleine nature c’est top. Ils adorent çà, s’émerveillent de tout. Ils me regardent comme le prof, me questionnent, me font confiance et lorsque mes conseils leur permettent de prendre quelque chose, c’est vraiment satisfaisant. Avec les ados c’est vraiment sympa car je peux leur apprendre encore plus de choses. Ils sont déjà plus ou moins autonomes et souvent « tout à fond » ! Lorsque j’en ai plusieurs durant les stages on mène un rythme d’enfer. Ils pêchent souvent toute la journée. Il faut parfois insister pour s’arrêter déjeuner à midi puis ensuite c’est reparti jusqu’à la nuit. Et après le repas du soir, certains trouvent encore le moyen de ressortir les étaux pour monter des mouches ! Ils sont hyper motivés pour la plupart et ceux qui le sont moins se laissent entrainer par le groupe. C’est marrant car parfois ils se mettent la pression les uns aux autres mais c’est toujours dans la bonne humeur. Bien sûr cela me permet aussi de faire le clown ce qui n’est pas rare ;-) . Mais ce qu’il y a de mieux, c’est de voir leur joie et fierté d’avoir attrapé un poisson, de partager ce moment avec les copains. Il y a des jeunes qui lient une réelle amitié par le biais de ces stages et restent en contact le reste du temps. Et ils attendent avec impatience l’année suivante avec l’espoir de pouvoir se réinscrire ensemble au stage que je propose. Il y a des ados passionnés que j’ai eu en initiation et qui progressent saison après saison et reviennent pour encore se perfectionner. C’est génial de les voir évoluer chaque année et certains sont vraiment doués. Et j’avoue que parfois ce sont eux qui m’apprennent des choses que ce soit sur la pêche, la nature ou autre. Il arrive qu’ils me fassent remarquer certaines choses que je n’aurais pas vues. J’espère et je crois qu’ils garderont de super souvenirs de ces stages.

Avec des ados cet été sur l'Ain dans le Jura.

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Nicolas : Revenons un peu sur toi, la pêche est arrivée comment dans ta vie ?

Marc : Je ne me rappelle pas exactement à quel âge j’ai tenu ma première canne dans la main. Je suppose que je devais avoir entre 3 et 4 ans et depuis je n’ai jamais arrêté. J’ai peut-être laissé quelques temps les truites tranquilles après mon adolescence pour courir après d’autres demoiselles mais l’appel de l’eau étant plus fort que tout j’ai rapidement repris le chemin de la rivière.Ce qu’il y a de sûr, c’est surtout grâce à mon père et aussi à mes grands parents, que cette passion est arrivée dans ma vie. Mes grands parents me faisaient pêcher les vairons au coup, ou les cyprins à l’anglaise dans l’Ain.J’ai grandi au bord de l’eau. Je me souviens d’avoir pleuré lorsque mon père ne m’emmenait pas à la pêche avec lui car j’étais encore trop petit pour le suivre en rivière. Lorsque je fus enfin assez grand, je pêchais régulièrement la truite avec lui. Le week-end ou pendant les vacances nous pêchions très souvent pendant que ma mère et ma sœur partaient à la cueillette de champignons ou fruits sauvages. Mes grands parents nous rejoignaient souvent pour de bons moments au bord de l’eau. J’en garde de merveilleux souvenirs. La pêche a toujours tenu une place très importante dans notre famille et encore aujourd’hui je partage de nombreuses sorties avec mon père. 

A six ans avec son père...

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Trente deux ans après le père et le fils

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Nicolas : Tu pratiques uniquement la mouche ?

Marc :
Non je pratique aussi la pêche au leurres sur la truite et les grands carnassiers, le toc et occasionnellement la pêche au coup ou à l’anglaise.

Belle perche.

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Truite au leurre souple.

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Nicolas : Quel matériel utilises tu le plus fréquemment ?

Marc : Pour la mouche, j’utilise le plus souvent la Ruby 10’ soie de 4 avec un moulinet Gamma ou Galaxy de chez Mouches de Charette, la canne est très polyvalente et les moulinets sont top. Pour le leurre, la gamme de canne « Damiki » Dark Angel ou Angel EX distribuer par PAFEX, elles sont légères avec une très bonne action, je me régale.

Matériel de Marc, Canne Ruby et moulinet Gamma de chez JMC.

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Nicolas : Si tu devais garder uniquement cinq initiations dans ta boite à mouche, tu choisiras quoi en priorité ?

Marc : Uniquement cinq !?  Pas facile de choisir…Mes boites sont pleines de modèles plutôt variés afin de m’adapter aux différentes rivières que je pêche, même si comme beaucoup de pêcheurs j’utilise souvent les mêmes. Alors ce sera deux nymphes : la « nymph’ Argo » une éphémère au corps beige (dubbing que je prélève sur mon berger allemand) casque d’or tungstène et l’autre que tu connais bien, la « cuivre ». Pour les sèches, la fameuse oreille de lièvre, un sedge en flanc de canne et une éphémère à ailes séparées en cdc.

Jolies bestioles !

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Nicolas : Raconte-nous un de tes meilleurs souvenirs avec une canne à mouche en guidage ou seul.

Marc : Arrf !!! Difficile de choisir entre un souvenir de môme (ma première truite de mesure en sèche), le bécard de 70cm de Muriel, ou une belle zébrée de 62 prise cette saison? Allez je choisis la troisième car je revois cette scène comme si c’était hier. J’étais en train de pêcher des gobages, quand je la vis chasser les poissons que je tentais de prendre, puis elle disparut !!! Un quart d’heure  plus tard, je ne l’avais pas oubliée mais j’avais changé de stratégie. Depuis le milieu de la rivière, j’observais la bordure pour repérer une autre truite à prendre en nymphe à vue. Soudain ma belle zébrée réapparut, chassant à nouveau des ombrets de 15/20cm. Elle passa plein amont à une dizaine de mètres de moi, et commença à remonter…Le temps que j’ajuste mon lancer elle devait être à 15m. Je lui présentai la nymphe une première fois, mais elle n’eut aucune réaction et continua de s’éloigner. J’ajustai mon lancer en me disant que c’était mon ultime chance, car si elle ne prenait pas là, elle serait dorénavant trop loin pour une autre tentative. La nymphe tomba juste à sa gauche, je vis la truite se laisser porter par le courant vers ma nymphe. J’étais trop loin pour la voir prendre…Je distinguai à peine mon fil qui se tendit discrètement et ferrai aussitôt. Aujourd’hui je la vois encore se contorsionner sur place !!! Popopo ce moment me laisse une image inoubliable !!!

Magnifique !

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Nicolas : Tu as dans ta vie une femme qui pêche elle aussi, alors, entre nous, car on sera peut à le lire, c’est un avantage ou un inconvénient ?

Marc : Et oui, et qui pêche bien en plus ! C’est un super avantage de partager ce loisir avec ma compagne. Lorsque nous ne sommes pas au bord de l’eau nous pouvons échanger sur la pêche infiniment sans lasser l’autre. Elle ne s’ennuie pas lors des longues soirées avec les copains « pêcheurs ». Le partage de nos différentes expériences et observations nous permet de progresser autant l’un que l’autre. Nous partons en vacances sans querelle au sujet de la destination (à partir du moment où l’on peut pêcher à vue car Madame a tout de même ses exigences et n’aime pas pêcher l’eau !). Nos séjours se déroulent toujours au gré des rivières. Je n’ai jamais besoin de faire de concession pour aller à la pêche puisqu’elle sait et comprend ce que cette passion représente. Elle ne m’autorise pas d’aller à la pêche un week-end sur deux… elle me demande d’y aller tous les week-end. Elle est encore plus accroc que moi je crois, et alors que j’ai parfois envie de faire autre chose l’hiver comme du snowboard par exemple, elle prend sa voiture et part à la pêche toute seule. Ce qui, au final n’est pas gênant puisqu’elle est indépendante. D’ailleurs quand je travaille et que je peux pas l’accompagner elle ne se pose pas de question et part pour le week-end ou plus pour assouvir sa passion seule ou avec nos copains.

Bon, par contre elle est pénible parce que des fois elle fait des plus gros poissons que moi. Elle a beau me dire que c’est parce que je suis un bon guide et que c’est grâce à moi, c’est un peu vexant (rires). Et puis elle a l’art et la manière pour « m’emprunter » des mouches avec la bonne excuse comme elle dit, d’être « testeuse ». En plus, depuis deux ans, elle s’est mise à la pêche aux leurres. Elle qui se moquait de moi lorsqu’elle me voyait faire « mumuse » avec mes poissons nageurs et autres leurres souples, elle me glisse maintenant sa petite liste lorsque je prépare mes commandes.

C’est une grande chance pour moi de partager ma passion avec Muriel. Je sais que certains pêcheurs aimeraient aussi trouver une compagne qui partage leur passion. C’est un réel avantage lorsqu’on est profondément passionné et que l’on veut profiter au maximum du temps passé au bord de l’eau sans concession. 

La classe Muriel !

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Nicolas : Merci Marc pour avoir pris sur ton temps pour répondre à mes questions. Je te souhaite une pleine réussite pour la suite et à très bientôt

Marc : Il n’y a pas de quoi, c’est moi qui suis honoré d’avoir répondu à une interview pour ton blog. Je tiens juste à préciser que j’ai oublié de parler d’une chose qui me paraît pourtant fondamentale dans mon métier : « Le respect de l’environnement ».  Il est très important pour moi de sensibiliser mes clients, ou stagiaires sur la préservation et la fragilité du milieu aquatique. Il m’importe énormément de leur apprendre les bons gestes pour manipuler et relâcher les poissons dans les meilleures conditions. Je tiens à les informer des nombreux problèmes de pollutions que connaissent les rivières et des méfaits de celles-ci sur la vie aquatique afin qu’ils comprennent mieux pourquoi il est indispensable de changer certaines de nos habitudes. J’essaie le plus possible de leur transmettre ma passion de la nature en général et la nécessité de la préserver. Que ce soit au bord de l’eau mais aussi dans la vie de tous les jours je leur explique comment respecter l’environnement simplement, en limitant sa consommation d’eau, d’énergie, en recyclant, en aidant les associations ou autres organismes qui vont dans le bon sens… Si tout le monde s’y met, on devrait arriver à préserver et même améliorer ce que la nature nous donne. Sans se priver de tout mais juste en étant plus raisonnables, de nombreux petits gestes quotidiens peuvent se révéler très utiles. Les petites rivières font de grands fleuves.

A bientôt Nico, et comme tu sais, tu es le bienvenu en Haute-Savoie.

Oui, à très bientôt.

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Pour terminer cette interview, j'ai demandé à un jeune pêcheur ayant participé plusieurs fois à des stages en compagnie de Marc de nous parler de lui. Hugo doit avoir 14 ou 15 ans et ces quelques jours à pêcher avec Marc l'ont marqué.

Hugo : Tous les ans depuis quatre années, j'attends avec la plus grande impatience LA semaine de pêche avec Marc. Ces semaines que j'ai pu passer avec Marc sont du pur bonheur. Grâce à lui, j'ai pu me découvrir et aussi me perfectionner dans plusieurs techniques (mais ne t'inquiète pas Marc, tu as encore du boulot ;-) ). Voilà comment se passe les journées, le matin, réveil difficile (n'est pas Thibaut ;-) ), puis pêche...La midi, un bon casse-croûte et on repart. L'après-midi Marc nous fait profiter par le biais de ses conseils de son expérience et de son savoir faire. Les repas du soir dans le gîte tous ensemble valent eux aussi le détour. Au menu, il y a toutes nos histoires de pêche de la journée.

Pour en revenir à Marc, il est toujours d'excellents conseils, c'est grâce à lui que j'ai pris ma plus grosse truite en nymphe à vue..."Même si tu ne vois pas le poisson, pêches quand même..." Effectivement, elle était là, caché sous la souche. Un poisson qui restera gravé dans ma mémoire, c'est certain. En résumé, des stages absolument géniaux avec un guide fantastique.

Marc et Hugo lors d'un stage.

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Merci, merci à toi Hugo d'avoir participé, et un grand merci à toi Marc d'avoir pris le temps ( très peu finalement ;-) ) de répondre à mes questions.

Bref, si vous cherchez un guide de pêche en Haute-Savoie mais aussi pour le Jura, une très bonne adresse => Marc, guide de pêche.