Trop chaud, trop sec, trop long...Cette période sèche, cet été caniculaire, le sixième consécutif est un véritable cauchemar...

Quand un cours d'eau comme la rivière d'Ain coule à 900 litres par secondes, il y a de quoi avoir mal au ventre.

Quand la température de ses eaux passe sur de nombreux linéaires les 20 degrés, ça sent la mort.

Quand ses berges sont envahies par des personnes peu soucieuses de sa santé c'est le pompon..

Il n'est pas simple de devoir vivre dans les eaux des rivières jurassiennes de nos jours. C'est sans doute un pari des plus risqué. Une truite sauvage, qu'elle le veuille ou pas, à plus de chance de succomber que d'avoir une vie épanouie et quel que soit son âge.

La rivière d'Ain sur la majorité de son linéaire n'est plus qu'un mélange d'algues diverses qui colmatent les fonds et autres habitats de poissons et d'invertébrés. Cette soupe de laitue qui dérive dans un lent courant en devient verte fluo au soleil. Ce soleil qui brule tout du matin au soir et qui chauffe l'eau de la rivière au point d'en faire un lieu de baignade privilégier. Dans ces conditions, peu importe la qualité de l'eau, les truites crèvent dans ces eaux et alors, l'eau "est bonne". Je ne jette la pierre à personne ayant moi-même gamin profité généreusement des joies de la baignade en dessous de la maison. D'ailleurs, à cette époque, je ne me posais aucune question.

La différence, c'est qu'il y a 30 ans, il y avait uniquement les gamins du village qui se baignaient sur le linéaire de notre AAPPMA. On ne faisait pas de feu, on emmenait rien au bord de l'eau si ce n'est notre joie de vivre, on ne se badigeonnait pas de produits solaires...Aujourd'hui, rien qu'au "Verriou", lieu-dit situé entre Crotenay et Pont-du-Navoy, c'est une piscine municipale à ciel ouvert. Les gens se touchent tellement ils sont nombreux. S'ils ne faisaient que se baigner d'ailleurs...

En septembre, les pêcheurs, les chasseurs et autres riverains, ceux qui sont souvent moqués et montrés du doigt ramasseront tous ces déchets laissés par les gentils baigneurs. Cette situation si elle n'est pas prise au sérieux par les instances dirigeantes va dégénérer dans les années à venir. Je rappelle simplement que la moindre parcelle en bordure de rivière appartient à un privé ou une commune. Chez nous, le plus souvent à un privé. Et ce au même titre qu'une cour de maison. Il y a toujours eu une forme de tolérance des propriétaires pour laisser la libre circulation des personnes mais attention à ne pas pousser le bouchon trop loin car l'exaspération gagne du terrain.

Plus de débit, des eaux chaudes et des incivilités, le cocktail mortel pour les truites jurassiennes en cet été 2020.

Voilà une photo qui parle d'elle-même. La rivière d'Ain à Champagnole ces jours.

Quand je lis aujourd'hui le message de Jura Tourisme sur Facebook, je cite dans le texte : "Le Jura est resté lui-même dans un pacte de non agression entre l’homme et la nature." je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Il y a clairement une forme de dénie au profit du tourisme à tout va. Attention, moi aussi je vis en partie de tourisme. De nombreux pêcheurs passent à la maison prendre leurs mouches. Je ne vais pas cracher dessus. Mais malgré le fait d'avoir une activité liée au tourisme, on est en droit d'être transparent. De relater la réalité. Oui, notre Jura souffre, nos rivières sont moribondes tant sur la qualité de l'eau que pour les débits. Oser dire qu'il y a "un pacte de non agression", c'est fort de café !

Les prévisions météo donnent des températures en baisse et des possibles intempéries. Croisons les doigts, cela devient vraiment urgent.

La période de reproduction des truites sauvages sera révélatrice. J'ai déjà peur de ce que je vais pouvoir observer ou plutôt, de ce que je ne vais pas voir...