Une réunion de crise s’est tenue hier après-midi en préfecture du Jura. Autour de la table : Jean-Marie Wilhelm, le secrétaire général et divers représentants des directions départementales de sécurité publique des territoires et de l’Agence régionale de santé (Ars), de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et de la Fédération de pêche du Jura.

Au centre des débats, un sujet plutôt inhabituel : la découverte d’une prolifération de cyanobactéries sur une zone de neuf kilomètres entre les Granges Bruant (Aval Pont-Du-Navoy) et le barrage de Blye. Celle qui, depuis un mois, décime la faune aquatique locale. Explications.

L’alerte a été donnée fin juillet par des pêcheurs qui ont constaté une mortalité anormale de poissons. La fédération de pêche et l’Onema se sont alors empressés d’effectuer des prélèvements de poissons, d’eau et de substrats pour effectuer des analyses poussées. Leur résultat est sans appel : une concentration inhabituelle de cyanobactéries s’est établie sur le périmètre. Un phénomène d’une extrême rareté et plurifactoriel comme l’ont expliqué les services de santé présents.

Les cyanobactéries, petits êtres vivants souvent prises pour des algues, sont en effet présentes dans les cours d’eau, accrochées à la végétation.

À leur mort, elles rejettent des toxines qui, en petite quantité, sont inoffensives. En cas de prolifération, la concentration de toxines dans l’eau devient nocive et lorsqu’elle est ingérée par les poissons, mortelle.

La cause de cette augmentation est difficile à définir car elle dépend de la conjoncture de plusieurs facteurs comme la vitesse du cours d’eau, sa température ou encore l’ensoleillement. Tous ces paramètres semblent réunis sur la portion de 9 km en amont du barrage de Blye. La prolifération ne semble pouvoir s’affaiblir que naturellement, grâce à un changement des conditions climatiques.

Justement, l’épisode pluvieux du 15 août pourrait changer la donne. C’est pourquoi de nouveaux prélèvements ont été dernièrement effectués par l’Ars. Le résultat de leur analyse tombera la semaine prochaine. Il permettra alors de déterminer si des risques sont encourus quant à l’abreuvement des animaux et la baignade, bien que celle-ci soit de toute façon interdite dans la zone infectée. La situation pour les pécheurs est autrement plus complexe car même si la population de cyanobactéries s’affaiblit, il faut trois ans pour qu’un cheptel se renouvelle entièrement. Un arrêté préfectoral a ainsi été pris pour fermer prématurément la zone de pêche (voir ci-dessous).

Mathilde Josse

ZOOM
Dans le collimateur des services de l’État se trouve un autre élément qu’ils se sont engagés à surveiller de près : la station d’épuration de Montigny-sur-l’Ain gérée par Veolia. Pour le moment, « aucun lien direct ni premier n’a été établi entre la station d’épuration et la mortalité des poissons, a rappelé Jean-Marie Wilhelm. Veolia rend régulièrement des comptes à la police de l’eau. Mais, par mesure de précaution, nous allons y effectuer des contrôles poussés et vérifier que les gestionnaires respectent l’arrêté préfectoral ». Les différents acteurs se sont également accordés à dire que si la responsabilité de la station était avérée, elle ne constituerait qu’un des nombreux facteurs ayant entraîné la prolifération des cyanobactéries.

Préfecture : ce que dit l’arrêté publié aujourd’hui

Avant les résultats des analyses complémentaires et en vertu du principe de précaution, un arrêté préfectoral sera publié aujourd’hui. Il s’applique à la zone concernée par l’infection aux cyanobactéries.

La pêche

Dès ce vendredi, les neuf kilomètres seront fermés à la pêche (principalement à la truite). Cette mesure écourte la saison qui devait s’achever le 19 septembre.

La baignade

Bien qu’habituellement interdite à l’endroit infecté, la préfecture a préféré prendre le maximum de précaution. Elle attend les résultats de l’analyse des prélèvements réalisés par l’Ars, en milieu de semaine prochaine, pour envisager une éventuelle interdiction de baignade plus formelle encore.

L’abreuvement des animaux

Son maintien ou non se basera sur les mêmes conclusions évoquées précédemment pour la baignade.

La consommation d’eau

Elle n’est pas prélevée sur le lit de la rivière. Aucune mesure ne sera donc appliquée.

Article du progrès => http://www.leprogres.fr/fr/article/...