Interdiction de pêche sur l’Ain sur neuf kilomètres
Par Nicolas39 le jeudi 26 août 2010, 08:49 - Gestion piscicole - Lien permanent
Les cyanobactéries sur la haute rivière d'Ain!
Une réunion de crise s’est tenue hier après-midi en préfecture du Jura. Autour de la table : Jean-Marie Wilhelm, le secrétaire général et divers représentants des directions départementales de sécurité publique des territoires et de l’Agence régionale de santé (Ars), de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et de la Fédération de pêche du Jura.
Au centre des débats, un sujet plutôt inhabituel : la découverte d’une prolifération de cyanobactéries sur une zone de neuf kilomètres entre les Granges Bruant (Aval Pont-Du-Navoy) et le barrage de Blye. Celle qui, depuis un mois, décime la faune aquatique locale. Explications.
L’alerte a été donnée fin juillet par des pêcheurs qui ont constaté une mortalité anormale de poissons. La fédération de pêche et l’Onema se sont alors empressés d’effectuer des prélèvements de poissons, d’eau et de substrats pour effectuer des analyses poussées. Leur résultat est sans appel : une concentration inhabituelle de cyanobactéries s’est établie sur le périmètre. Un phénomène d’une extrême rareté et plurifactoriel comme l’ont expliqué les services de santé présents.
Les cyanobactéries, petits êtres vivants souvent prises pour des algues, sont en effet présentes dans les cours d’eau, accrochées à la végétation.
À leur mort, elles rejettent des toxines qui, en petite quantité, sont inoffensives. En cas de prolifération, la concentration de toxines dans l’eau devient nocive et lorsqu’elle est ingérée par les poissons, mortelle.
La cause de cette augmentation est difficile à définir car elle dépend de la conjoncture de plusieurs facteurs comme la vitesse du cours d’eau, sa température ou encore l’ensoleillement. Tous ces paramètres semblent réunis sur la portion de 9 km en amont du barrage de Blye. La prolifération ne semble pouvoir s’affaiblir que naturellement, grâce à un changement des conditions climatiques.
Justement, l’épisode pluvieux du 15 août pourrait changer la donne. C’est pourquoi de nouveaux prélèvements ont été dernièrement effectués par l’Ars. Le résultat de leur analyse tombera la semaine prochaine. Il permettra alors de déterminer si des risques sont encourus quant à l’abreuvement des animaux et la baignade, bien que celle-ci soit de toute façon interdite dans la zone infectée. La situation pour les pécheurs est autrement plus complexe car même si la population de cyanobactéries s’affaiblit, il faut trois ans pour qu’un cheptel se renouvelle entièrement. Un arrêté préfectoral a ainsi été pris pour fermer prématurément la zone de pêche (voir ci-dessous).
Mathilde Josse
ZOOM
Dans le collimateur des services de l’État se trouve un autre élément qu’ils se sont engagés à surveiller de près : la station d’épuration de Montigny-sur-l’Ain gérée par Veolia. Pour le moment, « aucun lien direct ni premier n’a été établi entre la station d’épuration et la mortalité des poissons, a rappelé Jean-Marie Wilhelm. Veolia rend régulièrement des comptes à la police de l’eau. Mais, par mesure de précaution, nous allons y effectuer des contrôles poussés et vérifier que les gestionnaires respectent l’arrêté préfectoral ». Les différents acteurs se sont également accordés à dire que si la responsabilité de la station était avérée, elle ne constituerait qu’un des nombreux facteurs ayant entraîné la prolifération des cyanobactéries.
Préfecture : ce que dit l’arrêté publié aujourd’hui
Avant les résultats des analyses complémentaires et en vertu du principe de précaution, un arrêté préfectoral sera publié aujourd’hui. Il s’applique à la zone concernée par l’infection aux cyanobactéries.
La pêche
Dès ce vendredi, les neuf kilomètres seront fermés à la pêche (principalement à la truite). Cette mesure écourte la saison qui devait s’achever le 19 septembre.
La baignade
Bien qu’habituellement interdite à l’endroit infecté, la préfecture a préféré prendre le maximum de précaution. Elle attend les résultats de l’analyse des prélèvements réalisés par l’Ars, en milieu de semaine prochaine, pour envisager une éventuelle interdiction de baignade plus formelle encore.
L’abreuvement des animaux
Son maintien ou non se basera sur les mêmes conclusions évoquées précédemment pour la baignade.
La consommation d’eau
Elle n’est pas prélevée sur le lit de la rivière. Aucune mesure ne sera donc appliquée.
Article du progrès => http://www.leprogres.fr/fr/article/...
Commentaires
Un jour, un cadre de ce qui s'appelait alors la "Lyonnaise des eaux" m'avait fait remarquer que la pluspart de leurs stations ne produisaient pas de boues. Il avait ajouté: "Vous devriez vous demander si les eaux qui nous parviennent sont propres et les stations inutiles ou alors?..."
C'est une piste que je te propose, pour d'éventuelles poursuites.
En tous cas, bon courage, Nicolas.
Jean-Marc
"La situation pour les pécheurs est autrement plus complexe car même si la population de cyanobactéries s’affaiblit, il faut trois ans pour qu’un cheptel se renouvelle entièrement"
ele me semble surtout problématique pour les poissons!
et sur un secteur aval comme celui la , moins productif qu'une tete de bassin, le chiffre de trois ans me parais a multiplier par deux dans des conditions idéal, et des conditions ideal pendant 6 ans , c'est pas gagné!
ça commence a faire ch... cette année 2010 aura été bien dur pour la faune piscicole de l'est!
Des cochonneries partout
Oui père Castor 6 ans pour nous .. 3 ans pour commencer à pêcher
Les journalistes remplissent leur bousin mais quand il s'agit de faire de vrais enquêtes qui peuvent déranger les politiques on ne les voit plus... (Je parle en toute connaissance de cause face à la pollution de la Loue où j'ai cherché à travailler avec eux et où je suis resté complètement sans réponse)
De plus ça ferait plaisir à tout le monde que pour remplir leurs torchons qui n'en disent pas assez ils apprennent à écrire français : "La situation pour les pécheurs est autrement plus complexe"... Peu cher les p"é"cheurs!!!
Juste pour terminer mon coup de gueule, pensez vous sérieusement que si la station d'épuration de véolia est en cause, quelqu'un en parlera ???
Je suis très triste de voir que les trois plus belles rivières francomtoises soient atteintes par les cyanobactéries. Les Allemands ont réussi à moins polluer leurs rivières. En France, les rivières subissent les intérêts économiques. Il m'arrive de ramasser des bouteilles en plastique mais contre la pollution de l'eau, j'ai un sentiment d'impuissance. A l'avenir, il faudra peut-être en passer par des actions plus radicales... Cette année je suis allé avec ma famille dans les gorges du Tarn, le Cernon était laiteux à cause des rejets des fromageries situées en amont. Et le Tarn, j'avais il y a dix ans un petit coin de paradis en amont immédiat du Rozier; Je partais le matin de bonne heure pour retrouver 3 grosses truites. Je m'y suis rendu 1 fois, avec 2 ou 3 truites (dix fois moins qu'il y a dix ans). A noter qu'au passage en plein été, des algues filamenteuses ont littéralement envahi le lit de la rivière à cet endroit. Décidemment le mal est partout...
C'est très préoccupant en effet! Ce qui l'est plus encore, c'est ce genre de réactions => http://www.leprogres.fr/fr/permalie...
Voir un président d'AAPPMA tenir de telle propos alors que la Loue sur certains secteurs à subit une mortalité évalué à 80% est intolérable!
Maintenant, c'est sur l'Ain, il est grand temps que certains responsables de la pêche ne pensent pas qu'à vendre des cartes!
tous ta fais dacord avec toi remi
Eh oui, l'attitude des AAPPMA est scandaleuse: "Cachons nos merdes sous le tapis pour ne pas faire fuir les touristes. Piquons-leur le plus de fric possible, mais surtout ne leur laissons pas prendre NOS poissons."
Il y a belle lurette que je ne vais plus pêcher là-bas et que je vais dépenser mes sous ailleurs.
Mais comme je suis con, je continue de vouloir défendre leurs rivières, souvent envers et contre eux.
Bonjour,
Et bien je vois que ça continue. Et je pense que ça ne va pas s’améliorer, car je ne crois pas que certaines améliorations ont pu être faites en si peu de temps. Ce qui me fait peur, c’est que depuis 1 ou 2 ans on a remarqué des poissons morts sur la Loue, (à cause du sel…) mais cette année on a atteint 80 % du cheptel et l’année prochaine ? 80 % des 20 % qui reste, je vous laisse deviner la suite.
Alors les sociétés de pêche que vont-elles faire, vendre des cartes pour pêcher une rivière vide. Elle a beau être belle la Loue, mais je ne me vois pas la pêcher sans ses zébrées et ses ombres.
Ou elles vont aleviner en truites de bassine, et la Loue va devenir comme certaines rivières étrangères, des pêcheurs alignés côte à côte et prendre des poissons tous plus vilains les uns que les autres. Personnellement je préfère prendre moins de poissons, mais sauvage, que 20/30 ou plus par jour.
D’année en année on voit qu’il y a moins de poissons ou sur certain secteur que des gros et pas beaucoup de petites tailles, (ce n’est pas trop bon non plus). On le sait que ça diminue et c’est bien pour ça que la plus part d’entre nous pratique le nokill. Mais je ne pensais pas vivre cette catastrophe je la voyais beaucoup plus loin dans le temps, même pas à cette échelle.
Le mal est là depuis longtemps, comme une bombe a retardement, et hélas elle explose. La coupe est pleine et tant qu’on continuera à la remplir les choses ne vont pas s’arranger au contraire.
Je connais quelques personnes qui ont connu la rivière d’Ain, il y a une cinquantaine d’année, ils ne pêchent plus, car ils disent qu’il n’y a plus rien, et bien j’ai bien peur qu’on prenne le même chemin.
En plus je pense qu’il y a que les pêcheurs qui se plaignent, et je ne pense pas qu’on intéresse beaucoup de monde, je pense qu’on se moque plus de nous, toujours l’image du pêcheur assis sur son panier qui attend que son bouchon s’enfonce, et une bouteille au fond de la rivière au frais (combien me l’on sorti…)
D’ailleurs je voudrais bien savoir si il y a eu beaucoup de monde chez Sanso ou les autres secteurs sur la Loue.
Profitons en bien.
Christian.
cette portion de l'Ain avait déjà été victime d'une pollution il y a 4 ou 5 ans. La station intercommunale de Montigny était déjà en cause. Dans le réseau intercommunal transitent les effluents des fruitières installées dans les communes raccordées. A cette époque suite à l'incendie de la fruitière du Mont Rivel, les autres fruitières avaient dû augmenter les quantités de lait traitées et visiblement le traitement des rejets dans le réseau public était saturé. Cela m'avait été confirmé par un ami fonctionnaire DIREN qui avait constaté que la pollution n'était pas causée par des effluents domestiques mais agricoles. Il y aurait probablement beaucoup à faire sur ce secteur: dès Pt du Navoy on peut constater des écoulements suspects dus à des rejets directs ou à des fuites de réseaux. Les cultivateurs épandent jusqu'en bordure de rivière et les canoës brassent bien l'eau ! Il faudrait effectivement que la Fédé et l'ONEMA se bougent pour que des mesures efficaces soient prises, mais il paraît que l'environnement ça suffit. Où c'est que j'ai mis mon flingue (Renaud).
De magnifiques poissons (truites de + de 70 et ombres de + de 50) étaient pourtant bien revenus après cette pollution.
@tolemmann : Il y a beaucoup à faire aussi en amont. Je vous rappel que dès 800 mètres en aval de la source de l'Ain, se jette la Serpentine, qui est un véritable égoût. L'AAPPMA de Sirod subit cette mauvaise qualité d'eau de plein fouet. Depuis 4 ou 5 les truites disparaissent petit à petit là haut, les fonds se colmattent 3 fois plus vite que sur Champagnole par exemple....